Éducation : après les élèves et les profs, l’école elle-même doit être évaluée

Evaluer c’est bien mais réformer c’est encore mieux. On attend toujours les actes de M. Blanquer.

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Jean-Michel Blanquer by Institut des Amériques(CC BY-ND 2.0)

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Éducation : après les élèves et les profs, l’école elle-même doit être évaluée

Publié le 24 octobre 2018
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Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’Iref-Europe

Un rapport parlementaire rendu public fin septembre et plusieurs déclarations du ministre Jean-Michel Blanquer ont provoqué pas mal d’agitation à l’Éducation nationale et suscité beaucoup de réactions dans les médias. Il s’agit de plusieurs pistes et propositions afin de mettre en place une évaluation des élèves, des enseignants et des établissements. À première vue, l’idée semble très séduisante dans un pays où l’on ne cesse de recenser les défauts de l’Éducation nationale. Sauf que derrière les bonnes intentions se cachent souvent les mauvaises solutions. Il existe déjà une évaluation régulière de notre système éducatif faite par des organismes internationaux dont le célèbre test Pisa.

L’évaluation interne ne résout rien

Le ministre a tort lorsqu’il affirme que « Ce n’est pas très agréable pour la France d’avoir des évaluations qui viennent de l’extérieur et qui font, de temps en temps, l’effet d’une douche froide. Je préfère que nous ayons notre propre système d’évaluation ». Mettre en place une évaluation interne ne va pas guérir l’école française. Des enseignants français évalués par d’autres enseignants français, cela risque de fausser les résultats. Puis, une évaluation impartiale et efficace ne serait possible que dans les conditions d’une véritable autonomie scolaire, avec des établissements dotés de budgets propres et des directeurs d’école jouissant de vrais pouvoirs. Les (très) nombreuses études comparatives internationales ont montré que les systèmes éducatifs les plus libres et les plus autonomes obtiennent aussi les meilleurs résultats.

Si l’école britannique a beaucoup grimpé dans les classements internationaux, c’est parce qu’elle a été réformée : adoption de charter schools, d’autonomie et financements variés. Les directeurs sont devenus de véritables chefs d’entreprise. La concurrence entre les écoles se fait naturellement et les parents choisissent les meilleures. En Allemagne et aux Pays-Bas, pas d’évaluation nationale non plus, les classements internationaux leur suffisent. Mais la plupart des enseignants allemands et néerlandais n’ont pas de statut de fonctionnaire. Les directeurs des écoles sont libres d’embaucher et de débaucher selon les besoins et les compétences.

De nombreux rapports, y compris ceux de la Cour des comptes, et des dizaines de livres, ont déjà évalué en détail l’Éducation nationale. Un ancien proviseur, Jérôme Logre, vient de publier un livre intitulé La vérité sur votre école : il ne voit pas d’autre solution que l’implosion du ministère car l’Éducation nationale est « obèse, ingérable et inefficace ». Ce qu’il faut, c’est « l’autonomie et la décentralisation ».

Evaluer c’est bien mais réformer c’est encore mieux. On attend toujours les actes de M. Blanquer.

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  • POURQUOI L’EDUCATION NATIONALE VA MOURIR ET COMMENT
    On sait que les nouvelles technologies vont bousculer les structures en place , mais on n’ose pas évoquer jusqu’où. Voici un exemple

    Prenons l’EDUCATION NATIONALE qui se vante d’offrir a tous l’égalité des chances , alors qu’il est clair que les taux de réussite sont parfaitement disparates et largement en faveur des lycées de centre ville versus la banlieue populaire.. Ne parlons pas de campagne reculées Qui imposent des frais de transport insupportables a des populations sans grands moyens.

    Imaginons 10 des meilleurs professeurs de mathématiques issus des meilleurs établissements du pays mettant au point ensemble les cours de mathématique de la classe de 4 ème par exemple, assistés par un groupe de support « corrections questions réponses de 100 personnes par exemple..
    Une fois les enregistrements terminés ils sont reproductibles a l’infini sans un euro de plus.. il s’agit là de passer d’une production scalaire a une distribution non scalaire..

    Donnons accès a ces cours par internet.
    Instantanément sur toute la planète des élèves chez eux ou dans une classe avec un support pédagogique pluridisciplinaire ,y auront accès.

