Loi anti-casseurs : et la liberté de se rendre à un match de foot ?

Pas un week-end sans qu’un préfet ne publie un arrêté empêchant le déplacement de citoyens souhaitant se rendre au stade pour soutenir leur club préféré.

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Loi anti-casseurs : et la liberté de se rendre à un match de foot ?

Publié le 18 février 2019
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Par Eddie Willers.

Nous nous étions interrogés en fin d’année dernière sur le libéralisme d’Emmanuel Macron que j’avais à l’époque fortement nuancé. Il faut noter que les dernières semaines sont venues apporter de l’eau à mon moulin.

Les attaques répétées contre l’anonymat en ligne, le retour de taxes en tous sens mais surtout la fameuse loi anti-casseurs sont autant d’exemples montrant que ce gouvernement n’aime décidément pas beaucoup la liberté de ses citoyens.

Je souhaitais m’attarder aujourd’hui sur cette fameuse loi anti-casseurs qui a scandalisé beaucoup de personnalités politiques (à juste titre). Cela fait maintenant de très nombreuses années que les préfets, qui faut-il le rappeler ne sont en aucun cas des juges, assignent des personnes à résidence à l’occasion de manifestations publiques.

Ces citoyens de seconde zone, ce sont les supporters de clubs de foot. Pas un week-end sans qu’un préfet ne publie un arrêté empêchant le déplacement de citoyens souhaitant se rendre au stade pour soutenir leur club préféré. Les motifs les plus surprenants sont invoqués pour venir justifier ces interdictions : de rivalités inexistantes entre deux clubs en passant par des invectives sur les réseaux sociaux.

En janvier dernier, le préfet de la Loire-Atlantique avait ainsi fait retenir des supporters rennais sur des parkings et dans des bus, les empêchant de se rendre à la Beaujoire, stade du FC Nantes. Le traitement pour le moins inamical des forces de l’ordre envers ces supporters avait alors permis à ceux des deux clubs de s’unir, chose rare, pour dénoncer une cause commune.

J’ai entendu ici et là des politiques de tous bords nous expliquer que l’entrave à la liberté de manifester était bien plus grave que celle d’aller voir un match de foot. Après tout, regarder 22 gars courir derrière un ballon, c’est un truc de beauf, de sous-citoyen, on peut bien s’en accommoder.

Indépendamment de ce jugement parfaitement stupide sur ce magnifique sport qu’est le football, j’ajouterai que c’est en permettant à des préfets d’étendre leurs prérogatives à l’encontre des libertés individuelles les plus primaires que nous créons les conditions de cette fameuse loi anti-casseurs.

Cela fait pourtant de très nombreuses années que les acteurs du monde du foot dénoncent ces interdictions de déplacement. Les tribunes en France sont dans leur très grande majorité des lieux tout à fait pacifiques et les bagarres générales y sont bien rares. Il suffit d’ailleurs de regarder ce qu’il se passe lorsque les autorités autorisent les supporters adverses à se rendre au stade : une très belle ambiance et une absence quasi générale de dégradations ou de violences.

La politique du risque zéro et de l’arbitraire va ainsi à l’encontre de la liberté d’aller et venir. En agitant le spectre de « hordes de hooligans », les autorités ne font en réalité qu’attiser la colère de supporters à qui on empêche de se rendre dans une enceinte sportive.

Le droit de manifester n’est en aucun cas un droit supérieur à celui d’aller à un match de foot. Les deux constituent une forme de liberté d’expression et d’aller et venir.

Alors, en lieu et place d’opposer les supporters et les manifestants, nos hommes politiques devrait plutôt s’ériger contre un gouvernement qui tend de plus en plus à oublier le sens du premier mot de notre devise nationale.

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  • Ces décisions préfectorales sont des décisions administratives. Elles peuvent être contestées devant le tribunal administratif.

  • Très bien. A quand un article sur les lois anti teufeurs/manouches?

  • Vous n’avez manifestement pas saisi une « nuance » tout à fait essentielle…

    Les supporters de foots sont des abrutis, « donc » des gens de droite, aux idées nauséabondes etc. etc.

    Les « Manifestants » sont eux des belles personnes revendiquant pour le progrès de la société. Et s’ils cassent un peu c’est en réaction aux agressions policières.

    Il n’y a évidemment aucune comparaison possible.

  • le foot c’est pour distraire le peuple et lui aire oublier les vrais problèmes…cette loi ne s’applique donc pas à ce cas car elle favorise la propagande d’Etat..cqfd.

  • Si c’est pour voir Jouer Le PQ, Paris Qatar, ou est l’intérêt ?

  • Le foot, c’est bien ce sport qu’on dit d’équipe, mais dont on ne félicite et récompense que le « meilleur buteur », en ne citant que parfois le nom de celui qui a fait la passe et oubliant magistralement les milieux et défenseurs ? Il y a un Ballon d’Or… = 1 joueur.
    Et que dire de l’ambiance dans les clubs de jeunes… il faut les entendre, les parents, haranguant leur enfant pour qu’il « massacre » le joueur adverse, la violence des tribunes parentales est impressionnante.
    D’ailleurs, le vocabulaire des commentateurs est édifiant : crucifier le gardien, tir à bout portant.
    N’oublions pas aussi les contestations des décisions de l’arbitre.
    Oui, un beau sport, vraiment.

  • Pour revenir au sujet principal de l’article, oui des décisions administratives d’interdiction de stade à certains ont permis d’assainir les tribunes.
    Quand on voit le laxisme des juges, pas sûr que le préfet soit moins indiqué que le juge pour prononcer ces interdictions.

    • Il ne faudrait pas que les dérives tout à fait réelles du système actuel nous incitent à en appeler à d’autres, de dérives.
      C’est exactement ce qu’ils cherchent : à instaurer un relativisme absolu, où plus rien n’est prioritaire, tout se vaut, personne n’a tort et tout le monde (enfin, presque) a raison.
      Quand l’Etat de Droit est basé justement sur la hiérarchie des normes et la stabilité des lois.

  • Encore un article exagéré, qui généralise tout et n’importe quoi… Avant de critiquer, faudrait que les clubs de supporters commencent d’abord à faire le ménage dans leur rang (parce qu’il y en a beaucoup à faire)…après on avisera.

  • Les commentaires sont fermés.

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