Par Claude Sicard. Â
La pandémie de Covid-19 ne cesse de faire des dégâts considérables dans le monde, et nul n’est en mesure de faire le moindre pronostic sur la façon dont cet épisode tragique va s’achever. Dans notre pays, on s’attend à ce que le gouvernement ordonne un troisième confinement.
Dans son discours du 16 mars 2020, Emmanuel Macron a déclaré que nous étions « en guerre contre un ennemi invisible, insaisissable », un coronavirus venant de Chine.
En attendant que toute la population puisse être immunisée par les nouveaux vaccins qui viennent d’être mis au point dans l’affolement le plus complet, la seule arme dont le gouvernement dispose est le confinement.
Des vaccins qui arrivent enfin
Plusieurs grands laboratoires sont fort heureusement parvenus dans des temps record à créer des vaccins. Les premiers arrivent maintenant sur le marché.
En France, nous en sommes donc aux premières vaccinations, la campagne ayant démarré avec un certain retard par rapport au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Elle se déroule à un rythme plus lent qu’ailleurs, notamment qu’en Allemagne ou en Angleterre.
Les pouvoirs publics s’organisent pour tenter de rattraper ce retard tout à fait incompréhensible bien que l’on sait que la difficulté majeure vient de la pénurie de doses de vaccins, les grandes firmes pharmaceutiques étant sollicitées de toute part. Il faut bien voir ce qui nous attend en France : en 2021, une suite de confinements et déconfinements successifs, car d’ici à la fin de l’année seulement 20 à 25 millions de personnes tout au plus auront pu être vaccinées. Le virus ne cesse de muter, ce qui interroge sur l’efficacité des nouveaux vaccins dans le temps. À chaque confinement la diffusion du virus ralentit, puis repart ensuite dans la phase de déconfinement, amenant les pouvoirs publics à reconfiner de nouveau la population.
La situation ne va que pouvoir se dégrader inexorablement, tant sur le plan économique que psychologique.
L’iFRAP a chiffré à 16 milliards d’euros hebdomadaire le coût pour la nation d’un confinement dur. Selon cet institut, le premier confinement aurait coûté entre 100 et 125 milliards d’euros ; le second environ 50 milliards.
Les dégâts psychologiques
Les dégâts sont également importants au plan psychologique. Les risques croissants de dépression deviennent préoccupants pour les pouvoirs publics.
Pour beaucoup de personnes il devient de plus en plus difficile de supporter les conséquences des confinements. La dégradation de la situation économique affecte leur sécurité matérielle, détruit leurs projets d’avenir et supprime de leur vie les satisfactions et activités de loisirs qui émaillaient leur existence : contacts sociaux, voyages, activités sportives, concerts, visites de musées, etc.
À l’occasion de la journée mondiale de la santé le 10 octobre dernier, une enquête de l’OMS a montré que dans 93 % des pays étudiés les services de santé mentale des hôpitaux sont débordés.
En France, Marion Leboyer, du département de psychiatrie du CHU Henri Mondor à Créteil, a déclaré :
Nous nous attendons à une multiplication par trois des dépressions sur l’ensemble de la pandémie.
L’année 2021 sera très fortement marquée par cette pandémie. Il faudra attendre le second semestre de l’année suivante pour que la situation soit vraiment maitrisée au plan sanitaire, pour autant que ne surviennent pas des évènements imprévisibles.
L’économie commencera alors à se redresser mais la situation du pays sera particulièrement dégradée. Un très grand nombre d’entreprises auront disparu, nos positions à l’exportation seront fortement affaiblies, d’autant que la Chine semble avoir maitrisé la pandémie ; la dette extérieure sera devenue extrêmement préoccupante.
La société va se transformer
Au plan psychologique et sociologique des transformations importantes vont apparaître. Les individus vont modifier leur comportement et la société va se transformer.
Dans Le Figaro du 27 janvier 2021, Hugues Lagrange, sociologue directeur de recherche au CNRS, interviewé par Alexandre Devecchio confie que « la crise pourrait être accoucheuse d’une profonde réorientation ». Il pense que les gens vont davantage interroger le sens de leur vie. Alexandre Devecchio cite Houellebecq qui, dans son roman Sérotonine, accuse notre monde moderne d’être « une société qui soigne le corps en asphyxiant les âmes. »
Tout naturellement, on pense à Voltaire. Dans sa jeunesse, l’écrivain était un joyeux épicurien. Il devient ensuite un philosophe humaniste et pessimiste, marqué par la catastrophe du tremblement de terre de Lisbonne en 1755.
