Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

Le CESE (Conseil Économique, Social et Environnemental) publie régulièrement des Avis concernant les problèmes économiques et sociaux. L’un d’entre eux s’intitule « Expérimentation « Territoires zéro chômage de longue durée » : conditions de la réussite » et propose plusieurs mesures afin d’éradiquer ce type de chômage qui a augmenté de 56 % en France entre 2008 et 2015. Il est toutefois très difficile de comprendre les mesures suggérées dans cet opuscule tant la langue de bois est omniprésente :
« Une couverture territoriale des offres d’accompagnement du service public de l’emploi et une bonne coordination entre les acteurs locaux permettent d’apporter des réponses qualitatives plus adaptées en termes d’accompagnement aux besoins des chômeurs de longue durée et au développement des territoires ».
La voix du secteur public
Derrière ce charabia bureaucratique se cache l’équipe en charge du rapport dirigée par un responsable de formation professionnelle : tous appartiennent au secteur public. Sur les 8 personnes auditionnées, 4 sont des responsables politiques et les autres viennent de Pôle Emploi ou bien des associations d’insertion comme ATD Quart Monde.
Sur les 28 personnes consultées pour la réalisation de cet Avis, une seule est gérante d’une société informatique ! Pas étonnant que le taux de chômage longue durée soit de 40.5 % contre 25.8 % aux États-Unis. Comment résoudre le problème du chômage en France si ce sont toujours ceux qui ont échoué qui s’en occupent ?
Fin septembre, le nombre total de chômeurs a d’ailleurs bondi de 52 400 nouveaux inscrits, faisant de la France le seul grand pays riche et démocratique incapable de faire baisser son taux de chômage après la crise de 2008-2009. Pourtant, les moyens ne manquent pas. Le gouvernement dépense pratiquement 3 % du PIB en faveur de l’emploi. C’est presque 2 fois plus que l’Allemagne et 3 fois plus que le Royaume-Uni ! Et le taux de chômage est de 4.2 % en Allemagne et de 4.9 % au Royaume-Uni contre 10.3 % en France.
Chômage des jeunes record
Le taux d’emploi est à 63.6 % en France contre 74 % en Allemagne et 72 % au Royaume-Uni. Pour ce qui est du chômage des jeunes, le taux est à 24.7 % en France contre 7.3 % en Allemagne. Pratiquement 3 fois plus élevé ! Il est évident que ce ne sont pas les moyens qui manquent, ni les Rapports et autres Avis pondus par des fonctionnaires qui ne savent même pas ce qu’est une entreprise. C’est aux chefs d’entreprises, aux entrepreneurs, qu’il faut demander quelles sont les mesures à prendre.
Quand on voit que le France est classée 31e sur 122 pays (Doing Business, 2015) pour ce qui est des facilités de créer une entreprise, on comprend mieux quelles mesures il faut mettre en place. Pour créer une entreprise en France il faut 5 procédures pour une durée d’environ 51 jours. Ensuite, l’entreprise croule sous les taxes et les réglementations : le taux des prélèvements obligatoires sur les PME est de 66 % contre 46,8 % en Allemagne et 35,5 % au Royaume-Uni. Tandis que le taux de marge est passé de 31,7 % à 28,4 % entre 2007 et 2013. C’est 10 points d’écarts par rapport à la zone euro.
Ce qu’il faudrait afin de baisser le taux de chômage c’est donner de l’air aux entrepreneurs et aux entreprises. Les politiques brandissent le nombre de créations d’entreprises en France, mais 55 % des TPE ne créent aucun emploi et sur 3 millions d’entreprises, seules 100 000 dépassent les 10 salariés.Laissez-faire les entrepreneurs !
Au Royaume-Uni, il y a 10 000 ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) et 12 000 en Allemagne contre 5 000 en France. Et les « gazelles » britanniques créent 200 000 emplois par an contre à peine 50 000 en France. Entre 2010 et 2015, le Royaume-Uni a créé 2.5 millions d’emplois privés net contre 36 000 en France. 69 fois plus d’emplois !
Les réformes à faire sont évidentes mais le gouvernement fait la sourde oreille et ne regarde pas ce qui se passe et ce qui fonctionne ailleurs. Il faut surtout que l’État s’occupe le moins possible du chômage et qu’il laisse les entrepreneurs et les entreprises respirer en réduisant les prélèvements comme en Allemagne et au Royaume-Uni. Parallèlement, il faut que ces prélèvements soient stables et ne changent pas tous les mois.
En même temps, les réglementations doivent être minimes comme c’est le cas dans tous ces pays avec le marché du travail flexible. Plus il y a de liberté, plus le taux de chômage est bas. La liberté de licencier au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark, etc. va de pair avec un taux de chômage deux fois moins élevé qu’en France. Avis aux décideurs politiques.
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Liberté de licencier ? waou…
Nous sommes en pleine campagne éléctorale, et il ne me semble pas que le sujet soit au coeur des débats.
Liberté de licencier OK mais moyennant une indemnité de départ telle qu’elle est aujourd’hui. Qui augmente avec le nombre des années de présence dans l’entreprise. Sinon bonjour les abus de pouvoir dans un pays avec six millions de chômeurs.