Notre-Dame : il faut, en France, remettre l’église au cœur du village

L’église devrait être gérée selon une comptabilité commerciale propre et sa gestion devrait être sérieuse et rentable. Si elle n’a pas suffisamment de ressources, elle devrait en chercher et en obtenir en échange de services donnés.

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Notre-Dame : il faut, en France, remettre l’église au cœur du village

Publié le 27 avril 2019
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Par Pierre Brisson.

Le désastre de Notre-Dame de Paris a mis en évidence à la fois la misère des églises de France et le problème qu’a la société française avec l’argent. Il faut évidemment réagir au deux.

Je connais bien la Normandie et j’extrapole à partir de cette expérience. Comme dans toute province française, on trouve des églises partout en Normandie, dans toutes les villes et villages. Elles ont été depuis plus de 1000 ans le cœur, le noyau, le soleil, des paroisses puis des communes. Et aujourd’hui ces églises sont fermées ou pillées lorsqu’elles sont ouvertes et de toute façon en état avancé de décrépitude. Au centre de ces multitudes de communautés, le cœur pourrit.

L’église appartient à la commune sur le territoire de laquelle elle se trouve et la cathédrale à l’État, les ornements et les meubles fonctionnels appartiennent aux associations cultuelles. L’État et la commune évidemment laïques ne savent que faire de ces bâtiments et n’assument aucunement leur responsabilité envers eux, trop soucieux de ne pas se faire taxer de religiosité (sinon de christianisme !), sentiment honni par tout « bon républicain », sans doute étreint par l’angoisse superstitieuse de se faire entraîner dans quelques « bondieuseries ». Comme par ailleurs la pratique religieuse baisse d’une façon accélérée, jamais connue depuis que les Romains ont déserté leurs temples (cf le dernier livre de Jérôme Fourquet, Le clivage Français)1, presque plus personne n’est là pour tirer la sonnette d’alarme sur l’état des églises ; et parmi ceux qui la tirent, peu ont l’argent suffisant ou la puissance médiatique adéquate pour l’obtenir. La religion catholique meurt dans le silence et la dignité, loin du bruit des établissements sportifs et des lumières de la télévision.

Il y a eu un mouvement populaire magnifique après l’incendie de Notre-Dame, une vague, un sursaut puissant. Les dons ont afflué de toute part pour sauver le cœur de Paris, donc de la France. Ils sont venus des riches comme des pauvres. Il me semble qu’il faut surfer sur cette vague, construire sur ce sursaut, dans toute la France et dans les pays voisins qui se déchristianisent. C’est notre intérêt si nous voulons sauver notre culture, sans même considérer uniquement la religion qui la sous-tend.

Une entreprise difficile

L’entreprise est difficile et sans doute davantage psychologiquement que techniquement. En effet, tout de suite, presque simultanément, une réaction venant du tréfond socialiste de notre société a vomi ses reproches et ses injures aux riches  qui ont promis des sommes importantes pour la reconstruction, les protestataires prétendant qu’eux-mêmes, en tant qu’êtres humains, valaient autant qu’une cathédrale (« je suis une cathédrale » sur certains Gilets jaunes) et que cet argent aurait été plus utile à satisfaire leurs besoins sociaux.

Ce que ces gens ne voient pas ou refusent de voir c’est que l’argent ainsi dynamisé par cette avalanche de dons va permettre de faire vivre des milliers de personnes, des architectes, des tailleurs de pierre, des maçons, des charpentiers, des ébénistes, des restaurateurs d’œuvres d’art ou d’instruments de musique (les orgues !) et aussi des électriciens et des plombiers, ou encore des concepteurs de programme et des programmateurs, toute une population d’artisans et d’entrepreneurs comparable à celle qui a bâti la cathédrale plus toute une population de spécialistes modernes qui n’existait pas au XIIe siècle et qui peut et doit aujourd’hui intervenir dans sa restauration.

