Réouverture des écoles : Blanquer et Macron sèment le doute

Nul ne sait comment va s’organiser la réouverture progressive des écoles. En disant que l’ouverture serait « progressive », Jean-Michel Blanquer ne fait qu’ajouter de la confusion.

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Réouverture des écoles : Blanquer et Macron sèment le doute

Publié le 14 avril 2020
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Par Jean-Baptiste Noé.

L’épidémie de Coronavirus a montré la fragilité extrême de l’Éducation nationale et la dissolution totale de l’administration qui la soutient. Le ministre n’a cessé d’être contredit, voire de se contredire, alternant les ordres et les contre-ordres.

Certes, on pourra dire en sa défense que cette crise est unique et qu’avec une visibilité de quelques jours à peine, il est difficile de faire des projections sur l’organisation d’une administration lourde, centralisée, laissant peu de place à la liberté et à la créativité.

Échec des outils numériques

Tout a commencé le 12 mars, avec l’annonce de la fermeture des écoles et la mise en place de « la continuité pédagogique ». Le ministère avait prévu des plateformes numériques pour faire la classe à la maison.

Presque tous les serveurs ont sauté. Quand ils ont fonctionné, ceux-ci se sont révélés compliqués à manier et peu faciles d’usage. Les professeurs se sont massivement rabattus vers les logiciels privés : Zoom, Skype, Teams, etc.

Premier échec d’une administration qui n’a pas été en mesure d’assurer cette continuité.

Le deuxième échec a été la réouverture brutale de classes pour accueillir les enfants des personnels soignants. Certes, l’école est un lieu d’apprentissage, mais c’est aussi un lieu de garde d’enfants. On ne peut pas demander aux infirmières et aux médecins d’aller travailler dans les hôpitaux en laissant leurs enfants seuls à la maison.

Il a donc fallu que les communes et les départements rouvrent des écoles et des collèges pour accueillir les enfants de ces personnels.

Échec de la fermeture

Là se trouve l’origine de l’imbroglio sur la date du 11 mai. Il ne pourra pas y avoir de retour au travail des Français si l’école n’ouvre pas de façon massive pour accueillir les enfants des salariés. En période de vacances scolaires, les enfants sont accueillis dans les centres périscolaires des mairies.

Organiser la réouverture des écoles ne répond donc pas d’abord à un objectif pédagogique, mais à une nécessité humaine : il est impossible de laisser des millions d’enfants seuls chez eux si leurs parents travaillent.

En disant le mardi 14, que l’ouverture serait « progressive », Jean-Michel Blanquer ne fait qu’ajouter de la confusion. Dans l’ensemble, les professeurs se sont massivement investis dans les cours en ligne, qui demandent beaucoup plus de travail en amont que les cours en direct.

C’est peu dire que les propos du porte-parole du gouvernement disant que les professeurs « ne travaillent pas » ont été mal ressentis.

Nul ne sait comment va s’organiser la réouverture progressive des classes. Est-ce qu’elles seront décidées par le haut, via le ministère ou les recteurs, ou bien va-t-on laisser la libre organisation à chaque établissement ? Le centralisme est en train de montrer, dans cette crise, qu’il est incapable d’agilité pour résoudre les problèmes quotidiens.

Fin du bac en catimini

Les longues épreuves terminales du bac ont, elles aussi, été supprimées, passant au contrôle continu. C’est la fin de la supercherie du bac, qui consiste à faire passer près de deux semaines d’épreuves complexes à organiser et très coûteuses, pour faire échouer environ 8% des lycéens.

Si le contrôle continu fonctionne cette année, pourquoi ne pas le généraliser l’année prochaine en supprimant les épreuves du bac intermédiaires (E3C dans le jargon), qui se sont révélées être un fiasco (sujets et corrigés divulgués sur internet) ?

Toutes les failles, toutes les lourdeurs du système national d’éducation ont été révélées lors de cette crise.

Devant faire les devoirs à la maison avec leurs enfants, beaucoup de parents ont mis le nez pour la première fois dans les cahiers, les manuels et le jargon pédagogiste de l’éducation nationale. Beaucoup risque de se demander si cela vaut vraiment la peine d’envoyer ses enfants à l’école pour qu’ils soient confrontés à de telles salades.

Les établissements indépendants devraient pouvoir en profiter, eux qui proposent une pédagogie plus adaptée. Il est peu probable que le ministère goûte une nouvelle fuite des élèves vers les établissements indépendants. Il est donc à craindre que de nouvelles mesures restrictives soient prises à l’égard de ces établissements afin d’obliger les parents à maintenir les enfants dans le système national.

Entre fiasco politique et technique et découverte de la liberté, les mois qui viennent vont s’assurer passionnants rue de Grenelles.

Voir les commentaires (20)

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Créer un compte Tous les commentaires (20)
  • A l’évidence il se confirme que l’école est bien devenue une garderie gratuite.

    • gratuite? comme vous y allez!
      c’est le premier budget de l’etat!
      cette crise a démontré la nullité de l »administration dans sa totalité
      ou l’incompétence le dispute a l’indigence dans tout l’appareil administratif , sanitaire , éducatif , etc. je ne vois que la police qui pour l’instant joue un rôle mais en deçà des cités sensibles

      • Hein ? La police principalement occupée à fliquer et faire chier les joggeurs et promeneurs solitaires jouerait son rôle ?… euh non, désolé, ce n’est pas la conception que j’ai d’un État régalien…

      • garderie gratuite pour la plupart des parents,de même que la cantine puisqu’on entend que des problèmes de pouvoir d’achat se pose car il faut faire à manger pour les enfants!!!!!!Les consoles de jeux ça ne se mange pas .

