Arnaud Montebourg, le ministre devenu entrepreneur

La conversion en libéral d’un chantre de l’État centralisateur et vertical comme l’était Arnaud Montebourg, revendiquant liberté d’action et autonomie face à l’État, illustre à quel point l’administration et la technocratie doivent être réformées.

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Arnaud Montebourg, le ministre devenu entrepreneur

Publié le 5 février 2020
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Par Alain Goetzmann.

Ces dernières semaines une vidéo d’Arnaud Montebourg, interviewé par Xerfi Canal, fait le buzz sur les réseaux sociaux. Ex-ministre de l’Économie, du redressement productif et du numérique, auparavant avocat et leader politique régional, il avait déjà surpris lorsqu’évincé du gouvernement, il décidait de suivre l’Advanced Management Program de l’INSEAD, dont l’objectif affiché est de transformer les cadres supérieurs en dirigeants d’exception.

Dans cette vidéo, il livre une sorte de rapport d’étonnement sur son expérience d’entrepreneur, à la tête du petit groupe de TPE qu’il a créé en 2018.

C’est décoiffant !

 

Il y affirme :

L’entreprise est un outil de transformation de la société parce qu’à travers elle, on conquiert une clientèle. (…) À travers l’acte de commerce, il y a beaucoup plus que du commerce, il y a des idées, un projet, une vision sur la manière dont on produit, dont on distribue, sur la manière dont on consomme.

Il ajoute :

L’entreprise est un outil aussi intéressant que l’action publique pure, régalienne, unilatérale. Celle-là est contractuelle, elle est faite de conviction et de travail avec les esprits. Elle est aussi importante qu’une ONG. Bien sûr qu’on doit équilibrer nos comptes : on doit gagner de l’argent pour le redistribuer aux salariés, aux actionnaires, aux partenaires.

Il conclut en appelant à réformer le secteur bancaire, trop bureaucratisé et méfiant vis-à-vis des entrepreneurs. Il demande que soit allégé l’environnement réglementaire et normatif qui rend le respect de la loi incompréhensible pour eux, les mettant à la merci de l’appréciation forcément subjective du moindre fonctionnaire.

Tout ce qui n’est pas interdit doit être par principe autorisé, conclut-il.

Le ministre aux nouvelles convictions

En l’écoutant, je me prends à rêver de son retour au ministère de l’Économie pour assister à la mise en œuvre de ses nouvelles convictions. Nous le verrions alors, peut-être, lancer un grand nettoyage de printemps du tissu réglementaire et normatif qui étouffe nombre d’initiatives, alléger l’administration de tous ses petits chefs de services qui empoisonnent la vie de leurs concitoyens, accepter enfin de reconnaître l’incompétence de l’État dans la gestion des entreprises qu’il contrôle, que ce soit dans le secteur marchand ou dans le secteur public.

Allons plus loin…

Ce discours nouveau amène à se demander si tous les ministres spécialisés ne devraient pas être des femmes et des hommes issus de leur milieu professionnel, qui savent de quoi ils parlent, non des grands patrons du CAC 40, ça s’est déjà vu, mais des entrepreneurs, de ceux qui ont vécu et subi, parfois dans leur chair, les fourches caudines de l’administration.

C’est aujourd’hui le cas des ministres de la Santé, de l’Éducation nationale, du Travail. Par le passé, c’est un grand avocat qui fit voter l’abolition de la peine de mort.

Au Président et au Premier ministre, les vrais politiques, l’un élu par la Nation, l’autre sous le contrôle du parlement, reviendraient le soin de soumettre l’administration française aux politiques définies par le gouvernement et mises en forme par les ministres, sans qu’elle ne rechigne ni ne traîne les pieds.

La conversion d’un chantre de l’État centralisateur et vertical comme l’était Arnaud Montebourg en libéral, revendiquant liberté d’action et autonomie face à l’État, illustre à quel point l’administration et la technocratie doivent être réformées.

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  •  » tous les ministres spécialisés ne devraient pas être des femmes et des hommes issus de leur milieu professionnel, qui savent de quoi ils parlent, »
    dans l’absolu pourquoi pas..
    Le probleme c’est qu’un ministre n’est que le chef d’une administration qui lui résistera et fera tout pour le faire éconduire …
    La conversion de cet opportuniste de haut vol fait le procès de toute l’administration étatique, de toute la vision « socialiste » , qui l’a portée la moitié de sa vie ..
    comment peut on etre aussi aveugle camarade!