Il me semble évident qu’il est plus utile à la communauté française que l’argent aille rémunérer tous ces travailleurs en leur permettant d’exercer leur art dans de bonnes conditions pour eux-mêmes puis par ruissellement (même si ce terme ne plait pas à monsieur Mélenchon), des commerçants qui à leur tour paieront leurs fournisseurs, plutôt que de continuer à alimenter le tonneau des Danaïdes de l’aide sociale. Ce dernier ne sert qu’à aider à survivre (mal) une population non productive et de ce fait de plus en plus pauvre puisqu’elle vit aux dépens d’autres personnes qui s’appauvrissent par la masse des prélèvements obligatoires qui leur sont imposés, tout en allant activer la pompe à importations du pays avec très peu de contrepartie productive.

La richesse c’est le travail comme le disait déjà Jean de la Fontaine dans sa fable du Le laboureur et ses enfants. Mais si le laboureur avait dû payer l’impôt sur la fortune toute sa vie, l’impôt sur le revenu, la CSG, la taxe foncière et les taxes à la production, tout en vendant, avec la TVA, sa production obtenue selon les normes européennes, que serait-il resté à ses héritiers après qu’ils aient payé leurs droits de succession, puis l’actualisation de leur outil productif selon l’évolution technologique pour rester au niveau de la concurrence internationale ? La réponse est simple : rien !

Vous pensez que je m’éloigne des églises de France, ne vous inquiétez pas, je les ai toujours en tête. Ce que je veux dire c’est que si l’État continue à ponctionner les Français comme il le fait aujourd’hui en pensant qu’il est l’investisseur et gestionnaire le mieux avisé (ce qu’il n’a certes pas prouvé), il ne restera absolument plus d’argent à l’initiative privée, celle des personnes vraiment intéressées à faire prospérer le pays au travers de leur intérêt propre. Et tandis que l’État ne fera que de la redistribution, ce qui revient à arroser la mer, les tâches qu’il est censé assumer, comme l’entretien des églises, ne seront pas entreprises.

Rien pour les églises

Le ministère de la Culture française dispose d’un budget annuel de 300 millions d’euros sur un budget global de 390 milliards d’euros ! Ces chiffres disent tout et il y a encore des gens pour demander davantage d’argent à l’État, non pour les églises mais pour eux-mêmes, donc des ponctions encore plus importantes sur les revenus des populations créatrices de richesses… et toujours rien pour les églises.

Comble de bêtise ce sont les riches, c’est-à-dire ceux qui disposent des marges suffisantes pour pouvoir prendre des risques, c’est-à-dire investir, qui sont dans le collimateur. Si vous ne pouvez pas vous permettre de perdre, croyez-vous que vous investissez ? Certainement pas, à moins d’être inconscient !

Donc si l’on veut que l’accident de Notre-Dame donne à la France plus qu’un simple sursaut, il faut libéraliser l’économie, transformer une population d’assistés bêlant devant leur matchs de foot en une population de personnes responsables se prenant en main pour travailler avec les partenaires qu’elles choisissent.

Imaginons l’avenir. Plutôt que d’attendre des subventions des strates administratives supérieures tout en prélevant aussi leur taille sur leurs sujets via les taxes foncière et d’habitation (du moins ce qu’il en reste), les maires de France laissent faire ou suscitent la prise en main par leurs concitoyens (si l’on fait confiance, il y a toujours des initiateurs) des trésors historiques qu’ils possèdent et notamment de ces églises qui meurent. Au-delà du temple qu’elle a été, l’ecclesia est l’assemblée du peuple citoyen et par conséquent le lieu où ce peuple se rassemble.

On peut faire énormément de choses dans une église. Pour commencer, faire payer les entrées, ne serait-ce que deux ou trois euros par personne. J’étais la semaine dernière avec des amis à Beaumont en Auge, la ville du mathématicien Pierre-Simon de Laplace, magnifique petite ville dominant la vallée d’Auge. Nous avons voulu visiter l’église, elle était évidemment fermée. Si elle avait été ouverte, nous aurions volontiers payé nos deux euros et les quelques vingt ou trente visiteurs, beaucoup plus le dimanche et encore plus en saison (peut-être 40 ou 50 personnes par jour sur l’année) auraient fait de même. Cela aurait été suffisant pour faire vivre le garde (et il vaut certainement mieux être garde, peut-être guide, que chômeur) et entreprendre quelques petits travaux d’entretien dans l’église.

