L’islam en Arabie : révolution mentale par le football ? 

Entre sport et religion, un vent de transformation souffle sur l’Arabie Saoudite. Farhat Othman dévoile comment le football pourrait catalyser un bouleversement plus vaste en faveur d’une vision moderne de l’islam, tout en confrontant les défis qui se dressent sur ce chemin.

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L’islam en Arabie : révolution mentale par le football ? 

Publié le 24 août 2023
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Ce qui se passe aujourd’hui sur le plan sportif en Arabie, en général, et en Arabie Saoudite, plus particulièrement, doit retenir l’attention. Il est gros d’importants changements sociopolitiques futurs, même si leurs manifestations se limitent pour l’instant au plan sportif.

C’est que les transformations radicales sont comme la lave d’un volcan qui met du temps avant l’éruption spectaculaire. Longtemps, elles agissent en un silence apparent qui n’est pas moins déterminant dans les entrailles de ce qui ne serait qu’une centralité souterraine.

Certes, celle-ci semble se limiter actuellement au domaine du football, le pays entendant devenir aussi la Mecque des étoiles de ce sport grâce à ses richesses. Ce qui n’est pas propre au dit pays puisqu’on l’a déjà vu, en péninsule arabique, au moins avec le Qatar qui a réussi à organiser chez lui une historique coupe du monde de football.

 

État des lieux : en sport et en religion  

Il est vrai, l’argent ouvre pas mal de portes, sinon toutes !

Cependant, il n’ouvre pas pour l’instant celles qui devraient compter dans ces contrées manquant de l’essentiel auquel l’humain aspire de tout temps : sa dignité, qui est dans ses droits et ses libertés sans restriction. Or, nul ne contestera que la marque des riches démocraties d’Occident n’a toujours pas droit de cité dans les richissimes monarchies arabes musulmanes du golfe.

D’aucuns pourraient rétorquer que les nationaux de ces pays trouvent leur dignité grâce à leur luxueux standing de vie ; d’autres que les pauvres se satisfont généralement de la richesse spirituelle qu’incarne, en l’occurrence, une terre abritant le lieu de pèlerinage de millions de fidèles d’une foi si prégnante dans les cœurs des nombreux fidèles et convertis de l’islam.

Or, justement, il est un hiatus qui ne cesse de prendre de l’ampleur entre la perception populaire idéalisée de cette religion et sa réalité plutôt miséreuse en termes démocratiques. En effet, le commun des fidèles croit toujours en une foi d’islam selon sa conception pure d’origine, soit de religion de droits et de libertés, révélation libératrice ayant produit une civilisation universelle.

Ce faisant, ils ne font que ressasser un âge d’or évanoui que ne cesse de leur rappeler en soporifique nombre de profiteurs de l’état actuel si désolant de cette religion, notamment ses intégristes et traditionalistes, sans parler des responsables politiques de tous bords qui en usent en opium castrateur du moindre élan vers la contestation de l’ordre inique établi, national comme international.

C’est, au reste ce qui explique l’effervescence constatée dans les milieux intégristes musulmans qui font actuellement feu de tout bois en vue de défendre leur privilège menace d’autorités proclamées et honorées, quoiqu’illégitimes, dans la conception pure de la religion d’origine qui délégitime le moindre intermédiaire entre Dieu et ses créateurs.

Car ils savent que la mentalité chez les masses est en train de changer, qu’on peut désormais parler d’islam et le valoriser, mais pas en tant que religion obscurantiste, mais plutôt de foi de droits, tous les droits humains connus, et de libertés, toutes celles reconnues dans le monde civilisé, sans nulle limitation dogmatique. C’est ce que je nomme NOESI-S, Nouvel Esprit I-slamique et y travaille, comme tant d’autres, pour un islam de son temps, une foi postmoderne

À la vérité, ce qui fait le plus peur aux activistes islamistes, c’est qu’ils savent bien que leur péché originel est de vouloir, au prétexte de combattre une islamophobie, encenser une foi, mais pas celle de de l’imaginaire populaire, foi de droits et de libertés, plutôt ce qu’elle est devenue du fait des avanies de l’histoire et du vol et viol dont la foi spirituelle originelle a fait l’objet : une religion obscurantiste.

 

Un meilleur goal : la révolution mentale 

La peur des intégristes est d’autant plus grande qu’ils savent que leurs complices d’Occident sont soit des complices objectifs, leurs supposés ennemis, soit de vrais démocrates qui ne tarderont pas à prêter l’oreille à l’autre son, inaudible jusqu’ici, qui ne défend pas l’islam au nom d’un particularisme obsolète, mais de son essence véritable précitée, qui est bien celle de l’inconscient collectif des musulmans.

Or, une telle conception, au nom même de l’islam pur, les combat avec leurs propres armes ; surtout, elle met à bas tous leurs tabous, qui ne sont, en vérité que de supposés tabous, mais continuent à défigurer l’islam originel.

Ainsi ne pourra-t-on plus, par exemple, continuer à ne pas admettre l’égalité successorale entre mâle et femelle, inégalité qui n’est que le produit de la cogitation obsolète d’exégètes misogynes, ni prétendre islamique une quelconque vêture, dont notamment le voile, ni maintenir les crimes actuels contre les innocents au nom d’une homophobie inventée illégitimement en islam, ni poursuivre la désinformation sur la seule interdiction en matière d’alcool en islam, qui n’est que d’en boire sans mesure et jusqu’à l’ivresse.

