SNCF : qui osera leur dire que le bon temps, c’est fini ?

Selon Le Monde le régime de retraite dispendieux des cheminots devrait disparaître au profit d’un grand régime universel. Manifestement, les cheminots n’ont pas bien compris que les années de veau d’or s’achevaient.

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SNCF : qui osera leur dire que le bon temps, c’est fini ?

Publié le 8 septembre 2017
- A +

Par Éric Verhaeghe.

Toute la presse en a fait ses gorges chaudes : Emmanuel Macron voudrait s’attaquer au régime de retraite des cheminots. L’information vaut d’être relevée puisque, en quelque sorte, la SNCF servirait de laboratoire expérimental au projet de réforme systémique des retraites que la ministre Buzyn a annoncé pour le prochain quinquennat du Président.

Les cheminots CGT, principaux ennemis de la sécurité sociale

Tout cela est évidemment l’occasion de rappeler quelques anomalies que la bien-pensance et la presse subventionnée évitent de relever.

En premier lieu, il faut rappeler que s’il existe un régime spécial de retraites pour les agents de la SNCF, c’est bien parce que ceux-ci n’ont pas voulu, en 1945, intégrer le régime général. Tous ceux qui nous vantent aujourd’hui les bienfaits du Conseil National de la Résistance et de la « Sociale » feraient bien de se souvenir que les premiers ennemis de la Sécurité sociale furent les cheminots CGT eux-mêmes.

Les militants CGT de la SNCF avaient une bonne raison de lutter contre leur absorption par la Sécurité sociale. Celle-ci reposait essentiellement sur la branche retraites gérée par la CNAV, créée en 1941 par Vichy, dont les paramètres étaient beaucoup moins favorables que ceux de la loi sur les assurances sociales de 1910 puis de 1930. En 1945, le fameux CNR, réputé social, reprend pourtant le système vichyste intégralement en maintenant l’âge de la retraite à 65 ans.

On ne dira jamais assez que c’était une profonde régression sociale par rapport au système existant avant 1940, qui avait placé l’âge de la retraite à taux plein à 60 ans. Les adversaires d’une Sécurité sociale ouverte à la concurrence omettent toujours de le rappeler. Mais la Sécurité sociale offrait des prestations tellement faibles par rapport à l’existant nationalisé par Vichy que personne ne voulait du régime général.

Bref, depuis 1945, la France a toujours vécu, contrairement à la propagande de la bien-pensance, une résistance quasi-instinctive à la Sécurité sociale et à ses ambitions orwelliennes. On peut d’ailleurs savoir gré aux cheminots CGT d’avoir mené la lutte mieux que beaucoup de libéraux.

Comment le contribuable finance les grévistes de la SNCF

Les cheminots avaient une autre bonne raison de rester hors les murs de la Sécurité sociale. Cette astuce leur a permis, depuis 1945, de faire financer l’essentiel de leur entreprise et de leur protection sociale par le contribuable.

Pendant des décennies, en effet, la SNCF a vécu d’une subvention de compensation de ses déficits par l’État, qui a permis aux personnels de vivre dans une parfaite allégresse. Sur le fond, il n’était pas anormal que le contribuable apporte sa participation à une entreprise qui décongestionne les routes et permet de se déplacer sans pollution excessive. Sur la forme, le choix fait au moins jusqu’en 1974 de financer « à guichet ouvert » tous les débordements de la SNCF a largement nourri une culture de la victimisation et du relâchement parmi les cheminots.

On en paie le prix aujourd’hui : plus de 70 ans après la Libération, le gouvernement est parvenu à intégrer les travailleurs indépendants dans la Sécurité sociale (ce que ceux-ci avaient refusé en 1946). Mais il n’est toujours pas venu à bout du régime de la SNCF.

Il faut dire que, pour équilibrer le régime de retraite des cheminots, le contribuable verse chaque année près de 3,5 milliards €, soit 10% du prix des billets de la SNCF. Un tel magot ne se refuse pas !

