Par Alain Goetzmann.
J’ai récemment déjeuné du plat du jour dans un petit restaurant proche de mon domicile.
Tenu par deux frères, l’un en cuisine, l’autre en salle, les mets étaient succulents et la suggestion du vin au verre pertinente.
Le chef, formé chez un étoilé Michelin, s’est adjoint son cadet, talentueux en sommellerie.
Embaucher pour se développer en tant qu’entrepreneurs : trop contraignant et coûteux
Ce restaurant ne désemplit pas. Il faut y réserver sa table plusieurs jours à l’avance.
En bavardant avec les deux frères, après leur service, je les ai chaudement félicités et leur ai prédit un bel avenir économique.
À mon grand étonnement, ils m’ont déclaré qu’ils n’envisageaient nullement de grandir.
L’analyse approfondie de plusieurs modèles de croissance leur a démontré qu’il valait mieux se restreindre et ne travailler que tous les deux, sans aucun autre employé, quatre jours par semaine, plutôt que d’embaucher pour se développer.
À cela deux raisons : les contraintes liées à l’emploi permanent de salariés et la lourdeur des charges sociales.
En limitant leurs ambitions, ils sont heureux et se sont taillés des jobs confortables, sans s’embarrasser de la responsabilité d’une entreprise.
Exemple caricatural ? Sans doute, mais réel et concret.
Chacun de nous connaît au moins un artisan, dont il attend avec impatience l’intervention. Il pourrait en faire beaucoup plus en embauchant, mais il s’y refuse, faute de liberté dans la gestion des salariés et face à des coûts sociaux rédhibitoires.
Entrepreneuriat n’est pas synonyme de capitalisme
Voilà sans doute l’une des raisons qui explique pourquoi, alors que la conjoncture économique s’améliore, nous conservons en France, en janvier 2019, un taux de chômage de 8,8 %, soit presque trois fois le taux allemand et d’un tiers plus élevé que la moyenne européenne.
Il faut résolument distinguer l’entrepreneuriat du capitalisme et tout particulièrement, du capitalisme de rente.
Il n’est pas absurde, même pour un amoureux de la liberté – liberté de penser, de s’exprimer, d’entreprendre – que de grandes sociétés, devenues anonymes par leur financement, puissantes par leur part de marché, employant des dizaines de milliers de salariés, se voient imposer des règles, compte tenu de leur poids économique et social.
Que les populations exigent des entreprises du CAC40 un comportement plus citoyen peut se comprendre.
À l’indécence de certaines rémunérations ou compensations, s’ajoute parfois un comportement social choquant.
Mais s’agissant des entrepreneurs, les vrais, c’est-à-dire tous ceux, artisans, petits commerçants, free-lance, start-uppers, professions libérales, industriels, distributeurs, qui sont propriétaires de leur entreprise, quelle qu’en soit la taille, leur appliquer le même traitement en matière de législation, de règlementation du travail, de charges fiscales et sociales, est totalement contre-productif.
Les fonctions de l’État…
L’État, en France, gagnerait à s’alléger des fonctions qu’il prétend assumer et pour lesquelles il est manifestement incompétent, afin d’adopter des lignes politiques claires dans sa conduite de l’économie :
- la maîtrise et la réduction de la dépense publique, pour améliorer la compétitivité du pays ;
- la vigilance en matière de concurrence, l’intérêt du consommateur et du citoyen, dans une économie libérale, étant toujours prioritaires par rapport à celui de l’actionnaire ;
- la libération, pour les entrepreneurs de toutes natures, du carcan législatif, administratif et normatif qui les entrave.
La création de richesse irait alors à l’amble de la création d’emplois, pour la satisfaction de tous.
Il n’est pas interdit d’imaginer que de telles mesures bénéficieraient du soutien d’une majorité de la population.
Cela fait des décennies que ce constat est fait et que les gouvernements se succèdent. Je ne vois qu’ une raison pour que rien ne change: le patronat et ses représentants sont complices et s’ en accommodent.
Bien entendu, il y a échange entre des grands groupes et des représentants de l’Etat. L’argent des contribuables pour maintenir certains grands groupes qui ronronnent et des malettes de billets pour des corrompus institutionnels. Comme il est difficile pour une PME de sortir de l’argent (quand elle en a) les parasites ne s’y intéressent pas.
