Stéphane Courtois : comment Lénine a « inventé » le totalitarisme

Stéphane Courtois montre de façon implacable que les appels de Lénine au meurtre de masse n’ont pas été lancés sous l’emprise de la nécessité. Ils ont été théorisés par celui-ci bien avant la période du communisme de guerre.

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Stéphane Courtois : comment Lénine a « inventé » le totalitarisme

Publié le 23 juin 2018
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Par Alain-Gérard Slama.
Un article de The Conversation

Ancien militant d’extrême gauche, Stéphane Courtois a été guéri de ses anciennes passions dans les années 1970 par Annie Kriegel, universitaire et journaliste, démystificatrice implacable du parti communiste français dont elle avait été membre jusqu’à la période de déstalinisation. Devenu lui-même directeur de recherche au CNRS, Courtois s’est spécialisé dans l’histoire du bolchevisme dans le même esprit, et il a été un des premiers à dépouiller le fond des archives soviétiques dès leur ouverture au début des années 1990. Il a été contesté lors de la sortie d’un ouvrage au succès retentissant, le Livre noir du communisme  (Laffont, 1997), qu’il a dirigé avec Nicolas Werth.

On lui a alors reproché d’avoir comparé dans sa préface ce qu’il appelait le « génocide social » du stalinisme au génocide des Juifs perpétré par les nazis pendant la seconde guerre mondiale. Cette comparaison, dérivée des thèses de l’historien allemand Ernst Nolte, ne faisait guère gagner en clarté l’analyse des causes de deux massacres de masse également délibérés et monstrueux, mais étayés, l’un sur l’exploitation d’une utopie sociale, et l’autre sur la radicalisation d’un préjugé racial.

Retour à l’histoire du bolchevisme

Il faut se féliciter de ce que, dans son dernier livre, Stéphane Courtois dépasse ce débat stérile, voire dangereux, pour se concentrer sur ce qu’il connaît le mieux : l’histoire du bolchevisme et de son fondateur, Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine. Et là, dans son domaine, il fait œuvre plus qu’utile : son Lénine, inventeur du totalitarisme (Perrin), a été salué, le 16 juin dernier, par le jury du Grand prix de la biographie politique, sur lequel la force de ses arguments a fait la plus vive impression.

On croyait en effet bien connaître le Lénine inspirateur de la révolution de 1917, qui a au surplus fait l’objet, cent ans plus tard, d’une excellente biographie de Dominique Colas (Fayard). On connaissait, bien sûr, l’obstination avec laquelle Lénine a radicalisé l’idéologie marxiste et combattu tous les mouvements anti-tsaristes de son temps, qu’ils fussent libéraux, démocrates, anarchistes ou même socialistes, en vue de conquérir le pouvoir.

Si Courtois avait titré son livre Lénine, l’inventeur du bolchevisme, il aurait, comme Colas, ajouté sa pierre à la connaissance d’un régime de Terreur hors norme inscrit dans une époque révolue. Titrer Lénine, l’inventeur du totalitarisme, c’est tout autre chose.

L’objet est beaucoup plus vaste : au-delà de la querelle portant sur les interprétations du communisme et du nazisme, il se donne pour objet d’éclairer la genèse d’un phénomène général de corruption de l’idéal démocratique qui a traversé le XXe siècle, et qui continue sous les formes les plus diverses, des plus sourdes aux plus dures, dans et hors les frontières de l’Europe, à effacer chaque jour, l’une après l’autre, une nouvelle liberté en dégradant les critères rationnels et raisonnés de la légitimité issus des Lumières.

Stéphane Courtois à l’Académie royale de Belgique.

Lénine a été l’auteur de ce basculement qu’il a prémédité dans l’ombre, et, pour le démontrer, l’intérêt majeur du livre de Courtois est d’avoir dissipé trois confusions.

Lénine et Staline, deux rôles, un projet

La première confusion voit en Staline le responsable du dévoiement du projet supposé libérateur de Lénine en un système de domination totale de la société. Cette illusion est demeurée tenace en Russie jusqu’à l’ère Brejnev, sinon jusqu’à nos jours, où autant de curieux que de nostalgiques d’un communisme idéalisé se pressent parmi la foule des visiteurs faisant la queue devant le mausolée de la place Rouge.

Non, Lénine a eu beau, à la fin de sa vie, désavouer Staline sur un coup de tête, il a eu beau tenter de mettre en place une « nouvelle politique économique » prenant acte de l’échec des mesures dites du « communisme de guerre », il a été, en raison de son intolérance, de sa violence et de sa volonté d’accaparer tous les pouvoirs, l’initiateur du système à proprement totalitaire sur lequel Staline a assis les bases d’une autocratie meurtrière.

