Élections fédérales 2019 au Canada : le calme nécessaire pour parler du climat

Tribune libre : nous devons utiliser les méthodes les moins coûteuses pour réduire le réchauffement climatique tant et aussi longtemps que les bénéfices sont supérieurs aux coûts.

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Élections fédérales 2019 au Canada : le calme nécessaire pour parler du climat

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 17 octobre 2019
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Par Vincent Geloso, depuis le Canada1.

Soyons clairs, le réchauffement climatique se produit. L’être humain en est la cause principale. Il y a consensus parmi les experts. Il y a matière à agir pour réduire les gaz à effet de serre. Cependant, ceci n’est pas un chèque en blanc en termes de politiques publiques.

Quand on lit les experts qui se spécialisent en économie du climat et leurs réponses aux changements climatiques, on réalise qu’ils disent certaines choses qu’on entend rarement : il y a des manières si mauvaises de mitiger les changements climatiques qu’il vaudrait mieux ne rien faire.

 

Consensus scientifique sur le réchauffement anthropique

Prenons la principale étude sur le sujet du consensus scientifique, celle de John Cook et ses acolytes dans Environmental Research Letters. C’est cette étude qui a sorti le chiffre bien connu voulant que 97 % des scientifiques soient d’accord à propos du réchauffement climatique.

Cependant, Cook ne dit pas que la catastrophe est à venir. Il souligne simplement, et avec raison, que les scientifiques sont d’accord : le réchauffement climatique se produit et l’activité humaine constitue le facteur principal.

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) reflète ce consensus dans ses rapports. Cependant, lorsque vient le temps de parler de l’ampleur du problème pour la vie sur Terre, l’étude de Cook et ses acolytes sont silencieux et le GIEC est plus posé.

 

Coûts et bénéfices

Afin d’estimer les coûts et bénéfices de l’action contre le réchauffement climatique, le GIEC a produit plusieurs scénarios. L’un d’eux est celui dans lequel aucun geste n’est fait pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Ce scénario conclut qu’il y aurait une augmentation de 3,7 degrés d’ici 2100 et une réduction d’entre 2,6 % et 8,2 % du PIB en 2100 (soulignons rapidement que le PIB est lié à plusieurs mesures du bien-être humain incluant l’éducation, l’espérance de vie, la nutrition et le bonheur).

Si ces proportions peuvent sembler importantes, il faut tenir compte du fait que les scénarios du GIEC prédisent une croissance continue d’ici 2100 de telle sorte que l’espèce humaine sera entre deux et dix fois plus riche. En somme, le pire scénario est celui d’un ralentissement modeste de la croissance économique annuelle prévue d’ici 2100.

En considérant ces éléments, on réalise que s’il est nécessaire de nuancer le réchauffement climatique, il existe aussi un point au-delà duquel les coûts sont supérieurs aux bénéfices. Pour ceux qui trouvent étrange l’idée d’évoquer des coûts et des bénéfices en la matière, considérez ceci : lorsque les coûts sont supérieurs aux bénéfices, nous appauvrissons l’espèce humaine en gaspillant des ressources.

Si on se soucie de l’épanouissement humain, il est nécessaire de considérer les coûts et les bénéfices.

Si l’on continue comme si de rien n’était, le pire scénario constitue la balise principale de l’évaluation des différentes politiques publiques. On doit utiliser les méthodes les moins coûteuses pour réduire le réchauffement climatique tant et aussi longtemps que les bénéfices sont supérieurs aux coûts.

Le discours ambiant durant la campagne électorale est loin de faire appel à un tel balisage. La meilleure illustration est celle de la taxe carbone. L’argument classique en faveur de la taxe carbone est qu’il faut imposer un prix sur la pollution afin de la réduire.

Pour minimiser les coûts de cette taxe, il faut réduire d’autres taxes comme celles sur le revenu personnel, la masse salariale ou le bénéfice des sociétés. Sans l’un de ces gestes qui contrebalance, on augmente les coûts et on réduit donc le bénéfice net de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

C’est la logique la plus élémentaire de l’analyse coûts-bénéfices et c’est selon cette logique que l’économiste William Nordhaus a reçu le Nobel en économie l’an passé. Toutefois, aucun des chefs des partis principaux ne s’est imposé un tel exercice logique puisqu’ils ont tous ignoré l’idée de contrebalancer en réduisant d’autres impôts.

 

Un débat irrationnel

La triste réalité est que le discours ambiant détruit tout appel au raisonnement. L’étiquette de « climatosceptique » est affublé à tous ceux qui refusent le discours alarmiste même s’ils veulent agir pour réduire le réchauffement climatique. C’est dans ce genre de climat d’opinions extrêmes qu’on risque d’empirer les choses en suscitant des réactions anti-scientifiques (voire celles de Maxime Bernier) qui nous pousseront vers le « pire scénario » du GIEC. Le calme, la raison et la nuance sont des vertus cruciales même si elles ne sont pas exercées fréquemment en politique.

