Euthanasie : le droit au choix

Sur décision de justice, un médecin mettra fin cette semaine à la vie de Vincent Lambert. Les parents du patient en appellent au président de la République, dans un ultime sursaut. Mais qui doit décider du sort d’un individu ?

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Euthanasie : le droit au choix

Publié le 20 mai 2019
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Le contexte : le sort de Vincent Lambert, paraplégique en état végétatif depuis une dizaine d’années, sera scellé durant la semaine du 20 mai au CHU de Reims. Ainsi en a décidé la justice, appuyant la demande de la sœur du patient, mais contre l’avis de ses parents. La republication de cette tribune n’a pas vocation à engager la rédaction de Contrepoints. Elle se veut juste une base de réflexion dans un contexte passionnel portant sur une question éthique fondamentale.

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Par Ulrich Génisson.
(Article originellement paru le 10 décembre 2012)

La vie est un bien précieux qu’il nous faut chérir et protéger comme un joyau. La nature décide de notre venue ainsi que de notre départ de ce monde. Entre l’alpha et l’omega, nous décidons. Les progrès de la médecine ont permis la réalisation de ce qu’on aurait appelé des miracles il y a encore un siècle. Ainsi la chute mortelle d’un charpentier à Paris au début du siècle dernier se transforme-t-elle en une longue vie de tétraplégique de nos jours. Mais qu’en est-il de la même chute à, disons, Madagascar aujourd’hui ? La possibilité de passer à côté, ou pas, de la mort n’est finalement rien d’autre qu’une somme de moyens matériels et humains mis à disposition au bon moment ; la place de la nature et de l’aléa s’est nettement réduite.

Depuis plusieurs décennies, les débats font rage dans le monde pour arguer de la légitimité de l’euthanasie, de la légalisation du suicide assisté, autrement dit de l’autorisation de quitter ce monde librement. En Union européenne, dans un pays tel que la France, personne ne viendra vous assister activement à mourir. Vous serez soumis à la plus ou moins grande empathie du médecin pour votre sort, qui s’abstiendra, ou pas, d’appliquer de manière tout aussi aléatoire un certain acharnement thérapeutique. À l’opposé, aux Pays-Bas, un médecin pourra vous injecter un produit mortel, si vous en avez fait la demande en pleine conscience, après qu’il aura lui-même consulté un autre médecin indépendant. Malheureusement si vous habitez en Grèce, tout médecin sera passible de 7 ans de prison pour le même acte. Régulièrement, les Unes des journaux partout dans le monde mettent en lumière quelques cas très médiatiques d’euthanasie active, mais qu’en est-il des cas qui restent dans l’ombre ? Qui suis-je pour m’exprimer sur un sujet si controversé, si discuté, si polémique ? La réponse est très simple, je suis la personne la plus qualifiée du monde pour ma propre mort, nul autre expert ne l’est plus que moi. Mais mon domaine est très restreint, il se limite à un seul cas, le mien !

« Fais durement les choses, sois raisonnable et humain » ont été les derniers mots de Jean Kahn, laissés à son fils Axel, avant de se donner la mort. Je peux comprendre qu’un tel commandement ait pu bouleverser la réflexion du brillant généticien, que je respecte infiniment. La lecture des ouvrages de Marie de Hennezel qui ne sont qu’ode à la vie, à sa poursuite acharnée et surtout à la lutte permanente contre la souffrance, offre ainsi la chance à chacun de « bien mourir ». Pourtant, toutes leurs argumentations réfutant la véracité de « la demande à mourir », la niant pour la remplacer par une « demande à ne plus souffrir » sont, selon moi, infondées. Le devoir de soulagement de la douleur – sans limite – qui incomberait à la « société » au risque de plonger un patient dans un coma permanent serait soi-disant justifié et acceptable, alors qu’une légère augmentation du dosage de sédatif, qui entraînerait la mort, ne le serait pas. Avec la loi Léonetti, la France n’a fait qu’entériner l’hypocrisie de l’illégitimité de provoquer volontairement la mort de personnes qu’on maintient en vie parfois depuis des années de manière totalement artificielle. Cette loi tente de donner un sens moral au fait de laisser un malade dans un lit, débranché de toute assistance, périr déshydraté dans un coma dit suffisant pour qu’il ne souffre pas, mais insuffisant pour qu’il meure ! Tout le débat se porte alors sur l’intervention et la légitimité de « l’assistant », cette tierce personne qui permettra à celui dont la survie est devenue insupportable – car elle n’est et ne sera plus que souffrances – de ne plus la subir. Les médecins opposent à cela le fait que leur rôle n’est pas d’aider à mourir, mais d’aider à vivre, ce qui déontologiquement se conçoit. La même objection émanera d’un gynécologue ne souhaitant pas pratiquer l’avortement. L’issue viendra probablement de la création d’un « métier » dévolu à inoculer un produit létal, une personne qui aura seulement la formation médicale nécessaire pour l’injecter, mais qui ne sera pas éthiquement en opposition avec le serment d’Hippocrate.

Avec 92 % de Français favorables à l’euthanasie, il est tout à fait inconcevable qu’un État puisse encore plus longtemps s’opposer au droit du malade à mourir dignement, c’est-à-dire quand lui, et lui seul, le souhaite. Le patient, la personne en fin de vie, doit être accompagné du mieux possible, avec tout le conseil et les soins humainement possibles. Un environnement chaleureux ainsi qu’une pharmacopée adaptée doivent être mis en place et les malheureusement trop rares unités de soins palliatifs sont la réponse à ces besoins. Mais il est clair qu’au moment où cette personne estime que l’heure de partir est venue, qu’aspirer à ne plus vivre devient une évidence, alors à cet instant-là, elle doit avoir la possibilité, le choix, de voir sa volonté exaucée.

Oui, la personne qui réclame la mort quand elle le peut encore est dans une grande détresse – il n’existe pas d’individu réclamant la mort dans le bonheur – mais ce n’est pas lui venir en aide que de prolonger ses souffrances quand tout ce qu’il était possible a déjà été fait. À l’argument de la prise en charge par des soins palliatifs des souffrances insupportables, que chaque cas, même le plus improbable, doit être pris en charge, j’oppose la liberté de chaque individu de ne pas subir un protocole qu’il souhaiterait remplacer par une mort rapide, digne et libre dans le respect de sa volonté. Mettre en place ce type de mesure est très simple, par exemple, avec la création d’un fichier positif associé à la carte nationale d’identité, ou du « living will » américain, sorte de testament.

