Par Frédéric Mas.
Dans un entretien récent au Journal du dimanche, Muriel Pénicaud déclarait :
« L’égalité entre les femmes et les hommes est un principe constitutionnel et la loi Roudy sur l’égalité a 35 ans », rappelle la ministre. Le hic, c’est que dans les faits, « les femmes gagnent toujours 9 % de moins que les hommes à poste équivalent et 25 % en moyenne de moins (…) tous postes confondus, c’est inadmissible. »
Parce que cet écart de salaire était inadmissible, il était donc du devoir des pouvoirs publics de tout faire pour l’éradiquer, en s’attaquant à ses sources premières, notamment les « retards culturels » et les « clichés sexistes dès l’enfance ».
Cette attitude volontariste du gouvernement ne semble pas rencontrer d’opposition, ni même de discussion dans le Landerneau politique ou médiatique, tant l’exercice de communication morale ne semble souffrir d’aucune faiblesse.
Qu’en aurait dit Jordan Peterson ?
Seulement, le hasard du calendrier et les outils de communication modernes permettent aujourd’hui de rapprocher la déclaration du ministre de celle d’un intellectuel totalement inconnu du monde francophone, mais dont les vidéos sont suivies par des dizaines de millions de personnes dans le monde, Jordan Peterson.
Quelques jours avant la déclaration de Madame Pénicaud, J. Peterson, qui est psychologue et enseigne à l’université de Toronto au Canada, était interrogé par la journaliste Cathy Newman à l’occasion de la tournée européenne de promotion de son dernier livre 12 rules for life.
Jordan Peterson sur la crise de la masculinité, l’écart salarial, l’imposition des pronoms trans, la gauche radicale from PM21 on Vimeo.
Mais d’abord… Qui est Jordan Peterson ?
Seulement, l’entretien ne s’est pas du tout déroulé comme prévu, parce que la journaliste s’attendait à un combat épique contre un gourou d’extrême-droite1.
En effet, si Jordan Peterson est devenu un personnage médiatique, c’est parce qu’il s’est élevé contre les excès du politiquement correct et de la politique identitaire qui transforment petit à petit les campus anglo-américains en petites dictatures collectivistes.
Un écart de salaires qui repose sur une discrimination qui n’existe pas
L’entretien dérape au moment où Cathy Newman pense avoir trouvé avec la question de l’écart salarial entre hommes et femmes un moyen de démasquer l’idéologue machiste « idole de l’alt-right » sur internet. Malheureusement pour elle, la réponse de Peterson ne coche aucune case du portrait plein de préjugés qu’elle se faisait de lui : Peterson pratique l’art difficile de la réflexion et ne se démonte à aucun moment.
Face à Peterson, Newman affirme, tout comme Madame Pénicaud, que les femmes sont payées moins que les hommes à travail égal (5’20 dans la vidéo), et que le peu de représentation des femmes dans le big business pouvait tout à fait être ressenti comme une exclusion de leur part.
La réponse de Peterson est claire : il n’est pas possible de ramener la cause de cet écart à la seule question du sexe. Les causes variées qui expliquent ces chiffres ne peuvent donc en aucun cas être prêtés à une volonté d’exclusion ou de domination de la part des hommes comme l’affirment les féministes les plus gauchistes.
Les individus choisissent aussi en fonction de leur sexe
La journaliste, déstabilisée, revient à la charge et demande s’il ne trouve pas injuste cet écart de salaires de 9% entre les deux sexes, ce à quoi Peterson répond en normand : cela dépend de la situation, parce qu’encore une fois, l’écart repose sur des variables comme l’attitude ou les attentes de carrière qui varient en fonction des choix des individus, choix qui peuvent eux mêmes être conditionnés par le sexe (autant que par la position sociale ou les préjugés). Il ne s’agit donc pas nécessairement d’un volonté délibérée des hommes d’exclure les femmes.
