Les bénéfices du CAC 40 profitent davantage à l’État qu’aux actionnaires

Les bénéficiaires des résultats du CAC 40 sont avant tout les États (53 % des bénéfices avant impôts), suivis des actionnaires (41 %) et des salariés (6 %).

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Wall Street (Crédits : RMajouji, Creative Commons)

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Les bénéfices du CAC 40 profitent davantage à l’État qu’aux actionnaires

Publié le 21 septembre 2018
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Par Cécile Philippe et Nicolas Marques.
Un article de l’Institut économique Molinari

Cette année les entreprises du CAC 40 devraient enfin dépasser leur dernier record de profits, 96 Md€ en 2007. Si cette performance réjouit d’avance certains, elle est de nature à alimenter les inquiétudes de ceux qui n’en bénéficient pas directement. N’est-ce pas, une fois de plus, le signe d’une société qui se segmente, les profits des uns ne bénéficiant pas nécessairement au plus grand nombre ? La réponse dépend de la perspective que l’on adopte, selon qu’on analyse les gains des seuls actionnaires ou de la société dans sa globalité.

Depuis que le capitalisme existe, un débat se développe entre ceux qui contestent son essor ou ceux qui cherchent à le faire évoluer, ou tout simplement profiter de son existence. Questionner l’apport de l’entreprise à la société est devenu une démarche récurrente. Les entreprises sont à la fois une source d’espoirs, de doutes, voire de craintes. Capables de fédérer un écosystème unissant salariés, dirigeants, banques, prestataires et sous-traitants, États et actionnaires, elles sont un maillon clef de la création et du partage de valeur entre parties prenantes.

Les actionnaires gagnent-ils trop ?

D’un point de vue historique, le débat a longtemps été de savoir si l’entreprise répartissait de façon équitable les gains entre les actionnaires et les salariés ou si, au contraire, les gains des uns évoluaient au détriment des autres.

De nouvelles interrogations ont vu le jour au cours des dernières années. Dans plusieurs pays européens, la persistance de déficits publics et la montée en puissance de la dette créent une tension entre ceux qui sont favorables à une taxation accrue et ceux, au contraire, qui prônent une taxation plus clémente. Cette tension est particulièrement significative en France, pays caractérisé par la persistance (l’existence ?) de déficits publics significatifs concomitants d’une pression fiscale très élevée.

Un débat parfois caricatural se développe au sein du grand public, avec un risque de polarisation des opinions sur des positions tranchées et irréconciliables. Un certain populisme économique conduit, en effet, de plus en plus à décrier les grands employeurs, en les accusant de tous les maux : ils ne partageraient pas les profits, ils privilégieraient les dividendes sur les investissements, ce qui générerait un enrichissement anormal des actionnaires.

L’entreprise, passager clandestin ?

Pour certains, l’entreprise se comporterait aussi en « passager clandestin », en profitant des services offerts par les États et les administrations publiques, tout en rechignant à participer à leur financement. Les employeurs sont ainsi périodiquement accusés de ne pas payer assez d’impôts, d’optimiser les crédits d’impôts (CICE…) et de pratiquer l’optimisation fiscale.

Ces assertions sont génératrices d’interrogations voire d’inquiétudes au sein des opinions publiques. Des présentations partiales ou biaisées contribuent à entretenir une vision clivante, héritée du concept de lutte des classes en s’appuyant, ironie de l’histoire, sur l’abondante masse d’informations financières disponibles. Destinée à présenter les résultats des entreprises, elle se focalise sur des données significatives pour les actionnaires.

Or la création de valeur pour la collectivité au sens large est extrêmement difficile à appréhender avec les présentations comptables ou financières classiques, qui sous-évaluent les gains pour la collectivité, tout en sur-évaluant les recettes des actionnaires – en présentant des dividendes avant impôts.