À la majorité légale, la question suivante serait posée : « Êtes-vous favorable à ce qu’une tierce personne puisse mettre fin à votre vie prématurément, dans l’hypothèse d’une dégradation physique irréversible telle que vous ne pourriez plus en exprimer vous-même le souhait ? » Par défaut, la réponse serait non et un oui vaudrait acceptation tant qu’un choix contraire ne serait pas exprimé par modification du fichier. Le problème insoluble de la légitimité de celui qui décide du geste étant résolu par l’unique être légitime pour en décider – l’individu lui-même.

« Laisser mourir ou faire mourir. » L’État n’a pas à faire mourir un individu, mais il n’a pas non plus le droit de l’empêcher de ne plus vivre. Dans une situation où la vie ne serait plus que douleur et néant, pour moi, pour ma dignité à vivre et mourir comme je le souhaite, pour ma liberté, je revendique le droit à ne plus vivre si j’en ai décidé ainsi, car nulle société, nul individu, ne possède de droit sur ma vie. Rendre légale l’euthanasie active décidée par l’individu, c’est simplement lui rendre le droit unique et inaliénable sur sa vie.

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  • « Êtes-vous favorable à ce qu’une tierce personne puisse mettre fin à votre vie prématurément, dans l’hypothèse d’une dégradation physique irréversible telle que vous ne pourriez plus en exprimer vous-même le souhait »
    Euh… Vous êtes sur qu’il n’y a pas une faille quelque part ?

  • Je sens que le taux de décès des belles mères va augmenter

    • Ah bon, et pourquoi cela ? Expliquez nous.

      • Les belle-mères souffrent toutes d’Alzheimer, c’est bien connu, et cette maladie est une « dégradation physique irréversible telle que vous ne pourriez plus [] exprimer vous-même le souhait [d’être euthanasier] » 🙂

  • Nous aurons une loi sur le libre choix de sa fin de vie pour TOUS quand nous aurons obtenu – AVANT _ le référendum d’initiative citoyenne souhaité par plus de 82% des Français qui permettra d’élaborer une loi et de la soumettre DIRECTEMENT aux citoyens pour qu’il leur donne force de loi. Il est très regrettable que JL ROMERO , Président de l’ADMD ne demande pas le RIC a ses nouveaux amis socialistes. En leur r appelant que François Mitterrand en 1988 avait ecrit : « Le référendum est une aspiration profonde des Français..(…) je vais saisir le légiste. » Ce serait le moment..
    Le Rassemblement pour l’initiative citoyenne le demande…

  • Je suis pour le libre choix. Que ceux qui ont peur de se retrouver devant une mort indigne se suicident. Maintenant, pendant qu’ils le peuvent.

    Mais pourquoi attendre et imposer à tiers (ce qui n’a rien de libéral) de faire plus tard le geste qu’ils ne veulent pas poser maintenant ?

    • @ Aristote
      Je suis de votre avis, mais le suicide « antique » est contraire à certaines idéologies serviles qui ont force de loi.
      Quiconque voudrait prêter son aide à un suicide choisi (ouverture des artères par son propre chirugien, ecoulement lent du sang dans un bain chaud et parfumé, tout en admirant une dernière poésie, une dernière danseuse ou un dernier éphèbe, ou encore en discourant d’Epicure ou de Sénèque avec des amis choisis…) serait mis en accusation pour « incitation au suicide avec fourniture de moyens « .

      Comme si mourir en quelques secondes ou minutes était moibns acceptable que de mourir en trois semaines?

      • protagoras: « Comme si mourir en quelques secondes ou minutes était moibns acceptable que de mourir en trois semaines? »

        Verse un litre d’essence sur ton bras et met y le feu, attend bien que la chair soit grillée, éteint et va te mettre au lit.

        Ensuite savoure tes trois semaines et reviens nous dire comment « c’était rien du tout » en sachant que ce n’est qu’un avant-gout parce que toi tu peux espérer t’en remettre et vivre encore alors que la personne qui souffre le fait en pure perte, sans aucun espoir.

        C’est insupportable cette manie de vouloir décider à la place des gens.

        • @IImryn
          Je suis tout à fait d’accord; je pense que vous avez mal compris le sens de ma phrase ou alors je me suis mal exprimé.
          En clair, l’état et toutes les bonnes âmes considèrent comme acceptables de mourir , souvent péniblement et indignement, du moment que celà prend du temps ( les « 3semaines » ») mais criminalise une mort survenue en quelques secondes…

    • Aristote : « Mais pourquoi attendre et imposer à tiers (ce qui n’a rien de libéral) de faire plus tard le geste qu’ils ne veulent pas poser maintenant ? »

      Ta logique est absurde au mieux.

      Pour ce qui est d’imposer, dans le milieu médical nombreux sont ceux qui préféreraient voir les gens partir dignement plutôt que de forcer un vague reste humain gémissant à vivre coute que coute.

      Dans les pays ou existe une telle pratique rien n’est imposé, ça se fait sur la base d’un volontariat.

      C’est bien une mesure totalement libérale et encore une fois vos citoyens viennent chercher la liberté qu’ils n’ont pas en Suisse
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Euthanasie_en_Suisse

  • à part le dessin qui contredit à mon avis l’article, je suis évidemment OK
    tout adulte responsable (donc dès 18 ans) devrait dès maintenant avoir rédigé ses directives anticipées nommé sa personne de confiance, pour le cas où, en cas de « pépin » imprévu, il ne puisse plus s’exprimer
    directives à renouveler tous les 3 ans, à modifier dès qu’on le souhaite
    une réflexion permanente sur sa mort, et ses conséquences familiales ou sociales, qui va permettre, selon notre philosophie de vie de demander: souffrir ou pas, voir sa vie prolongée ou pas, voire abrégée, donner des organes ou des tissus ou pas, et pourquoi pas prévoir l’après vie: organiser sa sortie, crémation ou inhumation, civil ou religieux
    on oublie trop souvent que la mort peut arriver à l’improviste, avec son cortège de souffrances d’agonie, et qu’elle touche jeunes et vieux, malades et bien portants, et pourtant, c’est ainsi, c’est la nature de la vie.