L’ouvrage de Stéphane Courtois.

Loin d’avoir été trahi par Staline, Lénine a été « l’inventeur du totalitarisme », avant que le mot apparaisse en 1923. Entendons par là qu’il n’a pas attendu la période dite du « communisme de guerre » pour poser en doctrine, dès ses années de jeunesse, de déportation et d’exil, les piliers d’un système de pouvoir qui était encore sans équivalent en Europe, et qu’il a étayé sur quatre monopoles :

  1. le monopole des compétences gouvernementales et administratives de l’État par un parti unique ;
  2. le monopole, par ce seul parti, de la diffusion et du contrôle d’une idéologie « commandant l’ensemble des idées dans tous les domaines – philosophie, sciences, histoire, arts, etc. » (la Pravda remonte à 1912) ;
  3. le monopole du parti-État sur tous les moyens de production et de distribution des biens matériels, étayé sur la suppression de la propriété privée et, de façon plus fondamentale encore, de la distinction entre l’espace public et la sphère privée ;
  4. le monopole de la violence, à travers la terreur de masse et la rhétorique de l’amalgame utilisées comme moyen de gouvernement.

Dans l’esprit de Lénine, le but suprême de ce système était, selon la formule de l’historien italien Emilio Gentile, la fondation d’une « nouvelle civilisation » à vocation universelle – dont l’implacable impérialisme de Staline s’est servi pour sa propagande.

1917-1789 : « l’inverse de Robespierre »

La deuxième confusion a consisté à faire de la révolution de 1917 l’héritière de la Révolution jacobine. L’analogie, on le sait, a beaucoup servi, notamment à partir de 1989, après le réveil des nationalismes sur les ruines de l’empire soviétique, pour disqualifier l’idéologie du Progrès et la Raison des Lumières, dont la violence de la Terreur et le Goulag seraient l’ultime aboutissement, l’ultime effet pervers. Ce thème a été très tôt avalisé par Trotski, prédisant à Lénine, en octobre 1917, qu’il ne pourrait éviter des formes de terreur très violentes, « à l’instar de ce qui s’est passé lors de la grande révolution française ».

Stéphane Courtois a raison de voir en Lénine « l’inverse de Robespierre » : ce dernier, note-t-il, avait été heureusement « incapable de développer une idéologie susceptible de détruire les valeurs fondamentales de la société ».

Si la Terreur s’est laissée entraîner, en Vendée ou à Lyon, jusqu’au bout de la pire violence, son crime est de n’avoir pas contrôlé la montée aux extrêmes, il n’est pas d’être allé, comme Lénine, jusqu’à légitimer tous les terrorismes qui ont suivi dans le siècle et jusqu’à nos jours, en définissant la politique comme « la continuation de la guerre par d’autres moyens » – par un retournement symptomatique de la formule de Clausewitz, selon lequel la guerre était « la continuation de la politique par d’autres moyens ».

Robespierre ne prétendait pas étatiser la société toute entière sous la tutelle d’un parti : rousseauiste, il voulait rendre la propriété accessible au plus grand nombre, non la faire disparaître. Marx, il est vrai, avait fourni un prétexte à Lénine, en réduisant le droit à n’être que la « superstructure » d’un rapport de forces au service des intérêts de la bourgeoisie, et en légitimant, du même coup, contre les institutions démocratiques, l’usage de la violence.

Courtois montre de façon implacable que les appels de Lénine au meurtre de masse (en particulier par la famine, dont Staline s’est souvenu contre l’Ukraine en 1932-33) n’ont pas été lancés sous l’emprise de la nécessité. Ils ont été théorisés par celui-ci bien avant la période du communisme de guerre.

Statue de Lénine à Moscou (détail).
pindec/Flickr, CC BY-NC-ND

Totalitarisme stalinien et absolutisme tsariste

La troisième confusion est celle qui a fait du totalitarisme stalinien l’héritage des tsars. Le bolchevisme était-il inscrit dans les gènes de l’âme russe ? C’est sous doute le point sur lequel on regrette que Stéphane Courtois soit un peu court. Il explique Lénine par ses traumatismes personnels : mort de son père, pendaison de son frère quand il avait 18 ans, rupture violente avec Netchaiev puis avec Plekhanov, influence enfin, bien connue, du Que faire de Tchernitchevski, dont le héros révolutionnaire, Rakhmetov, était devenu son modèle.

