Par Peter Libtank.
La gestion des dossiers SNCF et Notre-Dame des Landes semble souffrir des mêmes carences : des promesses faites à la va-vite, donc impossibles à tenir, une mascarade médiatique pour couvrir le manquement, un numéro d’illusionnisme qui déçoit grandement les premiers concernés, des mouvements de protestation, un gouvernement, décrédibilisé, qui doit multiplier les concessions pour trouver une sortie et garder bonne figure, et au final le « pire des compromis ».
SNCF : il avait été promis durant la campagne que l’État reprendrait la dette. Mais les contraintes budgétaires de l’Europe, que nul ne pouvait ignorer, n’ont jamais permis de tenir cette promesse. Pour couvrir ce recul, l’idée d’une réforme bien médiatisée prend corps. Une illusion de réforme qui n’en est pas une puisqu’elle ne contient, pour l’instant, aucune stratégie crédible et solide pour aider la SNCF à affronter la concurrence. D’où la colère compréhensible des cheminots et un mouvement de grève inédit. Au final, une entreprise vulnérable à la concurrence malgré l’argent public puisqu’une partie de la dette sera bien reprise. Le pire des compromis.
Notre-Dame des Landes : de même, il avait été promis durant la campagne de faire respecter le résultat du référendum régional sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une fois le gouvernement nommé, avec sa belle prise écologiste, la priorité s’est inversée vers la recherche d’autres solutions potentielles. Pour couvrir ce déni de démocratie, l’expulsion médiatisée des zadistes devient nécessaire, ce sans autre contre projet à opposer que le respect d’un État de droit. L’illusion de l’autorité républicaine avec un enlisement progressif programmé dans le bocage. Au final, pas d’aéroport (ni à Notre-Dame-des- Landes, ni à Nantes faute de moyens) avec la régularisation des zadistes. Sans oublier les quelques centaines de millions d’argent public dilapidés en vain. Comme pour la SNCF, le pire des compromis.
Après les promesses, l’improvisation
La même dynamique a été ou est en marche pour la plupart des grandes promesses, plus ou moins improvisées durant la campagne : l’inversion de la hiérarchie des normes, l’assurance chômage pour les démissionnaires, le service universel, la fin des régimes spéciaux de retraites, la réforme de la fonction publique, la maîtrise des dépenses publiques…
Cette situation provient de deux difficultés consubstantielles à l’élection présidentielle de l’an passé :
– un programme construit dans l’urgence d’un concours de circonstances, aussi heureux qu’inattendu pour notre jeune candidat. En fait, une liste à la Prévert d’intentions souvent irréalistes essentiellement destinées à frapper les esprits…
– un mouvement en marche avec un positionnement centre droit qui doit créer l’illusion du mouvement pour empêcher la droite, (comme la gauche) de se reconstruire et de devenir une alternative crédible. D’où cette frénésie de discours et de réformes pour occuper le terrain. Une méthode qui sera cependant bien difficile à tenir cinq ans durant…
Ce gouvernement semble donc dans une double impasse : pas de programme cohérent et structuré et, en même temps, le besoin impérieux d’ouvrir un maximum de chantiers pour maintenir l’illusion de la transformation du pays et pour bâillonner l’opposition, en particulier à droite, les médias et l’opinion publique qui peinent à suivre le rythme.
L’immense désillusion
Cette dynamique est préoccupante car l’impréparation et l’agitation se prêtent mal à l’obtention de résultats durables.
En 2022, les chiffres du chômage, croissance, déficit, Europe, laïcité, sécurité… pourraient ne pas être au rendez-vous. Après les effets d’annonce, la désillusion serait alors immense.
En même temps, la république risque de continuer à reculer, ou faire semblant d’avancer, sur de multiples sujets, en particulier sur la refondation de la sphère publique et la maitrise des dépenses publiques, mère de toutes les réformes.
La démocratie risque donc de s’affaiblir. Même si l’illusion de mouvement freine l’émergence d’une vraie alternative politique républicaine, on peut craindre pour 2022 une gauche et une droite nationalistes et radicalisées contre une ex-majorité centriste, assiégée et décrédibilisée par le manque de résultats. Encore une élection présidentielle par défaut ? Non merci.
