Les porcs, le féminisme et le troupeau

Face à la recrudescence des porcs, allons-nous vers une épuration des femmes et des troupeaux ?

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Les porcs, le féminisme et le troupeau

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 janvier 2018
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Par Louise Alméras.

Chaque semaine a maintenant son lot de révélations dans la presse : les femmes ne se taisent plus et les agresseurs sexuels sont débusqués. Ce que l’on ne dit pas toujours dans une affaire, c’est aussi la part de vérité qu’elle révèle : ce nouveau tournant dans le milieu majoritairement artistique met-il fin au droit de cuissage et à une certaine manière d’obtenir ou de garder un emploi ?

La disparition de la responsabilité individuelle

Quand a-t-on entendu parler de responsabilité individuelle pour la dernière fois dans les articles faisant mention de ces scandales ? La communauté, désormais spectatrice, semble porter sur elle tout le poids de situations présentées comme inéluctables quand, enfin révélées, les affaires de mœurs éclatent quand c’est trop tard de la part de plaignantes qui paraissent parfois n’avoir eu à l’époque des faits aucune responsabilité, aucune liberté ni aucune crainte que le mal perdure après elles.

Le silence des femmes n’est pourtant pas uniquement une affaire de crainte de leur part, mais aussi de lâcheté d’un milieu, nous l’avons vu dans l’omerta qui entourait depuis longtemps les actes de Harvey Weinstein. Cela a pris tellement d’ampleur, notamment avec la création du collectif Time’s up, que la vision manichéenne de toutes les affaires est maintenant de mise.

Les femmes toujours victimes ?

Les hommes sont toujours les méchants et les femmes toujours les victimes. Certes, il y en a de nombreuses, mais certaines ont peut-être profité du système pour leur carrière. À la différence que les hommes ne pourront certainement jamais porter plainte contre elles pour ce motif.

Frédéric Bastiat mettait en garde dans Harmonies économiques contre ce qu’il considère comme une perte de liberté et le danger assez vaste que suggère un manque de responsabilité, à cause de ses conséquences.

La responsabilité, mais c’est tout pour l’homme : c’est son moteur, son professeur, son rémunérateur et son vengeur. Sans elle, l’homme n’a plus de libre arbitre, il n’est plus perfectible, il n’est plus un être moral, il n’apprend rien, il n’est rien. Il tombe dans l’inertie et ne compte plus que comme une unité dans un troupeau.

Si donc d’un côté il y a les porcs, il semble aussi que de l’autre il y ait des troupeaux.

Le Danois Peter Martins vient d’annoncer sa démission de la direction du New York City Ballet suite à des allégations de harcèlement sexuel et d’abus verbal, sur des faits datant de 1983. Il se retire après avoir démenti la véracité des accusations.

Le réalisateur canadien Paul Haggis est accusé de même par quatre femmes, pour des faits datant de 1996 à 2015, depuis une première plainte déposée le 15 décembre dernier (AFP), les autres étant anonymes.

De son côté, il a porté plainte contre l’une d’elle, Mme Breest, qui lui réclame des millions de dollars afin qu’elle garde le silence, et son avocate de dénoncer « une tactique pour lui nuire (…) et obtenir de l’argent ». De l’autre, l’avocate des plaignantes conclut avoir à faire à « un prédateur en série qui s’en prend aux femmes depuis des années ».

Saura-t-on un jour la vérité ? Et est-ce vraiment celle-ci qui importe dans cette déferlante d’annonces de plaintes ? Est-ce les hommes de pouvoir qui en ont profité ou bien les victimes qui usent de leur pouvoir ? Enfin, pourquoi les langues se délient-elles maintenant ?

Les femmes sont-elles moins libres que les hommes ?

Pour répondre de leur silence, de nombreuses femmes ont invoqué la peur qu’elles avaient de perdre leur emploi. Ce n’était pourtant pas, en général, des femmes incompétentes.

Ce fut même parfois des femmes plutôt fortes et capables, qui n’avaient donc pas à douter de leur capacité à être employées ailleurs. C’est le cas encore récent de trois chanteuses et d’une instrumentiste qui accusent le chef d’orchestre suisse Charles Dutoit d’agressions sexuelles, ayant eu lieu entre 1985 et 2010.

Pourquoi porter plainte maintenant ? « Parce qu’elles étaient jeunes à l’époque, qu’il était leur maestro et qu’elles pensaient que ce seraient elles qui perdraient leur travail », rapportait l’agence de presse américaine AP le 22 décembre dernier.

Friedrich Hayek s’interrogeait, dans La Constitution de la Liberté :

C’est sans doute parce que la chance de bâtir sa propre vie implique une tâche sans fin, une discipline qu’il faut s’imposer à soi-même si on veut atteindre ce qu’on vise, que bien des gens ont peur de la liberté.

