Parcoursup se dégonfle

Le gouvernement cherche un moyen de revenir à APB, tout en faisant croire qu’il a réformé de façon courageuse un système obsolète.

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Parcoursup se dégonfle

Publié le 19 juillet 2019
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Par Jean-Baptiste Noé.

Plus les mois passent, plus les mesures phares d’Emmanuel Macron se dégonflent, révélant un gouvernement plus proche de celui de François Hollande que du nouveau monde. La procédure Parcoursup étant achevée, un premier bilan est possible. Globalement, la nouvelle plate-forme a bien fonctionné, mais elle est beaucoup plus lente qu’APB à cause de la suppression de la hiérarchisation des vœux.

Parcoursup = APB

Dans son fonctionnement global, Parcoursup est la même chose qu’APB. Hormis le nom, rien n’a changé. La plateforme d’inscription est la même, le site sur lequel se rendent les professeurs pour y déposer leurs avis est lui aussi le même. La grande réforme annoncée n’en est donc pas une.

Les blocages de Tolbiac ont bien servi le gouvernement : ils ont permis de faire croire à une réforme puissante et novatrice, tellement puissante que toutes les forces conservatrices étaient coalisées contre elle.

Exactement comme pour la réforme de la SNCF qui, en dépit des grèves, n’a débouché sur rien. C’est à se demander si ces manifestations de l’extrême gauche ne sont pas organisées de concert par le gouvernement et ses alliés pour faire croire que le gouvernement travaille, alors qu’il n’y a aucune réforme de fond.

Les vœux sont de retour

Le seul changement notable de Parcoursup est la fin de la hiérarchisation des vœux. Sous APB, les lycéens devaient classer leurs vœux par ordre de préférence. Cela a disparu avec Parcoursup. Du coup, quand les lycéens obtiennent une réponse positive, ils attendent d’autres réponses avant de se prononcer. Ce qui bloque les places, d’où la lenteur du système.

Avec APB, 80 % des candidats avaient reçu une réponse positive lors de l’ouverture du système, contre 50 % avec Parcoursup. À la fin de la procédure principale, il y avait 65 500 candidats sans affectation avec APB et 116 500 candidats sans proposition avec Parcoursup, plus 133 500 candidats ayant reçu une affectation, mais ne l’avaient pas validé. Cette lenteur est la principale faille du système, car elle bloque les candidats en attente ainsi que les lieux de formations alors obligés de faire des surréservations et qui ne savent pas combien d’étudiants ils auront réellement.

Résultat : plusieurs organisations syndicales (étudiantes et établissements) ont demandé que la hiérarchisation des vœux soit réintroduite. Ce à quoi le ministre de l’Enseignement supérieur a répondu qu’elle n’y était pas défavorable et que l’on pouvait y réfléchir. Réintroduire des vœux oui, car c’est une nécessité pour donner de la souplesse au système, mais il ne faut pas donner l’impression de revenir à APB étant donné que la fin des vœux était la seule différence avec le précédent système.

Du coup, on évoque aujourd’hui des « vœux podiums » ou bien des vœux qui ne seraient réalisés qu’à partir de juillet. Le gouvernement cherche donc un moyen de revenir à APB, tout en faisant croire qu’il a réformé de façon courageuse un système obsolète. Comme il est plus doué pour la communication que pour la réalisation, il devrait y arriver.

 

Voir les commentaires (21)

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Créer un compte Tous les commentaires (21)
  • la Politique du sparadra de l’éducation nationale !!!

  • j’avais compris que le nouveau système évitait les tirages au sort ?

  • La question de l’affectation est un des grands classiques de l’algorithmique, avec une solution des plus élégantes connue depuis 60 ans. Toutefois, pour que le problème soit bien posé, il faut que les choix soient hiérarchisés ! Le refus franchouillard de tout classement est la mère (le père ?) de tous les problèmes, le reste n’est que littérature !

  • Il semble surtout que la hiérarchisation des voeux par les étudiants ait été remplacée (en douce) par une hiérarchisation sociologique…
    D’où des affectations incompréhensibles…

  • Il était couru d’avance que la non-hiérarchisation des vœux allait tout bloquer. Ou contraindre certains inquiets à accepter un vœux secondaire, alors qu’ils auraient peut être pu obtenir une école préférée. Je n’ai vraiment pas compris la logique de la chose !!

