Par Jean-Philippe Feldman.
Alors que le tourisme français est en berne, notre État providence préféré a eu la bonne idée de promouvoir cette charmante ville d’Auxerre pour s’y faire vacciner.
La mésaventure est arrivée en fin de semaine dernière à l’un de mes proches, une personne âgée (on ne dit plus « vieux » selon le politiquement correct) de plus de 75 ans. Seul hic, cette personne est parisienne et après de nombreuses tentatives infructueuses pour s’y connecter le site déjà proverbial Sante.fr l’a envoyée se faire vacciner à 169 kilomètres de Paris, soit à peu près plus de deux heures de la capitale par la route ou par le train.
Le désastre de Sante.fr
Ce cas n’est manifestement pas isolé puisque le journal télévisé de samedi soir sur une chaîne nationale, dont l’antimacronisme n’est pourtant pas la caractéristique la plus notable, contait la même mésaventure arrivée à moult personnes.
Rappelons que le site Sante.fr a pour objet de trouver le centre de vaccination le plus proche de chez soi et de prendre rendez-vous en ligne. Paris doit être une modeste ville pour ne disposer d’aucun centre de vaccination… À moins que le vaccin bourguignon soit plus efficace arrosé de chablis ? Je vois déjà les heureux élus trinquer à votre bonne santé.fr !
L’anecdote incite à l’humour, mais elle est aussi révélatrice de gouvernements qui ne maîtrisent rien depuis l’origine de la pandémie. Initialement, on pouvait encore trouver l’excuse ou l’explication de la sidération ou du fait que la sphère publique n’avait comme de bien entendu rien anticipé.
Mais, depuis lors, tant la centralisation extrême que la bureaucratie galopante ont provoqué ratage sur ratage. Après les masques, les appareils de réanimation, les super-réfrigérateurs, voici l’épisode des prises de rendez-vous pour se faire vacciner… ce qui suppose qu’il y ait des vaccins et rien n’est moins sûr !
Le boulet de l’État providence
On aurait envie de faire preuve d’indulgence car si la critique est aisée, l’art est difficile. Mais ce n’est pas une question de personne pour l’essentiel. Ce sont les caractéristiques mêmes de l’« exception française » qui expliquent les atermoiements et en définitif les échecs des gouvernants.
Avec un système aussi centralisé et bureaucratique qu’est l’État français, de deux choses l’une. Soit les décisions centrales sont en elles-mêmes « bonnes » à l’origine, peut-être par hasard, mais leur exécution pâtit de ce centralisme exacerbé. Soit les décisions centrales sont mauvaises car elles ne prennent pas en compte la « complexité » du monde contemporain.
Dans les deux cas, la bureaucratie, le fonctionnarisme, les lourds prélèvements obligatoires, l’écrasement de la société civile font de l’État providence français non pas un modèle, mais un repoussoir.
Si la pandémie a une vertu, c’est au moins que les discours sur le « système social que le monde entier nous envie » ont presque disparu. Il reste malheureusement celui selon lequel « il faut lui donner des fonds supplémentaires car il a été victime de la rigueur budgétaire ». Faut-il rappeler que le socialisme ne se réforme pas, il se supprime ?
Jean-Philippe Feldman vient de publier Exception française. Histoire d’une société bloquée de l’Ancien Régime à Emmanuel Macron, Odile Jacob, 2020.
In fine, le personnel politique et la haute fonction publique sont abscons !
Simplement : la centralisation de la décision dans une main unique empêche la concurrence et dès lors l’émergence des bonnes idées, décisions ou solutions.
Si les décisions étaient prises au plus proche des gens concernés (régional ou même communal)… je rêve…
Ça rappelle les ménagères soviétiques qui passaient leur journée à essayer de trouver un simple pot de crème fraîche.
Malgré tout – et ce n’est pas pour excuser l’administration effectivement très pesante et pachydermique dans bien des cas – tous ces ratages depuis un an révèlent quand même le degré de zéro absolu de nos dirigeants macroniens du plus haut au plus bas, groupe d’amateurs arrivés au pouvori par circonstances exceptionnelles et qui ne sont absolument pas capables de gouverner un pays. D’autres personnes, plus expériemntées, auraient certainement mieux fait.
Pas sûr! Dans mon arrondissement parisien il n’y a que 2 centres vaccin, évidemment encombrés, donc impossible de se faire piquer. De plus je n’ai pu me faire vacciner contre la grippe cette année car il n’y avait plus de vaccin en pharmacie!
les personnes plus expérimentées mentionnées auraient été des professionnels…de la politique, pas de la science, de l’économie, ni de la logistique. le résultat aurait été idoine…à mon avis.
Cette crise ne fait que mettre en évidence l’incurie de cet état obèse quel que soit le domaine. Le gestion du Covid n’est que son dernier symptome. Cette incurie nous la supportons tous les jours dans tous les domaines et elle mène ce pays à la ruine.
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