Les victimes doivent s’exprimer

Attention, la responsabilité ne leur incombait pas uniquement, mais à ceux aussi qui avaient le pouvoir d’intervenir, de protéger, de rendre justice et qui n’ont rien fait. À condition que les victimes s’expriment.

L’exemple d’Alice de Lencquesaing est intéressant en ce sens. En 2016, la comédienne récemment aperçue dans Espèces menacées envoie un courrier au magazine Elle qui choisit de ne pas le publier. Et pour cause, dans celui-ci elle dénonce les agissements d’un acteur avec lequel elle vient de tourner un film.

Après avoir elle-même subi ses assauts deux ans auparavant sur un autre tournage, elle est témoin d’une tentative de viol à l’encontre d’une autre comédienne.

Le magazine s’est expliqué n’avoir pas donné suite car il « souhaitait que l’actrice ne se retrouve pas seule devant les feux des critiques », tandis qu’Alice tente alors de convaincre la comédienne agressée d’en parler à son agent, qui la soutient alors « de loin et en silence ».

La responsabilité devenue impopulaire

Autrement dit, il ne fait rien. Pendant ce temps, la production lui rétorque qu’elle « ne veut pas intervenir, trop de risques ». « Tu comprends, si on dit quelque chose, il pourrait se braquer et quitter le film… et ça c’est pas possible », rapporte Alice de Lencquesaing dans son courrier. À 25 ans, elle avait plus de courage qu’un magazine, un producteur et un agent réunis.

Peut-être souffraient-ils de ce mal que décrit Friedrich Hayek :

La responsabilité est devenue impopulaire ; c’est un mot que les orateurs et écrivains expérimentés évitent aujourd’hui d’employer, vu le désintérêt ou l’aversion manifeste que lui témoigne une génération qui déteste tout discours moralisateur. Il soulève souvent l’hostilité ouverte de gens à qui on a enseigné que seules des circonstances indépendantes de leur volonté ont déterminé leur position dans la vie, et même leurs propres agissements.

Quoi qu’il en soit, les troupeaux, femmes et entourages inclus, devront bientôt s’épurer puis mieux choisir leurs bergers, sous peine de voir encore la blancheur de leurs lainages être salie par la boue des porcheries.

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  • Un bon article qui réfléchit froidement sur un problème qui en a grandement besoin. La froideur est une vertu dans ces débats chauffés à blanc.
    Merci Louise Alméras, ça change de la polémique bête et méchante.

  • Encore une femme courageuse qui monte au créneau, pour modérer le propos et mettre un peu de pondération nécessaire
    Le mal est venu des USA qui aime toujours donné le la du rigorisme, mais qui malheureusement a beaucoup à se faire pardonner

  • Outre la polémique du moment, cet article rappelle la notion de responsabilité dont les gens devraient s’imprégner plutôt que se laisser se la définir par autrui.

  • L e problème c’est qu’il y a des cochonnes aussi et qu’on n’en parle jamais.

  • Ne prenez aucune responsabilité, suivez les préceptes d’un vieux chamelier inculte d’il y a 1400 ans, voilez les femmes, ne parlez pas aux femmes, par définition impures et inférieures. C’est l’islamisation en marche, le retour à l’obscurantisme. C’est ce qu’on voit aujourd’hui et on ne vous entend pas mesdames les féministes. Seriez-vous devenues sourdes de par la propagande de la pensée unique, apparemment plus puissante que le machisme que vous dénoncez?
    Les femmes sont-elles donc d’éternelles victimes innocentes et bêlantes?
    De même que les peuples n’ont que les gouvernants qu’ils méritent comme disait Montesquieu, les victimes rechercheraient-elles et parfois se complaiseraient-elles dans la victimisation?
    Mesdames ne vous demandez pas chaque matin ce que ces monstres d’hommes vont encore faire de mal contre vous. Demandez-vous plutôt ce que vous pouvez faire pour vous-mêmes. Vous obtiendrez à l’évidence plus de résultats.
    En tant qu’homme je préfère cent fois une femme qui a du caractère à une femme qui s’appuie sur des réglementations protectrices style quota et autres…croyez-moi, s’il y a des hommes qui ne partagent pas ce point de vue, laissez-les tomber, détournez-vous de leur chemin.
    Et que vos progrès ne vous empêchent pas de penser à vos soeurs musulmanes qui vivent dans des siècles de retard et de barbarie.

    • Vous avez tout à fait raison de dénoncer l’hypocrisie de ces féministes gauchistes qui ferment les yeux alors que leurs soeurs sont martyrisés par une religion barbare, qui les lapide si elle commettent l’adultère, les vitriole, et même les tue si elle n’obéissent pas aux injonctions de la famille (on appelle cela un crime d’honneur, pour le moins mal placé). Ce qui n’empêche pas ces mégères de soutenir les islamistes!

