La France du « tout gratuit », quoi qu’il en coûte

Les pouvoirs publics auraient trouvé la solution pour dégager un consensus en France : tout offrir, ne plus rien faire payer, subventionner tous les secteurs, quoi qu’il en coûte en attendant que la reprise fasse le travail et rembourse.

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La France du « tout gratuit », quoi qu’il en coûte

Publié le 17 janvier 2021
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Par Didier Cozin.

Toujours en quête de gadgets sociaux, souhaitant baisser les charges tout en maintenant les coûts, les pouvoirs publics auraient trouvé la solution pour dégager un consensus en France : tout offrir, ne plus rien faire payer, subventionner tous les secteurs, toutes les entreprises, toutes les activités, quoi qu’il en coûte, en attendant de se refaire, que la reprise fasse le travail et rembourse.

Payer pour des services devient en France incongru, grotesque souvent inaudible. La décence voudrait que tout devienne gratuit (le logement, la nourriture, les soins, l’éducation, les transports, les loisirs…)

Les citoyens pourraient ainsi épargner leurs revenus quand ils en ont, et les tensions sociales disparaîtraient par enchantement ; pourquoi je travaillerais alors que l’autre ne fiche rien ?

La rente devient la norme en France

Tout fier de son capital historique, architectural, culturel, économique, financier accumulé au fil des siècles, le pays a décidé de vivre de ses rentes, de consommer progressivement et définitivement son capital et ses richesses passés.

L’économie du gratuit

Au-delà de ce mirage d’une gratuité généralisée et donc de l’absence de nécessité de travailler pour financer son existence ou celle de ses proches, cette absence de contrepartie économique présente de nombreux inconvénients que nous n’avons pas fini de payer.

« Quand c’est gratuit c’est vous le produit » : rien n’est jamais offert sans contrepartie.

La gratuité n’est jamais réelle et totale. Notre ancien président a eu beau déclarer « c’est gratuit, c’est l’État qui paie » la gratuité n’existe pas, comme le démontrent quotidiennement les services prétendument gratuits des géants américains du numérique.

La gratuité entretient l’illusion que le travail se ferait seul, sans le concours de chacun. Les transports en commun que certains veulent rendre gratuits pourraient fonctionner sans coûts, ni investissements, ni consommation d’énergie…

La gratuité dévalorise et dévalue les services soi disant offerts. On le constate depuis 50 ans avec l’école gratuite de 3 à 25 ou 30 ans, qui est largement devenue une planque pour la jeunesse, un asile ou une couverture.

La gratuité entretient la défiance du citoyen. Sous le prétexte souvent vérifié qu’il faut bien un retour aux cadeaux reçus (on rend une invitation) sous une forme ou une autre (des impôts et taxes élevés, des contraintes règlementaires, des injonctions sanitaires…) les citoyens se méfient à la fois des institutions, de leur administration ou de la gratuité du vaccin contre la Covid-19 car si c’est gratuit c’est pour nous injecter du poison ou une puce pour nous contrôler.

La gratuité serait la première marche du revenu universel ou d’une dotation à la naissance (entre 30 et 100 000 euros pour chaque nouveau-né) qui serait la contrepartie à la disparition du travail (en fait des emplois salariés), un antidote à la pauvreté ou une substitution à la lourde et inefficace redistribution, laquelle depuis 50 ans ne crée plus ni richesses ni équité.

Une illustration des méfaits de la gratuité : la formation des adultes

Alors qu’un adulte doit apprendre tout au long de sa vie, qu’à la différence d’un enfant il dispose en principe des revenus de son travail, l’État et les partenaires sociaux ont décrété dès 1971 que les travailleurs, salariés notamment, ne paieraient jamais pour leur formation.

Non seulement l’employeur devait financer la formation mais tous les frais annexes seraient à sa charge : le transport du stagiaire, sa restauration, son éventuel hébergement et surtout le temps de la formation, accordé forcément sur le temps travaillé alors que les 35 heures n’ont jamais été envisagées pour libérer du temps pour apprendre.

L’absence de résultats de la formation gratuite est une évidence dans le monde du travail.

