Fusion Alstom-Siemens : où est le problème ?

Siemens-Alstom ce n’est pas grave si l’on veut bien laisser la politique de côté et ne considérer que l’économie.

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Alstom By: Mike Mozart - CC BY 2.0

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Fusion Alstom-Siemens : où est le problème ?

Publié le 29 septembre 2017
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Par Jacques Garello.

C’est logique : la reprise d’une entreprise peu vaillante par un concurrent qui va la redresser ou la démanteler est la règle du jeu dans une économie de marché.

Pourtant, tout le monde se révolte contre « la vente des bijoux de famille » sans tenir compte de ce que d’autres opérations entre firmes sont courantes et peuvent enrichir la France, et sans considérer que les sociétés industrielles du CAC 40 ne sont pas l’économie française, heureusement !

Ainsi les Allemands de l’impitoyable Merkel auraient-ils déclaré la guerre économique aux bons Français du trop faible Macron. Et beaucoup de gens de se révolter : comment a-t-on pu laisser faire ce hold-up ? Comment admettre les prédateurs étrangers ?

Chevaliers noirs et chevaliers blancs

Il faut bien l’admettre : quand une entreprise est incapable de réaliser des résultats positifs (appelés profits) qui lui permettent d’investir et d’embaucher, sa longévité est menacée. Il y a dans les affaires de fusion-absorption des chevaliers noirs qui veulent détruire le concurrent et des chevaliers blancs qui veulent recycler les hommes, les techniques et certains produits pour les mieux gérer.

En l’occurrence il s’agit d’une opération « amicale », en rien agressive ni scandaleuse. La disparition d’Alstom était prévue de longue date : après s’être séparée de sa branche énergie (vente à la General Electric américaine) Alstom n’a pu sauver sa branche transport (fabrication des TGV essentiellement).

Ce qui est encore logique c’est que l’industrie française dans son ensemble souffre de la lourdeur de ses charges fiscales et sociales, sa compétitivité n’a cessé de décroître face à celle de tous ses concurrents.

Malades du socialisme

L’industrie, mais aussi bien d’autres secteurs d’économie, sont malades du socialisme français, des impôts, des syndicats, des inspecteurs du travail, de la confiscation de l’épargne par l’État, etc. La logique est imparable, la faillite est à la clé.

Est-ce grave pour autant ? D’une part nombre d’entreprises françaises ont pris le contrôle de firmes étrangères, et souvent européennes, comme en Italie. La souveraineté de la France a été flattée par l’absorption d’Opel par Peugeot, comme l’a fait remarquer à juste titre Daniel Cohn Bendit.

D’ailleurs le gouvernement actuel ne veut-il pas écarter le repreneur italien des Chantiers STX alors même qu’un contrat en bonne et due forme a été conclu ? D’autre part il est très fréquent que des équipes françaises aillent faire valoir leurs talents techniques et commerciaux à l’étranger (où elles trouvent un environnement fiscal et social plus attrayant).

Le fait de la mondialisation

Il est également fréquent que des entreprises françaises, petites et moyennes, soient les sous-traitantes de grandes sociétés étrangères. La mondialisation est un fait incontournable et irréversible (sauf conflit militaire généralisé) et les émotions nationalistes n’ont pas raison d’être.

Au demeurant, l’émotion est due au fait que c’est une grande société du CAC 40 qui est en cause. Dans les journaux économiques, on s’intéresse par priorité à ces groupes, qui sont pourtant loin de représenter le tissu économique français.

En Allemagne, il y a Siemens, Mercedes et Bayern, mais aussi une masse impressionnante d’entreprises petites et moyennes qui permettent d’innover avec souplesse, d’exporter, de sous-traiter.

Le jour où les Français (et surtout ceux qui les informent) comprendront que la guerre économique n’existe pas, que la prospérité d’une entreprise n’a rien à voir avec la souveraineté nationale (Essilor déploie 95 % de son activité en dehors du territoire français), que l’important est la qualité des biens et services destinés aux consommateurs des cinq continents, un progrès considérable sera réalisé. Siemens-Alstom ce n’est pas grave si l’on veut bien laisser la politique de côté et ne considérer que l’économie.