Mais la simple visite ne suffit pas. Puisque les églises n’attirent plus suffisamment les fidèles de la religion catholique, ne pourrait-on pas les ouvrir aux autres cultes chrétiens en cette période d’œcuménisme où les concélébrations se pratiquent assez couramment. Cela ne changerait évidemment pas beaucoup la fréquentation dans la campagne française. Alors il faudrait aller plus loin, ouvrir l’église à l’entreprise, aux marchands du temple qui ont existé de tout temps (même les moines vendent leur miel) et à divers services d’intérêt général ; sans qu’il soit nécessaire de les faire exercer par des fonctionnaires.

Les municipalités ont presque toutes construit des médiathèques, des centres culturels, des centres d’aide sociale divers, tous plus hideux les uns que les autres et de structures plus ou moins pérennes. Pourquoi ne pas utiliser ponctuellement les bâtiments religieux, sauf le dimanche et les jours de grandes fêtes religieuses, aux  heures ouvrées pour abriter et mener ces diverses activités, pourvu bien sûr qu’elles soient respectueuses des lieux ?

Ne pas avoir peur de faire payer

Le Christ aurait volontiers accueilli dans sa maison tous les pauvres et les malheureux de la Terre donc probablement les services d’aide sociale et il n’aurait pas refusé quelques autres activités honorables si cela avait permis d’entretenir les lieux de culte ; il n’est bien sûr pas question ici de suggérer d’utiliser les églises comme discothèques, restaurants ou hôtels, comme malheureusement on le voit parfois. Pourquoi enfin ne pas monter avec des tour-operators des visites de groupes de touristes étrangers ? On fait bien visiter Notre-Dame et le Mont Saint-Michel.

Et dans tous les cas l’usager devrait payer. Il faudrait mettre fin au préjugé des Français contre l’argent : on ne s’y intéresse pas, on n’ose pas dire qu’on en veut mais on en demande toujours, en réclamant des aides que l’on pense obtenir en tondant  les riches, c’est-à-dire tous ceux qui ont plus que vous. C’est beaucoup de jalousie, d’envie, d’hypocrisie, sentiments peu chrétiens, et un très mauvais système, pour tous. L’église devrait être gérée selon une comptabilité commerciale propre et sa gestion devrait être sérieuse et rentable. Si elle n’a pas suffisamment de ressources, elle devrait en chercher et en obtenir en échange de services donnés.

Avec l’argent levé par une activité raisonnable et acceptable sur le plan des valeurs chrétiennes, les communes et les associations cultuelles et/ou culturelles pourront faire venir dans leur propre église les compagnons, tailleurs de pierre qui auront restauré Notre-Dame. Un cycle d’exploitation économique vertueux sera engagé et ces merveilleux bâtiments que nous ont légués nos ancêtres et que le monde entier nous envie, vivront à nouveau, pour très longtemps sinon pour l’éternité.

  1. EDIT : il s’agit en fait de « L’Archipel Français » (L’erreur est de la rédaction).
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  • Une eglise est un commerce comme un autre si il n’a plus de clients il disparait…..
    Si vous etes amoureux des eglises ,mettez la main a la poche pas dans ma poche.

  • si on ne fait rien pour nos églises , si on les laisse en ruine , on verra des mosquées pousser comme des champignons ….la nature a horreur du vide …..

    • Et c est quoi le problème, avec une mosquée en forme de champignon, à partir du moment où ce n’est pas vous qui la financez ?
      Quelle peut bien être le rapport entre une église qui reste en ruine faute de financement et une mosquée qui s’érige ?
      Je vous jure, je cherche et je ne vois pas. Merci de vos lumières.

      • pour les musulmans, le terrain autour d’une mosquée devient terre d’Islam où doit s’appliquer la charia.
        Construire une mosquée est donc un acte de conquête territoriale.
        L’athéisme est une notion qui n’existe pas en Islam. Si les occidentaux rejettent leur religion, les musulmans ont le devoir de convertir (ou tuer) ces mécréants.
        je vous suggère la lecture du Coran (même si ce n’est pas un exercice évident).

