Situation préoccupante pour l’Assurance maladie

Le dernier rapport de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale est sans surprise extrêmement inquiétant sur la pérennité du modèle de l’Assurance maladie.

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Situation préoccupante pour l’Assurance maladie

Publié le 12 décembre 2017
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Par Xavier Pradet-Balade.
Un article d’Emploi 2017

On constate aujourd’hui avec un certain soulagement que les branches vieillesse et famille de la Sécu reviennent progressivement à l’équilibre, par le relèvement de l’âge de la retraite pour l’une et par la suppression des prestations pour l’autre. Pour la branche maladie, en revanche, on constate que la situation ne s’améliore pas… malgré un objectif affiché de réduction des déficits d’année en année. Elle continue ainsi d’afficher en 2016 un déficit officiel supérieur à 4 milliards d’euros et même de 5,5 milliards, hors produits exceptionnels.

À cet égard, les principaux outils de surveillance des dépenses font en réalité peu de surveillance, mais plutôt des prédictions, en général trop optimistes par rapport aux réalisations effectives. Il s’agit plus précisément de l’ONDAM (l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie), dont la réalisation est cependant scrutée tout au long de l’année de plus en plus sérieusement. L’objectif 2016 était un budget total de 185 milliards d’euros, en progression de 1,8 % sur 2015. Mais dès le départ, cet ONDAM souffrait des mêmes défauts que ses prédécesseurs : erreurs récurrentes sur certains tendanciels, hypothèses hasardeuses sur les remises de médicaments, flou dans les économies prévues. Il n’a donc pas été respecté… bien que présenté comme tel.

En effet, après rectification des acrobaties comptables de présentation, les dépenses étaient en progression de 1,9% (et non 1,9) et après réintégration des dissimulations diverses et des transferts de dépense à d’autres acteurs, l’augmentation des dépenses réelles a été de 2,2% soit donc nettement supérieure à celle du PIB. Autrement dit, cela signifie que nos dépenses de santé augmentent plus vite en proportion que n’augmente notre niveau de vie. Cela n’est pas inquiétant dans l’absolu, et est cohérent avec les études qui montrent que plus un pays s’enrichit, plus il consacre une part importante de son revenu à la santé. Le problème, c’est que la France est déjà sur les premières marches du podium en termes de dépenses de santé en pourcentage du PIB.

Dans quels postes se trouve la dérive des dépenses par rapport aux prévisions ?

Les deux grands fautifs sont les soins de ville (surtout les prestations des médecins spécialistes, les médicaments étant restés stables) et les établissements de santé tarifés à l’activité. Les soins de ville sont en progression de 2,4% officiellement, mais en fait plus de 2,8% après recalculs par la Cour des comptes, pour un total de 85 milliards d’euros, et le budget des établissements de santé tarifés à l’activité progresse de 2,8%, pour 58 milliards d’euros au total.

Qu’en est-il pour cette année ?

Pour 2017 la progression prévue des dépenses, redressée des habillages comptables habituels, est de 2,4%, soit donc comme on s’en doute, encore nettement supérieure à celle du PIB, puisque la croissance française prévue pour 2017 est de seulement 1,8%. Les perspectives 2018 et au-delà restent également inquiétantes, compte tenu des évolutions à venir, notamment en matière de médicaments innovants. C’est en effet l’un des grands enjeux de la santé : les traitements sont de plus en plus sophistiqués et les personnes âgées à traiter sont de plus en plus nombreuses. L’innovation et la démographie jouent donc à plein contre la maîtrise des dépenses.

Ainsi les leviers d’économies ne peuvent être que dans l’amélioration des méthodes de gestion et dans la chasse au gaspillage, souhaitées par la Cour des comptes dans différents secteurs critiques.

Quelles sont les recettes de la branche de l’Assurance maladie ?

Du point de vue des recettes, les années 2016 et 2017 sont caractérisées par une véritable sarabande dans les origines autres que les cotisations sociales, notamment par modification d’affectation entre les branches, ce qui a été légèrement favorable à l’Assurance maladie d’après la Cour des comptes. La tendance lourde suite aux allègements de charges des entreprises est donc à la croissance du financement par le fiscal et le parafiscal (à l’heure actuelle CSG, impôts et taxes divers et contributions de l’industrie pharmaceutique), la croissance de la masse salariale ne permettant pas d’accompagner celle de la dépense. Les cotisations brutes ne représentent ainsi plus que 44% du total, soit 199 milliards d’euros.

Dans un contexte de reprise économique timide et de fortes contraintes budgétaires, on constate donc que seule la réduction des dépenses (et non la hausse des recettes) peut permettre de limiter le déficit et la dette endémique de la branche maladie de la Sécurité sociale.

Pour cela, il faut procéder au préalable à une analyse détaillée des postes de dépenses qui peuvent être réduits. C’est ce que fait la Cour des comptes et que nous résumons ici :
La médecine de spécialité et la chirurgie, trop coûteuses d’après la Cour des comptes

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  • Juste une question, combien coûtent les jours de maladie,Les cures, l’absentéisme dans les hôpitaux ? il est vrai que toutes les causes des déficits sont toujours liées à nos vieux , mais eux en ont besoin. Depuis Macron , nos vieux sont à l’origine de tous les maux. Distinguer les bobos de la maladie comme le préconisait le programme Fillon, tant décrié lors des élections, était peut être la solution.