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  • Alstom fabrique des TGV qu’elle n’arrive pas à vendre, qu’ils soient trop chers, pas assez innovants, ou que l’entreprise ne soit pas assez orientée Export. Le « remède » ( l’emplâtre sur la jambe de bois ) a été de commander pour la SNCF des TGV dont elle n’a pas besoin pour les employer sur des lignes ordinaires, un superbe gaspillage d’argent public dont la SNCF n’avait pas besoin. Montebourg propose maintenant la nationalisation, pour être sûr que cette entreprise non viable continue à faire des pertes françaises, plutôt que des bénéfices. La fusion, elle, conduit à une entreprise qui garantit l’emploi pendant quatre ans, qu’on espère rentable et dont le siège social sera à Paris. Une partie des profits sera donc versée au trésor français, au prix d’un contrôle de l’entreprise par Siemens. Ce qui est inacceptable pour Montebourg, qui préfère mutualiser les pertes plutôt que nationaliser les bénéfices.

    • Une entreprise en difficulté, c’est de la pub gratuite pour la CGT et les gauchistes tous les soirs à la télé. Une entreprise qui marche, ce sont des salariés qui risquent de s’accommoder d’une politique plus libérale et libre-échangiste. Alors…

    • Alstom transport a acutellement un carnet de commande plus rempli que celui de Siemens transport…

      • On s’en fout du carnet de commande. Si demain je vent des TGV à 1 euro pièce j’aurais un carnet commande long comme le bras… Ce qui compte c’est la rentabilité et je suis près à prendre le paris que siemens est plus profitable qu’Alstom….

  • Il n’y a pas de problèmes ,jamais de problèmes mais des solutions.comme fabriquer français lorsque l’argent du contribuable est en cause et les choix politiques et non commerciaux.

  • Ce que beaucoup de gens oublient est que la valeur ajoutée créée par une entreprise est distribuée essentiellement à son personnel et au pays dans lequel elle paye des impôts. Le bénéfice (pas la marge) distribué après amortissements et impôts aux propriétaires ne représente pas grand chose. Il vaut beaucoup mieux avoir sur son territoire des entreprises qui marchent et dont les propriétaires sont étrangers que des entreprises qui ne marchent pas et dont les propriétaires sont français.

    • L’entreprise France ne marche pas pourtant ses propriétaires sont à l’étranger…comme quoi on ne peut pas faire d’une banalité une généralité…

  • La guerre économique n’ existe pas ???? Bien sur qu’ elle existe!!!!!!!! Et alors…… Vous croyez que les chinois et les américains sont des bisounours ????? La manière dont GE a absorbé une branche de Alstom le démontre.

    • Cela n’a rien à voir. C’est parce que l’état français détruit les entreprises françaises qu’Alstom est racheté! Si elle était saine cela n’arriverait pas!

      • Tous les ans, on voit des entreprises qui se portent bien et qui se font racheter quand meme. Ex : la start-up prometteuse qui est rachetee par un GAFA, l’entreprise qui rachete un concurrent pour pouvoir peser a la hausse sur les prix (price maker) ou permettre des economies d’echelle, etc.
        Et en l’occurence Alstom se porte plutot bien (carnet de commande plein, tresorerie pleine depuis la vente a General Electric, garentie implicite de l’Etat…).

  • Le paragraphe important de cet article est celui qui dénonce « les malades du socialisme ».
    Ce matin on a vu Le Maire expliquer des tas de choses aux employés d’Alstom et notamment qu’il allait « personnellement  » s’impliquer.
    Quant avez-vous vu la dernière fois Wolgang Schaüble expliquer à des ouvriers allemands qu’il va les protéger?

    • M. Le Maire est un faux libéral qui a essayé de nous convaincre du contraire. L’énarchie est une fantastique machine à parasiter tout se qui passe à sa portée. Elle a même réussi a infiltrer et détruire le Front National. Un comble!