Plus encore, les stratégies de carrière des femmes ne sont pas exactement les mêmes que celles des hommes, et les raisons de cette singularité ne sont pas purement culturelles ou sociales, puisque les différences réapparaissent partout, y compris dans les pays où l’égalité sociale et la redistribution existent pour tenter de la gommer.
Ce passage n’est pas sans rappeler la mésaventure de James Damore, cet ingénieur chez Google qui s’était fait licencier pour un mémo jugé sexiste. Tout comme Peterson, Damore rappelait que les individus sont sexués, et que toutes les études concordaient pour indiquer que cela pesait aussi sur les comportements et donc aussi les choix de carrière (parmi un certain nombre d’autres variables bien sûr). Cela pouvait expliquer en partie l’absence de femmes dans l’univers de la high tech ou du big business.
Damore comme Peterson rappellent des évidences, mais qui ne semblent pas au goût des féministes radicales.
Menace pour la liberté d’expression et coercition
Si Peterson, tout comme Damore, s’attache à critiquer le biais idéologique identitaire et diversitaire qui tend à sacrifier la science et la liberté d’expression au nom du Progrès de l’Humanité, il ne s’arrête pas là .
Il est tout aussi pertinent sur le potentiel politiquement liberticide d’un tel discours : si l’écart de salaire entre hommes et femmes résulte aussi de choix libres d’individus motivés par des stratégies de carrière différentes, alors c’est à la liberté de choisir qu’il faudra peut-être s’attaquer pour enfin aboutir à l’égalité. Il faudra peut-être même contraindre par la loi, la redistribution et l’éducation publique obligatoire pour qu’une telle exigence puisse être réalisée.
Madame Pénicaud aura-t-elle l’occasion de voir cette vidéo ? Le bon sens et la raison seront-ils entendus avant que les premières mesures coercitives et liberticides se mettent en place ? C’est une question qui reste pour l’instant en suspens.
Si vous avez le temps, regardez toute la vidéo, sinon, filez directement à 5’30 min pour suivre le débat sur l’écart salarial hommes-femmes. Si vous avez encore un peu de courage regardez la suite : Peterson, toujours sur la politique identitaire, administre une leçon magistrale de liberté d’expression à Madame Newman qui la laisse littéralement sans voix.
- Ce qu’il n’est évidemment pas, comme l’a très bien vu Dan Sanchez de la Foundation for economic education. ↩
Merci pour cet article et, surtout, pour la vidéo.
Je ne connaissais M. Peterson, je l’ai trouvé très intéressant et posé durant son interview, de même que la journaliste est restée correcte et a su reconnaître lorsqu’elle n’avait plus d’argument à opposer. Ce type de débat change de ce que nous pouvons voir en France !
Pour revenir sur le fond du débat, je suis en accord avec M. Peterson lorsqu’il insiste sur les causes multifactorielles de l’écart de salaire homme/femme et qu’il ne faut pas le restreindre au genre.
en fait je vous conseille de regarder des tas de types classés alt right…c’est du grand n’importe quoi de la part d’une nouvelle gauche qu’on peut qualifier d’identitaire que de qualifier ces gens d’extremistes..
the rubin report est intéressant.
*et si vous voulez rigoler ou être terrifié… les vidéos sur les social justice warriors… sjw…
Les SJW.. j’ai regardé certaines vidéos, je ne comprends pas ce mode de pensée qui vise à humilier la personne en face (en dénigrant son avis, bafouant la liberté d’expression, etc.) afin de faire prévaloir son avis.
Pour moi, tous ces types de combats qui visent à faire valoir un droit à cause d’une spécificité quelconque (couleur de peau, âge, taille, poids, etc.) ne fait qu’accroître l’intolérance (donc à l’opposé de l’objectif premier).
Sjw vs Logic sur Youtube.
Vous faites juste partie des gens logiques.