Lénine, né à Simbirsk, le 22 avril 1870, était un héritier bourgeois d’« une petite ville de province tapie au flanc de la formidable Volga » qui s’est trouvé, très jeune, « voué à un total déclassement ». Il aurait pu être un personnage des Démons de Dostoievski, ou de Père et fils de Tourgueniev. Faut-il comprendre son prodigieux destin comme un délire de « l’âme russe », vouée, par on ne sait quelle fatalité, à on ne sait quel esprit de soumission à l’autocratisme des tsars – tel que l’a représenté Custine dans ses Lettres de Russie en 1838 ?

Custine, comme on sait, n’a vu que l’autocratie, dont il a décrit les dérives avec une prescience admirable. Il a ignoré la révolution décembriste de 1825 et, au-delà de la répression de Nicolas 1er, la richesse de leur postérité politique et littéraire. Pour échapper au reproche de totalitarisme, Staline ne s’est que trop servi de l’héritage des tsars, qui avaient été au début du XXe siècle, avec Witte et Stolypine, de moins en moins autocrates et sanguinaires, en tout cas bien moins que lui. Ou bien faut-il voir au contraire en Lénine l’artisan de l’asservissement de tout un peuple de haute culture au moment précis où ses élites libérales commençaient à se moderniser ?

En cette période où, à l’évidence, le peuple russe se rapproche de la modernité européenne par les idées et par les mœurs, l’une des principales conclusions auxquelles conduit cette biographie forte et dense est de nous inciter à voir en Lénine le premier moteur d’une catastrophe séculaire dont la Russie ne se sortira qu’en ressaisissant le fil politiquement libéral interrompu par la Première guerre mondiale.

The ConversationCe ne sera certainement pas en fermant les yeux sur l’autocratisme ambigu de Poutine et en réinventant en faveur de ce dernier, avec le concours complaisant de ses interlocuteurs européens, le mythe d’un nouveau tsar.

Alain-Gérard Slama, Historien des idées politiques, Ancien Président de la Fondation de l’Ecole Normale supérieure et directeur d’études à l’Institut d’études politiques de Paris, Sciences Po – USPC

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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  • Lénine, inventeur du totalitarisme ? Ah bon ? Je croyais que c’était Robespierre !

    Ce serait comme affirmer que ce sont les Nazis qui auraient inventé l’homicide par gazage alors qu’en réalité, c’est le Français Fourcroy.

    • Non. Robespierre est un précurseur du totalitarisme mais il n’en est pas l’inventeur. Lénine est l’inventeur du totalitarisme dans le sens où c’est le premier avoir mis en place un état totalitaire.

      Quand aux nazis, on leur reproche pas d’avoir inventé l’homicide par gazage mais d’avoir mis en place l’extermination de gens par gazage (même si il ne faut pas oublier qu’ils ont utilisé d’autres moyens) à échelle industrielle.
      Les chambres gaz ont par exemple été utilisé aux USA pour tuer les condamnés mort (à partir de 24 jusqu’en 99) mais jamais personne mis à part les nazis n’a mis en place un système industriel de chambres à gaz permettant d’assassiner de millions de gens

  • Environ 10 millions de personnes auraient succombé sous le régime de Lénine à cause des famines et des persécutions. L’auteur Alexandre Soljenitsyne, qui a obtenu le Prix Nobel, a souligné dans son chef-d’œuvre de 1974 intitulé « L’Archipel du Goulag » que la répression massive des citoyens russes et soviétiques avait commencé déjà sous Lénine et ses bolcheviks – et non sous Joseph Staline, le dictateur qui a succédé à Lénine. En outre, entre 1921 et 1922, des millions de personnes sont mortes de faim lors de la famine dans la région de Volga (Povoljie) lorsque les paysans avaient même pratiqué le cannibalisme pour survivre. Le Livre noir du communisme explique que Lénine a ordonné la confiscation des vivres produites par les paysans et utilisé cela comme une forme de répression politique.

  • QUELQUES CITATIONS DE LENINE.

    « En détruisant l’économie paysanne attardée, la famine nous rapproche objectivement de notre but final, le socialisme » (lettre à Béliakov, 1891).

    « La liberté de critique est la liberté de l’opportunisme. La fameuse liberté de critique signifie absence de principes » (« Que faire ? », 1902).

    « Le peuple n’a pas besoin de liberté, car la liberté est une des formes de la dictature bourgeoise » (idem).

