Mise progressivement en place depuis 2018, cette réforme des lycées a ainsi abouti depuis l’année dernière à se passer complètement de mathématiques dans son tronc commun à partir des classes de première, ne laissant cette matière que pour les filières scientifiques. Joie, délivrance et décontraction pour une grande quantité d’élèves pour qui les mathématiques n’ont constitué qu’une forme élaborée de torture mentale tout au long de leur cursus scolaire, cette suppression leur a donc permis de se consacrer pleinement à toutes les autres matières (langues, histoire, géographie, français notamment) dont ils allaient faire leur miel lors de leurs études supérieures.
Las : une partie de ces mêmes élèves se retrouve à présent quelque peu déconfite lorsqu’il s’agit de candidater pour les études supérieures de leur choix qui, elles, réclament ou bien un niveau suffisant en mathématiques ou, pire, d’avoir continué cette matière bien au-delà de la classe de seconde. Patatras, les choses deviennent complexes : au moment de s’inscrire sur Parcoursup, certains découvrent l’horrible réalité que l’inscription en faculté d’économie (par exemple) nécessite un niveau de mathématiques qu’ils n’ont plus.
Bien évidemment, ici, on devra s’interroger sur le raisonnement obscur qui s’est mis en place dans la tête de ces élèves pour d’un côté s’inscrire sciemment dans les classes de première et de terminale ne comportant aucune option de mathématiques avec dans le même temps la ferme intention de poursuivre leurs études dans des disciplines pour lesquelles les mathématiques, si elles ne constituent pas un pilier fondamental, n’en sont pas moins présentes et indispensables.
Certes, ce niveau d’inconséquence portera à sourire pour des jeunes qui prétendent assez vite à participer à la société et plus alarmant, frétillent d’aise à la perspective de voter et s’engager politiquement pour certains d’entre eux…
Cependant, ce constat ne devra surtout pas faire oublier que ce pataquès vient s’ajouter aux trop nombreux autres qui s’empilent maintenant depuis des années pour tout ce qui touche l’instruction des enfants français : alors que l’Éducation nationale permettait jusque dans les années 1970 de former des individus aptes à s’insérer dans la société, les décennies suivantes ont violemment bénéficié de chacune des lubies du moment, de réformes toutes moins habiles et pertinentes les unes que les autres et la mise en place de systèmes d’orientation ayant spectaculairement échoué à produire autre chose qu’un désastre.
Il faut ici évoquer l’incompétence fulgurante des ministres et des administrations qu’ils ont, les uns après les autres, fait semblant de cornaquer dans le marais putride dans lequel l’équipage s’est enfoncé depuis des lustres et continue d’y barboter calmement.
Doit-on réellement s’appesantir sur les ratages, maintenant multiples et retentissants, de Parcoursup qui, d’année en année, étonne par sa capacité à inventer des situations toujours plus ubuesques, à laisser sur le carreau des étudiants, à produire des affectations farfelues et à ne pas tenir compte ni des souhaits ni des réalités de terrain ? On pourra arguer que seul un tout petit pourcentage d’élèves se retrouve consciencieusement embrouillé (pour ne pas dire broyé) par ce système mal fichu mais même un petit pourcentage, sur un grand nombre d’étudiants, cela finit par faire beaucoup.
Et à la fin, c’est toujours trop pour quelque chose qui devrait se passer sans anicroches au point que même le chef de l’État, pourtant pas réputé pour être en prise directe avec la réalité, finisse par admettre que ce truc est une usine à gaz stressante, rejoignant en cela les témoignages (nombreux) de ceux qui ont dû l’expérimenter.
Quant au reste, force est de constater que malgré l’empilement frénétique de réformes, le niveau scolaire des Français ne s’améliore pas, au contraire. Tout se passe comme si la succession de ministres hétéroclites n’avaient absolument pas aidé l’institution à simplement faire son travail, au contraire même. C’est à se demander si les efforts n’ont pas été portés de façon systématique et avec application sur à peu près tout sur ce qu’il ne faut pas faire.
Les exégètes des enquêtes de niveau scolaire menées ces dernières décennies multiplient les tergiversations, les euphémismes et les atermoiements pour ne surtout pas regarder la réalité en face et avouer que le Roi est nu, ou qu’il est, au mieux, vêtu de fripes rapiécées : la France n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut il y a 25 ans, et à plus forte raison il y a 50 ou 100 ans.
Tant et si bien que la récente suppression des mathématiques du tronc commun des classes de première et de terminale a provoqué des dégâts déjà visibles une paire d’années après cette magnifique initiative, au point tel que l’actuel ministricule en charge du Titanic éducationnel français a été obligé de convenir qu’il y avait un souci et qu’il fallait faire marche arrière : dès la rentrée 2023, les mathématiques reviennent dans le tronc commun.