  • Seule une minorité de travailleurs se forme ou est formée, soit entre 5 et 10 % des salariés les plus qualifiés.
  • Le système qui se veut assurantiel (on cotise tous et on attend pour bénéficier d’une formation) vise à monter d’un seul niveau de qualification tout au long d’une vie professionnelle (une seule formation sur plus de quarante années).
  • Le système paritaire a conçu vers 2014 un second leurre social en plus de la mutualisation : le compte formation (CPF), calibré pour ne former qu’un million de bénéficiaires chaque année. Il organise donc la rareté sur une sorte de livret de caisse d’épargne où chacun pourrait puiser une seule fois (deux au maximum pour des formations longues) dans sa vie professionnelle.

L’école laïque, gratuite et obligatoire jusqu’à 14 ans, puis 16 ans, et désormais quasiment 18 ans, a constitué une avancée sociale et a permis d’industrialiser le pays au prix de l’abandon des campagnes.

Mais aujourd’hui la formation gratuite et prétendument universelle joue à contre-emploi et retient/empêche les Français d’apprendre, de changer, de s’adapter à un travail qui évolue plus vite qu’eux bien souvent.

Nos rentes sociales, ou acquis sociaux

Selon le dictionnaire Larousse, la rente se définit comme étant « l’assurance de percevoir un revenu régulier sans travail ». Elle s’oppose par là-même au travail qui est à la fois :

  • un risque (de perdre son travail, son entreprise, son activité)
  • un effort (se lever le matin, prendre des responsabilités, diriger ou être dirigé)
  • une mobilisation des ressources internes et externes pour produire des richesses
  • une collaboration et une interaction avec les autres (on perçoit individuellement dans son coin sa rente ou ses allocations alors qu’on travaille toujours avec et pour les autres).

Cette rente qui entre en conflit avec le travail est installée partout en France

Les retraités sont évidemment les premiers et les plus nombreux des rentiers. On peut estimer qu’ils perçoivent ce que l’assurance vieillesse leur assure en échange de leur travail passé.

Mais c’est oublier que le travail salarié a tendance à disparaître au XXIe siècle car trop peu flexible, trop cher, trop compliqué et trop conflictuel.

Confrontées à l’automatisation et à la concurrence mondialisée les entreprises sont très nombreuses à réduire leur masse salariale et donc leurs cotisations sociales. La méthode la plus simple étant les départs naturels et les pré-retraites.

De nombreux jeunes n’ont ni l’envie ni souvent l’opportunité de travailler régulièrement et durablement, ce qui permettrait alors d’entretenir aujourd’hui 12 millions de retraités.

Les salaires des jeunes sont souvent bien inférieurs aux pensions des retraités. Il sera bientôt impossible d’avoir autant de retraités que de salariés ou d’actifs. Après-guerre il y avait cinq actifs pour un retraité !

Les retraites de la fonction publique pourraient nous ruiner car elles représentent un engagement financier supérieur au montant de la dette française. Elles ne sont pas provisionnées par l’État qui est son propre assureur. À part en baisser le niveau ou payer en monnaie de singe on ne voit pas comment elles pourront être maintenues à leur niveau élevé actuel, soit 75 % du dernier traitement.

Le social représente une activité quasi industrielle en France

15 % des dépenses sociales mondiales sont reversées aux Français qui représentent moins de 1 % de cette population mondiale. En 2020, la part des dépenses de protection sociale représentait 33 % du PIB, près de 700 milliards…

Elles sont à la fois le principal poste de dépenses publiques en France (source vie publique) et le record du monde de la redistribution malgré les dénégations de ceux qui voient des ultra-libéraux à chaque coin de rue.

La rente est une bulle

La rente, dont nous avons fait une industrie, enferme les Français dans une bulle qui ne protègera que peu de temps encore nos concitoyens sur cette planète Terre qui comptera bientôt dix milliards d’habitants en compétition pour des ressources rares : travail, alimentation, eau potable, énergies fossiles…

La rente est partout en France, à gauche comme à droite

Nous avons vu qu’une rente est un revenu régulier obtenu sans travail. Elle n’est évidemment pas l’apanage de la gauche car à droite aussi on a ses rentes.

L’immobilier

Il permet de gagner virtuellement de l’argent en ne faisant rien car il suffit de s’endetter en achetant un bien dans une ville comme Paris. La conséquence de la hausse de l’immobilier dans les grandes villes est la paupérisation des jeunes, les loyers étant exorbitants, le sentiment factice d’enrichissement de tous ou presque, puisqu’il est possible de s’enrichir en dormant (pas d’impôts, de taxes ni même de CSG sur la revente de la résidence principale).