    Les élèves auront la même qualité d’enseignement que les meilleurs établissements sont capables de produire et ceux a 50 000 fois moins cher puisque reconductibles chaque année.

    Voici un exemple qui augmente la qualité , baisse les coûts et est accessible a tous..de la creuse a Yaoundé
    si on fait çà pour toutes les matières?
    Quels arguments foireux pourraient s’y opposer? gageons que si l’éducation nationale ne le fait pas d’autres vont s »y coller

    • Ce que vous proposez existe déjà à l éducation nationale pour toutes les classes et toutes les matières : le CNED.
      Je dis seulement que ça existe, je ne dis pas que cet enseignement à distance est de qualité ( trop d idéologie en histoire géo et en sciences, ). Ce qui est malheureux c est que pour avoir accès à cet enseignement il faut ruser, mentir, intriguer, trouver le bon fonctionnaire au rectorat qui donnera son accord, se battre avec les médecins scolaires qui sont contre ( socialisation…ouh ouh ) etc…

      • nous sommes passés depuis 30 ans de l’ère Gutenberg a l’ère marconi..
        L’éducation nationale peut bien faire ce qu’elle veut , cette offre verra le jour pour le bien de tous, de toutes façons..

        Apparemment le CNED ne vise pas l’enseignement standard .
        On ne peut pas faire sa 5 eme avec le CNED ,
        ce que je décris serait accessible en lieu et place de l’enseignement tel qu’on le connait aujourd’hui
        çà se fera

    • @claude henry de chasne

      Votre analyse très actuelle me semble pourtant succincte.
      La présence physique d’un professeur serait selon vous inutile avec un accès internet tout aussi efficace.
      Pour un élève de 4 ème en particulier,il semble vous avoir échappé que Snapchat,les jeux en lignes et autres « followers youtubers géniaux »,etc…etc…, sont nettement plus palpitants que d’insipides cours de mathématiques !
      Des notions importantes comme l’effort, la volonté,le travail,ne s’acquièrent pas avec l’aide de l’I.A.qui incite le plus souvent à la passivité et à l’hébétude chez un adolescent.
      L’I.A. ne peut enseigner, pour simple exemple, l’abstraction de la discipline qui est nécessaire pour tout adolescent dans le cadre de ses études.
      Cette notions semble obsolète,et pourtant l’actualité démontre de façon évidente que l’I.A.n’est pas la panacée en terme d’éducation.
      il serait à contrario absurde de l’ignorer.
      Ne serait-il pas temps de la positionner à sa juste place en comprenant que son rôle essentiel dans le cadre de la société numérique ne peut en aucune façon ignorer l’importance primordiale des échanges intellectuels directs, puisque « l’homme ne reste avant tout qu’un animal social »?

      http://science.tbs-education.fr/2018/04/21/lintelligence-artificielle-et-leducation-faut-il-changer-les-methodes-ou-les-hommes/

      • je n’ai sans doute pas été très clair.
        il ne s’agit pas d’IA, il s’agit d’offrir a tous des cours élaborés par les meilleurs professeurs du pays..
        cours enregistrés et disponibles sur internet, avec exercices et corrigés..
        ces cours pourraient etre vus en classe , en présence d’un « éducateur » chargé de la paix en classe ou chez soi , au choix de chacun..
        il ne s’agit la pas d’education mais de transmission des savoirs, ,l’éducation stricto sensu est un autre domaine qui n’a rien a voir , car comme on peut le constater cela demande des profils un peu particuliers, nécessitant des techniques , comme chez les militaires par exemple

        • La qualité du cours n’est que secondaire. Et le pire, c’est que si vous offrez à tous le meilleur des cours, cela repousse encore plus dans l’ombre ce qui est essentiel : donner à l’élève l’envie d’apprendre, l’émulation, la compréhension que le savoir changera sa vie en mieux. Le meilleur des enseignants ne peut le faire qu’en contact direct avec ses élèves. Nous ne sommes pas à l’ère Marconi, nous sommes à l’ère de la zapette…

