Par Justine Colinet.
Retour à la normalité dans les écoles, collèges et lycées ? Jean-Michel Blanquer a annoncé vendredi sur Europe 1 que les élèves de quatrième et troisième encore en demi-jauges dans une quinzaine de départements, pourront être de retour dans des classes entières à partir de ce lundi.
Le ministre Blanquer semble satisfait de la situation sanitaire dans les écoles. Pour les lycéens, pas de changement. Les élèves devront donc encore patienter jusqu’à la prochaine année scolaire sans doute, pour retrouver une scolarité la plus normale possible.
Cette évolution en demi-teinte, pour les collèges uniquement, ne changera pas le fait que les classes présentant un cas de contamination à la covid-19 seront automatiquement fermées, comme c’est le cas jusque maintenant.
On le sait désormais, le déficit budgétaire de la France passera à 220 milliards d’euros cette année. Ce déficit, plus élevé que les estimations prévues par le gouvernement, est la conséquence directe des mesures d’exception adoptées depuis maintenant plus d’un an, pour faire la « guerre au virus ».
Outre les conséquences économiques, qui ne surprennent malheureusement pas les libéraux, quelles sont les conséquences de ces mesures sur la scolarité, l’éducation et l’avenir des jeunes ? Quelles mesures ont été prises pour les accompagner ? De nombreux élèves, parents et professeurs s’inquiètent de la situation, ce qu’on ne peut peut que comprendre.
Alors, cette déclaration de Jean-Michel Blanquer est-elle réellement un signe d’évolution positive ? Que penser d’un retour progressif à la normale en juin, à l’heure où la plupart des cours sont normalement bouclés et où les examens se préparent ? Le présentiel durant quelques jours en fin d’année peut-il réellement sauver des élèves ?
Tout cela ressemble une fois encore à un coup de communication du gouvernement. Ce dernier tient absolument à montrer qu’il prend des décisions pour le bien de chacun, peu importe que ces décisions soient judicieuses, coûteuses ou beaucoup trop tardives.
Comme en témoigne Julien, professeur de biologie et physique dans un collège de la région namuroise, le distanciel a fait énormément de tort aux jeunes en termes de décrochage scolaire, de motivation et d’assiduité à l’école de manière générale. Le fossé des inégalités se creuse toujours plus entre les élèves qui sont déjà assez à l’aise dans leur apprentissage et qui ont un très bon niveau général, qui continuent à suivre le rythme imposé par les mesures sanitaires, et ceux qui ont besoin d’un réel soutien des professeurs et qui éprouvent beaucoup de difficultés au niveau scolaire.
Pour ces derniers, même si l’on a parfois du mal à s’en rendre compte, il peut être très difficile d’interagir avec un professeur en ligne, de poser des questions pour y voir plus clair, de pointer aisément des difficultés du doigt comme cela peut être le cas en classe.
En plus de l’apprentissage, l’école a un énorme rôle de socialisation pour la jeunesse, dont les élèves sont privés depuis trop longtemps. L’hybridation de l’éducation est certes un moindre mal à ce niveau : le fait d’instaurer des demi-jauges, de mettre en place du présentiel de temps à autre a peut-être limité la casse, mais dans la réalité les élèves devant travailler en totale autonomie à la maison et qui reviennent en classe quelques jours par semaine ont surtout l’envie de retrouver le côté social de l’école.
En Belgique, le retour en présentiel complet s’est fait depuis le début du mois de mai. Selon les témoignages de professeurs tuteurs de classes d’adolescents de 15 à 18 ans au sein de collèges belges, les élèves se retrouvent beaucoup plus focalisés sur la matière, ont envie de rattraper un certain retard et de se préparer à la session d’examen dans les meilleures conditions.
Cette période a permis de rétablir non seulement un contact mais aussi une dynamique de cours un mois avant l’arrivée des examens de fin d’année, et de mettre en place des révisions en présentiel.
Pour les Français, une semaine de révisions pré-examens en présentiel est évidemment plus bénéfique que le distanciel, mais l’impact s’en fera moins sentir qu’en Belgique.
De nombreux acquis d’apprentissage sont passés à la trappe par la force des choses (l’organisation d’un cursus en ligne n’est pas du tout semblable à l’organisation de leçons en présentiel avec toute une classe), certains baccalauréats sont offerts, des élèves trouvent normal d’être surnotés en réponse à la situation qu’ils vivent…
Que faire des élèves en décrochage complet ? Les professeurs seront-il poussés à faire réussir des jeunes n’ayant pas les acquis nécessaires pour passer au cycle suivant en dépit d’un niveau insuffisant ? Que se passera-t-il pour eux si l’année prochaine s’annonce un peu plus normale avec un niveau d’exigence à la hausse ? Dans le milieu enseignant, les questions sont nombreuses, les réponses un peu moins.