  • @Ulrich Genisson
    Bon article mais trop centré sur la question « médicale », qui est, bien sûr très fréquente, mais pourrait ne constituer qu’une partie de la question plus générale de la patrimonialité du corps humain.
    par contre, je m’explique mal de la part d’un libéral avéré, votre admiration pour Axel Kahn, bobo médiatique collectiviste adorant jouer les grandes figures emblématiques du « grand bon » de l’éthique judéo chrétienne ( Jean Bernard en était un autre, ce qui n’enlève rien à leur oeuvre scientifique..)

  • Il ya aussi des socialistes « libéraux » sur cette question
    ( ci dessous un extrait du Journal D’information Médical)
    Paris, le samedi 8 décembre 2012 – Dans quelques semaines, le professeur Didier Sicard doit remettre au Président de la République les conclusions des travaux de sa commission sur l’opportunité d’une nouvelle loi sur l’accompagnement de la fin de la vie. Le thème renvoie à l’une des « promesses » de campagne du candidat François Hollande, qui, bien qu’il n’ait jamais prononcé le terme d’euthanasie, s’est déclaré favorable à une reconnaissance du droit de mourir dans la dignité. Aujourd’hui, les partisans d’une autorisation de l’euthanasie active en France espèrent avec impatience que ces déclarations de campagne trouveront leur concrétisation dans un texte de loi. A cet égard, comme nous le révèle Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), les recommandations de la commission présidée par le professeur Sicard ne sont guère attendues. Jean-Luc Romero se montre en effet très déçu de la composition de cette commission. Au-delà de cette déception, il défend l’idée selon laquelle l’euthanasie pourrait, en France, concerner près de 3 % des décès comme c’est le cas aux Pays-Bas. Une enquête de l’Institut national des études démographiques (INED) publiée cette semaine (après notre entretien avec Jean-Luc Romero) semble cependant un peu contredire cette prévision. Enfin, il évoque les limites du déploiement universel des soins palliatifs et de la possibilité, prévue actuellement, de pratiquer des sédations terminales.

    JIM : Qu’attendez-vous de la commission présidée par le professeur Didier Sicard ?

    Jean-Luc Romero : Honnêtement, pas grand-chose. Au départ, on nous avait présenté cette commission comme une commission objective, composée de personnes ne sachant pas ce qu’il fallait faire et qui allaient écouter les Français et se déterminer après des rencontres en région et une longue réflexion. Mais quand on regarde de plus près la composition de cette commission, des inquiétudes surgissent. Premièrement, le professeur Didier Sicard a indiqué avant même le début des consultations qu’il pensait que la loi Leonetti était remarquable et qu’il n’était pas sûr qu’il faille la changer, ce qui est quand même une mauvaise façon de commencer les choses. De plus, jusqu’à présent, il avait exprimé des positions pas réellement compatibles avec un certain objectif de neutralité. Mais surtout, on s’est aperçu que sur les huit membres de la commission, sept ont toujours dit qu’ils étaient contre l’euthanasie. Il y a des personnes qui ont des engagements très forts. Il y a par exemple deux membres qui font partie du comité exécutif de « Plus Digne la vie », l’association anti-euthanasie de Monsieur Hirsch. Il y a en outre l’ancien président de La Croix. Aussi, à nos yeux, cette mission est assez discréditée.

    « Que voulez-vous attendre d’une mission qui n’est composée que de militants anti-euthanasie ? »
    J’ajouterai qu’elle n’a jamais sollicité officiellement l’ADMD pour lui demander de participer aux grandes réunions qui ont eu lieu en province. Des personnes sont invitées, des responsables de soins palliatifs notamment. L’ADMD, elle, n’a jamais été invitée officiellement à aucune réunion. Moi, par exemple, en tant que président de l’ADMD (49 500 adhérents et 32 ans d’existence) je n’ai été convié à aucune de ces réunions.

    On se sent complètement trahi et trompé et on se demande si le Président de la République s’est rendu compte du parti pris des personnes qu’a nommés Didier Sicard. Que voulez-vous attendre en effet d’une mission qui n’est composée que de militants anti-euthanasie ?
    Enfin, au sein de l’ADMD, nous répétons que l’euthanasie ne doit pas être appréhendée comme une affaire médicale, mais une affaire citoyenne. Aussi, placer encore une fois un professeur de médecine à la tête de la commission, ça ne nous semble pas un bon signal.

    JIM : Redoutez-vous alors qu’il n’y ait finalement pas de nouvelle loi ?

    Jean-Luc Romero : Je ne redoute pas grand-chose. D’abord parce que cette mission doit rendre son avis fin décembre. Fin décembre, je ne suis pas sûr que ce soit une date idéale pour que les conclusions de la commission soient reprises par la presse. Nous même, au sein de l’ADMD, nous interrompons nos réunions début décembre parce qu’on sait que c’est une période où l’on pense à autre chose.

    Enterrer le rapport sur l’euthanasie
    C’est un sujet lourd que l’on n’a pas envie d’aborder pendant les fêtes. Quand j’ai rencontré le professeur Didier Sicard, dans mes bureaux, à la demande du Président de la République et que j’ai montré ma surprise face à ce calendrier, il n’a pas eu l’air d’en être étonné. Aussi peut-on se demander si le fait de rendre le rapport à ce moment là n’est pas un moyen d’enterrer le rapport ? Des rapports enterrés, il y en a eu beaucoup.

    Vivement l’année prochaine !
    Franchement, j’attends pour ma part que cette mission termine ses travaux et que l’on passe aux choses sérieuses au début du mois de janvier, avec un texte d’origine gouvernementale ou parlementaire, ce qui me paraît une bonne hypothèse. Je sais que beaucoup de parlementaires y sont prêts. Je sais qu’au Sénat, les propositions de loi qui ont été déposées sur l’euthanasie ont été transmises par le Président du Sénat au Conseil d’Etat, ce qui est plutôt une très bonne nouvelle. Ca veut dire que le Sénat se prépare. Nous, notre travail aujourd’hui, c’est à la fois de mobiliser les parlementaires et de continuer à dire au gouvernement et au chef de l’Etat ce qu’on en pense. Pour moi, l’étape c’est janvier. La mission Sicard fera partie de ces missions qui n’ont pas servi à grand-chose.

    JIM : Au regard de l’application des lois belges et néerlandaises pays où un certain nombre de cas d’euthanasie ne sont pas déclarés, quel type de « contrôle » envisageriez-vous ?