Cela s’appelle des barrières à l’entrée: si les entrepreneurs étaient libres il y aurait plus de pme et aussi plus de moyennes entreprises qui feraient une plus grande concurrence aux dinosaures que sont les grands entreprises.
Comme les citoyens et leurs élus sont nuls en économie politique cela ne leur apparait pas.
Merci à l’Educ-Nat et aux syndicats socialo-communistes de l’après guerre qui ont décérébré des générations de citoyens en les privant de toute culture économique.
C’est cette culture économique (et juridique) qui seule peut garantir les libertés et la dignité que tout démocrate revendique comme droit naturel inaliénable.
Il a fallu que l’URSS s’effondre pour que les commissaires du peuple perdent leur rôle toxique au sein de la société russe. Espérer une évolution de l’état français et de la société française est illusoire, trop de rentes sont en jeu.
Le soutien de la majorité de la population n’a plus aucune importance, c’est bien ça le problème ! Seul compte aujourd’hui de ne pas déclencher l’ire d’une minorité à fort pouvoir médiatique et de nuisance.
Je vous rejoins dans votre analyse, toutefois elle est très superficielle.
Les grosses entreprises, du Cac40 – ou non – bénéficient de charges fiscales moins lourdes que celles des PME, d’une part, et d’autre-part, possédant des conseillers « avisés » ont délocalisé leurs sièges sociaux afin de réduire encore leurs taxations, ce que ne pourra jamais faire un artisan !
La PME est taxable à merci à plus haut niveau, et soumise à multiples contrôles vexatoires, au minimum !
Exact. Et cela ne s’améliorera pas puisque, à la différence des grosses sociétés, les moyennes et petites n’ont pas la possibilité d’y échapper. L’Etat ayant toujours besoin de plus d’argent, il en profitera toujours même au risque de tuer la bête.
Et de plus si la bete meurt c’est la faute de la bete ….
@Paysanne
Bonjour,
les grandes entreprises délocalisent leurs sièges sociaux pour fuir la pression fiscale créée par l’Etat… lequel fuit sa propre pression fiscale quand il le peut en délocalisant le siège social d’une de ses « entreprises publiques » au Luxembourg par exemple.
Et pourquoi tant de pudeurs de gazelles ? On peut la nommer, c’est la fée EDF.
Aujourd’hui union de Peugeot-Fiat-Chrysler, siège social où ? En Hollande.
L’Europe n’uniformise même pas la législation des pays membres !
C’est fort, non ?
Et toujours la même conséquence, c’est sur les petits que s’abat le socialisme de toute sa grandeur.
A un exemple des contre exemples nombreux , tout depend de la profitabilite d’un emploi ….et de son ambition…les charges…c’est le client qui paie !
@ Réacon : Toi t’es vraiment le crétin de service qui comprend rien, ni à l’entreprise, ni a l’économie ni…à rien d’ailleurs !
Et bien non. Toute réglementation à laquelle on doit se conformer est un coût et réduit le profit. Quant aux charges, elles sont payées par le client si l’entreprise décide d’augmenter ses prix, mais en fonction de l’environnement économique, elle peut décider de réduire ses marges, moins embaucher, augmenter les cadances de travail, moins rémunérer les actionnaires.
Dans tous les cas c’est négatif.
« Chacun de nous connaît au moins un artisan, dont il attend avec impatience l’intervention. Il pourrait en faire beaucoup plus en embauchant, mais il s’y refuse, faute de liberté dans la gestion des salariés et face à des coûts sociaux rédhibitoires. »
Tout à fait exact.
Pour compléter ce remarquable article, je donnerai une anecdote tirée de ma vie professionnelle : je me souviens de cet agriculteur producteur de fromage de chèvre (avec son épouse), un excellent fromage de chèvre fermier, que j’achetais d’ailleurs régulièrement dans le supermarché du coin. Cet agriculteur, arrivé à 50-55 ans, m’a un jour entretenu de son problème : les services sanitaires exigeaient qu’il mette sa petite fromagerie artisanale « aux normes », ce qui devait lui coûter, devis à l’appui, environ 150.000 francs (c’était un peu avant l’arrivée de l’euro). Murs à couvrir de faïence jusqu’à 2 mètres de haut, évier et autres outils en inox, porte de telle dimension, etc.
Ce producteur n’avait pourtant JAMAIS eu de problème avec la qualité sanitaire de son (excellent) fromage. Pourquoi ? À l’évidence, parce qu’il travaillait bien, avec bon sens, professionnalisme, respect de ses clients.