Bonjour Jacques, je voudrais préciser que ni Jordan Peterson, ni le Rubin Report, ne se considèrent, même de loin, comme Alt-Right ou extrême droite. Mais c’est la façon calomnieuse par laquelle la gauche les décrit, ne tombons pas dans leur piège.
Jordan P est particulièrement bon…
Y’a-t-il un Jordan Peterson dans le paysage intello français ?
Pourquoi ils ne surgissent pas ?
Jordan est très populaire sur les web (podcasts , conférences ,youtube ) avec des millions des « views ».
De nombreux travaux sur le « gender wage gap » précèdent le coup d’éclat de Peterson et le retentissement de cette interview.
Christina Hoff Sommers est la philosophe « anti-féministe » la plus connue outre-atlantique.
On peut voir cette vidéo faite pour la PragerU
https://youtu.be/1oqyrflOQFc
L’exploit de Peterson est génial de maîtrise rhétorique face au politiquement correct et est un exemple pour nous tous !
C’est cet aspect, la maîtrise de la rhétorique, qui m’a le plus bluffé. Il est resté calme, aucun dénigrement envers la journaliste, réponses argumentées avec des exemples, etc. J’adore 🙂
Merci pour votre lien !
pas forcement la journaliste apparaît idiote mais elle ne l’est pas tant que ça, son but et sa tactique était est de démasquer un extrémiste de droite caché… donc il fallait l’amener à dire un truc qu permette de le classer alt right et de prouver son point qu’il dise un truc « moche » d’ou une succession rigolote de donc vous dites que…suivi d’une interprétation tordue des propos que venait de tenir peterson..
cette tactique a échoué lamentablement car avant tout peterson n’est pas un extrémiste de droite..
le malheur pour elle est que ça ne constitue pas une apocalypse de la stratégie amoral de son camp du bien.
ezra leavnt est certainement de droite mais regardez donc cette vidéo où il défend la liberté de penser devant un fonctionnaire ..
Merci pour ce lien, je vais m’empresser de le regarder.
Waouw ! Formidable cet interview de Jordan Peterson !
Merci à l’auteur de l’article et à Contrepoints.
Un entretien de haut niveau, surprenant parfois, brillant souvent.
Je vais garder cette vidéo précieusement et lire Jordan Peterson dans le texte.
Si Peterson est remarquable, la journaliste joue très bien sa partition et finalement le résultat est fort attrayant.
Mais où ai-je lu qu’il n’y aurait pas d’écart salarial significatif entre hommes et femmes sans enfant mais au contraire des écarts significatifs entre femmes, celles avec enfant et celles sans enfant ? Sur Contrepoints ?
En tout cas, si c’était vrai, voilà qui remettrait l’église au milieu du village à ce sujet, mais qui ne collerait pas vraiment avec la doxa féministe et les politiques publiques qui en découlent.
Les femmes célibataires sont plus productives que les femmes mariées, alors que c’est l’inverse pour les hommes .
je l’ai écrit dans un commentaire (que je ne retrouve plus).
mais je suis fier d’avoir inspiré Cavaignac dont j’apprécie toujours les commentaire.
Il y a une autre argument à faire valoir: le salaire moyen des hommes est supérieur au salaire moyen des femmes, parce que les hommes sont numériquement dominants en ancienneté. Quand on fait la moyenne des salaires des femmes, il faut aussi calculer la moyenne de l’âge des femmes au travail. Il est très probable que dans la plupart des métiers, à travail égal, l’âge moyen des femmes est plus jeune que celui des hommes, ce qui expliquerait à lui seul une certaine différence des moyennes de salaires.
jordan peterson a été au coeur d’une polémique ahurissante sur kl’usage des pronoms obligatoires au canada..bill C16 à voir…
Admirable et enthousiasmante défense de Peterson ! Car il partait bien sur le banc des accusés. Merci à Frédéric Mas pour ce résumé et cette vidéo. Un modèle d’argumentation rationnelle (pas facile quand on est au cÅ“ur d’un débat oral), d’à propos, de réflexion, de maîtrise de soi… Peterson a su transformer une interview exclusivement à charge en débat de haut niveau. Bravo !