  • Quand Meryl Streep, Georges Clooney ou Matt Damon prétendent qu’ils ne savaient rien ils mentent. Tout Hollywood était au courant. De plus rappelons qu’ils ont défendu Polanski après qu’il ait violé une fillette de 13 ans et fermé les yeux sur la pédophilie de Woody Allen, alors que ses propres enfants l’avait dénoncée!
    Soudain ils jouent les effarouchés et les indignés alors qu’ils furent les complices d’actes ignobles?

    • Bonjour,
      Pourquoi tout le monde oublie de rappeler qu’IL L’A DROGUEE
      avant de la b…..???
      Ce n’est pas qu’un porc : en c’qui le concerne, c’est un escroc minable. Même si certains encensent son « génie »……………

  • madame, j’ai ete violee en France, la France ne donne aucune justice pour les femmes. je dois tout au chinois et A l’Amerique, pour moi la France sera et restera le pays de mon viol!

  • Comme d’habitude, on mélange tout pour mieux diaboliser l’ensemble. Des viols, il y en a et le silence a été de mise puisque la jeune femme dans son recours était plus vilipendée que plainte et « vengée ». En celà, la prise de conscience est une bonne chose. Nous découvrons qu’il y a beaucoup de viol au « cinéma » et spectacle au sens large. Peut-être parce que la séduction en est un des moteurs ? Dans la vraie vie et la professionnelle, très jeune (pas trop mal faite de ma personne – excusez-moi!) dans un univers exclusivement masculin, je n’ai jamais rencontré de problèmes. Il est vrai que je n’ai jamais joué au jeu de la séduction et toujours gardé mes distances. Responsabilité effectivement. Cela n’excuse pas les violences loin de là mais certains jeux sont dangereux et les jeunes filles/femmes en sont de moins en moins conscientes . Les hommes de leur côté ont beaucoup de mal à s’y retrouver parmi les différents signaux émis.

    • Beaucoup d’hommes sont des imbéciles qui sont incapables de considérer une femme avant tout comme un simple individu et non comme une nana, une gonzesse, un « coup ». Les hormones masculines sont une drogue puissante dont les effets peuvent être difficiles à maîtriser mais il le faut bien, on n’a pas le choix. Prendre du recul, penser à autre chose, laisser tomber, et accepter la réalité sans se mentir ne remet pas en cause notre virilité.

      • @wereonlyinitforthemoney

        « Prendre du recul, penser à autre chose, laisser tomber, et accepter la réalité sans se mentir ne remet pas en cause notre virilité »

        Ça dépend. Dans le « 9-3 », votre affirmation ne se vérifie pas.

  • Ce qui est en train de se passer, c’est que le pouvoir et la peur sont en train de changer de mains, en sens inverse l’une de l’autre.
    Des femmes qui en ont profité, pour accélérer leur carrière, et qui maintenant se réveillent, parce que l’air du temps leur permet maintenant de gagner le combat, il y en a certainement eu, et d’autant plus, qu’à côté (au-dessus ?) il y avait des « porcs » pour leur mettre le marché en main. De là, à présenter ces victimes uniquement comme des profiteuses, ou de leur reprocher d’être restées muettes, il y a un pas à ne pas franchir. Il est très probable qu’elles se seraient satisfait de ne pas devoir coucher pour réussir, surtout avec personnages aussi peu attirants que Weinstein…
    Plutôt que Hayek et sa tirade sur la discipline à s’imposer, c’est Nietzsche qui devrait servir de référence : « ce qui ne tue pas rend plus fort », tant ces contraintes sexuelles sont moralement et physiquement monstrueuses.
    The times they are a changing, chantait Bob Dylan. Les femmes ne vont pas s’en plaindre.

  • Si un scandale devrait être dénoncé depuis longtemps, c’est celui des intimidations mafieuses et de la corruption. Le slogan « balance ton porc » enfonce des portes ouvertes à un moment où les femmes n’ont plus un profil de victime. Le battage fait autour de cette campagne de dénonciation semble être juste une diversion parmi d’autres pour empêcher de poser le vrai problème des codes de comportement de type mafieux qui eux, curieusement, ne sont dénoncés par personne et perdurent dans l’indifférence générale. Pourtant cette corruption fait beaucoup de victimes, hommes et femmes confondues.

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Pierre Valentin est diplômé de philosophie et de science politique, ainsi que l'auteur de la première note en France sur l'idéologie woke en 2021 pour la Fondapol. Il publie en ce moment Comprendre la Révolution Woke chez Gallimard dans la collection Le Débat.

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