Élections en Catalogne : tous vainqueurs ?

En ayant fragmenté et émietté ses adversaires, Madrid peut être considéré comme un vainqueur. C’est finalement la Catalogne qui a perdu, en sortant de ce scrutin fracturée et divisée.

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Catalogne - Herminio Alcaraz (CC BY-NC-ND 2.0)

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Élections en Catalogne : tous vainqueurs ?

Publié le 22 décembre 2017
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Par Jean-Baptiste Noé.

Plusieurs lectures peuvent être faites des résultats des élections en Catalogne, si bien que tous les partis peuvent se déclarer vainqueur ou perdant.

Une très forte participation

Avec près de 82% de participation, celle-ci est très forte. En 2015, le taux s’élevait à 75%. Il y a donc eu un vote massif, ce qui renforce la démocratie et valide le choix opéré par Mariano Rajoy et le Roi.

Les urnes n’ont pas été boycottées, comme lors des pseudo-référendums. Les élections se sont déroulées sans irrégularité et dans le calme. Le gouvernement espagnol peut donc se déclarer vainqueur : sa stratégie a gagné.

Victoire de Ciudadanos

Le parti centriste passe de 25 sièges en 2015 à 37 aujourd’hui. Avec 26% des voix, le parti arrive en tête, devant Junts per Catalunya (22%, 34 sièges), le parti indépendantiste de Puigdemont et l’ERC, le parti de gauche d’Oriol Junqueras (32 sièges). C’est la première fois que ce parti gagne les élections en Catalogne. Il fédère ceux qui ne veulent pas de l’indépendance tout en étant attachés à l’autonomie de la région.

Victoire des indépendantistes ?

Tous les journaux français titrent ce matin que les indépendantistes ont gagné. Ils peuvent effectivement revendiquer la victoire ; comme la défaite. Certes, ils sont majoritaires en siège : 70, quand la majorité est fixée à 68. Mais ils sont minoritaires en voix : 47,5% contre 52,5% pour les partis non indépendantistes. Si cette élection est considérée comme un référendum, alors les indépendantistes ont perdu.

Surtout, leur allié de la CUP, le parti d’extrême gauche catalan, a connu une défaite, passant de 10 sièges en 2015 à 4 dans cette assemblée. D’autre part, en 2015, les partis de Puigdemont et de Junqueras étaient unis dans une même coalition, le Junts pel si, qui avait recueilli 62 sièges.

Cette coalition n’existe plus aujourd’hui, les deux partis s’étant séparés. Les indépendantistes sont donc profondément divisés et, même s’ils sont majoritaires en sièges, ils auront bien du mal à avoir une politique commune. Difficile donc de dire qu’ils ont gagné.

Ce matin, la situation en Catalogne est donc des plus confuses. Il faut voir ce que diront les chefs de parti et comment ils vont organiser leurs coalitions. Cette élection, dont les enjeux étaient clairs et bien établis, montre surtout que la Catalogne est extrêmement fracturée.

Ce n’est pas la Catalogne contre Madrid, mais la Catalogne contre elle-même. Avec deux partis d’extrême gauche puissant, la CUP et Catalunya en Comun (8 sièges), l’élection rappelle la fracturation catalane au moment de la guerre civile espagnole, quand les milices d’extrême gauche s’étaient entre-tuées, avant que les troupes de Franco ne puissent entrer dans Barcelone.

Le processus révolutionnaire est toujours en activité et en mouvement. La propagande indépendantiste aussi, dont les manuels et les programmes scolaires, notamment en histoire, sont des caricatures de tracts politiques.

En ayant fragmenté et émietté ses adversaires, Madrid peut être considéré comme un vainqueur. C’est finalement la Catalogne qui a perdu, en sortant fracturée et divisée de ce scrutin.

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