Par Alain Goetzmann.
Aujourd’hui, je vous propose une communication du professeur Pierre-Marie Lledo, extraite de Sciences et avenir. Elle m’a paru à ce point édifiante que je la publie telle quelle. Faisons-en notre miel et suivons ses recommandations.
La production de nouveaux neurones ne s’arrête jamais. Des chercheurs ont observé que dans une région du cerveau impliquée dans la formation des souvenirs et la gestion des émotions, l’hippocampe, les anciens neurones étaient remplacés par d’autres, fraîchement produits à partir de cellules souches. Et chacun de nous aurait ce potentiel, quel que soit son âge. Rassurant.
Sauf que les expériences sur des souris ont montré que cette capacité pouvait diminuer, voire même disparaître (en cas de stress) selon l’environnement. Au contraire, dans un environnement adapté, la neurogenèse chez les rongeurs a été multipliée par trois en quelques semaines. Le directeur du département de neurosciences à l’institut Pasteur nous livre six principes à respecter pour conserver un cerveau jeune jusqu’à la fin de ses jours.
1.Fuir la routine
Le cerveau se nourrit du changement. En effet, la stimulation provoquée par le changement entraîne les cellules souches à produire de nouveaux neurones. Il faut donc fuir la routine, « respecter la libido sciendi, c’est-à -dire la soif de comprendre et d’apprendre ».
2.Lutter contre l’infobésité
Le cerveau est malléable et l’information invite directement les circuits à se régénérer. En revanche, la question à se poser est : quelle information ? L’écosystème numérique dans lequel nous vivons entraîne une avalanche d’informations certes… Trop selon le médecin. « L’information qui nous fait juste savoir est absolument délétère, et n’incite pas le cerveau à produire de nouveaux neurones. Bien au contraire, ce dernier, bombardé d’informations, est alors condamné à l’anxiété » . Concrètement, il est indispensable de trier cette information : choisir l’utile, celle qui nous fait comprendre, et se débarrasser de la futile, celle qui nous fait juste savoir.
3.Bannir anxiolytiques et somnifères
L’objectif des anxiolytiques et des somnifères est d’empêcher le cerveau, celui qui cherche à comprendre, de fonctionner. Leur consommation permet de mettre le cerveau en « marche automatique ». Leur utilisation chronique est donc une entrave à la production de nouveaux neurones.
4.Bouger !
Il nous faut lutter contre la sédentarité car la science nous dit que, en cas d’activité physique, les muscles produisent des subtances chimiques (nommés facteurs trophiques) qui, par voie sanguine, viendront agir sur le cerveau et particulièrement sur la niche de cellules souches. Il existe donc une corrélation directe entre activité musculaire et production de nouveaux neurones.
5.Cultiver l’altérité
Certaines parties de notre cerveau, que nous ne pouvons pas contrôler, ne sont engagées que lorsque ne nous sommes exposés à autrui. « C’est ce qu’on appelle globalement le cerveau social. Plus vous allez cultiver votre altérité, et plus vous allez soigner votre cerveau car il sera enclin à produire plus de nouveaux neurones« .
6.Soigner le microbiote
Très récemment, les neurosciences, associées avec la microbiologie, ont montré qu’il y a une flore intestinale qui communique en permanence avec notre cerveau. Notre régime alimentaire a donc un rôle important : la consommation de fibres, un régime varié, incitent à la prolifération de certaines espèces bactériennes concourant justement à la prolifération de neurones. À l’inverse, une nourriture peu variée, riche en sucres, en graisses, favorise la prolifération d’espèces bactériennes qui ne permettront plus aux cellules de produire de nouveaux neurones, quel que soit l’âge.
Un bon microbiote (régime alimentaire varié) favorise les nouveaux neurones.
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Je suis étonné sur “fuir la routine”. Les habitudes quotidiennes me semblaient plutôt favorables à une diminution du stress, et par là un bon fonctionnement du cerveau? La citation finale me semble plus exacte, non? Plutôt que “fuir la routine” je dirais “apprendre constamment de nouvelles choses” mais en maitenant scrupuleusement sa routine quotidienne (sommeil, repas, activités, étude).
Vous avez raison. La routine est trop ambiguë. C’est un cadre sans signification précise. Elle peut être desséchante ou structurante selon son contenu. La curiosité elle-même doit devenir une routine. Lire doit être une habitude, choisir de bons films également.
@ Chris_de_B
L’article est “très concis”! Pas difficile de se douter que nous sommes qu’au début des “neurosciences” et qu’il y a donc une multitude d’hypothèses qui naîtront encore, à confirmer ensuite! (Le simple langage se fait dans une langue unique qui ne peut être que l’expression de la subjectivité de l’auteur à côté des informations glanées ailleurs: sa “vérité” n’est pas la “vérité universelle”: aucun “texte” ne peut être universel pour toujours!)
J’ajouterais:
7- Snober la télé et fréquenter Contrepoints?