    • @ crunch

      Oui, si j’ai bonne mémoire les 2 dernières années de vie voient les frais médicaux exploser par rapport aux années antérieures! (Et à mon avis, ce n’est pas pour rien que l’euthanasie fait son petit bonhomme de chemin!).

      Mais ce n’est pas la « santé » qui coûte trop cher, c’est votre taux de croissance qui ne suit pas et vos nombreux chômeurs qui ne cotisent pas assez, et votre état qui est dans la mouise!

      Et évidemment, oui, il faut arrêter les bêtises: les cures thermales, bien remboursées pour un bénéfice inconnu qui vaut le prix, individuellement assumé, ou pas! (Mais quel sort pour toutes ces villes thermales qui vendent de la bête « eau » de source en dimension industrielle!)

      Idem pour l’homéopathie qui n’a jamais prouvé son efficacité scientifiquement, par refus!

      Et personne ne se demande si ce n’est pas le moment d’une simplification administrative drastique avec diminution du nombre de fonctionnaires et de procédures, et informatisation en ligne du système qui se passe bien d’intermédiaires (: c’est d’ordi à ordi!) des gratte-papiers!

      Non la complication, c’est la France! C’est « culturel »!

  • Résultat bien prévisible suite aux « réformes » (lire destruction) de l’assurance maladie …. Aller guerroyer partout sur la planète ne coûte visiblement rien … soigner et payer les gens pour leur travail c’est exorbitant … Drôle de société …. en décadence accélérée …

  • il est normal, dans un pays où l’économie est moribonde, les perspectives d’avenir sombres, et ou la précarité augmente que les dépenses pour les soins médicaux augmentent ! Surtout avec un système aussi généreux pour les patients ! Je ne parle même pas de la dégradation de la qualité des soins, ou des retards de prises en charge, notamment dans les hôpitaux, qui doivent pas mal augmenter le recour aux libéraux pour les suites… mais tout cela n’est jamais abordé, c’est tellement plus simple de taper sur les médecins que sur les énarques incompétents (qui peuplent également la cour des cons) dont la gestion de la santé est une véritable catastrophe !

  • On n’a pas encore touché le fond.
    Ce week-end j’ai eu l’occasion de tester le service d’urgence pédiatrique de ma ville (ça s’est bien terminé).

    Que vois-je : pléthore de secrétaires pour seulement deux médecins dont deux internes. On avait besoin d’une échographie, et là je m’énerve: pas moyen d’avoir un de ces appareils ultra-portables. La raison ? Pour protéger le « Statut «  des radiologues on bloque l’utilisation de machines bourrées d’électronique qui mettraient le stéthoscope au rang des antiquités.

    • @ breizh06
      Ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas!

      Oui les employés ou fonctionnaires, soignants ou administratifs sont plus nombreux que les médecins!
      C’est logique!

      Vous êtes « patients » donc destinés à attendre votre tour, pas avant les autres!
      Vous ne savez pas l’addition de taches administratives que chaque acte « soignant » exige donc les secrétaires: normal! Allez voir votre député!
      À chacun son métier et, oui, l’échographie fait partie de l’imagerie médicale!
      Et non l’électronique ne rendra pas le stéthoscope inutile, ne vous déplaise: vous n’y connaissez rien!

      • ok, le stéthoscope n’a pas disparu, de même que les parchemins en papyrus.
        Mais pas de chance pour vous pour le coup, ma spécialité justement c’est l’électronique associée à l’intelligence artificielle, et il ne se passera pas 5 ans avant qu’un majeure partie des diagnostiques radiologique ne soient traités par ordinateurs.
        Sauf en Frraaannce bien sûr ! où il faudra conserver le « Statut » du radiologue.

  • Je pense que le citoyen est conscient . Le gouvernement actuel en a déjà dit mot .Il veut mettre la sécurité sociale dans les mains du privé et il le fera . Peuple content ou pas . les jeunes travailleurs actuels perdent tous les acquits de nos anciens quel malheur .quand je remarque que dans mon secteur des fans ont pris des jours de RTT pour aller se recueillir , je n’y vois aucun mal . vous étiez des milliers et la loi travail personne ou presque dans la rue .J e vous souhaite a tous bon courage pour la suite

    • La « Sécu » est une forme d’asservissement. Ceux qui sont perdant sont les smicards, les pauvres gars qui finissent usés à 65ans sans pouvoir profiter d’une retraite méritée, en ayant eu toute leur vie la moitié de leur salaire amputé pour le bénéfice des autres.
      Les autres, les grands gagnants, sont les ronds de cuirs.
      Le tour de passe-passe formidable, c’est de faire passer cette forme d’esclavagisme pour un « modèle social ».

  • Un système collectiviste ne peut survivre qu’en imposant une pénurie des prestations toujours plus dure pour faire face à la disparition progressive de l’argent gratuit des autres. Quand la balance entre la minorité de ceux qui croient profiter du système collectiviste et la majorité de ceux qui le subissent effectivement penche du mauvais côté, on peut être sûr qu’il n’en a plus pour longtemps avant de sombrer dans la faillite.

    Nous serons bientôt débarrassés de la Sécu.

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