Par Bernard Kron.
Les internes vont devenir des étudiants en formation, des docteurs juniors. Ils ne seront pas en responsabilité avant la dernière année ce qui posera des problèmes pour effectuer des remplacements.
« Les jeunes médecins vont moins bien qu’avant », affirme Ludivine Nohales, secrétaire générale de l’ISNCCA (Inter Syndicat National des Chefs de Clinique Assistants). 24 % des futurs médecins ont eu des idées suicidaires. Plusieurs internes se sont donné la mort depuis l’année dernière.
Une enquête nationale menée sous l’impulsion de l’association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), des syndicats d’internes (ISNAR-IMG, ISNI) et de chefs de clinique et assistants (ISNCCA) a permis de mesurer l’ampleur des troubles psychiques touchant les jeunes médecins, harassés, surmenés et manquant de sommeil.
Près de 22 000 personnes ont répondu à un questionnaire en ligne. Les résultats sont édifiants. Deux jeunes sur trois seraient anxieux contre 26 % dans la population générale. 28 % sont dépressifs et 24 % ont eu des idées suicidaires. « Parmi les répondants, 738 jeunes ont déjà fait une tentative de suicide », complète Guillaume Ah Ting, chargé de l’enquête santé.
Le sexisme et le harcèlement sont également au-devant de la scène.
De plus, le non-respect de la réglementation du temps de travail (48 heures par semaine en moyenne) et du repos de sécurité sont des facteurs de risque entraînant anxiété, dépression et menace de burn-out.
Vers un plan d’action national ?
L’Ordre des médecins, le Dr Valérie Auslender, auteur de Omerta à l’hôpital et le Dr Alban Danset qui avait consacré sa thèse à la santé psychique des externes en médecine, saluent cette enquête de première importance. La CSMF apporte son soutien aux revendications des jeunes médecins et affirme que ce mal-être concerne l’ensemble de la profession. « Les médecins ont un risque de suicide 2,3 fois plus élevé que les autres professions », explique son président le Dr Jean-Paul Ortiz.
Quels remèdes pour sortir de ce cercle vicieux ?
La réforme des études médicales
Le numerus clausus, trop restrictif, écartait nos enfants de la médecine. Il est supprimé mais cela ne réglera rien.
La formation clinique et technique doit être mise en œuvre dès le 2e cycle. Elle est trop tardive, il faudrait revenir à un vrai externat formateur avant la prise en fonction du futur interne
Pour en sortir il faudrait une politique de rupture et se heurter aux dispositions de l’Union européenne ! Le ministère de la Santé s’était réfugié derrière Bruxelles : « Tout étudiant qui a validé son deuxième cycle dans un État-membre de l’UE peut accéder au 3e cycle dans un autre État-membre de l’UE », nous a-t-on indiqué.
Il faut donc réformer le deuxième cycle et exiger une note seuil pour être admis à l’internat.
La chirurgie
Avec des semaines de 45 h imposées par l’Union européenne les internes auront de plus en plus de mal à être formés. L’apprentissage étant trop tardif, ils n’auront pas de responsabilités en garde avant la dernière année.
Il faut donc retrouver l’élitisme que permettaient certains concours comme l’internat par concours au lieu de l’internat pour tous.
Le Grand Paris, qui sera peut-être demain ville olympique, et son Assistance Publique (AP-HP) devraient y réfléchir avant qu’il ne soit trop tard.
Le soignant est broyé par un système administratif qui bloque toute initiative.
Ainsi la France qui avait le meilleur système de santé au monde s’est vue recalée de la première à la quatorzième place. Avec un système hospitalier au bord de la rupture, le métier de médecin est lui aussi mis sous pression avec cette réforme de l’internat car en le prolongeant on retardera d’autant les installations.
Bonjour
Les études de médecines sont bcp trop longues, il ne faut pas bac +10 pour faire de la médecine courante. Il faut faire sauter le monopole de la médecine, de la secu, des pharmaciens et laisser des assurances privées organiser les soins.
Certain pilote d’avion, c’est bac+2 (cadet Air France)
Consternant. Vous ignorez tout de la pratique médicale et voulez instaurer un système semblable à celui de Mao pendant la révolution culturelle, hormis les injonctions économiques déconnectées du réel.
Bonjour דוב קרבי dov kravi
Où avez vous vu que je voulais instaurer un système chinois? C’est juste l’inverse, que l’état ne s’en occupe pas et que la profession s’organise pour la formation, s’il faut 10 ans il faudra 10 ans.. mais je doute que pour les soins courants il faille 10 ans.
Bonjour,
Mao et sa clique avaient mis au point un système de « médecins aux pieds nus, mobiles et peu formés en quelques mois, pour pénétrer les campagnes et répondre aux soins » courants ».
La vraie médecine, c’est bien autre chose que prendre la tension et soigner les bobos.
L’Etat est bien trop obèse, nous en sommes d’accord, mais ce n’est pas au système privé d’organiser les études médicales. Il peut en organiser la distribution, mais l’enseignement médical doit être déconnecté de la rentabilité. Sinon, les » non rentables » seront privés de soins. La civilisation est à ce prix.
Je connais cette théorie.. la santé n’est pas un marché comme un autre.
C’est faux. On l’a vu avec le transport aérien qui n’était pas libre en 70, parce que le transport aérien « n’est pas un marché comme un autres » , transport aérien qui s’est libéralisé et maintenant accessible à tous.