Macron propose-t-il une vraie solution ?

Pour la SNCF, la situation est évidemment intenable. À compter du 1er janvier 2019, le transport de voyageurs en ligne grande vitesse sera ouvert à la concurrence. Les nouveaux entrants ne tarderont pas à contester les largesses dont l’opérateur historique bénéficie de la part du contribuable. Il devient donc urgent de régler une situation dont seuls les cheminots pensent qu’elle peut durer éternellement.

L’intégration des cheminots de moins de 52 ans dans un régime de retraite unique et universel, telle qu’elle est proposée par le Président, mérite d’être regardée attentivement. Elle participe de cette volonté de réforme systémique qu’il avait évoquée pendant la campagne électorale.

Si elle va dans le bon sens, elle pose d’ores et déjà deux difficultés que le cas SNCF permettra de vérifier.

Premier point : dans le système Macron, le montant des retraites reste fixé d’avance. Or, on devra bien un jour admettre qu’on peut difficilement s’engager dans la durée sur ce genre de paramètre. Cela ne signifie pas, bien entendu, que le montant des pensions doit changer tous les mois. Mais il est illusoire de croire que l’on peut fixer 30 ans à l’avance les montants qui seront versés indépendamment de la conjoncture économique.

Deuxième point : Macron a prévu que les employeurs garderaient la faculté d’abonder plus fortement s’ils le souhaitent les cotisations de leurs salariés. Cette disposition, s’agissant de la SNCF, vise évidemment à préserver la possibilité de demander au contribuable de cotiser pour les retraites des cheminots.

Ce point-là, s’il était confirmé, interférerait donc avec la logique universelle initiale.

Tourner la page de 1945

Or, ce qu’il faut aujourd’hui, c’est le courage politique de tourner la page de 1945. Cette année-là, les cheminots ont réalisé un hold-up sur la Libération en accréditant la thèse qu’ils auraient fourni un effort décisif dans la Résistance, et donc que le pays avait une dette vis-à-vis d’eux. Le procès de la SNCF sur sa responsabilité dans l’Holocauste a permis de démolir cette thèse, mais l’hégémonie culturelle de la bien-pensance continue à la maintenir vivante malgré tout.

On mesure les bénéfices induits de cette imposture : les chats exclus, les souris ont dansé sur le dos de l’intérêt général. Maintenant, c’est assez. Même à la SNCF, il faut appliquer des règles utiles à la collectivité.

Sur le web

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  • Ah, il faut arrêter buffets et bon temps !

  • C’est tellement facile de cracher sur les cheminots. Passons donc au privé et regardons ce qui va se passer. Les chemins de fer anglais sont 3 à 4 fois plus cher que chez nous. Et les autres régimes spéciaux comme celui des journalistes on en parle…

    • Vous parlez du prix d’un billet pour arriver à l’heure dite, ou du coût total pour le voyageur + le contribuable avec une bonne chance en France que vous ratiez votre correspondance pour « retard de 20 minutes dans la mise en place du TER au départ », excuse habituelle pour traduire le jemenfoutisme et l’aigreur du cheminot ?
      Quant à justifier les cadeaux faits par le contribuable aux cheminots à l’insu de son plein gré par le fait que les journalistes et les intermittents du spectacle en aient autant, il faut oser !

    • @Pifleouf
      C’est tellement facile de cracher sur le privé (quand on est dorloté par les subventions de l’état Français).
      Dénonçons ce qui ne marche pas tout en dissimulant ce qui fonctionne.
      https://www.quechoisir.org/actualite-shinkansen-japonais-contre-tgv-francais-la-claque-n2207/

    • @Pifleouf

      Les tarifs vont augmentés, peut-être. Toujours est-il que l’impact financier de la SNCF sur les contribuables sera moindre dans le temps…

    • « C’est tellement facile de cracher sur les cheminots »C ‘est quand même vachement tentant,ils font tout ce qu’il faut pour.
      On va les voir dans les mois qui viennent,c’est pas de leur cracher dessus qu’on va avoir envie mais de les lapider

    • @Pifleouf
      Si la SNCF est si efficace que ça pourquoi les cheminots on t’il peur de la concurrence du privé?