Le commerce et l’activité économique en général

En luttant contre la concurrence « libre et non faussée », droite et gauche se rejoignent pour empêcher l’arrivée de nouveaux compétiteurs, protéger pour les uns leurs marchés et pour les autres leurs acquis sociaux.

L’exploitation du pays 

La plupart des héritiers ne savent pas faire fructifier le patrimoine ou le capital dont ils héritent. Nous pourrions ainsi rapidement dilapider le capital financier, culturel, environnemental accumulé par nos ancêtres au cours des siècles.

Depuis la fin des Trente glorieuses nous vivons au-dessus de nos moyens grâce à des rentes et à notre endettement croissant.

Ces vérités que les citoyens préfèrent ne pas entendre

Tout l’art de chaque gouvernement a consisté depuis des décennies à cacher certains faits douloureux car remettant en cause les fondements de nos XIX et XXème siècles sociaux.

La productivité de l’Occident s’affaisse depuis la première crise de l’énergie de 1973. Ce que nous produisons encore l’est grâce à des artifices financiers, comptables, monétaires (l’inflation jadis, puis les délocalisations et enfin l’endettement généralisé).

Sans travail, aucun développement économique ni social ne nous sera plus permis dans un avenir proche. Mais le travail devenant trop cher, trop complexe, trop conflictuel nous l’avons laissé en grande partie quitter nos pays, l’activité est presque partout subventionnée, sinon devenue non rentable en France.

Sans apprentissage, sans efforts éducatifs importants, sans formation tout au long de la vie, la France et l’Occident sont condamnés à régresser et à s’effondrer un jour comme la défunte URSS.

La France ne doit pas devenir un pays de rentiers

La gratuité partout, pour tous, les subventions et l’endettement généralisés n’éduquent ni ne forment personne. Pour apprendre il faut travailler, s’adapter, comprendre.

Comme l’a récemment déclaré notre ministre du Travail « la France n’a pas un problème de demande mais d’offre ». C’est bien en augmentant la qualité et la quantité de travail que nous pourrons nous redresser, pas en augmentant sans fin le nombre d’ayants-droit du pays.

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  • Effectivement c’est gratuit pour tout le monde sauf pour les classes moyennes qui dépassent le seuil : faut raquer mon petit, faut raquer !

    • En fait tout le monde raque, plus ou moins, car s’ils ne payent pas d’impôts ils s’acquittent des nombreuses taxes imaginées par la mafia de Bercy!

  • Un article intéressant sur le destin crépusculaire de la France, pays de la rente et de la pseudo gratuité.
    On se souvient au passage de la tragique loi sur la retraite à 60 ans (Mitterrand) qui a propulsé des milliers de français vers la rente au moment où l’espérance de vie justifiait au contraire qu’ils augmentent leur temps au travail. Suivie de la non moins tragique loi des 35 heures qui a transformé les français en mercenaires du travail (j’ai droit à mes RTT..) et surtout fait perdre instantanément 13 % de productivité à l’économie française (pertes d’heures de travail à salaire égal). Enfin du principe catastrophique de la gestion en répartition des retraites, système évidemment voué à la ruine dès lors que le nombre d’actifs diminue quand celui des retraités augmente, système qui de surcroît oriente les ponctions obligatoires sur la dette d’Etat qu’ils entretiennent, et non sur le financement de l’économie réelle.
    Tout cela était largement prévisible, mais personne n’y a rien changé..

    • @gaston79-vous pouvez ajouter le million de fonctionnaires en plus créé par Mitterrand. D’après une dernière enquête la moyenne des retraites des fonctionnaires est du double de celle du privé et non provisionnées puisque financées par le budget annuel. Les lignes sur les bulletins de paie sont des artifices qui entretiennent l’illusion

    • cela commencé sous Vichy avec la création du régime par répartition : près d’un million de travailleurs (chômeurs) ont ainsi été mis à la retraite, après que le régime a fait main basse sur les réserves des caisses de retraites de l’époque.