La liberté n’est pas négociable. La civilisation est à ce prix.
La liberté n’est qu’un moyen. Quelles finalités lui assignons-nous?
Le libéralisme étant, je pense, une philosophie du droit, présente plusieurs finalités:
– économique: améliorant la prospérité d’une population
– sociale: permettant de suivre l’évolution de la société, notamment de mœurs, sans pour autant l’imposer à tous
– environnemental: le pollueur est le payeur (je ne parle pas bien sûr du CO2 mais plutôt de la gestion des déchets et de vraies pollutions environnementales)
La santé peut être un marché (ça l’est déjà, d’ailleurs, même en France).
Le problème est plutôt autour du serment d’Hippocrate.
« La civilisation est à ce prix »… Du vrai foutage de gueule que les plaintes des toubibs. Si les toubibs doivent se plaindre, c’ est d’ eux même et de l’ abandon des valeurs de la spécificité de leur métier: soigneur et désintéressé.
« Sexisme et harcellement », la faute au gouvernement peut-être? Non, la faute à une filiaire ou les littéraires, les étudiants « complets » ont été exclus, ceux qui avait une formation ou un profil humaniste, la faute aux écuries, la faute aux dossiers qui passent miraculeusement en haut de la pile, votre faute.
7 généralistes dans mon village et pas de garde le weekend. Il faut faire 25 kms pour trouver des urgences ou un service de garde. Cherchez l’ erreur. Et quand je vois l’ acharnement contre l’ homéopathie, je pouffe littéralement. En fait, vous êtes à présent comme les profs, un tas de ringards qui mesurent leur activité à la somme d’ impôts qu’ ils doivent et à la villa qu’ ils remboursent, et de sous doués déprimés et déprimant au milieu desquels il demeure, je dois bien le reconnaitre, de vraies étoiles.
B.Kron voit bien le problème. Dans les années 70 nous commencions les gestes techniques dès l’entrée dans les services et prenions des responsabilités dès les 3e, 4e années.
Ces réformes ineptes nous ont laissé régresser pendant 20 ans, et les stupidités de Juppé et suivants ont détruit l’ancien meilleur système de santé du monde.
Laisser la formation au privé ne sera pas un gage de qualité obligatoire. Une formation publique efficace peut faire l’affaire. Encore une fois tout dépend de la bonne gestion des ressources.
Ce qui est indubitable, c’est qu’aujourd’hui vous avez autant d’administratifs que de soignants, donc un report de la charge de travail sur les esclaves que sont les étudiants.
On a multiplié la paperasse, engagé du personnel pour la traiter, et surexploité les soignants (toubibs et infirmières..) qui font le « vrai » travail.
c’est le mal français dans toute sa splendeur
Ne peut-on aussi craindre une politisation rampante des études médicales, à l’instar de ce qu’on observe pour la recherche scientifique avec le RCA? Entre le privé qui peut être soumis à des intérêts mercantilistes et l’Etat dont les dirigeants peuvent être soumis aux mêmes intérêts, et/ou à des intérêts politiques, des obligations européennes, on risque bien de perdre de vue l’essentiel: la santé de tous nos concitoyens.
On peut aussi poser la question de l’indépendance de l’Ordre des médecins, à l’instar de tous les syndicats…
10 ans pour être médecin, puis être obligé de dire au patient :
Il existe un produit plus efficace pour votre pathologie, mais je n’ais pas le droit de le prescrire, il faut prendre RdV chez un spécialiste (6 mois d’attente) qui lui a le pouvoir de le faire.
Résultat, je me contente de ce que mon médecin me donne et renvoie la consultation chez le spécialiste aux calendes grecques.
Mon Dr. Spoc (single point of contact) n’est plus qu’un aiguilleur , un ‘hub’ qui redirige les patients vers des confrères ‘autorisés’ plus éloignés, plus chers…
3 ans d’apprentissage chez Panalpina pourraient suffire pour ce travail de logistique.
Encore une fois, gâcher le talent des médecins généralistes à faire de la paperasse, avec une cs digne de la Roumanie qui vous oblige à voir 60 patients par jour et à faire une médecine de merde; c’est la responsabilité de l’état.
Bien sûr que pour faire aiguilleur administratif, avec un coup de tampon comme à l’époque des soviets, 3 ans de formation ça suffit.
Nous sommes dans la gestion de la pénurie :de médecins occupés a brasser du vent, de médicaments devenus trop chers, d’infirmières débordées, d’étudiants en burn out… et le tout pour plus cher.
Les médecins soviétiques ne pouvaient prétendre en France à une équivalence même avec les aides-soignants et pour avoir jugé sur pièce, ce n’était pas injustifié….
La SS et l’Etat gâchent énormément de temps et d’argent par une mauvaise (épouvantable?) allocation de ressources à détruire du temps médical à haute valeur ajoutée pour de la paperasserie redondante. Une rémunération décente (médecine générale 70-75 € en Allemagne et en Suisse; > 83 € en médecine du W en France [mais gestion par les syndicats]qui n’est que de la médecine générale de base sauf pour quelques cas rares) permets en Allemagne d’avoir du personnel (baisse du chômage; épargne de temps médical – dossiers, prise de constantes, tension artérielle,…) et de concentrer sur le temps médical le plus pointu.