Monsieur Blanquer a-t-il réellement conscience des difficultés dans lesquelles sont plongés parents, élèves et professeurs depuis des mois ? A-t-il conscience des conséquences psychologiques et sociales des mesures prises pour les plus jeunes ? Se rend-on compte que l’on joue avec l’éducation et donc l’avenir de toute une génération ?
Alors oui, le retour en présentiel dès cette semaine peut être perçu comme une mesure positive. Mais à ce moment de l’année scolaire, l’impact de ce retour en classe sera minime, et le résultat sur les examens de fin d’année risque fort de donner raison aux professeurs inquiets.
Les fausses mesures pour notre bien, la coercition et les principes de précaution font désormais partie de nos vies quotidiennes. Le gouvernement doit changer son fusil d’épaule de toute urgence. Concernant les jeunes on ne peut qu’espérer une meilleure année scolaire dès le mois de septembre. Il est grand temps de se réveiller.
« Que se passera-t-il pour eux si l’année prochaine s’annonce un peu plus normale avec un niveau d’exigence à la hausse? »
Heureusement, il y a une solution pour ça. Il suffit de faire une réforme qui baissera le niveau, de telle façon à ce que le niveau d’exigence en situation « normale » coïncide avec le niveau d’exigence de l’année passée en situation covid.
On peut faire la même chose avec l’état d’urgence d’ailleurs…
Les exigences à la hausse, cela n’existe pas, en tout cas depuis au moins 50 ans.
Il y a encore plus simple.
Cela fait des années que l’Etat cherche à remplacer les épreuves du Bac par un contrôle continu. Il l’a fait cette année en ayant le Covid pour excuse.
L’année prochaine, il se targuera l’effet « positif » du contrôle continu sur les résultats du Bac et prolongera la méthode pour l’installer définitivement.
Les lycées publiques continueront à gonfler outrageusement les notes de leurs élèves (encore plus que cette année) et les lycées privés s’aligneront dans le gonflement de la notation pour ne pas être plombés sur Parcoursup comme cette année et, in fine, tous les élèves auront leur Bac comme ils ont eu le Brevet des Collèges.
Il y aura évidemment de très importantes différences de niveau de connaissance entre les différents lycées mais la baisse globale du niveau n’apparaitra pas en façade. Il faudrait une analyse fine du devenir des élèves en fonction de leur lycée d’origine et de leur notation pour s’en rendre compte. Mais si cela finissait par se voir, vous pouvez compter sur nos idéologues administratifs de l’égalitarisme pour pondre une ou deux réglementations obligeant les filières post bac d’excellence à recruter du social. Et le tour est joué.
Et pendant ce temps, la France continuera à chuter dans les classement internationaux sur l’efficience des systèmes d’enseignement. Mais qui s’en soucie vraiment?
Les faéits vont plus vite que leur connaissance dans la société : le contrôle continu est en phase de développement dans tous les diplomes de lycée…
Par ailleurs, le privé n’a pas d’inquiétude à se faire sur son recrutement, car il n’est pas compris dans le système instauré du gardiennage des NTM pour ne pas les laisser dans la rue.
– Un jeune a DROIT à une place dans le système scolaire, en lycée, et s’il a le bac (soit 95 %), il a DROIT a une place dans le post bac jusqu’à la licence a minima, mais souvant, en Université, le bac + 5 est très ouvert…
Monsieur Blanquer, comme ses prédécesseurs, joue avec l’éducation des enfants n’appartenant pas à la Nomenklatura. Le système en place, et la direction qu’il conserve, est de nature à condamner ceux qui le croient inclusif et formateur.
Personnellement, et pour se situer au niveau lycée, je ne vois pas ce que les élèves perdent à ne pas venir en cours tellement c’est délité… Et : 1 – je n’y mettrais pas ma progéniture, 2 – si certaines réformes se confirment (Capes bidon entre autre), elle ira à l’étranger. Et je suis dans la maison…
Notre fille suit ses cours en « distanciel » avec une qualité audio et vidéo lamentable.
Des années de vies gâchées, contre des vies prolongées.
gâchées sûrement, prolongées, même pas sûr !
Bon, vu qu’on est censé accueillir des bac-10 par pelletées, il ne faudrait quand même pas que le niveau général des locaux soit trop en déphasage, sinon cela énerverait les exogènes parce qu’ils ne comprendraient pas les gens qui leur parlent. Alors, après la suppression du bac, probablement une rectification des programmes du post-bac pour ne pas faire un gap monstrueux et réduction à la portion congrue des matières dures pour ne pas faire de racisme par les sciences. Donc, tout va bien, Blanquer peut se féliciter.