Cet article a été publié une première fois sur La presse.ca

  1. Vincent Geloso est chercheur à l’Institut économique de Montréal.
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  • « L’être humain en est la cause principale. Il y a consensus parmi les experts »; ah oui c’est vrai : l’apocalypse. Désolé, c’est trop de stupidités en quelques mots. j’en reste là. quel dommage de polluer Contrepoints avec ces débilités infondées et mensongères. la meilleure économie : enterrer l’origine humaine des variations naturelles du climat et ne pas prétendre solutionner des problématiques crées de toutes pièces. laissons cela au interventionistes

  • « L’être humain en est la cause principale. Il y a consensus parmi les experts »; ah oui c’est vrai : l’apocalypse. Désolé, c’est trop de stupidités en quelques mots. j’en reste là. quel dommage de polluer Contrepoints avec ces débilités infondées et mensongères. la meilleure économie : enterrer l’origine humaine des variations naturelles du climat et ne pas prétendre solutionner des problématiques créées de toutes pièces. laissons cela au interventionnistes

    • J’enfoncerais bien le clou : le ‘consensus’ à 97 % des ‘scientifiques’ est pour le moins contestable (et contesté !). De ce fait, se discréditent les conséquences envisagées (et les scenarios proposés par le GIEC, organe POLITIQUE).
      Par ailleurs, l’hypothèse d’une augmentation continue de la croissance est elle-même tout à fait contestable…
      Pour autant la mesure bénéfice-cout envisagée par l’auteur reste intéressante dans toutes les conditions, même erronées.

    • … et c’est bien dommage parce-que vous passez à côté d’un article qui, même si on n’est pas d’accord avec les pré-supposés, donne un point de vue tout en nuance et finalement pas si éloigné de la position dite « climato-sceptique ». Au final, un article qui énonce qu’une analyse coût / bénéfice doit être faite et qu’il est plus efficace de se demander si les politiques envisagées auront un effet avant de les mettre en œuvre que de gesticuler dans tous les sens en criant qu’on va tous mourir.
      N’est-ce pas globalement le reproche principal que font les « climato-réalistes » aux « réchauffistes » ?

      • Cout benefice……..le cout on le connait les benefices ,donc un refroissement climatique par la baisse d’un co2 indispensable a l’agriculture………quelques siecles ne suffiront pas a le trouver !

  • Bonjour,
    En France, l’état consomme 57% du PIB, et une bonne politique de lutte contre le réchauffement, et contre le gaspillage est de baisser les dépenses de l’état ce qui entraînera mécaniquement un baisse des émissions carbone. 50% de baisse me paraît un bon objectif.

  • Je ne sais pas si je dois dire a l’auteur ses quatres verites qui n’en sont qu’une:
    Decroissance voila l’unique solution au probleme climatique posé…. où allez d’urgence voir un psy….le canada anglais est aussi sur la mauvaise ente ou seulement le quebec et nos François d’autre fois au drole d’accent et aux mots truculents ?
    Pour le canada je propose l’abandon du suv avec prechauffage a distance et de la motoneige pour commencer….et peut etre laisser tranquille les sables bitumeux avant de proceder aux taxes et baisses d’impots.faut savoir faire des sacrifices pour le climat !
    E

  •  » Soyons clairs, le réchauffement climatique se produit. L’être humain en est la cause principale. Il y a consensus parmi les experts.  »
    Ben non, deux fois non.
    Le climat ne se réchauffe plus depuis 20 ans et les « experts » sont une poignée de scientifiques corrompus.
    Le GIEC est l’officine parée du statut international de l’ONU pour faire avaler cette couleuvre aux gouvernants. Cette noble institution prenait d’ailleurs la conclusion souhaitée comme hypothèse…
    Les médias ont fait le reste.
    On ne pourra pas s’opposer durablement aux effets délétères de l’imposture du RCA si on ne s’attaque pas en parallèle, aux causes.

  • Je suggère à l’auteur de ce tricotage hypothético-déductif basé sur une axiomatique indémontrée, une petite visite sur le site https://www.wikiberal.org/wiki/Liste_de_scientifiques_sceptiques_sur_le_réchauffement_climatique

  • regrettable que la propagande et l’hystérie réchauffage trouve de l’écho dans contrepoints . Les Pravda mainstream ne suffiraient elles plus a faire avaler les délires au bon peuples?

  • Il y a consensus et con.sensus… En tout cas, des cons, on suce bien le pognon pour des prétextes hilarants voire vains.
    Plus on sucera, et plus on émettra du CO2. Diminuons d’abord la taille du mammouth, et réduisons le à la taille d’une souris. Les émissions baisseront toutes seules.
    Après, on pourra songer à des taxes dites « carbone », les taxes actuelles étant déjà élevées.

  • « L’étiquette de « climatosceptique » est affublé à tous ceux qui refusent le discours alarmiste même s’ils veulent agir pour réduire le réchauffement climatique. »

    Scott Adams (Dilbert) a exprime le même article en 6 cases :
    https://dilbert.com/strip/2017-05-14

  • « Vincent Geloso est chercheur à l’Institut économique de Montréal.  » L’Institut économique de Montréal a donc besoin de fonds publics ? Puisqu’il répand les âneries réchauffistes…

  • Puisque tous ce ramdam climatique est causê par l’homme , supprimons l’homme….qui tres rapidement sera remplacé par des milliards d’animaux peteurs de gaz de serre ^_^

  • vous auriez commencé par écrire..admettons que l’on veuille réduire les émissions de CO2 fossile…

    il ne faut pas demander aux scientifiques leur opinions sur un sujet mais les preuves..les preuves c’est les modèles.. douteux..

    avez vous déjà vu une personne vous donner la significations d ‘ ensembles de modèles .. je peux comprendre que tout est fait pour vous laisser penser que cela représente une probabilité…mais je ne vois pas pourquoi …

    le rca est une théorie non prouvée… mais dont sont convaincus pas mal de gens…la lutte contre les emissions fossiles est donc un projet politique comme un autre…comme la réduction des inégalités

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