  • Il me semble qu’il y a certains amalgames dans cet article.
    Départ à la retraite à 60 ans, les 35 heures et un certain nombre d’aides sans contrepartie, oui c’est clair que j’ai véritablement ressenti un bouversement avec les 35 heures dans la mentalité des gens. Quand on parle de formation continue qui me semble-t-il est un des piliers du financement syndical en France, et dont un certain nombre d’entreprises profitent en faisant des formations sans but de véritable amélioration des compétences , c’est donc ce qui me semble être une forme de rente. Ajouté à cela la petite phrase sur les héritages sous exploités par les héritiers qui ne savent pas quoi en faire… Cet article ne me semble pas très libéral finalement…

  • Les retraites du secteur publique à 75% du dernier salaire , c’est au xxI ème siècle intenable n’importe où dans le monde et surtout dans une France désindudtrialisee…le réveil va être douloureux…et la gauche comme la droite vont accuser l’UE, comme d’hab…

    • Attention aux effets d’optique, le calcul des retraites du public est faussé par le faible niveau des salaires cadres, rattrapé pour une partie par des primes non prises en compte jusque récemment. De plus, l’État est comme une sorte d’entreprise qui aurait gonflé ses employés et devrait assumer seule les retraites ensuite, ce serait intenable.

      • @propone je ne comprends pas bien votre raisonnement . Si les employés en question cotisaient comme le font les employés du privé ce serait au contraire tout à fait vertueux . Mais non , dans les faits les fonctionnaires ont accès à la prefon , laquelle permet de se constituer un capital tout en déduisant des impôts et en faisant payer ses retraites par l’état (ie. la collectivité) et à part ça ils n’ont qu ‘égalité et solidarité à la bouche , on les comprend , puisqu’ils en sont les bénéficiaires …

  • Excellent article qui décrit une situation catastrophique.
    Malheureusement, ce discours n’est pas audible pour la plupart des Français et est contraire à la politique de déresponsabilisation qui a atteint des sommets avec la crise sanitaire.
    Quand notre président répète à l’envi « quoi qu’il en coûte », il envoie un message destructeur aux Français.
    Quand le gouvernement permet de se délivrer un auto arrêt de travail, il invite les salariés à rester chez eux pour le bien du pays.
    Ce pouvoir, s’il n’était pas obsédé par sa réélection, devrait nous tenir un langage de vérité en nous appelant à notre propre responsabilité.
    Malheureusement, ce mot n’est plus à la mode.
    C’est pourtant, à mon avis, la qualité la plus importante chez un homme.
    PS :Etant de la vieille école, je n’utilise pas l’écriture inclusive…

  • Il faut encore et toujours lire et relire Frédéric Bastiat. Il a déjà -presque – tout dit, et notamment le sujet de cet article.

  • Le principe de la fausse gratuité… Vous ne payez pas directement le produit, donc c’est gratuit !
    Ce principe est depuis longtemps appliqué pour l’utilisation les réseaux sociaux : La plupart des personnes trouvent cela formidable : Rien à payer ! Elles n’ont pas conscience qu’elles paient ce service en acceptant les publicités et le don de leurs données personnelles. Trouveraient-elles un intérêt à ces réseaux s’il fallait payer pour s’inscrire ? Pas sûr…
    Idem pour le coût Covid. S’il fallait payer immédiatement le « quoi qu’il en coûte », y aurait-il autant de français favorables aux mesures de fermetures, confinements,… ? Certainement pas autant.

    • Tout à fait exact, la pensée gauchiste appelle à lutter contre les ignobles GAFA (il s’agit surtout de Google et Facebook ici), mais ceux qui adhèrent n’ont pas conscience que leurs recherches sur Google pourraient devenir payante…

  • La gratuité n’est rien d’autre qu’une offre de servitude.

  • Milton Friedman disait «  »Il n’y a pas de repas gratuit »

  • La formation continue est une véritable arnaque. L’employeur casque pour le compte formation. L’employé n’a accès avec son compte formation qu’à des formations totalement inutiles ou tout au plus des formations certifiantes qui permettent… de satisfaire une nouvelle réglementation. Et l’employé ne peut même pas renoncer au « compte formation »!

  • On sait très bien que les entreprises et commerces qui auront fait faillite ne renaîtront pas et donc ne verseront pas d’argent à l’Etat qui se trouvera fort démuni ! Comment peuvent-ils être stupides à ce point et croire que les miracles arrivent?