    • Quasiment tous les ministres de la sante ont ete d ancien medecin. Est ce que ca ete efficace ou utile ? pas franchement si on voit le resultat actuel (deficit secu, desert medicaux).
      Deja il est difficile pour quelqu un issu du serail d aller contre ses pairs (par ex Buzyn freine la vente de medicament par internet. Ca va couler les pharmacies au profit d amazon ou similaire).

  • Qu’il était beau mon légionnaire il sentait bon le sable chaud….. j’espère qu’il a beaucoup de petites abeilles autour de lui 🙂

  • Quand on voit les réformes de la santé, du travail et du travail, on se dit qu’être de ces milieux n’est aucunement une garantie d’efficacité.

  • ce type a été ministre…

    la conclusion…les ministres peuvent raconter n’importe quoi..

    c’est un fait..
    en premier lieu arrêter de respecter leurs paroles et savoir leur signifier que si ils sont bel et bien en situation de prendre des décisions que en tant que démocrate je respecte ..leurs décisions sont souvent stupides.

    ségolène royal pouvant dire qu’elle va mettre en place 1000 km de routes solaires…
    ça signifie quoi ? qu’il n’y pas 1 type dans le minsitère ou en relation avec la ministre qui lui dit c’est une connerie!

  • Rêver serait une erreur. Il voit aujourd’hui son intérêt en tant qu’entrepreneur, mais redevenu ministre, il y verrait son intérêt de ministre et oublierai vite les entreprises.
    Les intérêts individuels l’emportent toujours sur les intérêts collectifs, c’est d’ailleurs un axiome libéral.
    Le pouvoir politique doit être drastiquement réduit pour ne pas intéresser les pires de nos concitoyens.

  • On peut rêver que Montebourdes redevienne Montebourd. Mais ce n’est qu’un rêve, même s’il est beau.
    Moins d’état, ce serait un beau réveil pour la France, la belle endormie.

  • Et pourtant, il va bientôt y avoir deux siècles BASTIAT écrivait :« Je vous donne avis que mon ministère est supprimé. La République supprime en même temps toutes les entraves dans lesquelles mes prédécesseurs vous ont enlacés, et tous les impôts qu’il faut bien faire payer au peuple pour mettre ces entraves en action. Je vous prie de me pardonner le tort que je vous ai fait. »

  • Pas étonné. On prêche toujours pour ses intérêts propres. Les intérêts de Montebourg ont changé. Si il devait revenir au gouvernement, il reviendrait au pas de course sur son ancien prêche.
    Aucune fierté.

  • On note qu’un socialiste devient libéral aprés un stage d’étude et formation à l’INSEAD où il a manifestement découvert un monde nouveau et inconnu pour lui, qui supplante ses anciennes convictions. On savait que le socialisme résulte d’une inculture économique absolue et d’un refus d’apprendre les réalités, démarche qui demande en effet plus d’efforts personnels qu’une posture dogmatique préconstruite par d’autres dont on se contente de bramer les poncifs. Finalement il suffirait que les socialistes acceptent tous de se former..

    • ah si cela suffisait çà se saurait !!!! mais je crains que la majorité soit incorrigible puisque pour eux si les résultats ne sont ceux attendus ce n’est pas par excès d’état mais par insuffisance !!! ils en demandent toujours plus secondés par une population complice et ne sont donc pas prêts de se réformer !!! tant pis pour nous !!!

    • A son âge on n’apprend plus rien ,ce stage a permis de dire qu’il n’utilise pas son carnet d’adresse…un peu quand même , c’est une vedette par rapport aux autres socialistes ,le coup des rayures montre qu’il n’est pas aussi sot que les autres.

    • Pour qu’ils comprennent, il ne faut pas que les socialistes se forment, il faut qu’ils créent leur propre entreprise : c’est là, les mains dans le cambouis, qu’on voit à quel point l’administration, les règles, les taxes, les contrôles pourrissent la vie des entreprises, donc l’économie, donc le niveau de vie général et l’emploi.

  • Montebourg a découvert l’entreprise et donc l’économie face à l’Etat. Il faudrait que Mélanchon en fasse de même.

    • Là je crois que vous demandez l’impossible. Le camarade Mélenchon préfère se faire du pognon comme son ancien pote Hugo Chavez, en pillant les ressources du pays une fois arrivé au pouvoir, en bon apparatchik « socialiste ».

  • m’enfin ???

    vieux motard que jamais !