D’ailleurs, sur ces deux dernières questions, on a bien noté l’hésitation des autorités qataries lors de la préparation de leur coupe du monde, ayant été même prêtes, à un certain moment, de cesser l’injuste harcèlement, au nom de l’islam, des supporters étrangers attendus sur leur sol. C’est qu’ils savaient et savent que toutes leurs interdictions supposées morales étaient de fait immorales, étant une lecture biaisée de la foi dont ils assurent s’en réclamer. Au final, s’ils se sont alignés sur l’attitude la moins libérale en la matière, ce fut grâce à la complicité de certains milieux occidentaux bien aisés avec l’état des lieux actuels de l’islam religion rétrograde.

C’est ce qui finira par changer fatalement en usant, comme précédemment précisé, par l’arme même de cette foi, se réclament de son esprit pur et de son texte d’origine, la Révélation première avant son altération par la politique politicienne.

C’est bien la gageure s’offrant à l’Arabie Saoudite d’oser y agir en tant que terre se voulant sacrée du fait de la présence de la Mecque sous sa juridiction. Il s’agit de ne point contrarier le sens de l’histoire, avoir l’intelligence de l’accélérer même dans le domaine religieux même, ainsi que le prince héritier  du royaume s’applique à la faire dans la sphère politique et même des mœurs du pays, quoique plus timidement et à échelle restreinte, se limitant encore aux étrangers.

Autrement dit, en s’appuyant sur le sport, l’engouement des foules pour le football et ses stars occidentales, les autorités saoudiennes veilleraient désormais à régler la montre de la religion officielle du pays sur l’heure des valeurs humanistes universelles comme elles le font, hors islam, dans tous les autres domaines de la vie officielle de leur pays.

En cela, l’on se gardera surtout de faire l’erreur fatale des démocrates arabes, ou supposés tels, qui le font en occidetalocentristes, crypto-islamophobes à la vérité. Ils se devront de le faire en démocrates authentiques sur la base des préceptes d’origine de la religion musulmane réhabilitée en foi libertaire, ce qui est son génie originel.

Assurément, l’Arabie Saoudite usant du fair-play sportif, en faisant du fair-pray, réussira alors son plus beau goal, accélérant la révolution mentale dont l’islam a le plus besoin et qui est en cours, mais si lentement encore.

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  • L’islam originel, c’est d’abord le Khalifa et surtout la Charia. Donc la loi des hommes (particulièrement celle de la démocratie occidentale) ne peut en aucun cas s’appliquer. Le khalif est un despote qui règne sur son état selon la volonté de Dieu et la meilleure façon d’asservir ses sujets est d’en faire des dévots. Le khalif ne peut être renversé si c’est la loi de Dieu qui l’a instauré. Ce système ressemble étrangement à notre monarchie de droit divin de l’histoire de France. Sauf qu’à cette époque, il existait 1 hiérarchie civile et 1 hiérarchie religieuse. Cette dualité a permis à la hiérarchie civil de supplanter l’autre au bout de 2000 ans. Dans l’islam, les 2 hiérarchies ne font qu’une. Donc ce système n’est pas prêt d’évoluer comme le montre par exemple le combat contre le foulard en Iran : ces femmes impies qui se révoltent contre un précepte coranique. La doctrine officielle est que même si les molahs le voulaient, ils ne pourraient pas abolir cette loi sous peine de finir en enfer. Et qui veut finir en enfer ?
    Alors, pour un khalif, autant appliquer la religion et l’adapter pour bien asservir son peuple.
    Pour la petite histoire, les princes saoudiens qui reviennent de l’étranger ont un accès sans passage à la douane dans leur pays. Ils y ramènent ainsi toute sorte de produits interdits pour leur usage personnel comme l’alcool en particulier. Quand on est khalif, on n’est pas obligé de croire en l’islam…

    • C’est un problème de mentalité pas de religion, l’expression de cette dernière n’étant que la vitrine de la première. Ces dernières décennies, l’islam s’inscrit dans un mouvement de schismogenése de ces peuples, alimenter par un ressentiment, lui-même nourrit par une ancienne situation d’infériorité/dépendance à l’occident. L’Iran en est un bel exemple. Et l’Arabie Saoudite montre cette mise à niveau avec l’Occident (urbanisme, tourisme et sport plus consensuels dans un premier temps) qui permettra ensuite le déblocage progressif des mentalités traditionnelles et la mise en place de réels partenariats entre ces deux entités.

  • Croire qu’un islam (soumission) pur pré-existe à l’obscurité de prêtres (imam, mollah) rétrogrades est un mythe : c’est imiter Voltaire dans sa lecture du Christianisme : sauf que l’islam n’est pas le christianisme, et les imitations de Voltaire sont loin d’être Voltaire : cela n’aboutit qu’à une salade mal assaisonnée, du genre du prêchi-prêcha ci dessus : si certains pensent que le foot global va sauver l’islam, cette religion que je pense mal en point l’est vraiment

  • hum…il y a les courses de chevaux , de dromadaires , de lévriers, maintenant on passe à étaler sa richesse et son narcissisme dans le foot .j e ne vois aucune évolution positive je changerai d’avis quand les femmes « la joueront comme Beckham « lol

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