L’économie vue à travers les lunettes des bureaucrates

Ces représentants politiques, des bureaucrates hors sol, font preuve tout à la fois de méconnaissance de l’économie et d’un populisme intellectuel écœurant.

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L’économie vue à travers les lunettes des bureaucrates

Publié le 2 novembre 2020
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Par Laurent Sailly.

Les bureaucrates publics, membres du gouvernement et autre Commissaire au plan y compris, comme leurs homologues du secteur privé, n’ont de l’économie qu’une vision excel faite de chiffres et statistiques. Vision cartésienne rassurante puisque les chiffres ne mentiraient pas, mais fausse car le facteur essentiel d’une économie est l’humain.

Ainsi, on encourage les entreprises à se tourner vers le télétravail et la numérisation, sans s’interroger sur la réalisation d’un tel vœu dans tel ou tel domaine ou tel et tel secteur ou le niveau d’équipement de telle ou telle société.

Force est de constater que les bureaucrates parasitent la création de richesse et sa libre circulation dans l’économie en inventant des règles souvent absurdes, toujours néfastes.

Le fléau de la bureaucratie

Pourtant, les responsables politiques annoncent régulièrement des simplifications administratives. Or, dans les faits, on observe un accroissement du volume des normes contraignantes inversement proportionnel à l’intensité des appels à la déréglementation.

On y parle de « libre-échange », de « marché libre », mais en fait, on met en place un vaste système administratif bureaucratique.

Ce fléau bureaucratique n’est malheureusement pas une prérogative du secteur public. Ainsi, dans le secteur privé, le management pléthorique des grandes entreprises s’apparente à une monstrueuse administration.

Les entreprises privées sont devenues bureaucratiques, voire davantage que le secteur public.

Bureaucrates publics ou bureaucrates privés, leurs objectifs semblent les mêmes.

Les objectifs des bureaucrates

D’abord, il s’agit de capter des revenus. Ainsi, le moindre manquement à l’une des règles édictées par les ronds-de-cuir permet de facturer le client sous forme de contravention.

Par exemple, dans les banques, les agences voient leur compte de résultat ponctionné de multiples amendes (défaut de conformité d’un dossier, pénalités à la suite du déclenchement d’une alarme, retard dans la transmission d’un client débiteur au recouvrement…) obligeant l’agence sanctionnée à surperformer pour atteindre ses objectifs annuels !

Ensuite, il s’agit pour ces bureaucrates de justifier leur existence. La multiplication de normes farfelues permet à ces hommes et ces femmes d’affirmer leur utilité, quitte à saper le travail des autres.

Enfin, ce qui caractérise les bureaucrates, notamment français, c’est leur formation. Public ou privé, et particulièrement pour les banques, ils sont originaires d’un même sérail : l’inspection des finances.

La France est une gigantesque bureaucratie

La République française est devenue une gigantesque et impitoyable bureaucratie étatique, avec à sa tête un chef. Emmanuel Macron est le prototype du bureaucrate déshumanisé. Bien sûr intelligent, il a vite compris que le Français de base, vous et moi, ne vivait pas que pour le travail, mais aussi pour les loisirs, l’amour, les contacts humains.

Sa dernière allocution de mercredi marque ce changement de ton. Cependant, chassez le bureaucrate et il revient au galop, il n’a pas vu combien de commerçants de centre-ville ont pu se sentir brutalisés par la fermeture de leurs commerces car n’étant pas essentiels à la vie de la Nation !

Ces représentants politiques hors sol font preuve tout à la fois de méconnaissance de l’économie et d’un populisme intellectuel écœurant.

Il est vrai que ceux-ci n’ont jamais mis les pieds dans une vraie entreprise, et seraient bien embarrassés pour analyser le bilan de celle-ci. Ces gens-là parlent de tout sauf d’économie réelle et passent beaucoup de temps à développer une novlangue économique démagogique (dernier en date le PIB ressenti créé deux ans après le fameux pouvoir d’achat ressenti).