    Jean-Luc Romero : C’est surtout Monsieur Leonetti qui a mis en avant l’étude que vous évoquez. Or, il apparaît que ce qui n’est pas déclaré, ce sont les sédations terminales. Les sédations terminales sont par exemple autorisées par la loi de 2005 en France. Ce n’est pas de l’euthanasie ou bien la loi Leonetti a autorisé l’euthanasie active en France ! Il faut savoir de quoi on parle : les médecins belges ne déclarent pas les sédations palliatives, parce que ce ne sont pas des euthanasies. Les euthanasies, elles, sont l’objet de déclarations scrupuleuses.

    JIM : Il est vrai que dans cette étude, dans 73 % des cas, les médecins non déclarants, indiquent qu’il s’agissait de sédations terminales et non pas d’euthanasie active. Mais il y a cependant quelques cas où les médecins disent ne pas vouloir déclarer car ils ont le sentiment que c’est une affaire entre le patient et eux ou parce qu’ils estiment que les démarches administratives sont trop lourdes.

    Jean-Luc Romero : Vous savez, quand on fait une loi, il y a toujours un risque qu’il y ait des personnes qui ne la respectent pas. Il y a en effet toujours un petit pourcentage de personnes qui ne vont pas respecter les lois. Mais globalement l’immense majorité des personnes s’y conforment. C’est toujours assez paradoxal d’entendre les élus dire « s’il y a une loi, il va y avoir des dérives ». Si l’argument consiste à dire que lorsqu’on vote des lois elles ne vont pas être respectées, c’est quand même un aveu d’échec inquiétant. Moi je crois qu’au contraire, les lois, elles sont appliquées et que oui bien sûr, il y aura toujours des personnes qui ne respectent pas la loi, mais c’est une minorité.
    Dans le cas de l’euthanasie, il paraît évident qu’une loi vaut mieux que la situation actuelle, car aujourd’hui en France, 100 % des euthanasies sont illégales et on sait qu’il y en a des milliers qui sont faites dans notre pays. Il vaut mieux avoir un cadre qui permette de garantir un point pour moi essentiel : le respect de la volonté.

    L’euthanasie n’est pas une affaire médicale !
    C’est pour ça que je suis assez en colère que l’on fasse de cette affaire une affaire médicale. Vous savez, lors des débats autour de l’IVG, les femmes voulaient pouvoir choisir, disposer de leurs corps, mais il fallait quand même des médecins pour les aider. On n’en a pour autant pas fait une affaire médicale. C’est la même logique en ce qui concerne l’accès à la PMA pour les couples homosexuels. La participation des médecins est nécessaire, mais les médecins ne dirigent pas le débat, ce sont d’abord les personnes concernées qui l’animent.
    Dans le cas de l’euthanasie, on voudrait nous empêcher de mettre en place une loi, parce qu’une partie des grands médecins, qui ne sont pas représentatifs du corps médical, comme l’a montré un récent sondage sur votre site, y sont opposés. Et au-delà de ce sondage, moi qui suis sur le terrain, je vois beaucoup de médecins aux réunions de l’ADMD et ils n’ont pas du tout le même discours que ce que l’on entend à Paris. Il s’agit souvent de personnes beaucoup plus pragmatiques qui viennent raconter ce qu’ils vivent et qui n’ont pas un discours idéologique. Certains affirment même qu’il y a beaucoup de sérénité quand ils accompagnent les personnes, parce qu’ils le font à leur demande, même si ce n’est jamais plaisant de voir partir l’un de ses patients, surtout quand on l’a suivi toute une vie, ce qui est souvent le cas, parce que ces médecins qui parlent sont en grande partie des médecins de famille.

    JIM : Que répondez-vous à ceux qui soulignent que les demandes d’euthanasie ne seraient pas nombreuses (voire même inexistantes) si les soins palliatifs étaient plus développés et mieux organisés ?

    Jean-Luc Romero : Je leur réponds qu’ils n’ont qu’à aller voir ce qui se passe aux Pays Bas où il y a des soins palliatifs quasiment universels : 2,8 % des morts le sont par euthanasie. Il suffit d’appliquer cela à la France et il n’y a pas de raison que les choses y soient différentes : il y a eu en 2000, 540 000 morts, ce qui permet d’avancer le chiffre de 13 à 14 000 euthanasies potentielles par an. Par ailleurs, une enquête a été faite auprès des unités des soins de palliatif en France en 2010-2011 qui montrait que 61 % des personnes en soins palliatifs qui ont exprimé une demande d’euthanasie la maintiennent jusqu’au bout. On voit bien que les soins palliatifs ne répondent pas à tout.

    Les soins palliatifs ne répondent pas à tout
    L’ADMD n’est pas du tout hostile au développement des soins palliatifs, cet objectif est dans notre proposition de loi, mais on constate qu’ils ne permettent pas de faire face à toutes les situations. Qu’est-ce qu’on répond à des Vincent Humbert ? Les soins palliatifs, qu’est-ce que ça leur apporte ? Qu’est-ce qu’on répond à ces personnes qui n’en peuvent plus ?
    Il faut également rappeler qu’en soins palliatifs, pour soulager vos douleurs, vous êtes souvent assommés de médicaments, vous vous endormez, vous vous réveillez. Il y a des personnes, à qui cela convient tout à fait, c’est très bien, ils sont prêts à vivre ça jusqu’au bout. Mais il y a des personnes pour lesquelles c’est insupportable. C’est pour cela qu’il y aura toujours des demandes. Et en plus, il y a des personnes qui ont des douleurs réfractaires que rien ne soulage, il s’agit de 4 000 personnes par an. Qu’est-ce qu’on leur dit quand ils disent je veux arrêter, je n’en peux plus?
    La situation actuelle est intolérable. Mais, même quand ils seront accessibles à tous, la question de l’euthanasie demeurera, comme le montre l’exemple des Pays Bas.
    Plus généralement, l’argument de la marginalité est un faux argument. Quel est ce nouveau principe selon lequel parce que ça ne touche pas beaucoup de personnes, il faudrait ne rien faire. Tout le monde n’est pas handicapé, mais on fait quand même des lois pour améliorer l’accessibilité, pour permettre aux handicapés de travailler. De même que le « mariage pour tous » ne concerne qu’une minorité de personnes. Mais cela est normal. Ce sont des citoyens comme les autres, ils doivent avoir les mêmes droits et ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas les plus nombreux qu’ils doivent être privés des mêmes droits que les autres. Bref, ces arguments de la marginalité peuvent être retournés.

    Euthanasie vs sédations terminales
    La question de la fin de vie, si c’est un débat aussi récurrent dans les médias, dans la société, c’est vraiment qu’il y a un problème. On nous dit que la loi Leonetti n’est pas connue. Il s’agit pourtant d’une des lois dont on a le plus parlé ces sept dernières années, un des textes les plus fréquemment cités.

