Défaite de la science : la France n’est plus le pays de Pasteur

La science est devenue pour certains synonyme de menaces. L’homme scientifique, un comploteur vénal et animé d’une haine secrète de la nature. Bienvenue dans le présent le plus obscurantiste qui soit.

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Défaite de la science : la France n’est plus le pays de Pasteur

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 8 février 2018
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Ces derniers mois, la polémique autour du glyphosate a démontré à quel point l’autorité des arguments scientifiques a sombré en France.

Peu avant le renouvellement de la molécule par les États membres de l’Union Européenne, Frédéric Descrozaille, député LREM de la première circonscription du Val-de-Marne, a rédigé une tribune d’une grande neutralité dans laquelle il questionnait notre rapport aux herbicides issus de la fameuse molécule.

Dans la discussion autour du glyphosate, dit-il, la passion et l’opinion l’emportent sur les arguments, fussent-ils scientifiques. Pire : c’est justement parce qu’il s’agit d’arguments scientifiques qu’ils sont frappés de suspicion.

Le glyphosate « a fait l’objet d’un très grand nombre d’études qui n’ont pas, jusqu’à une date récente, mis en cause son innocuité pour la santé et pour l’environnement », constate Frédéric Descrozaille. Il est vrai qu’il existe une agence internationale, et une seule, qui a classé l’herbicide « cancérogène probable » pour l’homme. Il s’agit du CIRC.

Mais comme le rappelle le député LREM, l’étude de cette agence « n’est peut-être pas totalement sincère et rigoureuse ». L’avis du CIRC s’oppose en outre à ceux de nombreuses agences, notamment l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).

Or, depuis le début, et malgré les accusations de collusion qui pèsent sur ces dernières, les pratiques des agences européennes ont toujours été transparentes.

Accusations farfelues

En Allemagne, l’Institut fédéral d’évaluation des risques (BFR) a exposé ses pratiques, ses conclusions et sa méthodologie dans une grande transparence. Toutes les actions liées au glyphosate sont ainsi rigoureusement répertoriées sur le site Web de l’Institut et ce depuis 2011.

De leur côté, l’EFSA et l’ECHA, mises en cause par le professeur Christophe Portier, lui-même critiqué pour ses postures activistes, ont également répondu point par point aux accusations de La Stampa et The Guardian. À plusieurs reprises, M. Portier a été accusé de faire obstruction à la procédure de réautorisation du glyphosate en multipliant les déclarations opaques et lacunaires.

Malgré cela, les présidents du groupe du Parlement européen ont annoncé, jeudi 18 janvier, la création d’une commission spéciale chargée d’enquêter sur les modalités d’autorisation des pesticides en Europe. Si elle va au bout de ce travail malgré la pression politico-médiatique, cette commission confirmera sans doute à quel point ces accusations sont farfelues.

Les agences européennes ont par ailleurs invité le professeur Portier à exposer ses données scientifiques et sa méthode. Ce qu’il ne fera jamais.

Science vs. Nature

Cette politique du “deux poids, deux mesures” égrène depuis le début de la polémique le cas glyphosate et fait grincer des dents les scientifiques.

Ainsi, aucun représentant de l’autorité publique européenne ne semble vouloir lever le voile sur les conditions dans lesquelles le CIRC a rendu son avis, mis en doute par toutes les agences de santé du monde. Seul le Congrès américain a demandé au directeur de l’agence lyonnaise de s’expliquer sur la façon dont ont été menés les examens concernant le glyphosate. En France, on continue en revanche de soutenir aveuglement le CIRC et d’ignorer le résultat d’autres recherches, notamment l’Agricultural Health Study (AHS).

Menée sur 20 ans sur plus de 50 000 agriculteurs, cette étude a été réalisée par une équipe dont l’indépendance et l’impartialité ont été largement reconnues (y compris par le CIRC). Ses conclusions : il n’existe pas d’éléments solides permettant d’affirmer que le glyphosate est cancérogène.