  • Pas du tout d’accord avec l’auteur, on n’en est plus au même point, car parcours Sup a masqué une confiscation du pouvoir de sélection sur les dossiers qui était dévolue aux équipes recrutantes, au profit d’une valorisation de caractéristiques « sociales » des candidats : être boursier, venir de Bac Pro.
    Cette confiscation est opérée par les SAIO des rectorats, qui sont peuplés de gauchistes militants… et d’arrivistes allant dans le sens de leur hiérarchie.
    Par ailleurs, un dérive s’est instaurée car les proviseurs des lycées d’origine ont eu leur mot à dire dans des listes préaffectées en BTS, et ce sont pour la plupart des démagogues.

    • Pour éclairer la question, il faut savoir que l’article ne dit rien des quotas, lesquels sont déterminés dans les rectorats, avec des rectorats « en avance sur les autres » (on parle d’expérimentation).
      – Quotas de bacs dévalués,
      – Quotas de boursiers.

  • La hiérarchisation des vœux était la seule bonne chose d’APB. Cela permettait de mettre en oeuvre de très bons algorithmes pour optimiser les affectations, comme celui de Gale-Shapley (problèmes des mariages stables). Mais l’interdiction de la sélection à l’entrée de l’université interdisait d’aller au bout de la démarche, laissant des situations sans solution. Si on s’interdit de sélectionner sur le talent, il faut bien le faire sur autre chose, d’où les tirages au sort qui ont tant choqué.

    L’informatique n’est pas le problème. Quand on code de l’idéologie, on obtient de mauvais résultats. C’est la loi qu’il faut changer. La technique, c’est un détail.

    • La fin de la hiérarchisation s’est accompagnée d’obscurs critères de « mixité sociale » qui ont abouti à ce que des élèves médiocres aient été acceptés dans des filières où des bons élèves n’ont pas été admis.
      On se demande quelle est la supériorité d’un tel système par rapport aux inscriptions faites par les candidats eux-mêmes dans les établissements qu’ils choisissent…
      Sauf à accepter en final que ce soit l’Etat qui décide de qui va où…

  • C’est le culte des études interminables qu’il faut déboulonner.

  • « C’est à se demander si ces manifestations de l’extrême gauche ne sont pas organisées de concert par le gouvernement et ses alliés pour faire croire que le gouvernement travaille, alors qu’il n’y a aucune réforme de fond. »
    Sans aller jusque là, je crois ce gouvernement suffisamment machiavélique pour communiquer sur des « chiffons rouges » afin de mobiliser l’opinion sur ces sujets, et faire mieux passer en douce d’autres points plus contestables.
    La communication sur la réforme des retraites obéit aussi à cette stratégie: focalisation sur l’âge, et on ne parle pas d’une véritable soviétisation du système et de la spoliation des caisses qui ont des réserves financières.

  • C’ est bien joli tout ça mais à mon sens cela ne répond pas à une autre question qui mériterait je pense d’ être examinée de front une bonne fois pour toute: vers quelles filières une majorité de bacheliers se dirige-t-elle et surtout est-ce bien raisonnable toute cette jeunesse procrastinant en fac?

  • Je me damandais un truc tout bête: et si on laissait les universités sélectionner les dossiers?

    Un autre problème me semble être la valeur peu flatteuse du bac, obligeant les élèves à accumuler sans cesse des diplômes. Peut-on faire autrement (chèque scolaire et liberté des établissement, programme basé sur les pays réussissant le mieux, réel développement de l’alternance…)?

    • La question soulève le cœur du problème : la centralisation française, qui permet à une clique bien-pensante de procéder selon son idéalisme.
      Une solution par chèque scolaire et un organisme indépendant de certification permettrait très probablement de faire mieux.

  •  » plus les mesures phares d’Emmanuel Macron se dégonflent, révélant un gouvernement plus proche de celui de François Hollande que du nouveau monde. »
    gepetto a bien reussi son coup

  • Les Grandes Réformes annoncées ne débouchent jamais sur rien, puisqu’Emmanuel Macron n’a jamais rien connu d’autre que la façon de gouverner de François Hollande. Pour eux, tout n’est que pipeau et poudre aux yeux.
    Résultat : ils continuent à réfléchir et à avoir des états d’âme pendant que le pays sombre dans le chaos.
    Et pour ce qui est de la hiérarchisation des vœux, au vu du traitement des vœux d’affectation qui existent depuis longtemps dans l’armée et pour les enseignants de l’éducation nationale, cela restera toujours très approximatif. Question de compétence et de conscience professionnelle de l’Administration.

  • Les commentaires sont fermés.

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