    « Pas de révolution sans un bain de sang. Nous ne faisons pas la guerre contre les personnes en particulier, nous exterminons la bourgeoisie comme classe. Ne cherchez pas ce que l’accusé a fait contre l’autorité soviétique. La première question que vous devez lui poser, c’est à quelle classe il appartient, quelles sont ses origines, son éducation, sa profession » (extrait d’une lettre à Clara Zetkin).

    Voici un extrait des plus explicites tiré du livre (p. 50) de Thierry Wolton :
    . »En août 1920, une délégation française [Louis-Oscar Frossard et Marcel Cachin] est reçue par Lénine au Kremlin, dans le but d’obtenir l’adhésion des socialistes français à la IIIe Internationale.
    [Frossard témoigne]. Selon Lénine, la « dictature du prolétariat ne s’exerce pas seulement par l’élite de la classe ouvrière sur la bourgeoisie, mais encore « sur la portion inconsciente ou rétive des prolétaires » et « sur ses alliés réformistes ». Les Réformistes ! Des bourgeois !
    — On les fusille, répète-t-il à plusieurs reprises.
    Il prononce « fisille » et accompagne le mot d’un petit geste sec, sans cesser d’ailleurs d’avoir le sourire. »
    Thierry Wolton. — Une histoire mondiale du communisme – Les Complices, Tome 3, Grasset, 2017.

    On pourrait aussi parler de Trotsky dont les révisionnistes ont réécrit l’histoire pour le laver de tous ses crimes. Trotsky ne valait pas mieux que Staline et il y a beaucoup de crimes sur ses mains.
    Petite citation de Trotsky (montrant toute son humanisme): « La meilleure place pour un gréviste, ce moustique jaune et nuisible, c’est le camp de concentration ». Sur Trotsky: http://thefederalist.com/2017/10/26/red-october-happened-100-years-ago-soviet-ideology-lives/

  • Orwell s’est totalement trompé sur son livre: La ferme des animaux. Dans La Ferme des animaux, Lénine est représenté sous la forme d’un cochon ingénieur gentil et bienveillant qui terminera occis par le cochon cupide représentant Staline.
    Dans la réalité, les bolchéviques ont instauré les goulags et se sont montrés d’une brutalité incroyable dès le départ. Il n’y a pas eu de dégénérescence progressive ni de « perte des idéaux ». Les goulags communistes furent ouverts 15 ans avant les camps de concentration nazis.
    En 1921 a lieu la révolte de Kronstadt. Les insurgés (ouvriers, soldats et marins) revendiquent la démocratie ouvrière et paysanne et critiquent la dictature des commissaires bolchéviques. Ils sont massacrés par les bolchéviques (notamment
    Trotski) sans aucune pitié.
    L’idéologie communiste étant totalement défectueuse et ce fait ne pouvant pas être accepté, ses résultats catastrophiques sur la production ne pouvaient être que le fait d’une conspiration bourgeoise envers la révolution bolchévique. Les ingénieurs furent décimés (entre autres).
    Lorsqu’un ingénieur alertait qu’un convoi de train était trop chargé pour que les rails puissent supporter son poids, il était déporté. Lorsque l’ingénieur suivant faisait dérailler le train trop chargé, il était déporté. Ceci est une vraie histoire.
    Conclusion: LISEZ L’ARCHIPEL DU GOULAG DE SOLJENITSYNE. C’est le livre le plus important de ces deux derniers siècles. La quantité d’informations collectées pour ce livre est ahurissante. Tout le système soviétique y est décrit avec une précision qui donne le vertige.
    Le plus dingue dans le récit que fait Soljenitsyne de sa propre expérience du Goulag est que les déportés se haïssaient entre eux. Ils pensaient que les autres déportés étaient des traitres, et que eux seuls étaient des erreurs judiciaires. Ce système était la folie incarnée.
    L’idée principale du socialisme et du communisme par extension est qu’il faut rééduquer la population et construire un homme nouveau qui serait à l’opposé de l’homme présent. Onfray a raison. Cela passe par le Goulag, l’endoctrinement et la police politique.
    De fait dans le socialisme, les peuples et les histoires n’ont plus aucune importance car tous doivent être transformés et redéfinis à son image. L’immigrationnisme de la gauche n’est pas un altruisme. Il est une composante d’un projet criminel plus global.