On pourrait longtemps discuter de cette étude et lire les innombrables témoignages de blogs scientifiques favorable à ces conclusions, comme celui par exemple de Science Etonnante. On pourrait, à défaut, visionner cette excellente vidéo du youtubeur Medifact sur notre perception du risque et du “hazard” afin de comprendre comment celles-ci jouent sur la réalité.

Hélas, peu de nos concitoyens prendront le temps de se renseigner et d’aborder ce sujet avec une attitude dépassionnée. Ce refus d’une position rationnelle et nuancée a culminé avec une inversion de valeurs qui aurait été impensable il y a quelques années.

La nature est devenue bienveillante par essence. La science et la chimie, malgré les nombreuses vies sauvées, sont devenues synonymes de danger et de menace.

Désormais, en France, le pays de Pasteur et de l’invention des vaccins, ces derniers sont accusés de tous les maux. Et les hommes et femmes de science auront beau se démener, ils seront toujours soupçonnés d’être corrompus et insensibles aux « combats » pour la santé et l’environnement.

Dans notre nouvelle société de la méfiance, la science a été défaite.

Voir les commentaires (17)

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  • avec la complicité de personnes qualifiée de certains chercheurs…

    ceci un scientifique a parfaitement le droit d’etre opposé à l’utilisation des pesticides… il ne peut juste pas dire que dans le cas du glyphosate les effets sanitaires connus scientifiquement sont importants.
    les vrais sujets sont le rôle de l’expert dans la prise de decision et sans doute le principe de précaution..

  • C’est Jenner et pas Pasteur qui a inventé le vaccin (vaccin-vache-vaccine-cow pox). Le vaccin contre la rage est une imposture inefficace et dangereuse. Oui, je méfie ! Le glyphosate est toujours évalué seul alors qu’un cocktail de pesticide est utilisé. Évaluons le cocktail .

  • Je confirme la conclusion de l’article. Cela devient grave, car l’aversion pour les sciences n’est plus cantonnée aux milieux écolo politico scientifiques. Une majorité de Français est désormais convaincue par la propagande des médias français.
    En médecine et chirurgie on le voit, c’est de pire en pire. Combien de traitements refusés car je cite  » le médecin est de mèche avec les labos ? » « la chirurgie c’est trop invasif comme méthode » , ou encore « les médicaments c’est des produits chimiques donc j’en prends pas »
    bref c’est quand même bien dommage qu’un pays comme la France, qui est à l’origine d’un très grand nombre de découvertes scientifiques sombre lentement mais sûrement dans la bêtise… mais ça doit être normal, comme les cycles du sommeil

    • Bof. Si un patient refuse certains soins, c’est de sa responsabilité. Il sera seul à assumer les conséquences de ses choix.
      A la différence ce que veulent obtenir les lobbies escrolos, tout le monde en subira les conséquences.

  • Bah; à force de jouer avec le feu…
    la « climatsrologie » a permis à des scientifiques dont jamais personne n’aurait entendu le nom, de devenir des vedettes.
    Et comme toute cette affaire est devenue éminemment politique, il a bien fallu choisir son camps si les chercheurs voulaient conserver leur boulot.
    Depuis, un scientifique est soit dans le camps du bien, soit un vil vendu aux lobbys.
    Et si un scientifique veut avoir son heure de gloire sur un plateau, que ce soit sur le glyphosate, ou le consommé local, ou que sais-je encore(l’imagination des zinzins verts est sans limites)il a intérêt à montrer patte blanche
    Même à l’école, un prof a tout intérêt à bien mesurer ses propos
    https://mythesmanciesetmathematiques.wordpress.com/2018/02/06/alerte-la-censure-frappe-francois-gervais-dans-un-lycee-de-versailles/
    Et comme cela est devenu une religion, un culte, malheur aux hérétiques.
    Que la sciences se soit prostituée aura des conséquences,car nous payerons la note.
    Ah comme c’était touchant ces gosses paralytiques victimes de la polio
    La nature va vite se rappeler à notre bon souvenir

    • A par cela les media français et le Monde en premier, osent prétendre combattre les fake news, alors qu’ils calomnient et diffament un scientifique mondialement connu!

