Contrôle des changes en Afrique du Sud : suivre le conseil de Mandela

L’Afrique du Sud a l’un des régimes de contrôle des changes les plus restrictifs au monde. Déjà à son époque, Nelson Mandela en appelait à son abolition.

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Contrôle des changes en Afrique du Sud : suivre le conseil de Mandela

Publié le 13 décembre 2018
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Par Jasson Urbach.
Un article de Libre Afrique

L’Afrique du Sud doit apprendre de l’expérience du Zimbabwe. Au cours de la période 2009-2013 où le MDC de Morgan Tsvangirai dirigeait le ministère des finances, le Zimbabwe a levé tous les contrôles sur les devises et les prix. Les résultats ont été spectaculaires : la croissance économique s’est élevée à 8 % en moyenne par an pendant cinq ans, et le taux d’inflation a reculé pour atteindre le taux de 7 %.

Une croissance tellement facile !

L’économiste zimbabwéen Edward Cross avait déclaré :

« Ce qui inquiète le plus les autorités à propos du contrôle des changes, c’est qu’elles puissent manquer de devises. C’est faux, et le Zimbabwe l’a prouvé. Nous avons supprimé les contrôles des changes et réussi à stabiliser les prix. La grande peur de manquer de devises pour payer les importations s’est révélée fausse. Nous avions des millions de dollars de plus pour payer les importations dont nous ne disposions pas auparavant. L’Afrique du Sud a l’un des régimes de contrôle des changes les plus restrictifs au monde. Le même constat est valable pour le Venezuela. Nous pourrions résoudre leurs problèmes en une heure. »

Chaque jour, les contrôles de change, par l’Afrique du Sud, détruisent de plus en plus de croissance économique, de création d’emplois et d’opportunités de transformation. Chaque jour, ils augmentent la pauvreté et exacerbent les inégalités. Si le Président Ramaphosa veut sérieusement stimuler la croissance économique et réduire la pauvreté, il ferait bien de se souvenir des paroles de Nelson Mandela qui, dans son discours du 9 février 1996, a déclaré : « Pour nous, la question n’est pas si, mais quand, ces contrôles seront éliminés. » Cette déclaration a suivi l’annonce, par le ministre des Finances Trevor Manuel en 1995, du lancement d’un « processus d’abolition progressive » pendant cinq ans, en s’expliquant : « le rand n’est pas sous notre contrôle … » Le gouverneur de la Banque de réserve, Tito Mboweni, a ensuite reconnu en 2005 que le moment était venu pour démanteler entièrement le contrôle des changes. « À toutes fins pratiques », a-t-il déclaré, « les contrôles des changes sont devenus inutiles… le coût de l’administration du contrôle des changes et les inconvénients liés à la gestion n’en valent pas la peine. »

La recette de l’échec

En 1961, peu après le massacre de Sharpeville, le régime d’apartheid de HF Verwoerd introduisit ce que Hitler avait conçu comme la Reich flight tax, ce qui fut une tentative complètement ratée de garder des fonds dans le pays. Les moratoires subséquents ont révélé qu’il n’y avait en fait qu’un faible pourcentage de milliards qui avaient fui à l’étranger.

Malgré l’existence des contrôles de change les plus austères, le rand a rapidement perdu du terrain. La spirale descendante s’est poursuivie et alors que le Rand ne vaut actuellement que 6,2 % de sa valeur de 1970, il avait même dégringolé à 4,2 % de cette valeur. Ceci malgré les tentatives acharnées des bureaucrates de la Banque de réserve d’Afrique du Sud (SARB) de contrôler les transactions de change chaque jour ouvrable de l’année. Bref, ces mesures n’ont manifestement pas réussi à protéger la monnaie depuis plus d’un demi-siècle, ce qui a coûté cher à l’Afrique du Sud et à ses pauvres.

Un environnement hostile aux investisseurs

Les contrôles de change ne servent qu’à fausser le marché. Ils poussent les investisseurs, locaux et étrangers, à se méfier d’un gouvernement qui veut suivre des règles différentes de celles qui s’appliquent dans les autres pays qui souhaitent attirer et conserver des capitaux d’investissement. De tels contrôles rendent les investisseurs réticents à investir en Afrique du Sud, où ils savent qu’un simple bureaucrate de Pretoria a le pouvoir d’appliquer des règles imprévisibles qui n’ont pas été approuvées par le Parlement et de décider si, où, quand et comment ces fonds peuvent être investis ou désinvestis. En outre, les histoires d’horreur abondent au sujet des expériences récentes subies par des investisseurs à cause de ces personnages erratiques et leurs agents des banques sud-africaines, portant gravement atteinte à la réputation de l’Afrique du Sud en tant que destination d’investissement.

Comme le note le Dr Brian Kantor, économiste respecté de l’Afrique du Sud, l’abandon total des contrôles des changes réduirait non seulement les coûts bancaires et autres liés à la gestion d’une multinationale à partir de l’Afrique du Sud, mais entraînerait une baisse de la prime de risque aux investissements réalisés dans le pays. Leur élimination réduirait en fait le coût du capital en Afrique du Sud.

Les pays à forte croissance cherchent délibérément à créer le type propice d’environnement qui attirera les entrepreneurs et les investisseurs qui prennent des risques. Avec la confiance actuelle inattendue et peut-être temporaire dans notre pays et sa monnaie, il y aura rarement un meilleur moment pour abolir cette honteuse relique de l’apartheid.

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  • C’est comme pour baisser les impôts quand on est du mauvais côté sur la courbe de Laffer : c’est la bonne solution, mais il faut avoir de quoi remplir un caleçon XXXXL pour la prendre.

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