L’immense désir de réussite de notre jeune président, bien seul pour conduire les affaires d’un pays aussi compliqué, et ce sans programme structuré ni assise politique éprouvée, incite donc à la plus grande vigilance.
Décidément Mai 68 ce n’est plus ce que c’était, les facs évacuées sans combat, plus de chienlit, plus de pavés déchaussés, plus de barrages, plus de CRS aux quatre coins et Macron toujours pas en Allemagne. Tout va bien madame ma marquise. A suivre, quand même !
Les sorties par le haut, c’est avant d’entrer qu’on y réfléchit.
Le gouvernement avait pourtant un rapport, sur NDDL, qui préconisait de faire un copié-collé de ce qui s’était passé sur le Larzac. Hélas le grand échalas qui se croit premier ministre a voulu jouer les matamores, pour faire bonne figure auprès de ceux qui n’aiment pas le zadisme.
Pour faire suite, dans le détail, à quelques éléments de l’article :
1. referendum régional : rappelons qu’il ne s’agit pas d’un referendum (qui engage), mais une consultation (qui n’engage à rien) ; rappelons aussi, par voie de conséquence, que Macron est resté très flou sur ces intentions à ce sujet pendant la campagne, il a laissé entendre, à ses interlocuteurs ce qu’ils voulaient bien entendre. Je convie l’auteur de cet article à relire attentivement le programme de Macron sur la politique des transports : « car l’enjeu n’est plus de construire partout des autoroutes, des aéroports et des lignes de TGV ». Il était donc assez clair que NDDL avait du plomb dans l’aile.
2. L’aéroport de Nantes sera rénové. J’en fais le pari. Pour deux raisons. Une bonne et une mauvaise. La rénovation, au moins des bâtiments, est nécessaire, pour accueillir une clientèle en légère croissance. Construire une deuxième piste, en revanche, reste un luxe que rien ne justifie avant longtemps. L’autre raison, la mauvaise, c’est qu’il faudra, bien d’une façon ou d’une autre dédommager Vinci. Et quel meilleur moyen que de cramer encore un peu de pognon du contribuable pour améliorer le faste de l’aéroport nantais, aux mains d’élus ayant pris un sérieux melon depuis quelques années.
« une clientèle en légère croissance »: + 15 % en 2017 à Nantes.
http://www.air-journal.fr/2018-01-23-le-trafic-aerien-en-france-augmente-de-61-en-2017-5193539.html
Vous devriez faire de la politique, vous êtes bien armés pour ça.
2017 reste une année exceptionnelle. Dans l’ensemble, la progression à Nantes est entre 5 et 7 %, cad dans la moyenne nationale.
Si je fais de la politique, je vous saurai gré de ne pas voter pour moi, ça risque de me gâcher la fête !
Pour info, l’aéroport de Genève compte aussi une seule piste, mais avec un trafic trois fois supérieur (17 millions contre un peu plus de 5) !! Je dis ça pour le cas où certains s’illusionneraient encore sur la nécessité de construire une deuxième piste à Nantes.
Il y a bien eu référendum, c’est-à-dire un engagement moral, sur lequel le gouvernement est revenu. Ne dites pas n’importe quoi !
Merci pour votre analyse à laquelle j’adhère complètement.
Wauquiez devrait tenir compte de cette analyse qui me semble juste. Or LR semble noyé, inaudible. LR a voté le changement de statut sauf deux députés dont Julien Aubert .
en fin de route encore du gaspillage d’argent public…il n’y aura plus besoin d’un président de la république …ce sera le où les entreprises privé qui dirigeront le pays .comme ça, le probleme sera réglé. ..
quand ont voit ce qui se passent sur les autoroutes bientot les aéroports les prisons les hopitaux etc. ..ce ne sera plus la France mais Vinci…
Y sont gentils et compréhensifs avec le Président, les zadistes…A mon sens, le grand chef à décidé en lui même et en-même-temps qu’eux, qu’il ne serait pas mauvais de les subventionner, avec nos sous