ce n’est pas un débat, ce n’était m^me pas supposé l’être, c’était un « interview  » et il est normal qu’il soit à charge…les interviews journalistiques sont en fait trop souvent lénifiants.. sauf que l’interview met en lumière l’idéologie et , les biais les préjugés de l’intervieweuse…
Ne blâmez pas la femme pour l’intention de mettre sur le grill l’interviewé ça devrait être la norme..imaginez un peu que ce soit plus souvent le cas … si c’était le cas , jordan peterson n’aurait pas à être interviewé puisque on serait toujours en train de demander à ceux qui prônent une politique salariale égalitaire..pourquoi?
https://www.wsj.com/articles/whos-afraid-of-jordan-peterson-1516925574?mod=djemMER
(Je suis le sous-titreur de la vidéo)
Plus d’info et de vidéos en français sur Jordan Peterson ici:
* La controverse des pronoms « trans » et « fluides »
http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com/2017/04/la-croisade-des-lgbt-contre-la-liberte.html
* Jordan Peterson et les jeunes trans (à l’école)
http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com/2018/01/jordan-peterson-et-les-jeunes-trans.html
* Extrait d’une allocution de Jordan Peterson tenue à l’université de Toronto le 19 novembre 2016 qui décrit la véritable chape de plomb qui s’abat désormais à l’université et le conseil d’un avocat de renom à Jordan Peterson « retourne à ta petite vie pépère et ferme-là »… Peterson ne l’a pas écouté.
http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com/2018/01/le-genre-et-luniversite-une-chape-de.html
* Université Wilfred Laurier (Ontario) — S’opposer aux pronoms transgenres (Jordan Peterson), c’est comme Hitler… L’histoire de Lindsay Sheperd qui se dit plutôt de gauche, une assistante dans le département de communications, et son passage devant un conseil de discipline « diversitaire »
http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com/2017/11/ontario-la-liberte-dexpression.html
Ah, le dernier livre de Peterson est numéro 1 dans la liste des ventes de cette semaine… C’est plus un livre d’aide de croissance personnelle qu’un livre politique (ou polémique).
https://www.amazon.com/best-sellers-books-Amazon/zgbs/books
Pourquoi les gens ne peuvent pas entendre ce que dit réellement la Jordanie Peterson ? https://www.theatlantic.com/politics/archive/2018/01/putting-monsterpaint-onjordan-peterson/550859/
 » la Jordanie Peterson  » je voulais dire: Jordan Peterson
Jordan B Peterson, Critical Theory, and the New Bourgeoisie: http://quillette.com/2018/01/17/jordan-b-peterson-critical-theory-new-bourgeoisie/
http://www.breitbart.com/big-journalism/2018/01/18/delingpole-jordan-peterson-v-cathy-newman-best-sjw-takedown-evah/
Sur le rôle du père :
C’est à partir des années 1970 que le pédopsychiatre Aldo Naouri commença à voir les effets qu’avait sur les enfants la disparition progressive des pères dans la famille moderne.
Naouri prit peu à peu conscience que le père était une invention récente dans l’Histoire de l’humanité ; invention capitale pour interdire l’inceste et mettre un obstacle à la fusion entre l’enfant – être fait de pulsions – et la mère – destinée à satisfaire ses pulsions.
Mais le père est une création artificielle, culturelle, qui a besoin du soutien de la société pour s’imposer à la puissance maternelle, naturelle et irrésistible. Le père incarne la loi et le principe de réalité contre le principe de plaisir.
Il incarne la famille répressive qui canalise et refrène les pulsions des enfants pour les contraindre à les sublimer.
Or détruire la masculinité empêche les hommes d’exercer leur rôle de père