Mhmh enfin, en théorie… Les dissensions se creusent entre la tête du ministère et l’administration, pour laquelle rien n’est réellement acté. Si vous êtes élève en 2023, bonne chance pour savoir ce qui va se passer exactement…
En somme, le bordel incompréhensible qui a présidé à l’instigation d’un Parcoursup finalement mal fichu et encombrant n’a pas été contenu et le voilà qui perfuse maintenant toutes les strates de l’administration scolaire française. Le programme, les options, la nature précise du tronc commun et ce qu’on doit faire ou ne pas faire n’est plus qu’une vaste soupe conditionnelle et floue. Pour tout dire, on dirait les douzaines de pages de protocoles sanitaires que Blanquer et sa fine équipe de malades mentaux ont pondu pendant la crise pandémique en espérant rendre simple le fatras d’injonctions contradictoires qui constituait la position officielle du gouvernement en la matière.
Dans ce bouillon opaque de réformes indéchiffrables ajoutées les unes aux autres, l’élève n’est plus qu’une variable d’ajustement. Et comme de surcroît, tout a été fait pour qu’il ne soit pas de plus en plus autonome et affûté, mais exactement le contraire, on ne parvient qu’à une unique conclusion : ce pays est foutu.
Je suis personnellement fatigué (et j’ai 28 ans) des réformes du lycée. Au moins deux par quinquennat, peut être trois ou quatre. Si les professeurs les plus optimistes peuvent y voir des chambardements excitant, un peu comme être opérateur radio à Dresde pendant les bombardements, je pense que la majorité d’entre-eux doivent trouver cela très pénible de devoir s’adapter en permanence aux lubbies du ministre en place. Tantôt les mathématiques, tantôt moins de mathématiques, les nouvelles matières, tantôt le bac qui change etc… Cela doit être impossible de travailler sereinement dans ces conditions.
Mais le plus pénible, c’est que les réformes du lycée sont inutiles. Peu importe la réforme : “réforme” le lycée n’a aucune importance. Au lycée, l’avenir scolaire est déjà tout tracé. La réussite académique, elle se construit déjà dès le primaire. Bricoler des horaires de mathématiques au lycée, réformer le bac, ajouter ou supprimer une matière… n’a aucune importance, aucun effet sur la réussite académique des enfants. Les réformes importantes doivent se faire au primaire, le collège et le lycée c’est déjà trop tard. Mais ce n’est sans doute pas glamour de se présenter ministre des enfants de 7 et 8 ans. Je suppose qu’il y a une part d’orgueil dans ces multiples réformes du lycée. En tant que ministre on veut SA réforme magique du lycée à son nom, encore mieux si c’est le baccalauréat, encore mieux si cela concerne des horaires de mathématiques, encore mieux si on peut dire que les filles sont plus nombreuses en fac de maths.
Pour citer de grands penseurs philosophes contemporains :
« Ma génération ? Elle a oublié les révisons du bac. Elle veut un dealer pas trop loin de la fac' »
[…]
« Elle veut réussir ses partiels… sans les réviser » – (Big Flo et Oli feat J. Doré)
Heureusement que l’ « école est inclusive » (pour reprendre l’expression de l’inspection académique), que le bac est pour tous, parce que certains n’y seraient même pas à la fac’.
J’ajoute que Parcoursup, dès sa première année, a mis sur la touche et l’y a laissé, mon neveu tout fraîchement bachelier dans la section S. Sans le sésame Parcoursup, pas de fac’.
Pour ceux qui sont bacheliers d’avant la création de ce truc, reprendre des études ou vouloir justement en faire, c’était déjà pas facile, alors maintenant…
Avant Parcours up, pour me.reibscrire à la fac dans une autre région, il me fallait me preinscrire en janvier/février pour la rentrée de septembre. Au tournant des années 2000, pour m’inscrire, il me fallait me pré-inscrire en septembre, revenir la semaine suivante finaliser l’inscription,.payer les frais, et revenir à la rentrée d’octobre. C’est sûr ! Parcousup a tout facilité !
Ils font les choses pour décourager, au lieu de rendre les facs facilement accessibles aux meilleurs, ce qui ne serait pas gaucho friendly. Que des faux culs tordus. toute l’ administration fonctionne comme ça.
Vu le niveau, c’est un instrument permettant de limiter les échecs en première année, ils ont pensé à tout.
Après le français qui a disparu de l’enseignement (les élèves arrivent au bac sans comprendre ce qu’ils lisent et sans même savoir l’écrire correctement), voici venir la suppression des mathématiques. Et d’ailleurs, est-ce que les élèves sont encore capable de lire et comprendre les énoncés ?
Heureusement, on leur enseigne le socialisme est la meilleure chose au monde.
Pour l’égalité sociale et socialiste à l’école et dans leur futur vie professionnelle (et donc leurs revenus), le mieux est que tous soient des cancres.
Si Mitterrand a regretté de ne pas avoir réussi à supprimer la bourgeoisie, ses successeurs y arrivent en supprimant le savoir et les connaissances.
Vive le nivellement par le bas.
@JR
Bonjour,
« Et d’ailleurs, est-ce que les élèves sont encore capable de lire et comprendre les énoncés ? »
Non, ils n’en sont plus capables pour la plupart et ceux qui y arrivent sont considérés comme des privilégiés.