    JIM : Il est vrai cependant que dans la population générale, les personnes ne savent pas, par exemple, qu’on a le droit de faire des sédations palliatives.

    Jean-Luc Romero : Oui, bien sûr. C’est d’ailleurs une question loin d’être anodine. Si on en a fait aussi peu de publicité, si Jean Leonetti qui a parlé de beaucoup de choses en parle si peu, c’est qu’il sait que les sédations terminales peuvent être atroces. On a beau nous dire qu’il n’y a pas de problème quand cela est bien fait, l’ADMD recueille tous les jours des témoignages de sédations terminales très éprouvantes. Il faut cesser le discours selon lequel l’arrêt de l’hydratation, de l’alimentation ne fait pas souffrir. Personne n’a été dans cette position là pour savoir ce que ça fait réellement. Et surtout, en quoi est-ce plus cruel de permettre à quelqu’un de partir en quelques secondes, sans souffrance, après une injection létale ou en avalant soi-même un produit, en quoi cela est-ce absolument abominable alors que ce ne serait pas abominable d’arrêter d’hydrater et d’alimenter un patient ? Les gens ont dû mal à comprendre. Et il ne me semble pas si étonnant qu’on ne fasse pas beaucoup de publicité autour de la sédation palliative. Parce que si on dit aux gens, on va vous laisser mourir et ça peut durer trois semaines, ils vont répondre qu’ils préfèrent mourir en quelques secondes. Voilà. Je pense que c’est pour cette raison, qu’on n’en parle pas beaucoup. Sans doute aussi parce que ça légitime l’idée que les personnes puissent avoir le droit de dire stop et de partir au moment où ils le souhaitent.

    JIM : Quelles seraient selon vous idéalement les évolutions souhaitables de la législation française ? Doit-elle uniquement reconnaître l’euthanasie active ou également organiser la possibilité du recours au suicide assisté ?

    Jean-Luc Romero : L’ADMD a rédigé une proposition de loi qui a été votée par plus de 90 % de nos adhérents qui prévoit d’abord un accès universel aux soins palliatifs. Je le dis clairement parce qu’on fait souvent de nous des opposants aux soins palliatifs. Nous souhaitons en outre également la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté.

    Jean-Luc Romero est aujourd’hui conseiller régional d’Ile de France apparenté socialiste, après avoir longtemps été un élu UMP.
    Il est entre autres l’auteur de : Les voleurs de liberté : une loi de liberté sur la fin de vie pour tous les Français ! Paris, Éditions Florent-Massot, septembre 2009, réédité en 2012

    • @protagoras.

      Concernant Axel Kahn, je vous encourage à lire ses ouvrages. On peut être diamétralement opposé aux idées de quelqu’un tout en le respectant. Les gens qui pensent différemment de vous, ne sont pas nécessairement des idiots. J’ai dit « Je peux comprendre qu’un tel commandement ait pu bouleverser la réflexion du brillant généticien, que je respecte infiniment. » je ne vois pas en quoi on peut interpréter que je cautionnais ses positions. La génétique est une chose, les lois qui l’encadrent sont un autre sujet.

    • Une société qui autorise à tuer dans certaines circonstances, brise un interdit fondamental.
      Une chose est de transgresser cet interdit en conscience dans certains cas, autre chose d’inscrire dans la loi la négation de ce principe. Même au nom du Bien ou de la liberté qui ne sont que des artifices pour manipuler les gens.
      Je ne peux m’empêcher de penser à tous idéologues mondialises qui ont proclamé qu’il fallait réduire la population de façon autoritaire…

      • @La petite bête

        Tout à fait d’accord : il n’est pas souhaitable que le législateur puisse donner aux états de tels pouvoirs exorbitants leur permettant, en cas de dérives, de s’arroger systématiquement le droit de vie et de mort pour chaque citoyen.
        Si l’euthanasie et le suicide assisté, que défendent avec vigueur certains politiques, devaient être banalisés au niveau mondial, nous glisserions progressivement dans un type de société qu’à très bien décrit l’excellent film « SOLEIL VERT »( sorti en 1973,Grand prix du festival d’Avoriaz), Réalisateur : Richard Fleisher.
        La loi Leonetti est satisfaisante sur le principe essentiel de ne procéder à aucun acharnement thérapeutique.
        il est donc nécessaire qu’il n’y ait pas pénurie de personnel compétent concerné pour les indispensables soins palliatifs.
        Le suicide assisté existe effectivement dans certains pays,mais est ce un argument suffisant pour défendre l’impensable?
        Le serment d’Hippocrate qui est le texte fondateur de la déontologie médicale précise : »Je ne remettrai à personne du poison si on m’en demande,ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ».
        La liberté de mettre fin à ses jours volontairement relève avant tout d’un choix personnel comme c’est d’ailleurs le plus souvent le cas.
        Comment imaginer que les hôpitaux puissent un jour remplir un rôle similaire à celui des cliniques vétérinaires, et porter ainsi la plus terrible atteinte à la dignité humaine?

  • Encore une question mal posée.
    En tout état de cause tuer autrui c’est dans le paquet des tabous sociaux de base, partout, toujours. Et ça doit le rester.

    Là on parle de décisions de vie et de mort. Je ne sais pas vous, mais pour moi c’est clair : d’un point de vue libéral, ce genre de décision c’est du judiciaire, pur, sans mélange. Certainement pas du contractuel bilatéral, et encore moins du technique (médical) ou du « comité d’expert » ou (pire) de l’administratif.

    Après, que les tribunaux ne soient pas obligés par la loi de condamner, qu’il disposent de la marge de manœuvre nécessaire pour dire « OK, vous l’avez tuée à sa demande, pour des raisons qu’on trouve bonnes, donc : non-lieu », c’est libéral-kasher.
    Et vous savez quoi ?
    C’est déjà le cas. Même en France.
    Dans les cas qui sont censés justifier l’euthanasie, et qui viennent dans les tribunaux, les prévenus sont acquittés. Mis en examen, soumis à l’enquête, certes, mais c’est bien normal : toute mort d’homme DOIT provoquer une enquête (quitte, encore une fois, à ce que l’enque^te conclus au non-lieu ; ou pas…). Ne serait-ce que vérifier les souhait du mort. Non ?