      • Tout n’est pas qu’une question d’argent…

    • L’un n’empeche pas l’autre.ce n’est pas en laissant debout des eglises qu’il y aura moins de mosquees ou de maisons de la cultures,bio evidement. Un monument n’est pas un epouvantail ni un miroir aux alouettes ,ce n’est qu’un tas de pierres utiles ou inutiles.

      • @reactitude

        « Un monument n’est qu’un tas de pierres utiles ou inutiles »?
        Notre Dame de Paris représentait bien l’art et la culture, quelques soient les sensibilités religieuses ou même athées ,comme pouvait l’attester les 15 millions de visiteurs annuels.

  • Je suis un athée et un laïc. Malheureusement la plupart de ces lieux de cultes sont à la charge de l’État. (C’est encore nous l’État).
    J’ai passé une semaine a Dublin ce mois ci. des cathédrales pas aussi belles mais historiques (certainement privées ) que Notre Dame font payer l’entrée assez cher. Athée certes mais admiratif de l’architecture, des vitraux… Les musées nationaux eux étaient gratuits (financés par les impôts des irlandais…).
    Les lieux de cultes je les ai visité parce que je profitais de mon Dublin Pass me donnant un accès gratuit.
    Quant aux musées nationaux , ils en appelaient aux dons de 5 euros… qu’ils méritaient et que j’ai donné volontiers.

    Qu’on réfléchisse à l’usage et à la rentabilité des églises sous domaine public serait une bonne chose. Mais peut on séparer aussi aisément la fonction originelle de culte de celles plus laïques voulus aujourd’hui ?

    La question est que lorsque elles sont propriétés de l’État, elles doivent être soit desacralisées et laicisees. Plus de culte,de confession… ou qu’on les vendent, qu’on les restituent au Vatican.

    Mais c’est un patrimoine bien embarassant que celui des Églises.

    • Ici en Auvergne, des églises ont éte vendu, beaucoup d’autres servent pour des manifestations culturelles (concerts, expo). Par exemple l’été dernier, nous avons installé un planétarium dans l’église du village dans le cadre d’un festival astro. Ce fut à titre gracieux mais j’imagine que ces manifestations extra-religieuses participent parfois à l’entretien via leurs recettes.
      J’aime cette idée d’utilisation mixte religieux et culturelles comme ce fut le cas au moyen-âge.

  • « Le ministère de la Culture française dispose d’un budget annuel de 300 millions d’euros sur un budget global de 390 milliards d’euros !  »
    Le budget de 300 millions du ministère est celui consacré au patrimoine. Le budget total de ce ministère est plutôt de 10 milliards consacrés à arroser des projets cultrels douteux et les voraces FIAC, DRAC etc…

    • 4 milliards du budget de la culture sont pour la radio télévision d’Etat !

    • Vous avez tout à fait raison, ces 300 millions sont pour le patrimoine (je pensais l’avoir précisé!) et on pourrait puiser sans aucun inconvénient « culturel », dans le reste du budget du ministère pour étoffer un peu ces 300 millions, vu la qualité de divers « événements » grassement financés.
      Même chose au niveau de Paris pour les églises qui dépendent de la municipalité, sur un budget de 5 milliards, 50 millions seulement ont été dépensés en 4 ans pour la conservation du patrimoine, Madame Hidalgo peut se montrer généreuse…mais elle devrait plutôt se cacher sous la moquette.