L’analyse des résultats des entreprises du CAC 40 illustre parfaitement ce biais. Il y a quelques mois, une ONG d’origine britannique faisait la Une de l’actualité en annonçant qu’en 2016 les plus grandes entreprises françaises avaient redistribué 67 % de leurs bénéfices aux actionnaires.

À l’en croire, ce prisme actionnarial fragiliserait le développement des entreprises en question et creuserait les inégalités. Or les mêmes calculs, refaits par l’Institut économique Molinari, en prenant en compte la fiscalité, montrent une réalité bien différente. Les bénéficiaires des résultats du CAC 40 sont avant tout les États (53 % des bénéfices avant impôts), suivis des actionnaires (41 %) et des salariés (6 %).

Comme l’écrivait en 1850 Frédéric Bastiat, en économie le risque est de s’arrêter à « ce que l’on voit », sans réaliser l’importance de « ce qu’on ne voit pas ». Les entreprises ne dérogent pas à cette règle, une analyse raisonnée de leur contribution ne peut se cantonner aux gains des actionnaires.

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  • le pourcentage appliqué aux dividendes pour l ÉTAT et dont sont victimes les PME est encore plus malfaisant.
    refaites un article et donner en valeur réelle ce qu un entrepreneur doit lâcher à l état sur 40000 euros de dividendes par exemple.
    ne pas oublier les divers impôts et taxes en tous genres en amont.
    quand on connait le boulot d une année pour obtenir cette somme de 40000 ( horaires delirants emmerdes technocratie à outrance ….) et quand on voit ce qu il reste des 40000! époustouflant!!!
    effectivement le salarié ne retiendra que 40000!!

  • Et que deviennent les dividendes une fois versés aux actionnaires ? Quelle est la part de nouveau réclamée par l’état, la part réinvestie par l’actionnaire dans d’autres entreprises ou la même, et la part consommée ?

    • @ MichelO
      Dans plusieurs pays les dividendes font l’objet d’une taxation forfaitaire libératoire appelée « précompte mobilier » (+/- 30%); souvent libératoire: cela signifie que ces sommes, hors précompte prélevé à la source, sont libres d’autres taxes ou impositions donc hors impôt sur le revenu.

      D’autre part, la valeur d’une action varie. La France et d’autres pays taxent la plus-value à la revente: c’est curieux, car vous n’aurez droit à aucun remboursement en cas de moins-value! (vous prenez 100% du risque à votre charge)

      On peut critiquer le système (quasi mondial), on ne peut pas le supprimer.

      • Non, mais déjà on peut le présenter exhaustivement et objectivement, ou au moins sous tous ces aspects. Or l’état se sert encore très largement en France dans la poche de l’actionnaire, après que les dividendes aient été distribués et comptabilisés par ces associations activistes. D’autre part, l’actionnaire en réinvestissant lui-même ou par le biais des fonds de capitalisation qui lui servent d’intermédiaires, contribue aussi à l’investissement des entreprises. Or quand on cherche à obtenir les historiques nets de net des montants investis, consommés, ou versés au fisc du point de vue de l’actionnaire plutôt que de celui de l’entreprise, on ne trouve rien. Ou alors, c’est que je ne sais pas chercher sur internet, d’où ma question.

        • @ MichelO
          Il me semble déjà que la « Loi » devrait choisir entre taxer le capital ou les revenus: taxer les deux, c’est évidemment contradictoire et taxer le capital, c’est tuer petit à petit la poule aux oeufs d’or! Il vaut mieux taxer les revenus qui, par définition, se renouvellent!

          Ainsi, une entreprise pourra grandir au rythme de sa croissance en capital: grandir, souvent, c’est gagner plus: plus de vente, plus de personnel, plus de clients, plus d’articles variés fabriqués donc plus de visibilité et plus d’actionnaires (anciens ou nouveaux).

          La grandeur d’un pays est viscéralement lié à ses entreprises.
          Une entreprise permet à ses salariés de vivre et de dépenser: c’est donc un facteur positif pour l’économie des personnes et finalement du pays!