    • Les cours en lignes sont efficaces pour les élèves les plus motivés. Et en général ce sont les meilleurs. La présence de cours en ligne permet d’améliorer le niveau de l’élite des élèves. C’est une bonne chose.
      Maintenant pour les 99% restants, s’il n’y a pas un humain présent pour faire une pression morale et de jugement, ils ne travailleront pas. Et bien évidemment, il y en a parmi les 99% une bonne part qui ne font déjà rien malgré la présence du professeur.
      Une simple preuve: allez dans un cours de PACES où les amphis sont dédoublés (cad un prof pour plusieurs amphis avec des vidéoprojecteurs). Inutile de vous dire que l’ambiance et le niveau sont différents entre les amphis. Et la on parle d’élèves de 19/20 ans…

      • mais il peut y avoir un humain présent , un humain spécialisé dans la gestion sociale voire ducative..
        pas besoin d’un agrégé pour faire çà

        • En France, et surtout dans le public, le statut prime sur le reste, et justifie les prébendes, qui augmentent avec le temps.

    • Je pense que vous négligez l’importance de la contrainte et de la frustration dans l’apprentissage.
      Même les plus doués et les plus travailleurs se soumettent à l' »enfer des prépas » au lieu d’apprendre dans les livres ou les MOOC.
      Ce qui manque à l’Educ. Nat. ce ne sont pas tant des cours video bien léchés que des profs qui aient le droit de pousser au cul leurs élèves jusqu’à ce qu’ils donnent ce dont ils sont capables.
      Et au passage on peut oublier le mythe PISA qui ne mesure guère que la conformité à des critères culturels anglo-saxons ou OCDE et surtout pas l’esprit critique.

      • donc il ne s’agit plus de transmission des savoirs mais de management sous contrainte , le sergent ramirez est spécialisé la dedans vous pouvez lui faire confiance

        • @claude henry de chasne

          « l’enfer des prépas »très justement évoqué par @mc2 est bien plus qu’une contrainte!
          il est librement accepté par des élèves très doués qui ont une conscience aigüe qu’être doué n’est qu’un minimum.
          N’oublions pas qu’il ne suffit pas d’être intelligent ou même surdoué pour réussir.
          L’origine de la motivation dans le cadre des études,ou autre,est bien en rapport avec l’affect.
          La période de l’adolescence est l’une des plus importantes de la vie avec ses problèmes d’orientation aux conséquences parfois définitives. Gérer ses émotions le mieux possible n’est pas évident à cet âge,mais reste pourtant déterminant.
          L’encadrement par des adultes ne démissionnant pas devant leurs responsabilités est primordial.
          il est donc élémentaire de revenir aux fondamentaux de l’éducation, souvent dénigrés à tort en contradiction flagrante avec le fonctionnement même de nos sociétés pour lesquelles les ordres de type « sergent ramirez »sont aussi une réalité,que l’on puisse ou non le déplorer.

  • D’ici à ce que ce politicien de révèle être pire que les autres …..Après des effets d’annonce prometteurs il ne fait jusqu’ici rien d’autre que ce qu’on fait ses prédécesseurs : parlotes , bla bla , réunions et mises en place de commissions . L’omerta doit rester de mise voyons puisqu’ils ont le savoir par définition !

    • il faut enlever le statut de fonctionnaire a tout ce bousin, les anti cléricaux on bouté hors les murs les ecclésiastiques pour prendre leur place et leur monopole au 19 eme siecle .. très bien
      Au 21 eme que les profs soient en CDI (comme en suede) avec un manager direct qui aurait le droit de les virer, de les augmenter d les motiver.. et hop plus de probleme pour 5 fois moins cher avec 35h dans l’établissement (je n’ai pas écrit 35h devant les élèves)

      les ministres se succèdent et on a encore des agrégés profs de gym, et 30% ds effectifs dans les académies a se branler! faut arrêter de déconner
      ou alors on laisse pourrir l’institution en mettant nos gosses dans le privé et basta

    • La seule nouveauté, c’est la communication. C’est le meilleur élève de Macron!

  • mais l’amélioration est en cours…il suffit de faire en sorte que les derniers élèves qui réussissent encore à apprendre quelque chose échouent et on aura l’ÉGALITÉ dans la médiocrité.
    et quoi de plus beau que l’égalité.
    on fa

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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