Le télétravail pour tous, vraiment ?

S’il fallait une autre preuve du caractère hors sol des mesures bureaucratiques, la volonté de l’exécutif d’amener les salariés qui le peuvent à travailler à distance et d’accompagner les entreprises qui le veulent à s’équiper d’outils digitaux (numérisation), illustre parfaitement le décalage de nos dirigeants.

Selon le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari, 40 % des Français peuvent télétravailler. Cette déclaration suit le discours de Jean Castex, le Premier ministre, pour qui « toutes les fonctions qui peuvent être télétravaillées doivent l’être 5 jours sur 5 ».

Ayant dirigé des agences bancaires pendant 20 ans je peux témoigner que s’il devient systématique,  le télétravail ou toute autre sorte de travail à distance empêche de repérer les signaux de faiblesse de l’entité ou d’un collaborateur.

Là encore, on oublie que le résultat d’une entreprise n’est pas que la somme de travaux individuels, mais celui d’une équipe qui a besoin d’interagir physiquement.

De plus, concernant les outils numériques, la réalité sur le terrain varie énormément d’une entreprise à une autre, même si elles font le même poids sur un secteur économique identique.

En tout cas, le ralentissement de l’activité économique venant réduire les marges, celles-ci ne trouveront pas la capacité d’investissement nécessaire au rattrapage de leur retard.

Ces deux millions de petits patrons qui voient se profiler un nouvel arrêt de l’activité économique sont les derniers survivants d’un monde où certains choisissaient de vivre de leur travail, en prenant le risque d’être libres.

Mais comment faire vivre cette liberté dans un monde, un pays, où les manettes sont tenues par des bureaucrates totalitaires voire crypto-marxistes ! Les technocrates ne sont pas prêts à lâcher la barre pour imposer l’omnipotence de la protection et de l’aversion au risque dans la société française.

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  • Déjà il faudrait qu’ils arrêtent de qualifier « aides » ou « mesures de soutien » des mesures d’accompagnement qui ne sont que des indemnisations du préjudice subi par l’entrave à la liberté des échanges.
    Les « aides », c’est pour les structures dont le modèle économique ne permet pas en temps normal de survivre en toute indépendance : associations, syndicats, partis politiques, organismes de presse, etc ….

  • Pourtant ils s’y connaissent bien en économie privée,LA LEUR,tant cette caste sait cocher toutes les cases de bonne progression de carrière malgré des erreurs monumentales qui dans le privé serait fatales,sait se faire loger dans les beaux quartiers à moindre frais et sont à la retraite bien avant la majorité des français.

  • A votre avis qu’est ce qui favorise telle organisme ou telle autre organisme biologique ou politique ? C’est l’environnement, les propriétés de l’organisme ne sont que les conséquences. Si la bureaucratie prolifère de sorte que la dose devient poison, il faut rechercher les causes réelles et non apparentes. C’est comme la lutte contre un virus, on ne change pas (directement) ces propriétés.

  • Le télétravail a ses bons et ses mauvais côtés, c’est sûr. Qu’il devienne la norme n’est pas souhaitable, mais qu’il soit intégrer à terme comme une manière de travailler comme une autre, de temps en temps, est hautement souhaitable.
    Quand l’auteur écrit « le résultat d’une entreprise n’est pas que la somme de travaux individuels, mais celui d’une équipe qui a besoin d’interagir physiquement. », ça me fait penser aux débats sur la notion d’intérêt général. Autre sujet, mais le parallèle est intéressant.

  • Le « travail à distance empêche de repérer les signaux de faiblesse  » : le présentéisme est un passéisme dispendieux.