  • Les retraités sont évidemment les premiers et les plus nombreux des rentiers.

    J’ai remarqué que ça agaçait les gens de leur rappeler cette réalité qui n’est pas celle du rentier qui regarde les cours de la bourse en fumant des cigares derrière un bureau.

    • Eh oui, payer quelqu’un pendant des décennies sous prétexte qu’il a cotisé est un non sens.
      toutefois, quelqu’un qui gère son patrimoine en bourse n’est pas un rentier : gérer son patrimoine est un travail (risqué car on peut perdre).

  • « La plupart des héritiers ne savent pas faire fructifier le patrimoine ou le capital dont ils héritent. »

    ces héritiers feront toujours mieux que l’Etat qui leur prend au minimum 40 % de ce patrimoine.

    et de toute façon, c’est une propriété privée qui ne regarde qu’eux-mêmes !

  • Article remarquablement clair. bravo !
    A contrario de celui-ci:
    https://www.lefigaro.fr/vox/monde/populisme-et-liberalisme-deux-faces-d-une-meme-piece-20210112
    … décourageant par son obscurité.

    • j’ai lu l’article que vous avez proposé,
      J’hésite, cet économiste est-il à lui tout seul
      Une crise ponctuelle, ou structurelle ?
      ?????

      • Je ne sais pas. Décidément, ces « économistes » sont très surprenants. Si j’ai bien compris, le néolibéralisme, c’est quand l’Etat intervient à marche forcée dans l’économie…

  • Concernant Hollande,
    C’est un peu comme la phrase de Rocard sur la misère du monde…

    Il faut simplement chercher sur internet, pour vérifier, puisque cette phrase évènement qui lui est attribuée, est tronquée.
    Non pas, que je défende M Hollande, mais je rectifie ici, la vérité :

    « « Ce n’est pas cher, c’est l’Etat qui paye. » Voilà ce qu’aurait dit le chef de l’Etat à propos des emplois d’avenir, si l’on en croit plusieurs acteurs politiques ou médiatiques, comme le FN, qui a publié un communiqué à la suite de l’émission, l’éditorialiste de BFMTV Nicolas Doze, ou celui du Figaro Yves Thréard.

    Et tous de dénoncer la « gabegie » d’un Etat socialiste dépensier, le « matraquage » fiscal des contribuables, et ainsi de suite.

    Problème : François Hollande n’a tout simplement jamais dit cela.

    Comme L’Express.fr est le premier à le relever, M. Hollande n’a pas dit « ce n’est pas cher, c’est l’Etat qui paye ».

    Gilles Bouleau interrogeait le chef de l’Etat sur le coût des emplois d’avenir pour les collectivités locales. M. Hollande précise alors : « non, c’est l’Etat qui paye ». En clair, ce n’est pas aux collectivités de payer mais à l’Etat. Il le répète plusieurs fois dans la conversation.

    – F. Hollande : Il y a des collectivités locales qui ne veulent pas se lancer de peur d’avoir à pérenniser ces emplois […] Les collectivités locales ont certaines difficultés financières, aussi.

    – G. Bouleau : Et parce que ça coûte très cher.

    – F. H : Non, c’est l’Etat qui paye. Donc en l’occurrence non, ça ne coûte pas cher aux collectivités locales, puisque c’est l’Etat qui paye. […]

    – G. B : L’Etat ce sont les contribuables. De Marseille par exemple…

    – F. H : Oui, mais ce n’est pas la collectivité marseillaise, ou le département ou la région, mais je vais y revenir. C’est l’Etat qui fait l’effort. »
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/11/10/ca-ne-coute-rien-c-est-l-etat-qui-paye-histoire-d-une-phrase-que-hollande-n-a-jamais-prononcee_4521283_4355770.html

    • « c’est l’Etat qui fait l’effort » : l’Etat ne fait aucun effort, car cet argent ne lui appartient pas !

      • « ça ne coûte pas cher aux collectivités locales, puisque c’est l’Etat qui paye »
        ou encore « ça ne coûte pas cher à bonnet blanc, puisque c’est blanc bonnet qui paye »
        Le gros plein de soupe gavé d’étatisme ne se rend même plus compte de ses propres énormités…

  • Les commentaires sont fermés.

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