    • @ ulrich Genisson
      Ne pensez vous pas qu’il y déjà beaucoup trop de lois dans la vie pour en ajouter dans la mort ?
      Plus sérieusement , je pense que votre article ne tient pas debout, pire même , il est nauséabond car il ne tient pas compte d’une réalité essentielle :
      Quel homme peut s’estimer en toute lucidité dépositaire de la vie d’un autre, fusse avec son consentement ? Je pense que cette position est intrinsèquement libertarienne.

      • @electron mais je suis anarcap moi, j’assume ce que je suis. et comme expliqué clairement dans l’article, la seule et unique personne pour décider pour votre vie c’est VOUS ! organiser sa vie et sa mort, en passant par un contrat au besoin est on ne peut plus légitime. maintenant si vous affirmer que les libertariens ne tiennent pas compte des réalités, libre à vous.

        • « si vous affirmez que les libertariens ne tiennent pas compte des réalités »
          non , je ne dis pas ça du tout, d’ailleurs je me défini moi même comme libertarien et très pragmatique
          J’estime simplement que le fondement de la liberté,c’est la conscience. Chacun peut effectivement décider de se suicider en toute connaissance de cause, c’est un fait et dans un sens, c’est un droit naturel imprescriptible puisque même en milieu carcéral les gens arrivent à se suicider.
          S’agissant du suicide « assisté » la question est toute autre: Est-il éthiquement acceptable de mandater une tierce personne pour procéder à l’acte ? C’est là le sens de ma question et je pense qu’elle est fondamentale
          Notez que vous allez très au delà en proposant un sorte de contrat « open » où la personne chargée de procéder à l’élimination n’est même pas clairement définie et là je pressent de multiples dérives:
          – pression des héritiers, magouilles pour obtenir l’élimination légale d’un proche encombrant …
          – comme l’état n’est jamais en reste dans ces cas là, à quand le conseil de révision annuel pour libérer des places dans les maisons de retraite ?

          dans tous les cas, je reconnais que votre idée risque de remettre en valeur un métier artisanal malheureusement tombée en désuétude: celui de bourreau

      • Electron: « Quel homme peut s’estimer en toute lucidité dépositaire de la vie d’un autre, fusse avec son consentement ? »

        Quel vie ? 3 mois de plus dans une souffrance et un désespérance absolue avec la certitude de la mort au bout ?

        Se battre pour qu’une personne continue à souffrir malgré sa volonté c’est juste de la cruauté.

        • 3 mois 3 minutes ou trois ans c’est le même problème! Ce qui compte ici c’est l’intention
          L’argument de la souffrance ne tient pas non plus , on dispose de moyens pour la soulager
          Quant à la désespérance , faut-il aussi achever les dépressifs ?

          • « L’argument de la souffrance ne tient pas non plus , on dispose de moyens pour la soulager »
            Faux…..il y a des limites physiologiques-phatmacologiques au soulagement de la souffrance, ne serait ce que physique; il ya bien des cas où c’est l’injection léthale quui constitue la seule solution.
            Que dire, de plus, de la souffrance physique de personnes chez lesquelles existe en plus une démence sous-jacente( alzheimer, parkinson, démence vasculaire, psychose….) qui on tant de mal, voire une impossibilité totale, d’exprimer un « choix »…
            La religion de la vie humaine à tout prix ( qui se réduit finalement à une vie biologique à des stades très avancés de maladie) est une idole qu’il convient de ne pas vénérer…

  • L’euthanasie peut sauver la Sécu.

  • Mon problème de libéral avec l’euthanasie c’est que cela ressemble quand même vachement à une aliénation d’un droit… inaliénable.

    Ce qui est censé caractériser les droits fondamentaux c’est qu’ils sont non seulement intangibles par les autres, dont l’Etat, mais également par l’individu lui-même.

    Or si l’on commence à estimer que l’homme peut aliéner son droit à la sécurité (ne pas être tué) combien de temps avant qu’il ne soit autorisé, comme au temps de Rome, à se céder lui-même comme esclave ?

  • Mourir dans la dignité . Qu’est-ce que la dignité vient faire là-dedans ? Le pauvre gars qui meure dans d’affreuses souffrances n’a pas une mort digne ?

    Avant d’argumenter, il faut employer les mots justes. Sinion, ce n’est que de la propagande, des slogans publicitaires. C’est prendre les gens pour des cons. Ce n’est pas digne !

    Mourir dans la dignité, c’est juste un slogan. Aucun intérêt intellectuel et humain. De la pub de bas étage.

  • Je me fais un plaisir de citer Jean_Louis caccomo en Paralléle
    « Cette notion d’individu « abstrait » est fondamentale car elle fonde l’État de droit : les lois sont faites pour protéger l’individu « abstrait », c’est-à-dire tous les hommes dans ce qu’ils ont d’universels. On ne doit pas faire ni des lois de circonstances pour tel ou tel individu concret, ni des lois discriminatoires pour protéger (que cette discrimination soit dite « positive » ou pas) et différencier ainsi telle ou telle catégorie spécifique sans mettre en péril l’État de droit ». au delà de toute question du rôle de l’état dans un tel processus décisionnel, il faut s’interroger sur cette prétendue morale de la dignité humaine pour justifier de la suppression d’un malade, alors même que cette « dignité » ne s’entend que selon des critères purement matériels et physiques.Cette « dignité » d’un être humain sera jugée par autrui, et c’est donc le bien portant qui, lui, conserve à ses propres yeux toute sa dignité, qui pourra juger de la perte de dignité de quelqu’un, et demander qu’on l’exécute.

  • L’homme du XXIe siècle est-il encore en état, mentalement et spirituellement, d’assister ceux qu’il aime et qu’il a aimés, de leur fermer tes yeux et de baiser un front que la vie a déserté ?Nos yeux sont offensés par la vision d’une vie qui va s’éteindre. Nos consciences fragiles ne supportent pas la période pénible où le corps, usé, lutte encore, puis cède. Cette fin qui se fait attendre est trop difficile à supporter, il faut expédier au plus vite et dans l’ombre l’obscénité de cette scène difficile.

    L’argument de la dignité a pour seul but de protéger le confort des survivants.

    Rudlyard Kipling avait prévu nombres de façons de devenir” un homme, mon fils” ; on pouvait être dur sans jamais être en rage, brave sans être imprudent, être fort sans cesser d’être tendre mais j’ai beau relire, je ne vois nulle part porter mention de demeurer “digne en étant confortable”.

    Je n’y vois pas un oubli du poète.