  • « Car toute l’opération consiste bien, avec la foi laïque, à changer la nature même de la religion, de Dieu, du Christ, et à terrasser définitivement l’Église. Non pas seulement l’Église catholique, mais toute Église et toute orthodoxie. Déisme humain, humanisation de Jésus, religion sans dogme ni autorité ni Église, toute l’opération de la laïcité consiste à ne pas abandonner l’idéal, l’infini, la justice et l’amour, le divin, mais à les reconduire dans le fini sous l’espèce d’une exigence et d’une tâche à la fois intellectuelles, morales et politiques.»
    Ces propos sont de Vincent Peillon (Une religion pour la République).
    La République, de façon extrémiste ou larvée, n’a jamais caché sin projet d’éliminer l’Eglise du paysage français. Ce qui devrait nous interpeller, c’est le symbole que constitue l’incendie de Notre-Dame: il me semble qu’ en ce moment, la République jetterait bien le bebé avec l’eau du bain, l’Eglise et la liberté. Pour instituer le culte de l’Etat… ou celui de Gaïa!
    Même si l’institution n’a pas toujours été fidèle à ce qu’elle professait, il est indéniable que la démocratie et la liberté de conscience sont nées en terre chrétienne.

  • Laïcité ?

    Cet état-providence qui, comme la religion promet le bonheur sans effort autre que l’adhésion à une idéologie, base sa communication sur le partage, l’égalité, la manne tombant du ciel, la reconnaissance des plus démunis (les premiers seront les derniers).

    Tout cela est directement transposable dans des esprits imprégnés de siècles de religiosité, et en occultant le concept ‘Dieu’, remplacé par celui de ‘Citoyenneté/justice/partage’, il est bien trop aisé pour un groupe idéologique de convaincre les gens d’être le seul pourvoyeur de cette récompense tant promise.

    Profitants de l’inconscient religieux de nos peuples, ils sont devenus les curés d’une religion sans Dieu, donc sans espérance.

    Si les politiques sont si acharnés à combattre la religion, c’est parce qu’il chassent le même troupeau, comme des bandits qui refusent de se partager un territoire.

  • « L’église devrait être gérée selon une comptabilité commerciale propre et sa gestion devrait être sérieuse et rentable. »

    c’était le cas jusqu’à la Révolution qui a spolié tous les biens de l’Eglise, lui supprimant ainsi les moyens de vivre et pour compenser, l’Etat s’est mêlé de payer les ecclésiastiques et entretenir les églises.
    Avec la loi de 1905, ce fut la deuxième spoliation, l’Etat s’emparant des édifices.
    C’est donc bien à la puissance publique d’assumer la spoliation/vol commis à ces deux occasions, puis depuis 40 ans avec la hausse délirante des prélèvements publics.
    Elle en a donc laaaargement les moyens, mais préfère bien plus gaspiller ailleurs.

    Et « rendre l’argent aux Français » l’obligerait à rendre du pouvoir : inconcevable pour nos énarques politiques ou hauts-fonctionnaires.

    • Certes « c’est bien à la puissance publique d’assumer…) mais si on laisse l’Etat s’occuper des églises, comme c’est sa responsabilité actuellement, on voit bien qu’il ne s’en occupera pas. Les raisons sont multiples mais le résultat est là.
      Donc, dans ce cas comme dans d’autres où l’Etat a fait la preuve de son incapacité, il faut réagir, il faut que les Français reprennent en main leur patrimoine et bien entendu, il faut que l’Etat renonce à un droit de propriété qu’il n’assume pas et qui a été une spoliation, et qu’il renonce à prélever des impôts pour soi-disant s’en occuper.
      De toute façon les 300 millions d’euros dépensés chaque année pour le patrimoine ne représente quasiment rien au niveau du pays (390 milliards de budget annuel). Diminuer symboliquement de ce montant les dépenses publiques serait un geste positif et il devrait s’accompagner d’un transfert de responsabilité aux personnes qui veulent s’occuper de ces biens. Dans toute la France on trouvera bien 300 millions d’euros par an, que ce soit par des dons et/ou, comme je le suggère, par une activité commerciale. Il n’y aurait rien de déshonorant à y recourir plutôt d’assister impuissants à la ruine totale de ces bâtiments.

      • c’est quasiment dans tous les domaines que l’Etat fait la preuve de son incurie : d’où l’urgence de réforme pour réduire drastiquement le pouvoir de nuisance.