  • J’avais écrit un long commentaire sur cette « affaire » du glyphosate sur mon blog le 5 janvier dernier qui avait d’ailleurs suscité des commentaires souvent haineux. C’est dire à quel point la propagande écolo est puissante : https://jacqueshenry.wordpress.com/2018/01/05/glyphosate-leurope-et-la-france-en-particulier-senfoncent-encore-une-fois-dans-lobscurantisme/

  • Malheureusement dans le monde moderne ; il n`y a qu`une minorité de scientifique comme de médecins qui se tiennent debout devant les corporations car la majorité sont les valets du corporatisme au nom duquel ils se remplissent les poches dans une société très individualiste .

    • Mais bien sûr! Vous croyez que tout le monde est comme vous? Que les gens s’enrichissent est normal, tous sur Terre y compris vous le désire! Alors cessez cette comédie hypocrite. Grâce à la science au lieu de vivre 40 ans vous vivrez 2 fois plus longtemps. Et grâce aux découvertes scientifiques et technologiques vous vivez dans une économie qui vous fournit du travail et vous permet de vivre à l’aise.

  • @pierre labranche, non, vous avez seulement peur de l’inconnu… regardez plutôt tout autour de vous les formidables avancées dont les sciences nous on fait profiter : l’électricité, internet, l’augmentation de l’espérance de vie, etc… que des gens s’enrichissent est normal si ils le méritent. Ce qui guide des réflexions comme la vôtre ce n’est pas l’altruisme, c’est la jalousie

  • Dites merci à nos grands penseurs: Derrida, Bourdieu, Lacan, Foucault. Le relativisme postmoderne ouvre la voie à toutes les escroqueries imaginables, et ils en profitent.
    Déjà en son temps Jules César remarquait que les gaulois croyaient en ce qu’ils voulaient. Rien n’a changé depuis. Nos intellectuels ont trouvé une justification pour nier la réalité, qui les contredit et les gêne. Ils ont pondu des théories absurdes qui permettent à d’autres charlatans, comme Ron Hubbard, de profiter de la crédulité humaine pour devenir célèbres ou s’enrichir. Il n’est donc pas étonnant que des gens ignorants et stupides comme les écolos, qui ne connaissent rien à l’écologie, nient la réalité et donc la science.

  • A noter que le président du CICR a refusé de répondre aux question du Congrès! Ce qui dénonce son militantisme écologiste!

  • @ cyde oui, à ceci près qu’on est en France et que les gens n’assument pas la responsabilité de leurs actes. En effet lorsqu’un patient refuse un traitement, il revient vous voir apres, énervé, il faut le prendre de suite parcequ’il n’a pas dormis de la nuit, et cela coûte cher à tout le monde… bref c’est comme le glypho, les gens n’en veulent pas mais gueulent lorsque les prix des produits alimentaires augmentent ou que les trottoirs sont mal entretenus

    • Certes mais, finalement, vous avez déchargé ce patient des conséquences de ses choix. Comme tend à le faire l’Etat. Cet individu ne changera donc jamais.
      Que vous le revoyez, c’est compréhensible. Mais pourquoi bousculer un planning pour un tel individu (sauf urgence vitale bien sûr, ou en cas de séquelles importantes possibles)? On apprend d’autant mieux de ses erreurs que les conséquences de celles-ci sont cuisantes.

  • Il existe ici quantité de gens qui remettent en cause le réchauffement moyen global de la planète Terre.

    • je n’en connais pas ; par contre il y en a bien qui s’interrogent sur quelle est la part de l’activité humaine dans ce phénomène et sur à quel point il est grave (ou au contraire bénéfique)

  • Les commentaires sont fermés.

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