  • Créer des fichiers. Appeler l’état à légiférer. Prendre une décision en vertu de sondages qui seraient unanimes. Se parer des vertus de la dignité. Les sous-entendus de cet article me semblent bien effrayant.

    • @acephale ? Un article effrayant ?Non non… Effrayant c’est tenir la main d’un proche qui souffre des jours, des mois … Ça c’est effrayant. Par 2 fois déjà pour moi. Une fois pour toi t’aidera à comprendre tu verras.

      • c’est parce que ta conscience fragile ne supporte pas la période pénible où le corps, usé, lutte encore, puis cède. Il est bien plus digne de souffrir longtemps, pour tout le monde …. et puis si qqun qui agonise veut mourir plus vite, de quel droit peut-il demander ça, comme si sa vie lui appartenait ….

        • ceci dit je comprendstout à fait que l’on puisse être contre pour des raisons morales, religieuses etc …. mais il faut respecter la liberté de tous . Je ne souhaite pas à ceux qui parlent de « confort » alors qu’il s’agit de personnes en grande souffrance de tester leur théorie de la bravitude et de la dignité de la douleur et de la souffrance . Moi aussi j’ai eu récemment des proches qui sont partis en souffrant bcp, dont un horriblement malgré les médicaments . J’ai pas trouvé ça super digne, elle non plus . Elle ne voulait pas préserver le confort des survivants, elle voulait arrêter de souffrir horriblement alors qu’elle était condamnée . Elle a souffert jusqu’au bout . J’aurais dû lui lire du Kipling .

      • exactement,Le comfort des vivants.

  • « Un article effrayant ?Non non… Effrayant c’est tenir la main d’un proche qui souffre des jours, des mois … Ça c’est effrayant. Par 2 fois déjà pour moi.  »

    Vous auriez du commencer votre article par là et le finir par là. Pas de besoin d’essayer de le justifier avec toute une argumentation libérale, libertarienne etc… Votre position n’en aurait été que plus claire et plus compréhensible.
    L’article n’est pas en soi effrayant, mais je reste sceptique quant au fait d’accorder trop de pouvoirs à un état quel qu’il soit. Rien de très extraordinaire me direz-vous. Mon opposition à l’euthanasie elle est basée sur mes convictions religieuses. Rien de bien exceptionnel là non plus.

    « Une fois pour toi t’aidera à comprendre tu verras. »

    Je ne vois pas le rapport avec la choucroute par contre. Je vous laisse bien volontiers à votre bac à sable. Puisqu’il s’agit pour vous de vous faire mousser. Bonne journée.

  • @tous. Le docteur IZrael a amplement ecrit sur l’euthanasie dans sa position d’oncologue en milieu hospitalier, La souffrance et la mort, il connait et pourtant, il est le premier à dire que jamais AUCUN de ses patients ne lui a demandé de mourir. AU Contraire, ils disent « aider moi ».

    Alors, la sempiternelle rengaine de ‘ils veulent partir avec dignignité’ blabla bla. Ils veulent surtout qu’on soit la prés d’eux mais je comprends que vous ayez des choses à faire. j’ai tenu l main d’une personne en fain de vie presque 18 mois, en phase terminale SIDA, et aucune dignité à la con concue par des petits fonctionnaires depuis leur bureau ne viendront dire aux malades qu’il seraient bien fondé à sauter du manége en course. On en eparle pas de LIBERTE De l’individu içi . CELLE là demeure, je prend un tube de lexomil entier , un bain chaud, j’exerce moi même mon ehthanasie. EN quoi as tu donc besoind e l’etat comme blanc seing, toi LE LIBERTARIEN.

    Voila comment à force de vouloir prendre posture sur le théme de « mon corps est un temple et « ni dieu ni maitre » on passe à coté du raffinement de nos sociétés.

  • avec bin sur la question bonux:
    « Et si l’euthanasie est un progrès, pourquoi garder par-devers nous ce nouveau bienfait de la civilisation ? Pourquoi ne pas aussi, de même qu’on cherche à exporter la démocratie vers des pays qui n’en n’ont cure, aller enseigner en Afrique, en Amérique du Sud, en Inde, au Bangladesh, les moyens médicaux d’abréger les souffrances de tous les dénutris, de tous les parasités qu’on ne guérira pas? 🙂

    • Emmanuelle gave: « aller enseigner en Afrique, en Amérique du Sud, en Inde, au Bangladesh, les moyens médicaux d’abréger les souffrances de tous les dénutris, de tous les parasités qu’on ne guérira pas? »

      L’Euthanasie librement consenti dans un cas très précis est égal à l’eugénisme ! ?

      :clap clap clap:

      Personne n’oblige personne ni à euthanasier ni à se faire euthanasier et il n’est pas question de ça mais de laisser le choix et cette liberté à ceux qui le désirent.

      Vous ne la voulez pas ? Très bien, ne signez pas, mais lâchez la grappe aux autres.

  • @llmrym

    mais c’est extraordinaire, que vous LIBERTARIENS demandiez à ce que un statut vous soit reconnnu PAR L ETAT !!!! Qu ‘est ce qui vous empéche à ce jour, de prendre à tout moment votre boite de somniféres? Pourquoi et au nom de quoi avez VOUS (et surtout vous) besoin qu’une tierce personne légalise votre geste. Assumez votre mort, et ne demandez pas ni à l’Etat ni à la société de la cautionner. Quant aux autres soit disant à l’article de la mort, laissez les tranquille, ils ont aussi leur libre arbitre et le legislateur n’a jamais aidé personne sur ces sujets de libertés indivuelles.

  • et bien evidemment que euthanasie peut aller vers eugenisme à partir du moment ou votre réflexion de départ est la soit disant dignité d el’être humain. Sur cette base, dans les années 40, toutes les femmes dont le QI était inférieur à 60 je crois avaient été stérilisée. Ce n’etait pas digne pour ces femmes de ce reproduire. Allons plus loin, pensez vous que visuellement,stephen hawking ait l’air digne? S’il faut être parfait physiquement en pleine santé pour etre consideré comme digne, alors allons y, proposont d’euthanasier les « differents ». Tellement plus LIBRES, en effet…… qu’une telle société.

    • Emmanuelle gave « mais c’est extraordinaire, que vous LIBERTARIENS »

      Je ne suis pas libertarien.

      C’est toi qui demande l’intervention de l’état pour imposer ta morale à deux personnes qui ont librement consenti à une pratique de dignité fondamentale.