Et pourtant, l’administration l’obligeait à cette dépense, complètement inutile au plan sanitaire, mais très coûteuse pour le petit producteur qu’il était. Et bien sûr, aucune aide financière… la recherche du risque zéro dans toute son absurdité. Merci qui ? Merci les ronds-de-cuir parisiens ou bruxellois qui s’étonneront lors de leur prochaine descente en « province » de ne plus trouver le fromage fermier qu’ils avaient tant apprécié l’été précédent… à moins que l’idée soit de tuer les petits entrepreneurs pour favoriser les copains-coquins grands patrons adeptes du capitalisme de connivence ?
Et pourtant tous se fendent d’un petit mot et d’une petite larme pour dire à quel point ils sont admiratifs des petits entrepreneurs et artisans et qui font vivre l’économie du pays (ou plutôt les leurs d’économies).
Évidemment, aucun d’entre eux n’a jamais envisagé de devenir entrepreneur ou artisan, hein, faut pas déconner non plus.
Oui, tout est fait pour décourager les petits entrepreneurs. Je voudrais trouver le temps d’écrire un livre pour raconter les incessants et coûteux tracas vécus par certains d’entre nous. C’est horripilant et sans aucun doute un immense gâchis pour la France. Aucun gouvernement n’a pris de mesure efficace et je crains que ce ne soit jamais le cas.
Pourquoi faire tant qu’ils payent
J’ai déjà rédigé, un certain nombre de pages éclairantes à ce sujet… mais tellement décapantes, tellement rugueuses qu’aucun éditeur n’aurait le courage de les publier !
De plus ce sujet traité par le biais du réalisme heurterait la bienpensance… Surtout taire ces vilains reproches qui seraient jugés de la droite, de la droite de l’extrême droite !
Je vous signale humblement que les gens de gauche ignorent ce qu’est l’Urssaf par exemple.
Quand vous abordez le sujet des cotisations ils s’écrient : mais nous aussi !
Lol ! MdR !
Ils ignorent également le joyeux RSI !
Comment voulez-vous que les super protégés comme les politiques, de tous bords, d’accord pour se voter des retraite mirifiques ou des avantages en veux-tu t’en voilà ! sachent seulement de quoi il est question !
Si par hasard l’un d’entre eux (il y en a eu un dont les parents avaient fait faillite et qui connaissait le sujet – oublié son nom) il avait épaté la galerie par ses connaissances ! Il avait apporté quelques améliorations lors des liquidations judiciaires. (je revois sa tête, sympathique, mais apparemment il est sorti du circuit ! Faudrait quand même pas être efficace !)
« Il faut résolument distinguer l’entrepreneuriat du capitalisme et tout particulièrement, du capitalisme de rente.
Il n’est pas absurde, même pour un amoureux de la liberté – liberté de penser, de s’exprimer, d’entreprendre – que de grandes sociétés, devenues anonymes par leur financement, puissantes par leur part de marché, employant des dizaines de milliers de salariés, se voient imposer des règles, compte tenu de leur poids économique et social.
Que les populations exigent des entreprises du CAC40 un comportement plus citoyen peut se comprendre.
À l’indécence de certaines rémunérations ou compensations, s’ajoute parfois un comportement social choquant. »
L’article commençait bien mais là vous m’avez perdu sur ce discours qui fleure bon le socialisme. C’est exactement cette logique qu’un amoureux de liberté doit combattre. La seule position à soutenir est la création de règle simples et souples en matière d’emploi pour TOUTES les entreprises, ce que vous rappelez d’ailleurs en fin d’article (« la libération, pour les entrepreneurs de TOUTES natures, du carcan législatif, administratif et normatif qui les entrave. »).
Sinon, vous vous exposez encore à des effets de seuil, des délocalisations… et au chômage.
« L’article commençait bien mais là vous m’avez perdu sur ce discours qui fleure bon le socialisme. C’est exactement cette logique qu’un amoureux de liberté doit combattre. »
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@BH : Exact. Avec des « amis » comme l’auteur de l’article la Liberté n’a même plus besoin d’ennemis ! La Liberté est foutue avec des amis qui la défendent aussi maladroitement.
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Grosso modo, pour faire simple : au début de l’article l’auteur défend les « petits » capitalistes, ce qui est tout à fait admirable. Mais ensuite il se met à critiquer les « grands » capitalistes. Son erreur est de ne pas comprendre, d’une part, qu’il est impossible de définir précisemment qui sont les « petits » et qui sont les « grands » d’une manière qui ne soit pas arbitraire.