En 2018, les résultats de l’évaluation nationale des élèves de 6ème fraîchement arrivés étaient :
– plus de 50% ne comprennent rien au français lu, écrit, et écouté pour la dictée ;
– plus de 50% ne comprennent rien aux maths (peut-être pas les mêmes que ceux qui captent rien français).
Je n’ai pas revu affichés les résultats desxnnées suivantes… mais ça ne devait pas être folichon. Vu que je n’y travaille plus, je ne les verrai plus punaisés au mur de la salle des profs
Cee élèves de 6ème sont au lycée maintenant.
l’éducation des enfants est la responsabilité quasi exclusive des parents.. et elle a pour objet d’apprendre à l’enfant à interagir socialement . apprendre les normes sociales..et tout autant s’en affranchir selon les convictions, cultures eytc… des parents ..
c’est assez stable. pas de révolution mis à part ce que veut faire croire l’idéologie woke..
Pour le reste…c’est aussi aux parents à se réinvestir dans non pas le moyens mais les buts professionnels ou autres de leurs enfants..On fait des mauvais choix..
l’ed nat vous expliquera que votre réussite leur est due..et votre échec est votre faute..et exige que vous leur disiez merci pour leurs efforts..
Parler du FONCTIONNEMENT de l’ed nat ne sert à rien.
Il n’y a pas de hasard : l’asservissement des masses par une élite nécessite leur abrutissement… C’est d’ailleurs pourquoi le ministre de l’Ed. Nat. lui-même met ses enfants dans le privé, comme pas mal de chefs d’établissements et d’enseignants d’ailleurs !
Je plains les générations actuelles. Avant la réforme, avec un bac S il était possible de faire pratiquement n’importe quel type d’études et réussir sans difficulté. Ca retardait de deux ans les choix pour la suite.
Avec la ŕéforme et la suppression de matières du tronc commun, un mauvais choix d’option fait en seconde détermine les études supérieures et un futur métier.
Sachant que l’éducation nationale ne fait rien pour faciliter l’orientation, les élèves ne peuvent pas être tenus pour responsables.
Combien de futurs adultes vont ainsi être frustrés durant leur vie ? Combien de métiers seront désertés car les enfants n’auront pas choisi ces options ? Quelle sera la qualité du travail délivré par cette génération à qui il manquera de la culture scientifique ?
L’éducation nationale ne fait rien non plus juste pour enseigner convenablement : méthode de lecture semi-globale alors qu’on sait que c’est la syllabique qui donne de bons résultats, méthode d’apprentissage des maths impossible à suivre pour les non-matheux, alors que la méthode de Singapour est accessible, réduction de l’apprentissage du français remplacé par l’apprentissage du tri des ordures… etc.
@Lauranne
Bonjour,
J’ajoute qu’en plus, les élèves sont constamment martelés d’écologisme. Dans toutes les matières, ils ont droit au chapelet « réchauffement climatique », « le CO2 rechauffe la planète » » les déchets, le plastique », « le gaspillage de l’eau, laquelle est inégalement répartie sur la planète » « la montée des eaux » etc… tout en apprenant que le CO2 est vital pour tout ce qui est plantes, arbres et fleurs et qu’ils produisent le dioxygène si précieux.
Figurez-vous que j’ai appris d’une bibliothécaire donnant une leçon sur la presse à des lycéens que chacune des 3 couleurs du drapeau national représentait un des principes de liberté (le rouge) égalité (le blanc) fraternité (le bleu) ! J’avais dû me retenir de rire.
Bah, vu la nouvelle population, limiter au maximum l’enseignement semble être un bien fait égalitaire. Pas besoin de compter pour vendre les paradis artificiels, on devrait malgré tout introduire des cours sur l’utilisation des armes pour diminuer la mortalité de nos belles têtes brunes.. Les blonds sont partis ou en cours de partance… Bref, écoles privées obligatoires voir expatriation… Pour l’avenir de nos enfants. L’E N…… Autant aller vivre en Colombie ou dans des ghettos américains…
Mes enfants (jumeaux) ont essuyé les plâtres de cette réforme, il sont de la 1ere génération (en 2de en 2018). Heureusement ils avaient gardé les matières scientifiques. Le seul bien que j’ai vu à cette réforme, c’est la possibilité de faire des sciences ET des lettres, ce qui n’était pas le cas précédemment, à moins de faire un bac B (le mien, le plus difficile contrairement à ce qu’on faisait croire).
La déconvenue est venue après : en fac de lettres, pour Langues Étrangères Appliquées, qui donne accès à une 3e langue, ma fille n’a pas pu matériellement apprendre cette 3 langue : les cours étaient aux mêmes horaires que les cours de la seconde langue (allemand)… et je passe sur la durée anormalement courte de la semaine de fac, où 3 ans d’études pourraient se tenir en 2 maxi… (Mon fils en école privée d’informatique fait ses 50h par semaine, stage, échanges avec des entreprises, 4 année à l’étranger, etc, normal quoi).
Et je ne parle pas de l’aberration d’avoir dégoûté tout le monde de l’allemand, langue de notre « couple » pourtant célébré par nos politiques et journaleux. Et surtout langue de notre principal partenaire économique. Un non-sens, encore un.