  • On appelle ça une prise de conscience. Résultat : cela prouve qu’il faut supprimer l’ENA, et réformer en profondeur l’administration ; en effet, si le ministre veut avoir des marges de manoeuvre, il faut que l’administration dont il a la tutelle soit manoeuvrable comme une entreprise, avec les mêmes objectifs de performance et la responsabilité qui va avec.
    Si on sort un peu de l’hexagone, on se rend compte que chez nos voisins, les administrations qui fonctionnent bien sont responsabilisées comme des entreprises : elles ont des objectifs et un budget, et si elles ne les respectent pas, le chef saute !!
    Tout le contraire de la France ou ni les administrations ne risquent absolument rien, y compris quand elles provoquent des catastrophes… Au hasard le RSI, le logiciel Louvois pour l’armée, j’en passe et des meilleures ! Où sont les têtes qui ont sauté ??? En général, ce sont plutôt des promotions que des évictions. Décidément, CPEF.

  • Tout comme l’hirondelle ne fait pas le printemps , un ministre  » converti  » ne fait pas un gouvernement et encore moins une administration convertis !!! N’attendons pas de l’administration qui est un état dans l’état certaine de survivre aux passages éphémères de leurs ministres de se faire  » hara kiri  » et d’accepter de perdre le pouvoir qu’elle s’est octroyé !!!!IL faudra plus qu’un Montebourg pour faire sauter ce verrou !!!!

  • Qu’est ce, mon bon Blaise ?
    -le métro, Mr. le ministre
    – comme c’est excitant !!!

  • Montebourg construit son CV : être petit patron, il coche la case pour avoir le vote de la cible recherchée . J’attends avec gourmandise quelle prochaine cible il va viser . Je m’étonne en lisant les commentaires que certains puissent penser qu’il ait un autre but. Incroyable ce besoin d’espoir , quel boulevard pour les Tartuffes …

  • Deux leçons: un, M.Montebourg est d’un cynisme un peu écoeurant, deux, la rance est gouvernée par des fonctionnaires qui n’ont aucun respect pour le suffrage universel quand il ne leur convient pas.
    En annexe: la classe supérieure des énarques n’aime dans la France que le parfait alignement administratif et méprise les populations.

  • Il y a un peu à boire et à manger dans ce que dit Montebourg, quand même :
    1. je me méfie par principe de ceux qui voient l’entreprise comme étant « à bénéfice public » et devant « défendre une cause ». cela me pose la question de savoir dans quelle mesure les entreprises créées par Montebourg ont reçu des aides publiques.
    2. sa tirade sur la répartition de la valeur, et le secteur financier qui serait comme le lierre autour du tronc « entreprise » pompant sa ressource, reste très marxisante.

    Par ailleurs :
    « Ce discours nouveau amène à se demander si tous les ministres spécialisés ne devraient pas être des femmes et des hommes issus de leur milieu professionnel,[…] des entrepreneurs, de ceux qui ont vécu et subi, parfois dans leur chair, les fourches caudines de l’administration.
    C’est aujourd’hui le cas des ministres de la Santé, de l’Éducation nationale, du Travail. »

    Ce passage me laisse quand même perplexe, ni Blanquer, ni Pénicaud, ni Buzyn n’ayant jamais été entrepreneurs ayant eu à subir « les fourches caudines de l’administration ».
    ils sont issus du milieu professionnel correspondant au ministère qui leur a été confié, mais pas entrepreneurs, plutôt chefs de service, plus ou moins dans le privé, plus ou moins dans le public, et/ou hauts fonctionnaires. Pas grand-chose à voir.

    • On peut être patron avec des objectifs non purement financier/économique, tant qu’il arrive à financer ses lubies…
      Il n’est pas devenu libéral, il s’est juste aperçu que le patronat n’est pas le mal incarné. Déjà c’est un sacré progrès.

  • En revanche, très bonne approche de Montebourg quand il rappelle ce qui devrait être une évidence, à savoir que tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. Difficile à admettre pour pas mal de fonctionnaires, marxistes dans l’âme, pour qui la liberté individuelle n’est pas un droit fondamental, mais une concession de l’État aux citoyens. (dans quel pays vivons-nous ?)

    Tout à fait d’accord avec lui quand il dénonce la complexité des réglementations et l’inutilité de beaucoup de contrôles administratifs également.
    Bref, à boire et à manger dans cette interview de Montebourg.

  • Les commentaires sont fermés.

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