Par Tricia Beck-Peter.
Un article de Foundation for Economic Education
Un héros est un malfaiteur ayant choisi une autre voie.
Les hommes sont des créatures dangereuses capables de faire le mal. Cette vérité nous assaille chaque fois que nous regardons les infos. Cette prise de conscience ne peut laisser quiconque indifférent, et chaque tragédie nous le rappelle avec force. Nous réclamons d’être débarrassés de cette inclinaison pour le mal. Ou nous pensons que jamais nous ne pourrions agir ainsi !
Mais vous avez tort, vous en êtes capables.
Les hommes peuvent tuer. Nous pouvons causer du tort, nous pouvons voler, nous pouvons commettre de graves atrocités. Pourquoi ? Parce que nous sommes libres.
Être libre signifie que nos choix nous appartiennent. Il n’existe pas d’agence gouvernementale pouvant surveiller chacune de nos actions, de nos pensées violentes, de nos bas instincts. Aucune organisation gouvernementale ne peut empêcher tout acte de violence car il est une expression du potentiel humain. Aucune bureaucratie ne sera aussi puissante que les actions d’individus disposant de la liberté d’être mauvais.
À chaque tragédie – une fusillade dans une école, un acte de terrorisme, un meurtre très médiatisé – nous nous demandons comment cela est possible. Comment un humain peut choisir de faire du mal ? La question n’est peut-être pas d’en connaitre la raison, mais plutôt de savoir pourquoi nous ne sommes pas plus nombreux à commettre des atrocités.
Nous ne pouvons pas être bons si nous ne pouvons pas faire le mal
Le psychologue Jordan B. Peterson affirme que nous ne pouvons avoir aucune idée de notre aptitude à faire le bien tant que nous ne reconnaissons pas notre capacité de faire le mal. Je pense qu’il a raison. Tant que nous ne comprenons pas que les humains peuvent être mauvais, nous ne pouvons pas choisir d’être bons. Si nous n’avions pas la capacité de faire beaucoup de mal, il n’y aurait rien de louable à ne pas le faire. Si nous ne pouvions pas commettre de péchés, il n’y aurait aucune vertu à ne pas pécher, car ce ne serait pas un choix. Nous pouvons seulement choisir de ne pas faire uniquement ce que nous pouvons faire. Sinon ce serait par défaut, et non par choix.
À l’ inverse, si nous sommes libres de déterminer le cours de notre propre vie, libres de faire nos propres choix, cela signifie que nous sommes libres de choisir de commettre des choses terribles. Être libre d’être une bonne personne, c’est aussi être libres d’en devenir une mauvaise. Cela est effrayant pour beaucoup, tant sur le plan personnel que social. La part d’ombre inhérente à notre espèce n’est pas plus terrifiante que notre côté obscur. Rien n’est plus effrayant que de sentir la noirceur envahir nos cÅ“urs et d’avoir à faire face à ce choix : est-ce que je penche du côté du mal, ou est-ce que je m’élève vers le bien ?
C’est effrayant, mais il est essentiel que notre force de caractère nous permette de nous confronter à notre capacité de faire le mal. Sinon, nous ne pourrions pas choisir la bonté. Et si nous ne le pouvions pas, nous flotterions, impuissants, dans un vide moral, incapables d’éprouver notre force de caractère face à des choix difficiles. Nous devons être capables de choisir la bonté pour être bons.
À la suite de la fusillade de Parkland au lycée Marjory Stoneman Douglas, s’est développé un grand mouvement national anti-armes à feu afin de diminuer la capacité de l’homme à faire le mal. Pourtant, dans d’autres pays ayant adopté cette ligne de conduite, la violence n’a pas été éliminée par la restriction des armes à feu, mais est devenue tout simplement plus imaginative. Ceux qui ont choisi de commettre le mal trouvent d’autres moyens, des bombes à clous, des couteaux, des attaques à la voiture-bélier. L’arme n’est pas le problème, le choix de commettre la violence l’est.
Répression ou force de caractère
Il n’y a que deux façons de prévenir la violence : l’oppression et la force mentale. Nous pouvons, ou bien autoriser le gouvernement à nous opprimer au delà de toutes limites, ou bien nous, en tant qu’individus, pouvons choisir d’être non-violents. Beaucoup ont opté pour la première solution, mais si nous choisissons cette voie, nous nous privons nous-mêmes et les autres de la capacité d’être de bonnes personnes. Si nous ne pouvons pas choisir le mal, nous ne pouvons pas choisir le bien. Si le bien est par défaut un dérivé de l’impuissance, il n’y a rien de vraiment bon là dedans…
Il reste donc l’autre option : la force mentale. Elle prend sa source dans le cÅ“ur de l’Homme. C’est affronter l’infinité de ses actions et ne choisir que celles ne privant pas les autres de leur vie, de leurs biens ou de leur dignité. La force de caractère, c’est avant tout choisir d’être vecteurs de bienveillance plutôt qu’au service du mal.
Un caractère fort est contagieux. Quand nous rencontrons des personnes bienveillantes, gentilles et honnêtes, nous aspirons à être comme elles. Une personne à la personnalité affirmée inspire et élève tous ceux qu’elle rencontre. Nous voulons être ce genre d’individus qui inspirent le courage face à l’adversité. Nous voulons être des héros. Mais chaque individu capable d’héroïsme est un malfaisant potentiel qui a choisi une autre voie.
Je ne dis pas que nous devrions accepter la violence comme inhérente à la nature humaine, et dont nous ne pouvons jamais nous délivrer. Ce serait cracher notre mépris à la face de tous ceux qui ont pleuré une victime de violence et de terrorisme. En fait, nous ne pouvons pas créer une société juste et morale sans qu’il y soit permis de choisir le mal. Nous ne pouvons pas à quelqu’un en ayant le pouvoir la possibilité de nous contraindre et nous opprimer sans sacrifier tout ce qu’il y a de bon dans l’humanité.
Pour être de bonnes personnes, nous devons nous-mêmes le choisir. Nous devons donner la priorité à la non-violence et enseigner aux autres les moyens de combattre les ténèbres à l’intérieur de nous-mêmes.
Parce que nous sommes libres de commettre la violence, nous avons la responsabilité de l’éliminer. Nous, le peuple, pas la nation.
Traduction Contrepoints
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“Je suis pacifiste, pas non-violent” Piero San Giorgio.
Pareil.
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certes, mais comment définir le bien et le mal ?