14 adages boursiers à absolument connaître avant d’investir

Les adages boursiers permettent souvent de rappeler de manière imagée des vérités sur le fonctionnement de l’économie et des marchés financiers. Tour d’horizon de ceux qu’il faut absolument connaître, et de ceux qu’il faut… absolument oublier !

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14 adages boursiers à absolument connaître avant d’investir

Publié le 1 décembre 2021
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Par Alexis Vintray.

Les adages boursiers désignent des expressions de « sagesse populaire » dans le domaine boursier. D’un intérêt variable, ils permettent néanmoins souvent de rappeler de manière imagée des vérités sur le fonctionnement de l’économie et des marchés financiers. Tour d’horizon de ceux qu’il faut absolument connaître, et de ceux qu’il faut… absolument oublier !

Les adages boursiers avec une part de vérité

  • « Acheter au son du canon, vendre au son du clairon »
Cet adage souligne que les marchés financiers, résultat de l’action d’hommes, peuvent partir dans des exagérations ou un consensus à la hausse ou à la baisse, mais que ce consensus n’est nullement une garantie de résultats futurs. Il vaudrait dès lors mieux acheter quand il y a consensus sur le fait que tout va mal et se dégrader (« le son du canon ») que quand il y a un consensus à propos des cours ne pouvant que monter (« le son du clairon »). La recherche financière souligne plutôt le caractère contre-performant de toute tentative de « timer le marché », c’est-à-dire de chercher à acheter en fonction des variations à court terme de la bourse. Voir Dollar cost averagingmoyenne à la baisse et gestion passive.
  • « On ne rattrape pas un couteau qui tombe »
Cette expression imagée peut être vue en contrepoint de la précédente. En théorie, un investisseur pourrait s’enrichir en achetant bas et donc en achetant des actions qui baissent au bon moment. Il n’y néanmoins aucune garantie ni même confirmation statistique qu’une action qui a baissé fortement rebondira plus tard. C’est même plutôt l’inverse, les gagnants d’un jour tendent à le rester. Voir moyenne à la baisse.
  • « Acheter la rumeur, vendre la nouvelle »
Cet adage rappelle que la bourse ne valorise pas tant la situation actuelle d’une entreprise, que les anticipations de profits futurs. Toutes les informations sont donc prises en compte dans le cours à un instant donné, même quand l’information n’est pas encore entièrement confirmée. C’est donc davantage la rumeur (l’anticipation de la nouvelle) qui va faire évoluer le cours que la confirmation de la nouvelle elle-même. De manière plus marquée, certains investisseurs peuvent se positionner sur un secteur jusqu’au jour de l’entrée en vigueur d’une mesure, et s’en retirer immédiatement après, faisant baisser les cours le jour même de l’événement. C’est un phénomène bien documenté récemment par exemple sur des valeurs cannabis ou bitcoin.
  • « Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier »
Cette expression populaire bien connue s’applique aussi aux finances personnelles et en particulier à l’investissement en bourse. N’investir que sur une unique action peut maximiser le rendement mais surtout multiplier le risque (une société peut faire faillite, 100 nettement moins). Il est donc généralement conseillé de diversifier largement ses placements financiers.
  • « Time in the market is better than timing the market »
Il est impossible d’acheter au plus bas, la recherche en finance le souligne abondamment. Pour l’investisseur particulier, cet adage souligne qu’il est plus prudent de chercher à rester investi à tout instant et de bénéficier de la tendance de long terme des marchés financiers, plutôt que de chercher à faire mieux, et de risquer de perdre bien plus. Voir gestion active.
  • « Le marché peut rester irrationnel plus longtemps qu’un investisseur ne peut rester solvable »
Cette expression souligne les risques à spéculer pour un investisseur particulier, par exemple avec des produits dérivés. Prendre des paris risqués contre le marché doit être fait en connaissance de cause. Voir vente à découvert.
  • « Le marché a toujours raison »
Cet adage souligne que comme n’importe quel marché, les marchés financiers ne connaissent qu’un prix, le cours du moment et que l’on peut considérer que le marché a tort, que la valeur « juste » est différente. Par exemple, le cours de Tesla peut ainsi sembler exubérant en 2021 en comparaison avec d’autres constructeurs automobiles, mais c’est le cours. Et il peut continuer à monter.
  • « Coupez vos pertes et laissez courir vos gains »
Cet adage avertit l’investisseur particulier contre la tendance naturelle à ne pas vendre tant qu’il n’est pas en plus-value, au risque de garder uniquement des valeurs sous-performantes. À l’inverse, les valeurs qui ont de bons résultats financiers et donc dont le cours progressent devraient davantage être conservées. Voir moyenne à la baisse.
  • « Mieux vaut se couper un doigt plutôt qu’un bras »
Voir l’explication de l’adage précédent.
  • « N’investissez que dans ce que vous comprenez »
Un adage limpide mais d’autant plus pertinent alors que les secteurs les plus populaires sont aussi les plus cryptiques (voir bitcoin).
  • « Pendant la ruée vers l’or, ce ne sont pas les chercheurs d’or qui se sont le plus enrichis, mais les vendeurs de pelles et de pioches. »
Cet adage souligne que sur les marchés financiers, ceux qui vous encouragent à multiplier les transactions (votre banque, votre courtier, votre assureur-vie les vendeurs de conseils, etc.) ont un avis très intéressé. Tous cherchent à vous faire multiplier les transactions, et ces coûts de transaction pénalisent nettement votre rentabilité à long terme.