  • Lors de l’émission sur le sujet à C à dire, les participants autant que les téléspectateurs n’avait qu’un seul mot à la bouche: l’ETAT.
    Mais que fait l’état. Pourquoi l’état ne fait rien. Qu’attend l’état. Etc…
    Ils sont incapables de penser et comprendre que c’est l’état le problème de la France. Que c’est lui qui rend l’environnement nuisible aux entreprises françaises par ses impôts et taxes, charges et règlements. En ponctionnant la richesse française il ne reste plus d’argent pour investir dans l’économie. Les investisseurs placent leur argent à l’étranger où les prélèvements sur les plus valus sont moins élevés!

  • Laisser le politique de côté, ah bon !
    Dites moi, le 1% d’actions « prêté » par l’état français à Siemens, c’est quoi si ce n’est de la politique.
    Le problème de ce gouvernement (enfin l’un des …) est son manque de courage dans tous les domaines qu’il touche et finit par polluer.

  • C’est sûr que quand vous découpez l’entreprise en appartement et que les appartements sont vendus un par un, le solde est en général considéré comme moins important ou négligeable. Il me semble que dans le deal d’il y a 3 ans (avant GE), Siemens prenait les turbines et Alstom prenait le transport. Là GE a pris les turbines (et licencie) et Siemens a pris le reste (et va licencier). Même chose avec STX où après « nationalisation provisoire », Fincantieri récupère la majorité via un prêt « sympa » de l’Etat français. Et le lieu de ces chantiers navals est le site le plus grand d’Europe. Suivre également le mariage d’égaux (au début) entre Lafarge et Holcim, les plans super avec Nexter, la réduction de périmètre d’Airbus au profit des autres « participants » au conglomérat européen, ce qui se profile avec Arianespace…
    Que l’on trouve que seuls de projets européens soient crédibles sur la scène internationale est plausible (mais pas mon point de vue). Que ce soit assez systématiquement à nos dépends (immédiatement ou quelques mois plus tard) devient un vrai problème d’autonomie future. Je pencherais bien pour de la trahison d’Etat.

    • Ce n’est pas de la trahison, juste de la bêtise! A force de vouloir se mêler de choses en dehors de leurs compétences, fort restreintes, les énarques sabotent les entreprises françaises, puis n’ont d’autre choix! Je vous signale que des entreprises françaises rachètent des entreprises étrangères. Donc ne piquez pas votre fard lorsque le contraire se produit.

  • Ils n’ont toujours pas compris que c’est l’état qui leur coûte aussi cher, que c’est lui qui leur pique leurs sous, que c’est lui qui saborde l’économie, que c’est lui qui crée le chômage, que c’est lui qui empêche la construction de logement. Bref que c’est lui le PROBLEME de la France et des français!

  • La guerre économique n’ existe pas, l’ espionage industriel n’ existe pas non plus…….Ben oui, le monde est rempli de bisounours.

  • L’article passe à côté du principal, à savoir que l’État français est actionnaire majoritaire avec 20% de part : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alstom.

    Alstom est donc un sovkhoze à la française dont les pertes sont compensées par nos impôts. Comme Airbus. Comme Areva.

    Et comme tout sovkhoze qui se respecte, ce n’est pas un entrepreneur qui est à la direction mais un bureaucrate incompétent. C’est pour cela qu’Alstom produit :

    – soit des produits qui ne correspondent à aucun marché et qui ne font que flatter l’égo démesuré de nos politiciens, comme le TGV Duplex (Airbus a fait la même sottise avec l’A380)

    – soit des produits à la conception discutable ; on pense notamment au TGV à motorisation concentrée alors que les Allemands, les Japonais et maintenant les Chinois ont adopté depuis belle lurette la motorisation répartie (Airbus aussi est championne des défaults de conception comparé à ses concurrents)

    – soit des produits de piètre qualité, comme le Citadis (tenue de voie lamentable, nullité dans la gestion de l’accélération et du freinage)

    Et bien sûr, une fois les sottises accomplies, il suffit de demander à l’État actionnaire de compenser les pertes. Et puis le jour où les caisses de l’État sont vides, il ne reste plus qu’à trouver un repreneur.

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