Candide, paru en 1759, est ainsi le conte philosophique de la maturité de Voltaire. Il se conclut sur la rencontre de Candide avec un vieillard turc qui lui enseigne que la sagesse consiste à « cultiver son jardin. » Cunégonde, fraiche, dodue et appétissante au début du conte finit « laide, acariâtre et insupportable ».
Dans Essai sur les mÅ“urs et l’esprit des nations Voltaire écrit : « Presque toute l’histoire est une suite d’atrocités inutiles. »
Face aux dégâts extraordinaires générés par la pandémie actuelle, nombreux sont ceux qui vont changer de paradigme.
Dans son numéro de septembre 2020 le mensuel L’Histoire titre « Comment une pandémie change le monde. »
Le sociologue Remy Oudghiri, directeur de Sociovision (Ifop) écrit :
Après le coronavirus notre société va changer et confirmer le développement de six tendances : santé, travail, vie connectée, soif de collectif, et écologie.
Les enquêtes confirment effectivement que bon nombre de cadres citadins veulent s’installer à la campagne. L’exode de ces néo-ruraux est une tentation de l’après-covid.
Les évènements auxquels nous sommes confrontés vont conduire les habitants des pays riches à prendre conscience que l’Homme doit limiter ses désirs à un bonheur relatif.
Hugues Lagrange nous rassure :
Une vie plus frugale, plus conviviale, plus attentive aux équilibres n’est pas forcément une moindre vie.
Boris Cyrulnik nous annonce :
Après chaque catastrophe, la société change.
hier , j’ai écouté pujadas sur LCI ; il a fait une grande annonce : le virus régresse dans tout les pays du monde ; si tel est le cas , pourquoi n’en parle t-on pas ? puisque la grippe a soi disant disparu , pourquoi n’en serait_il pas de même pour le covid ?
Illustration d’en tête de cet article : muselière pour humains.
Ce que le lecteur relèvera, au travers des périphrases sucrées de l’auteur, c’est que le socialisme sanitaire, en place depuis des décennies, et qui est passé cette année en “overdrive” réduit et va réduire considérablement nos possibilités de choix, c’est à dire nous appauvrir massivement…
Et l’on comprend vite qu’il trouve en réalité cela positif, car cela va “nous rendre attentifs aux équilibres (?)”…
Je souhaiterais pour ma part, que la Rédaction de C. soit “plus attentive aux équilibres” de sa ligne éditoriale, pour le dire de manière soft.
De manière légèrement moins soft: Que fait un tel auteur ici?
Ouf, je suis content de voir ce commentaire. Je pose exactement la même question à Contrepoints :
qu’est-ce qu’un auteur pareil fout là ?
Au-delà de ce que vous dites qui est tout à fait juste, je note pour ajouter à l’insulte envers le lecteur que l’auteur considère que c’est la pandémie qui nous a menés où on est (1). C’est complètement faux. Ce sont les décisions gouvernementales prises prétendument par rapport à la pandémie qui ont créé toute la merde supplémentaire actuelle. La pandémie en tant que telle n’y est pour rien.
Référence :
(1) “L’année 2021 sera très fortement marquée par cette pandémie.”
“Face aux dégâts extraordinaires générés par la pandémie actuelle”
Etrange commentaire : demander haut et fort la sélection des auteurs pour qu’ils soient dans votre ligne politique. Vous réclamez le biais de confirmation et non la diversité d’opinion. Si CP était la Pravda, ce serait une demande compréhensible. En gros, vous ne voulez pas lire “des idées”, mais “vos idées”.
Le socialisme conduit toujours à l’échec dans la santé comme dans tous les autres domaines.
ce n’est pas la pandémie qui pose problème, mais sa gestion.
et à ce niveau, il n’y a aucun changement depuis des décennies : “l’étrange défaite” se poursuit.
En fait, l’auteur exprime ce que pense tous ceux qui gobent BFMTV depuis des mois sans se poser la moindre question face aux incohérences qui, pourtant, devraient obligatoirement les amener à s’en poser.
Merci pour cet éclairage bien qu’il fasse peur.
Si le seul enseignement est d’aller se planquer à la campagne on n’est pas sortie le cul des ronces…