Les adages à ne pas suivre, voire dangereux

  • « Sell in may and go away »
Cette expression anglaise a l’unique avantage de rimer mais laisse penser à tort qu’avec des règles simples de timing, il serait possible de maximiser son profit. Les chiffres confirment que cet adage n’a, sans surprise, aucune validité et est même dangereux pour l’investisseur, qui gagne en moyenne bien plus à rester en permanence investi.
  • « Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, la Bourse est faite du même bois »
Cet adage boursier est techniquement correct, les cours ne pouvant pas monter à l’infini. Pourtant, il est trompeur car il encouragea à se détourner des valeurs qui ont fortement monté. Généralement (mais pas toujours), si une action monte, c’est en raison de bonnes performances. Depuis 2016, le cours de l’action LVMH a ainsi fait fois cinq. Un investisseur qui aurait refusé d’en acheter en 2019 car elle avait déjà fait fois deux aurait ainsi renoncé à plus de la moitié de la hausse.
  • « Pas vendu, pas perdu »
L’un des biais psychologiques bien connus de l’investisseur est de refuser de vendre à perte, c’est-à-dire sous son prix de revient. Cela se matérialise dans l’expression « pas vendu, pas perdu », qui a une part de vérité (différence entre plus-value latente et plus-value réalisée) mais est aussi dangereuse dans le sens où elle encourage à garder des actions pour de mauvaises raisons. Le choix de conserver une action doit être à tout instant considéré indépendamment du coût d’achat (voir sunk cost ou coût irrécupérable en français).

Voir aussi sur Contrepoints : comment placer son argent quand on y connait rien ?

Cet article est issu de Wikibéral, le projet collaboratif d’encyclopédie libérale et libertarienne en ligne et gratuite. Il est géré par l’association Libéraux.org qui dirige aussi Contrepoints.

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  • On ne peut pas parler d’investissement avec le Bitcoin.
    Au mieux il peut être considéré comme une valeur refuge contre l’inflation (en concurrence avec l’or qui me semble plus concret) mais dans les deux cas il n’y a pas de création de richesse.

    • Le marché a toujours raison, dixit l’auteur, même quand il est parfaitement irrationnel!

      • Qu’est ce c’est qu’un marché (ou même un investisseur individuel) irrationnel ?
        Quelqu’un ou un groupe de gens qui ne pense pas comme nous, ne veux pas les mêmes choses que nous ou n’a pas les mêmes informations que nous. Pas plus

        (la diversification « maximum » est irrationnelle si le risque de faillite ou de perte catastrophique vous préoccupe : 5 ou 6 titres en portefeuille marchent mieux et oh, surprise, c’est la taille moyenne des portefeuilles des ménages… Qui est irrationnel ?)

        • L’irrationnel, c’est ce que l’on n’arrive pas à expliquer. Soit parce qu’on est soi-même ignorant, et ça arrive à tout le monde, soit parce qu’il n’y a vraiment pas d’explication, et ça arrive aussi.

          On parlait au départ du Bitcoin. Il faut reconnaître que dans la croissance fulgurante de son cours, il y a une part de croyance qui relève de quelque chose de proche de la foi religieuse. Je ne dis pas que les gens qui achètent du bitcoin sont des idiots, ce n’est pas du tout mon propos, mais vous aurez du mal à me convaincre que le cours s’explique uniquement par des informations concrètes que d’autres auraient et que moi je n’ai pas.

  • Merci pour cette compilation d’adage. Je dois avouer qu’ils sont généralement déroutants, en plus de se contredire… Enfin bon, avec de l’expérience et de la réflexion, je finirais bien par y voir clair un jour.

    • Il faut les voir comme des proverbes, contradictoires, largement faux mais parfois justes, et divertissants dans tous les cas 🙂

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