          Il n’y a donc pas concurrence entre état et entreprises: plus il y a d’entreprises, plus il y a de production, plus il y a de prospérité, moins il y aura de chômeurs et plus il y aura de gens à payer les taxes et impôts.

          Augmenter taxes et impôts, c’est l’inverse: ça appauvrit les entreprises (+/- dégoûtés) et les gens (aussi), donc le pays!

          C’est quand même simple à comprendre!

          La différence, c’est qu’un PDG (salarié), peu performant se doute qu’il sera viré, un politicien sera, lui, « recasé ». Forcément ce n’est pas la même chose!

        • @ MichelO
          J’ai tenté de vous répondre, mais mon texte est passé à la poubelle! Désolé!

          • Votre texte a sans doute attendu qu’un modérateur ait le temps de le laisser passer…
            La question de savoir s’il vaut mieux taxer le capital ou les revenus est assez secondaire : il vaut mieux ne rien taxer du tout, là où se crée la richesse. La distinction entre capital et revenus est assez spécieuse, certaines entreprises capitalisent plutôt que de distribuer, d’autres distribuent plutôt que de capitaliser. Le seul critère devrait être le choix des dirigeants, suivant qu’ils pensent ou non que l’actionnaire trouvera de meilleurs emplois que leur société pour les bénéfices. Ce choix devrait de toute façon être fiscalement neutre, dans le cas où l’état décide qu’il n’a pas de vergogne à prélever là où se crée la richesse ou qu’il n’est pas capable de trouver des activités moins fructueuses à imposer. C’est en effet facile à comprendre, mais les buts d’un politicien n’ont rien à voir avec la logique de l’enrichissement général.

            • @ MichelO
              Merci de votre commentaire.
              Si, taxe sur le revenu ou sur le capital, c’est essentiel! Un état taxant le revenu ne retaxera pas le capital procuré par les revenus: la double punition n’existe plus!
              Votre plus-value est virtuelle, tant que vous ne faites aucune transaction sur cette base: vous touchez des dividendes: taxés, vous vendez le bien: taxé; vous le conservez: pas taxé!
              Vous avez un diplôme et un métier: pas taxé; vous l’utilisez pour gagner votre vie: taxé!
              Cette logique est infaillible tant que les taux de taxes restent rationnels et équilibrés!
              Les sanctions des états trop gourmands se cassent forcément les dents sur l’externalisation des capitaux: je ne dis pas que c’est justice mais ça existe bel et bien!
              J’ai travaillé, vécu et payé mes impôts dans 3 pays européens: cette petite expérience me permet juste d’exprimer mon avis personnel pas forcément très représentatif.
              Par exemple, j’ai fui la sécurité sociale française, sûr d’avoir déjà beaucoup, beaucoup mieux chez moi! Pour vous, c’est « le système que le monde entier vous envie », peut-être, pour moi, pas du tout!
              Votre pays, la France, se voit elle-même forcément parfaite, un modèle lumineux pour le monde sans se rendre compte qu’elle est bien sur le chemin du déclin! Il vaut mieux regarder la réalité que l’image illusoire qu’on se fait de soi-même! Allez voir ailleurs! Vous en apprendrez des choses! Moi, je l’ai fait! … sans aucun regret!

  • Sur 100 € de bénéfice d’une PME;
    I/S 33 € solde =67 €
    I/R tranche 45 % = 30 €
    Total ETAT 63 € . Solde action.= 47 €
    x 20 % TVA =Etat 10 € +63 = 73 € = ETAT =73 % Actionnaire : 27 %
    Sans parler de l’ IFI …
    Bien sur: on peut réinvestir les 47 €
    et payer in fine l’impôts sur les successions genre 45%
    Bref à la fin des fins l’Etat aura perçu 85 à 90 % et l’actionnaire 15 à 10 % selon son niveau de fortune…
    Les chiffres sont cruels!

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