      Emmanuelle gave « et bien évidemment que euthanasie peut aller vers eugenisme ».

      Et l’interdiction de marcher sur la pelouse mène au génocide, c’est bien sûr. Faut vraiment arrêter les piqûres mon pauvre, ça fait des grumeaux dans ton cerveau.

      Trois pays européens parmi les plus démocratiques et les plus progressistes l’autorisent. En suisse l’euthanasie a été autorisée par votation populaire sous condition très stricte, évidemment aucun eugénisme en vue et il existe même un « tourisme » pour venir profiter de cette liberté.

      Emmanuelle gave « Quant aux autres soit disant à l’article de la mort »

      Pour un moraliste qui prétend régiment la vie des autres tu manques décidément de la plus élémentaire humanité.

      • Alors, cher ami, En français, emmanuelle , lle c’est une fille. Premier point.
        second point; ou as tu lu que je demandais l’intervention de l’etat POUR IMPOSER UNE MORALE? rien du tout. je demande que l’on foute bien la paix, dans un sens ou dans l’autre. Si j’ai envie de m’euthanisier, je n’ai pas besoin que l’on reconaisse la légalité de mon geste et je n’ai certainement pas envie qu’autrui ait ce pouvoir potentiel sur moi non plus. JAMAIS.

        • Emmanuelle gave: « et je n’ai certainement pas envie qu’autrui ait ce pouvoir potentiel sur moi non plus. JAMAIS. »

          Tu confonds « euthanasie » avec ce qui se pratique sur les animaux. Avant d’émettre un avis péremptoire renseigne toi un minimum ça t’éviteras d’aller te faire soigner chez un vétérinaire.

          • « Avant d’emettre un avis peremptoire » renseignes toi sur le sexe de ton interlocuteur.

          • Emmanuelle gave: « Avant d’emettre un avis peremptoire » renseignes toi sur le sexe de ton interlocuteur. »

            C’est important pour le sujet qui est l’euthanasie où tu préfères un vétérinaire pour femelle ?

            Désolé, je copie/colle les pseudos par douzaine, je ne les lis même plus et je ne m’intéresse qu’aux arguments, les tiens en l’occurrence sont relativement moisi.

            Confondre euthanasie avec eugénisme et piqûre pour chiens écrasé ça se pose là. De plus je ne vois pas trop comment me « renseigner sur ton sexe », si ça se trouve tu t’appelles Bob 37 ans camionneur d’autant plus, après recherche, que l’orthographe ne colle pas trop avec l’Emmanuelle Gave de l’IL. (Ou alors ils donnent des DEA à n’importe qui ?)

  • @ulrich

    On est à 86 % d’aprés les sources (de favorable) et c’est déja outrancier.alors 92%

  • j’invite ceux qui ont un peu de temps à consulter ce blog, puis si l’envie se fait sentir à exprimer quelques mots aux parents d’hervé.

    http://parents-herve-pierra-fin-de-vie-loi-leonetti-euthanasie.over-blog.com/article-extraits-du-livre-d-axel-khan-l-ultime-liberte-concernant-notre-fils-herve-pierra-67031605.html

    • Merci à Ulrich Genisson d’inviter les internautes à visiter notre blog. Le débat de société sur la fin de vie nécessite que l’on appréhende tous les aspects. Merci pour les commentaires à venir.

  • Le droit de mourir est notre droit le plus personnel, le plus intime, le plus vrai, le plus important. Le souci ici est de ne pas pouvoir l’exprimer…

    • Ses parents le prennent chez eux et lui prodiguent les soins.
      Un docteur passe chaque semaine. Suffisant.
      Comme cela, cela fait un lit de plus en hôpital.

  • « la légalisation du suicide assisté, autrement dit de l’autorisation de quitter ce monde librement.  »
    Non, vous ne choisirez pas « librement ». D’autres décideront à l’instant T à votre place en fonction de ce que vous aurez dit plusieurs années avant quand vous étiez en pleine santé. Alors vous aurez donné le pouvoir sur votre vie à d’autres, et in fine, à l’Etat, simplement par peur de la souffrance bien souvent. En oubliant, ou plutôt en ne sachant pas, que dans les plus terribles souffrances physiques, quitter ceux qu’on aime devient ce qu’on craint le plus.

    • J’ajoute que cela se passera exactement comme pour l’avortement: une fois le tabou levé pour des situations exceptionnelles, on en arrivera à étendre le « droit acquis », on fera des lois de plus en plus laxistes, et en final, l’Etat fera la promotion du nouveau droit et interdira aux contradicteurs de s’exprimer.
      Il ne faut pas que les libéraux se laissent abuser: c’est souvent au nom de la liberté ou de la démocratie que l’Etat étend ses pouvoirs.

  • Dans le cas de Vincent Lambert, si celui-ci avait voulu mourir, ce serait déjà fait : il n’a pas été alimenté pendant 31 jours…

    Difficile de tenir aussi longtemps (c’est d’ailleurs à mon sens tout à fait extraordinaire) sans volonté de vivre.

    Enfin, vu qu’il y a un doute (puisque l’on demande à la justice de trancher), le doute devrait bénéficier au malade (comme il bénéficie à l’accusé), ne serait-ce que par principe de précaution (inscrit dans la Constitution).

    • Il n’avait d’ailleurs pas donné de directives dans le sens d’une mort volontaire

    • Le doute bénéficier au malade… Belle manière de botter en touche, puisque la question est justement de savoir laquelle des options bénéficie au malade !
      En cas de doute, et même en son absence, l’opinion motivée d’un consensus d’experts, en l’occurrence les médecins, doit primer sur les croyances des autres. Ca pourrait aussi servir quand il s’agira de refuser à l’Etat d’empêcher ces experts de s’exprimer et de décider à notre place sur d’autres sujets.

  • « 92 % de Français favorables à l’euthanasie »
    C’est un peu comme pour l’avortement, c’est bien beau de faire des discours et des lois, mais à un moment faut trouver un couillon qui veuille bien se salir les mains…
    Et de même que pour la GPA on va voir les ratés du processus et comment ils seront gérés, il y aura pas que des gens à débrancher, va falloir en piquer avec ce qu’il faut de mauvaise réaction au produit…

  • Première ligne, deux erreurs :

    – Il n’est pas paraplégique, il est tétraplégique.
    – Il n’est pas en état végétatif, il est en état de conscience minimale (ou pauci relationnel), la différence étant fondamentale.

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