  • Parfois, il y a une forme de révisionnisme qui consiste à faire de Staline un bouc émissaire de toutes les horreurs de l’URSS. Ce que je veux dire c’est que Staline est l’une des pires ordures de l’humanité, l’un des plus grands criminels de masse (avec Hitler et Mao) mais qu’il ne faut pas oublier que ce n’est pas lui qui a mis en place le système totalitaire de l’URSS. C’était déjà avant lui. Parce que les trotskistes ont fait du révisionnisme pour décharger les autres dirigeants comme Lénine ou Trotsky de leurs crimes pour tout mettre sur le dos de Staline. Ce n’est pas Staline qui a créé le goulag. Les persécutions et le système totalitaire ont commencé avant Staline. Comme dit Alexandre Soljenitsyne: « Le stalinisme n’a existé ni en théorie ni en pratique : on ne peut parler ni de phénomène stalinien, ni d’époque stalinienne, ces concepts ont été fabriqués après 1956 par la pensée occidentale de gauche pour garder les idéaux communistes ». Il faut lire « L’erreur de l’Occident » d’Alexandre Soljenitsyne qui montre que le stalinisme n’existe pas.

  • LE BILAN DE LENINE.

    Son bilan est celui d’une dictature implacable, y compris dans le domaine économique. Les résultats sont très mauvais car la production industrielle et agricole s’est effondrée, y compris dans les zones épargnées par les combats de la guerre civile. Seul un retour partiel à une économie de marché va permettre à l’URSS de ne pas sombrer complètement, preuve supplémentaire que le marxisme-léninisme est un système économique totalement voué à l’échec, et ce avec de graves conséquences.
    Le 12 mars 1921, Lénine surprend les communistes de son parti en annonçant une Nouvelle Politique Économique (en russe : NEP).

    Supprimant la monnaie et le commerce intérieur, Lénine a imposé des réquisitions en nature aux paysans. Il s’en est suivi une famine de plusieurs millions de morts et une chute sans précédent de l’activité économique. La révolte gronde chez les soldats fidèles aux bolcheviques.
    Le 28 février 1921, les marins de la citadelle de Cronstadt se révoltent au nom de la démocratie et du socialisme. Ils sont massacrés par l’Armée rouge de Trotski.
    Dans son rapport de mars 1921 au Xe Congrès du PC, Lénine avoue : «Les faits sont là. La Russie est menacée de famine. Tout le système du communisme de guerre est entré en collision avec les intérêts de la paysannerie (…). Nous nous sommes trop avancés dans la nationalisation du commerce et de l’industrie, dans le blocage des échanges locaux. Est-il possible de rétablir dans une certaine mesure la liberté du commerce ? Oui, c’est possible. C’est une question de mesure. Nous pouvons revenir quelque peu sur nos pas sans détruire pour cela la dictature du prolétariat.»
    En dépit de l’opposition de Trotski, son principal adjoint, le dictateur sacrifie le dogme marxiste en donnant un peu de liberté aux paysans, aux commerçants et aux petits entrepreneurs.
    Mais il s’en tient à une libéralisation des rouages économiques et maintient intacts les rouages de la dictature. Il n’était que temps…

    Le 16 mars 1921, le Xe Congrès du Parti communiste russe adopte le rapport de Lénine.
    L’État reste propriétaire de la terre et des moyens de production, il garde le contrôle des banques, des transports et du commerce extérieur ; il regroupe les grandes industries nationalisées au sein de trusts d’État systématiquement favorisés par les investissements publics.

    A côté de ce secteur étatique, la NEP autorise l’ouverture d’un secteur privé en rétablissant la liberté du commerce intérieur. C’est ce qui permettra à l’économie soviétique de ne pas sombrer définitivement. Beaucoup en profitent pour s’enrichir car le secteur privé reste néanmoins restreint et ne répond pas aux besoins immenses de la population. C’est le premier cas d’économie de « pénurie » qu’engendre le communisme. Il y en aura évidemment beaucoup d’autres par la suite…

    La famine du début des années 1920 en Russie : plusieurs millions de victimes dues à la collectivisation forcée des terres et à la nouvelle « gestion » communiste de l’agriculture. Lénine sera d’ailleurs obligé de faire une « pause » dans ses réformes absurdes et inconséquentes, c’est ce qu’on appelle la « NEP », poursuivie au début de l’ère stalinienne.

    • @arnaud: excellentes contributions. Le plus hallucinant par ailleurs est qu’un parti comme le parti communiste ne soit pas interdit comme l’est un parti nazi. 100 millions de morts au 20ème siècle ça n’est toujours pas suffisant pour en faire un monstre aux yeux des bobos gauchos qui contrôlent encore et toujours ce pays !!

  • 30 mois de pouvoir avec une guerre civile, des famines gigantesques et un génocide, celui des Cosaques. 30 000 morts/jour en moyenne. Qui dit mieux ?

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