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D’autre part, son erreur est de ne pas comprendre que les « grands » capitalistes ne sont pas en soi problèmatiques (s’ils sont « grands » c’est parce qu’ils parviennent à satisfaire les besoins de leurs clients.) Ils deviennent problématiques non pas parce qu’ils sont « grands » mais parce qu’ils sont injustemment privilégiés à cause de la complexité des lois, de la complexité de la fiscalité, de la complexité des réglementations… Contrairement aux « petits » capitalistes les « grands » capitalistes disposent des relations, du temps et de l’argent pour trouver et exploiter toutes les failles du « système » (niches fiscales, subventions, renflouements, immunités, passe-droits, etc..) Or plus le système est complexe plus il comporte des failles. Qui est à l’origine de toute cette complexité ? La classe politique et administrative ! C’est elle la source du problème, c’est à cause d’elle que les « grands » capitalistes sont injustemment privilégiés, donc c’est elle qu’il faut critiquer en priorité.
« Ils deviennent problématiques non pas parce qu’ils sont « grands » mais parce qu’ils sont injustemment privilégiés à cause de la complexité des lois, de la complexité de la fiscalité, de la complexité des réglementations… »
Ne soyons pas naïfs. Ces grands groupes en demandent et redemandent de ce genre de réglementation. Ça permet d’éliminer la concurrence à venir!
« Ne soyons pas naïfs. Ces grands groupes en demandent et redemandent de ce genre de réglementation. Ça permet d’éliminer la concurrence à venir! »
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Mon propos est que, quand bien même les grands groupes/entreprises du CAC40 désirent ce genre de réglementation, seul l’État dispose du pouvoir de transformer ce désir en réalité.
« leur appliquer le même traitement en matière de législation, de règlementation du travail, de charges fiscales et sociales, est totalement contre-productif. »
Super l’égalité en droit…
Il faudrait également ajouter qu’en France il n’est pas politiquement profitable de réduire le budget de l’Etat, de simplifier drastiquement la vie des entrepreneurs, de ne pas entraver les embauches et les licenciements, de favoriser la libre concurrence, de supprimer la progressivité de l’impôt…etc. Dès qu’un politicien va dans cette direction (ce qui est rare entendons-nous bien) il est mis au pilori par une majorité de la classe politique d’une part mais surtout par un grand nombre de français d’autre part, comme étant le diable personnifié.
Au fond le politicien est aussi un entrepreneur. Son profit à lui c’est les sondages et les scrutins. Ce n’est pas profitable pour lui d’aller à l’encontre de ce que pense une majorité d’électeurs.
Tant que les français apprendront à se méfier du capitalisme, du libre-échange et des entreprises, il y a peu de chance de voir naître une volonté politique qui aille dans le bon sens.
c’est du délire d’espérer quoi que ce soit…
L’état cherche au contraire à fonctionnariser les indépendants chaque jour un peu plus…
Regardez les toubibs.. dont les revenus dépendent à 80% de la sécu
Regardez les artisans.. dont les revenus dépendent des crédits d’impots
Regardez les commerçants.. dont les revenus dépendent de plus en plus du versement d’allocs à leurs clients.
Plus personne n ‘a intérêt à voir une baisse du périmètre de l’état, donc les prélèvements ne cesseront jamais d’augmenter.
CPEF
Et les chômeurs de -en – encouragés à prendre un boulot
les recettes et solutions sont simples et évidentes:
-faire sauter les seuils
-instaurer 3 jours de carences
-cesser de financer les syndicats
-mettre en place les lois Hartz: possibilité de gagner 650€ par mois sans charges ni impôts pour toutes les parties
-permettre de mettre au tribunal les administrations incompétentes en les rendant responsables de leurs méfaits.
-supprimer les 35 heures
-ôter à l’Etat le droit d’intervenir dans les politiques des entreprises (subventions, aides, fusions et acquisitions…)
ET les paysans qui vivent de la PAC!
Exact.. ma liste n’est pas exhaustive mais je vous laisse rajouter d’autres cas . Je ne connais plus aucun secteur d’activité qui ne soit plus ou moins dépendant de l’état. En gros, tout le monde est tenu par les cou….
c’était l’objectif des énarques qui ont pris le pouvoir.