Par Gilles Martin.
“ Le monde est bien trop complexe pour qu’une seule personne puisse tout contrôler seule”. Ainsi s’exprime l’éditorialiste du journal coréen en langue anglaise “The Korea Herald” ( non, je ne lis pas le Korean Herald dans le texte, c’était rapporté dans Les Échos de mercredi). C’est à propos de Trump et de son comportement d’électron libre, qui n’écoute pas les conseils des membres de son cabinet, et qui veut être son propre conseiller en politique étrangère, d’où son comportement lors du sommet d’Helsinki face à Poutine.
Et l’éditorialiste de Korea Herald a trouvé un nom pour ça, c’est “le syndrome du joueur de golf”. Car Trump ne pratique pas de sport d’équipe, tout se passe entre lui et la balle ; il ne fait confiance qu’à ses impressions (instincts).
Alors que le golf a aussi servi de nombreuses métaphores pour le management, comme ici par exemple, voilà que, avec Trump, le golf devient l’anti-management, l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire.
Ce syndrome de celui qui se concentre et décide seul, quels que soient les conseils des conseillers, n’est-ce pas pourtant le modèle du décideur, celui qui sait que l’on décide toujours seul. Ce qui n’empêche pas d’écouter les conseillers, contrairement peut-être à Trump, mais qui sait. C’est mon ami Olivier Zara, expert en intelligence collective qui me l’avait dit :
“Plus la décision est collective et plus elle sera stable dans le temps, difficile à remettre en cause, rigide,
Moins la décision est collective et plus elle sera flexible, adaptable, facile à changer ou à supprimer.”
Pour d’autres, décider seul n’est plus possible.
Alors : syndrome ou pas syndrome du joueur de golf ?
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Très intéressant.
bonjour ,
Pourquoi chercher à comprendre et expliquer l’autocratie du personnage de mr trump ?
Parce que c’est un génie: la preuve, c’est lui qui le dit .
Dans le doute, revoir ses classiques :
“Un homme seul est toujours en mauvaise compagnie” (Paul Valery)
Bizarre votre réaction. Pourquoi s’interdire de chercher à comprendre, surtout quand c’est quelqu’un d’autre qui le fait, pour vous, gratuitement et intelligemment. Je re-félicite l’auteur, que je ne connais pas.
Il me semble que la question essentielle n’est pas tant la manière dont le joueur de golf décide de jouer ses coups, qui au final se retrouve marginalisée puisqu’on le juge sur son classement, que la question de savoir où s’arrête le terrain de golf et où le joueur laisse la main à son chauffeur par exemple. Dans le golf des chefs d’état, le classement et les résultats de Trump ne poussent pas à lui contester sa méthode. Macron, en revanche, ressemble à un joueur de golf qui n’aurait guère mis de balles au fond du trou mais pour qui tout relèverait du golf.
Micron, y scalpe plutôt le gazon, non ❓
C’est vrai qu’une décision collégiale a des chances d’être meilleure qu’une décision individuelle. Mais s’entourer de conseillers suppose une difficulté à prendre des décisions. C’est le cas de la plupart des dirigeants. Ce qui n’exclut pas que, parfois, un individu génial ait une meilleure vision quel le troupeau..
Macron a été le conseiller de Hollande, à ses dépens comme aux nôtres.
Une décision collégiale est toujours inférieure à la décision du meilleur membre du collège. Le problème est de trouver a priori qui est le meilleur. A posteriori, c’est bien plus facile…
Donc, non, la décision collégiale n’est jamais la meilleure, juste probablement la moins risquée, la plus stable.
En design par exemple, le résultat de décisions collégiales a toute les chances d’être très banal (voire bancal), donc de rater sa cible.
Ce qui importe concernerait plutôt la méthode par laquelle une décision est prise. De ce fait une décision collective peut être bonne ou mauvaise de même qu’une décision individuelle. Par exemple l’avantage principal d’une décision collective en théorie réside dans la possibilté de voir plusieurs avis différents s’exprimer, augmentant ainsi les chances de prendre une meilleure décision. A condition toutefois que l’assemblée soit la plus hétérogène possible et que chacun puisse s’exprimer librement. Sinon la décision sera prise ensemble certes mais dans un mouvement uniforme sans plus d’intérêt. Dans le cas du déciseur seul, la tentation est grande de suivre ses propres choix avec un risque supérieur de mauvaises décisions comme dans le cas d’une assemblée homogène. Donc le décideur doit s’entourer de conseillers qui ne pensent pas tous comme lui.
En conclusion pour un meilleur résultat il faut des avocats du diable dans le processus de décision.
Au vu du titre j’ai pensé à notre Président et vous ?
Honni soit qui mal y pense…
Les médisants affirment qu’il s’agirait d’une exclamation d’un Chevalier BENALA…
Ou Bel… pas le Bel Philippe…
On reproche à Trump d’être imprédictible. On en déduit le défaut de ne pas écouter ses conseillers.
C’est grave. Mais qui est “on” ?
– la presse MSM US – le marais washingtonien.
– les alliés.
– les “partenaires” russes et chinois (attention ironie)
Franchement, quel serait l’avantage pour Trump d’être prédictible ? Être crédible. ?
Il n’arrivera jamais à convaincre les démocrates. Les russes ou chinois ne sont pas crédules. Quant aux alliées, ce sont plutôt à eux d’être crédibles.
En fait, ce qu’on prend pour de l’inconséquence est pure malveillance de partis qui ne sont pas ses électeurs.
On n’a pas à être prédictible ou être crédible parce qu’on engagerait ses actions envers ses contempteurs.
Au risque de paraître tautologique, je dirais que la sélection naturelle sécrète le meilleur processus de décision, celui qui optimise l’adaptation à la situation.
D’une certaine manière c’est ce qui justifie le libéralisme: un processus collectif de compétition où ce n’est pas la majorité qui décide mais le meilleur.