  • Juste un rappel : quand vous entrez dans une église Catholique, il y a très souvent (mais pas toujours) une lumière rouge dans un coin. C’est le signe de la présence du Saint Sacrement, c’est à dire la présence du Christ dans l’hostie (consacrée), rangée dans un tabernacle.
    C’est d’ailleurs avant tout pour abriter cette Présence que l’église est construite.
    Donc faire une activité qui n’a pas de rapport avec cette Présence Réelle est tout simplement sacrilège et donc non envisageable.

    Il est donc quasiment impossible de faire autre chose avec une Eglise que ce pour quoi elle a été construite, sauf à la désacraliser (retrait de la Présence Réelle, mais aussi de toutes les reliques présentes (notamment dans la pierre autel), ce qui n’est pas toujours simple.

    Les marchands du temple des Evangiles, n’étaient pas dans le Temple, mais dans une avant cour.

    • J’ai tout à fait conscience de ce que vous écrivez mais nous sommes dans une situation où il faut réagir. Des libéraux ne peuvent pas simplement ne pas réagir par des initiatives à des situations qui leur déplaisent. Nous sommes responsables et les prières ne suffiront pas à entretenir les églises.
      Il y a beaucoup d’activités lucratives honorables et respectueuses des valeurs chrétiennes qui pourraient avoir lieu dans les églises. L’argent n’est pas, par nature, sale et tout le monde en vit, même l’Eglise.

    • C’est vrai, mais dans de nombreuses églises, se tiennent des concerts de musique religieuse, et cettaines, d’un grand intérêt historique proposent des visites commentées qui prennent soin de faire parler la foi à travers les pierres et les vitraux.

    • N’importe quoi, avant la révolution, une église avait, en plus du sacré, une fonction sociale puisqu’elle était au centre de la vie quotidienne : école, mairie, réunions..
      Le sacré et le pratique ne sont pas incompatibles.

  • Il peut y avoir une difficulté à partager le temps d’utilisation d’une église entre activités religieuses et autres activités: les célébrations d’obsèques. Elles ne sont pas programmables longtemps à l’avance. Il faut pouvoir décommander à temps les activités non religieuses et déménager rapidement leur matériel, si besoin.

    « même les moines vendent leur miel » Il faut bien qu’ils vivent!

    • Je n’ai rien contre les moines qui vendent leur miel, bien au contraire. Je m’appuie sur leur exemple pour suggérer que les autres religieux ou associations cultuelles pourraient elles aussi s’engager dans une activité lucrative plutôt que de vivre uniquement de la générosité des fidèles.
      Concernant le partage des lieux, je comprends votre objection mais beaucoup d’église sont suffisamment grandes pour qu’on mène les deux activités parallèlement. Ce pourrait être en réservant le narthex ou l’un des bras du transept, aux fonctions profanes (et en édifiant les cloisons nécessaires) ou encore en ajoutant au Samedi et dimanche un jour, par exemple le mercredi, pour les fonctions cultuelles. Si on veut trouver des solutions, on en trouvera!

      • @Pierre Brisson

        Merci pour votre excellent article qui propose des solutions de bon sens pour la conservation de nos églises.
        Notre Dame représentant l’un des fleurons de notre patrimoine national devrait être rénovée dans les règles de l’ART , car ne perdons pas de vue qu’il ne s’agit pas d’une reconstruction.
        Les sommes importantes récoltées en un temps record montrent bien un attachement aux chefs d’œuvres artistiques et à notre culture qui ne laissent pas indifférent.
        il est extravagant que ce dramatique incendie au cœur de Paris ait pu donner lieu
        à des controverses parfaitement hors sujet.
        Mais comment s’en étonner puisqu’il est fort connu que l’argent déchaîne les passions ?
        il n’y a en effet aucune raison que l’église ne soit pas gérée de façon sérieuse et rentable, selon une comptabilité commerciale propre, à l’instar d’autres biens à vocation culturelle.
        Point n’est besoin par ailleurs d’être croyant ou pratiquant, comme il est souvent fait état arbitrairement, pour admettre ce qui est devenu une évidence, avec pour preuve des millions de touristes intéressés chaque année par l’ensemble de notre patrimoine.

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