    • il faut bien arracher ces petits au déterminisme familial !

    • Une garderie ?

      Tout au plus un parking…

  • Il va en effet être difficile d’effacer les problèmes avec un bloc mucilagineux à effet soustractif !

  • les écoles ne seront pas rouvertes, les syndicats ne veulent pas,,, et me ministere ne controle rien

  • « passant au contrôle continu. C’est la fin de la supercherie du bac, »
    Je dirais plutôt que c’est sa validation en tant que totale supercherie.

    Les notes du bulletin ne servaient qu’au dossier pour le post-bac. Avec toutes les manipulations que cela pouvait déjà laisser supposer. Néanmoins les structures post-bac privées savaient très ce que valaient les notes de tels ou tels lycées. Et le bac gardait une valeur pour les notes supérieures qui étaient un reflet d’un certain niveau.

    En basant le bac quasi-uniquement sur le contrôle continu, surtout si cette formule est reproduite les prochaines années, les notes du contrôle continu seront majorées sans vergogne par certaines structures toujours dans une volonté égalitariste afin d’aider leurs ouailles toujours « socialement désavantagées »…

    Ces derniers 40 ans le bac a bcp perdu de sa valeur. Cette nouvelle mouture ne vaudra plus grand chose si elle est définitivement adoptée.

    • de toutes le façon c’est l’enseignement qui a perdu de sa valeur , le bac c’est juste le reflet de la décrépitude de l’EN

      • Attention aux formules choc, Claude.
        La « décrépitude de l’EN » n’est pas une globalité.
        Il est encore de remarquables enseignants, motivés et dynamiques (même s’il en est également de moins… affutés).
        Par contre…
        – oui pour la décrépitude des programmes, vidés de tout ce qui pourrait faire difficulté;
        – oui pour la décrépitude des instructions aux enseignants (qui ont ordre de laisser aller, de surnoter);
        – oui pour l’attitude de nombreux parents qui considèrent la classe comme une garderie où il ne faut surtout pas gronder leurs chérubins;
        – oui enfin et surtout pour l’administration de l’EN, une masse de fonctionnaires irresponsables…
        Mais tout pays n’a-t-il pas le système éducatif qu’il mérite ? Surtout un pays « démocratique » dans lequel le choix de l’exigence et de la réussite serait possible, au travers des choix électoraux ?

        • d’accord avec votre argumentaire mais vous en avez oublié un
          le syndicalisme corporatiste et gauchisant qui a perverti l’organisation et interdit toute remise en cause de la masse des fonctionnaires irresponsables

  • Est-ce que un seul français s’est un jour imaginé que les précieux ridicules qui dirigent l’éducation nationale en la sabotant au fil des ans seraient capables de faire preuve, pour une fois, d’intelligence et de réactivité ? Dans leurs bureaux feutrés où ils s’amusent entre eux à pondre des instructions absconses pour se cacher leur incompétence, les sont confinés hors du temps…

  • Afin que chacun ait pu avoir un accès au cours, il eut été très simple de réquisitionner les chaînes de télévision à BLA BLA que sont BFM,LCI,Cnews,France Info(chaîne servi par des journaleux asservis au pouvoir) et de les utiliser pour organiser une diffusion des cours que tout un chacun aurait pu recevoir et ce sans problème de serveur….

    • Ah mais vous n’y pensez pas. Sans journalistes pour répéter, justifier et développer les instructions contradictoires du pouvoir et pour faire passer au près du peuple qu’une terrrrrriiiibllle crise sanitaire justifie pleinement la ruine du pays et l’abandon de libertés essentielles (regroupement, déplacement) et que le confinement était la seule voie possible (faudrait surtout pas que le peuple ait l’idée de regarder Taïwan, le Japon, la Corée ou d’autres, des fois que… ) pour que les journalistes expliquent quels modèles épidémiologiques sont les plus valides, pour que l’on nous dise que les masques ne servent à rien, toussa…
      Bref, l’école c’est bien mais ça passe après la propagande, parce que même si ça prépare bien « à bien voter à l’avenir », l’avenir justement de nos guignols au pouvoir, il se joue aux prochaines élections, et là c’est les téléspectateurs, pas les écoliers, qui votent;

    • Et nous aurions eu droit à des cours adaptés à l’ensemble de la population lycéenne càd sur calés sur le moins-disant en matière de niveau.

      De plus, pour ne pas scandaleusement avantager certains lycéens venant de meilleurs lycées (publiques mais surtout privés) et/ou issus de populations socio-économiquement avantagées, il aurait fallu interdire tous les autres cours produits par ces structures honteusement élitistes anti-égalitaires…

      Je trouve heureux qu’ils n’aient pas eu les moyens juridiques, financiers et organisationnels pour faire ce que vous proposez. Car si l’idée est intéressante sur le papier, on peut faire confiance à nos gouvernants socialisants pour en profiter et faire progresser, pour notre bien, tous les « extraordinaires » projets de société qu’ils ont dans leurs cartons.

  • Ce n’est pas une nouveauté ! Incohérences, contradictions, imbroglio, flou sont le quotidien des pieds nickelés gouvernementaux… mais actuellement il y a surcharge, l’addition commence à être lourde !
    En ce moment, les coulisses chez nos politiques doivent gratinées : ça doit courir dans tous les sens ; donner ordres et contre-ordres « en même temps » ; les propositions les plus farfelues fuser dans tous les coins ; les consultations tous azimutes des comités Théodule doivent exploser… pour un résultat zéro. En résumé, un sacré tohu-bohu qui transparaît par des annonces discordantes qui se veulent « intelligentes » et « rassurantes », alors qu’elles révèlent la nullité de toute l’équipe.

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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