Leadership : faut-il décider avec son instinct ?

Pourquoi ne pas laisser libre cours à l’intuition, dès lors que les décisions prises à l’instinct le sont par quelqu’un qui est un maître dans le domaine où il agit ainsi ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Le plongeon du siècle by Basile R(CC BY-NC 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Leadership : faut-il décider avec son instinct ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 juin 2018
- A +

Par Alain Goetzmann.

Un récent blog de Seth Godin, auteur et conférencier américain, spécialiste du marketing digital, m’a conforté dans mon approche de l’intuition. Je vous en livre une traduction libre :

« Allez-y avec vos tripes » ! Voici le conseil parfois donné, à l’occasion d’une décision difficile à prendre, par ceux qui pensent que foncer est toujours la meilleure des choses à faire.

Le plus souvent, cependant, c’est davantage une incitation à vous libérer de vos peurs ou à éviter le gros travail d’analyse et de compréhension préalable que requiert cette décision.

Mais, il serait peut-être plus avisé de conseiller : « Investissez dans ce qui peut rendre vos tripes plus intelligentes ».

Le monde est, en effet, bien plus complexe que ce que vos tripes peuvent comprendre, en tous cas sans formation approfondie. Il serait donc beaucoup plus approprié de dire : « Formez vos tripes, c’est à ce prix que se développera votre instinct ». Alors comment faire ?

  • Entrainez-vous d’abord à laisser votre instinct agir uniquement dans votre for intérieur. Chaque jour, forgez-vous une opinion, forgez-vous en dix. Faites des prévisions à propos de ce qui se passera plus tard, quel énorme succès aura lieu, quelles modes l’emporteront, quelles vidéos bénéficieront d’une large viralité, quelles embauches seront réussies ? Consignez ces opinions pour pouvoir les vérifier par la suite. Cela n’a aucun sens de ne pas vouloir entraîner son instinct et de ne s’en servir que lorsque les chances de se tromper sont faibles.
  • Exposez-vous à plus d’expériences. Si vous voulez avoir un instinct plus sûr dans le commerce de détail, allez travailler dans une boutique. Puis dans une autre. Puis dans une troisième. Si vous voulez bénéficier de plus d’intuition dans le recrutement, passez beaucoup de temps auprès de ceux qui s’occupent des ressources humaines ou même, aidez des équipes à screener des CV.
  • Trouvez une façon de parler de votre instinct pour qu’il ne soit plus simplement un instinct. Un processus de pensée partagé deviendra inévitablement plus rigoureux. Échangez avec vos collègues en leur proposant, en retour, de challenger leur propre mode de pensée pour vous entraîner mutuellement.

L’instinct ou l’intuition sont, incontestablement, des atouts dans la prise de décision. J’avais eu l’occasion de rédiger un blog à ce sujet en prenant l’exemple de Chesley Sullenberger, le Commandant de bord qui, en 2009, au mépris des procédures et n’écoutant que son instinct avait posé son Airbus A320 dans l’Hudson River, juste à côté de Manhattan, sauvant ainsi 155 vies.

Mais l’intuition, lorsqu’elle se révèle bonne conseillère, repose entièrement sur une maîtrise parfaite de son métier, sur la connaissance de tous ses aspects et sur une expérience approfondie. D’ailleurs de grands neuroscientifiques en ont traité. Daniel Kahneman, Prix Nobel d’Économie en 2002, y a également beaucoup travaillé. Alors pourquoi ne pas laisser libre cours à l’intuition, dès lors que les décisions prises à l’instinct le sont par quelqu’un qui est un maître dans le domaine où il agit ainsi ?

Sur le web

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Si vous avez une IA, ca s’entraine pareil. Formez là, et quand elle commence à bien prédir, décider, utilisez là.

    l’intuition c’est juste un intelligence non verbale, non consciente, un réseau de neurones qu’on entraîne par des essais/erreurs.

    • @ AlainCo
      Oui! Nous avons bêtement coupé notre être en corps, coeur et esprit, en donnant au dernier une prédominance évidemment pas réaliste: nos actions sont souvent irraisonnées: celle de Mamoudou Gassama est la plus magnifique! La solution rationnelle était de ne pas se mettre en évidence et d’échapper au contrôle qui aurait dû le conduire à l’expulsion: on sait que son sort fut jugé à 180° de cela, heureusement: un héros, immigré illégal et sans papier, noir aussi, qui fait ce que personne ne s’est proposé de faire, c’est une bonne leçon! Et sa récompense est méritée!

      Une A.I. risque bien d’inhiber ce genre de risque prévisible, selon les données intégrées! Aurait-il dû s’abstenir?

      On peut « pinailler », bien sûr! Mais on ne se détermine pas toujours soi-même, par raison, heureusement!

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le monde du management est noyé sous les mots-valises, les expressions à la mode et les concepts creux. C’est un problème parce que mal nommer un phénomène, c’est s’empêcher de pouvoir l’appréhender correctement, et donc de pouvoir le gérer.

Un bon exemple est celui de l’expression technologie de rupture, très trompeur.

Je discutais récemment avec le responsable innovation d’une grande institution, qui me confiait : « La grande difficulté que nous avons est d’identifier parmi toutes les technologies nouvelles celles qui sont vra... Poursuivre la lecture

L’attaque surprise est la plus vieille tactique militaire de l’humanité. Elle repose sur l’idée que la stratégie est un paradoxe, c’est-à-dire qu’il peut être payant de faire quelque chose qui va sembler totalement illogique à l’adversaire. Elle repose aussi sur l’idée de tromperie, qui nécessite une fine compréhension de l’adversaire et de ses croyances. Ce sont ces croyances qui rendent la surprise possible.

Regardons-le sur un exemple tragique, celui des attaques terroristes toutes récentes du Hamas contre Israël le 7 octobre dernie... Poursuivre la lecture

Dans un article paru en juin 2023, Muriel Jasor, rédactrice en chef du journal  Les Échos Leadership & Management, écrivait que la sécurité psychologique est le plus puissant levier de motivation des équipes :

« Elle offre nombre de bénéfices insoupçonnés d’un bout à l’autre de la chaîne hiérarchique, et elle se pose en levier d’engagement sans équivalent ».

Dans les modèles traditionnels de leadership, l’un des ressorts essentiels de la sécurité psychologique est la capacité du leader à définir le chemin à suivre pour son é... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles