Dans une économie qui marche, qui crée de l’emploi ?

Ce sont les entreprises nouvellement créées au cours d’une année qui assurent la quasi-totalité des nouveaux emplois, et elles compensent chaque année les destructions d’emplois par des entreprises existantes.

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Dans une économie qui marche, qui crée de l’emploi ?

Publié le 22 février 2018
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Par Valérie Pascale.
Un article d’Entrepreneurs pour la France

À la différence de la France, la ventilation des créations d’emplois par âge et par taille d’entreprise est considérée comme quelque chose de standard dans la démographie des entreprises aux États-Unis. Cela permet en effet de savoir où les emplois sont créés réellement et de bien cibler les efforts fiscaux en matière de création d’emplois.

Autrement dit, cela a permis aux États-Unis de se rendre compte qu’il leur faut beaucoup de jeunes entreprises, bien dotées en capitaux, qui puissent grossir à long terme. On est très éloigné de la démarche de l’Insee…

L’homologue américain de l’Insee, le Bureau Census, publie chaque année des tables de créations et destructions d’emplois aux États-Unis par âge et par taille d’entreprises. Ils tiennent ces précieuses séries depuis 1977, ce qui permet d’identifier quel type d’entreprises représente le plus fort potentiel en matière de création d’emplois.

À partir des tables du Bureau Census, nous pouvons observer que pour les entreprises qui ont plus d’un an d’existence, le solde entre les créations et les destructions d’emplois au cours d’une année connaît de très fortes fluctuations et reste principalement négatif, quelle que soit la taille des entreprises.

On voit sur le graphique ci-dessous que seules les entreprises nouvellement créées au cours d’une année peuvent en effet fournir un flux constant de nouveaux emplois. Cela permet d’assurer la création permanente de nouveaux emplois dans l’économie américaine.

Variation d’emplois en valeurs absolues aux États-Unis Période 1977-2014

Sources : Business Dynamics Statistics, Census Bureau ; méthodologie Kauffman Foundation, calculs Irdeme ; champ : total des emplois marchands hors services à la personne, production agricole et chemins de fer.

Dans une économie développée, même quand elle fonctionne bien, les entreprises déjà établies ne sont en général pas créatrices nettes d’emplois sur le long terme, quelle que soit leur taille. Elles assurent plutôt le renouvellement et le remplacement des emplois existants par suppression des emplois dont elles n’ont plus besoin.

Ainsi, quand l’Insee explique dans sa dernière étude sur les entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 5.000 salariés) qu’elles sont les championnes de la création d’emplois, on peut se demander si cela ne constitue par une anomalie française, conséquence d’une économie trop rigide qui ne favorise pas suffisamment l’éclosion de nouvelles pépites.

Entre 2009 et 2015, les ETI ont créé 337.500 emplois. Sur la même période, les grands groupes ont un solde négatif de 80.700 emplois et les micro-entreprises affichent elles aussi un recul de 98.900 emplois en équivalent temps plein (ETP).

En effet, aux États-Unis, les ETI, et notamment celles qui ont plus d’un an d’existence, ne jouent pas un rôle important en matière de création d’emplois. En moyenne, elles assurent seulement 35% de toutes les créations nettes d’emplois aux États-Unis sur la dernière décennie.

Ainsi, ce sont les entreprises nouvellement créées au cours d’une année qui assurent la quasi-totalité des nouveaux emplois, et elles compensent chaque année les destructions d’emplois par des entreprises existantes.

Aux États-Unis, ce sont majoritairement les entreprises nouvelles, et non pas les ETI, qui assurent l’essentiel de la création d’emplois chaque année

Lecture : La création annuelle nette d’emplois est assurée par les start-up. Le solde entre les créations et les destructions
d’emplois par les ETI ne represente que 25% de toutes les créations.
Source : Bureau Census, calculs Irdeme.

L’Insee quant à elle continue de publier le nombre d’entreprises nouvelles créées sans salariés afin de dissimuler que la naissance d’entreprises employeuses est extrêmement faible en France.

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  • La création d’emploi n’est qu’un indicateur parmi d’autres de la performance de l’économie. Il faut arrêter d’en faire l’alpha et l’oméga de l’analyse. En particulier, la manière dont les tâches et les emplois se répartissent entre les entreprises n’est ni une compétition ni une collaboration, mais quelque chose de très fluctuant. Par exemple, une ETI qui croit va conserver sa souplesse en sous-traitant à des start-ups et en favoriser l’apparition.

    • Si vous ne créez pas d’emplois vous arrivez à la situation française avec au moins 7 millions de personnes sans boulot ! C’est la création d’entreprises qu’il faut encourager! Or en France l’état fait tout pour décourager par ses âneries.

      • C’est la bonne marche des entreprises qu’il faut encourager, les entreprises se créeront toutes seules pour en profiter. L’encouragement à la création d’entreprises à la française crée des auto-employés dans des start-ups qui n’ont pas de business plan ni d’équilibre financier une fois la période des aides passée.

        • Mouais , personnellement, j’évite de trop travailler (je suis en AA), sinon je vais me retrouver a travailler 1.5X plus pour gagner pareil, au final si on me laissait faire, je pourrais p-e même embaucher, mais actuellement c’est hors de question, je ne vais pas risquer ma pérennité, juste pour grossir en taille, et c’est bien la le problème, on demande à l’entrepreneur de faire un choix complètement stupide: rester seul, ne pas gagner trop et ne pas risquer grand chose, ou tenter le tout pour le tout avec un grand risque d’échec (à cause des charges énormes hein, pas à cause du risque inhérent d’être entrepreneur).
          Le choix est vite fait si on est un peu rationnel.

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