    Ne pas être capable de détecter des signaux de faiblesse en situation de télétravail prouve l’existence d’un déficit de management. D’ailleurs, la réticence au télétravail peut être mise en parallèle avec la mode complètement folle des open-spaces, ce besoin obsessionnel de surveiller en permanence les troupeaux d’escl… pardon, de collaborateurs. Il serait temps d’entrer dans le XXIe siècle.

    • Bien dit !
      Les open spaces, version moderne du panoptique, n’est pas toujours une architecture mauvaise. Tout est question de taille et d’aménagements bien sûr.

    • J’aurais dit l’inverse pour ma part : le télétravail est très utile et applicable dans un petit nombre de cas, mais absolument et heureusement pas généralisable à la majorité.
      .
      Quoi qu’on en dise ne plus avoir aucun lien physique prolongé et un peu « forcé » avec des tiers par l’entremise de son emploi est psychologiquement délétère à moyen terme d’autant plus que les problèmes de solitudes deviennent préoccupants dans nos sociétés.
      Bébère de la machine à café fait peut-être ch… mais il n’y a pas que lui, il peut y avoir aussi des bons moments et être quasi h24 à la maison conduit à un effritement psychologique progressif que seule une minorité de gens est capable d’affronter.
      .
      Si l’enfer c’est les autres, leur absence est encore pire, nous ne sommes vraiment pas fait pour ça.

      • Exact, l’homme est un être social, le confinement a des conséquences psychologiques néfastes!

      • « pour le vaniteux petit chef français. Médiocre et conformiste, il a besoin d’avoir ses troupeaux d’esclaves »

        J’ai envie de dire que cette vision des choses est typiquement française et vraiment pas à l’honneur du pays d’ailleurs.
        Dans d’autres pays on est bien plus consensuel et on ne considère pas le patron ou le chef comme une ordure, le riche comme un exploiteur et l’employé comme un feignant jaloux et envieux. Évidemment le marché du travail privé n’est pas non plus sinistré par 30 ans de socialisme.
        .
        Au classement de la productivité, la France est classée:
        -130ème place pour le poids global des réglementations
        -134ème pour les prélèvements obligatoires.
        -137ème pour les règlementations liées au fait d’entreprendre.
        -137ème pour la fiscalité défavorable à l’investissement privé,
        -135ème pour la dette publique,
        -144ème pour les règles trop strictes encadrant les licenciements.
        -117ème pour la flexibilité.
        -134ème pour le taux d’imposition en pourcentage des profits,
        -127ème pour les incitations fiscales à travailler
        -135ème pour les relations conflictuelles entre entrepreneurs et salariés
        .
        Sinon non, vraiment, nous sommes des animaux sociaux et le monde du travail fait partie de ce social, le contact des autres et même les conflits (qui ne nous détruisent pas) nous enrichissent. Le travail à distance restera une exception.

  • pleutres, veules, lâches, indignes, flagorneurs. menteurs, voleurs, tricheurs, lèches bottes, je me demande qui pourraient être qualifiés ainsi ?

  • Comme de plus leur nouveau gourou est le marxiste Piketty cela ne va pas arranger le pays!

  • Personnellement, je pense que le télétravail est une hérésie. J’admets qu’il peut être profitable un jour par semaine mais guère plus. Travailler, c’est aussi sortir de son environnement personnel pour rencontrer d’autres personnes, voir d’autres lieux, briser un train-train, s’ouvrir à d’autres idées aussi. Qui a envie d’être en prison? Pas moi, en tout cas!

  • Il y a un détail jamais mentionné par une bureaucratie hors sol: pour un travail chez soi il faut un espace, un équipement, et de la tranquillité. Les technocrates au pouvoir croient il que le cadre moyen a comme eux un appartement de 200 m2 pour y loger autre chose qu’un coin de table ?

  • L’auteur a raison les grandes entreprises soit-disant privées vont faire pire que le public dans la complexité administrative ! Et pour lutter contre le poison qu’elles s’inoculent elles sont obsédées par la réduction des coûts.

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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