      « Les autres régimes spéciaux » sont aussi des problémes (injuste, inégalitaire, source de frustration), la solution juste serait le passage à un systéme de retraire par capitalisation!

      La SNCF est un gouffre pour le contribuable Français!

    • Les cheminots font partie des personnes qui m’ont le plus pourri mon existence avec leur grèves incessantes. Le jour où vous serez privatisés, je me prend la plus belle cuite de toute ma vie !

    • @ pifleouf
      Personne ne crachent sur les cheminots! Il s’agit seulement d’égalité. Mais s’ils emploient toujours ce terme ils refusent de l’appliquer à eux-mêmes? Vous trouvez normal qu’ils aient des privilèges indus?

    • « Les chemins de fer anglais sont 3 à 4 fois plus cher que chez nous » Cliché facile: je viens à l’instant de comparer un aller-retour Londres-Glasgow avec un a-r Paris-Marseille, une seule recherche, mêmes dates, mêmes heures, mois de novembre 2017: 59€ contre £60.

  • Le gvt actuel n’est pas assez fort pour mener une telle réforme,réforme qui passe obligatoirement par la privatisation d’une entreprise non rentable et en grande partie inutile à part quelques grandes lignes…enfin , une Paris /côte d’azur , tout le reste est rendu obsolète avec le réseau routier et l’avion. La RATP devrait s’appeler RATIle de France….cela en fait des cheminots à mettre sur le carreau et plus probablement dans la rue avec la France insoumise comme aiguillon….on ne sort pas du communisme sans révolution de palais ..ou à coups de bombe lacrimogene comme la commande géante passée par l’état aussi prévoyant qu insouciant et incompétent.

  • Est-ce que cela va vraiment se produire ? Ou ce parasitisme perdurera, camouflé comme l’est la situation de la dette grecque ?

  • Et que dire des ayants droits qui voyagent pour une somme dérisoire et représentent 10% des voyageurs… autant de chiffres d’affaires en moins … et de coûts supplémentaires pour le contribuables…
    Et que dire des logements à prix réduits dont jouissent certains cheminots y compris à la retraite …12 euros du m2 à Paris)
    Intéressez vous à leur plan épargne entreprise qui jusqu’en 2003 garantissait la meilleure rentabilite entre le CAC40 et le livret A …
    Fermez le ban …

  • Le bon temps c’est fini:
    alors qu’il le soit aussi pour les journalistes qui déduisent 7650 euros de leur revenu imposable sans raison valable…
    – de même pour EDF etc
    – de même pour les parlementaires (chut !! c’est tabou)
    bref, les Français sont d’une stupidité incroyable en pensant supprimer les avantages des uns ou des autres. L’herbe est tellement plus verte ailleurs. Alors attaquons tous les privilèges de chacun, de chaque corps de métier, privé ou public. Et là nous verrons bien ce que dirons les Français.
    Attaquons le problème de la SNCF sur le vrai fond du problème: plus de 50 % d’agents maîtrises et cadres. Cela ne choque personne… alors que les guichets ferment, qu’il y a moins de personnel en gare et dans les trains, un taux de fraude dont le taux de recouvrement n’excède pas les 20%…
    Laissez-vous avoir par tous les politiques de tous bords.
    Un jour, vous comprendrez dans quel système vous êtes.
    Le gouvernement s’attaque aux salariés au lieu de s’attaquer aux personnes ne trouvant pas d’emplois. Si l’on devait élire nos politiques sur les objectifs de chômage depuis des décennies, aucun ne serait réélu. Pourtant dans les entreprises les objectifs existent.
    Les infos qui degoûtent:
    – On incite les Français à acheter des voitures neuves (si possible made in France). Une fois achetée, on nous traite de pollueurs (diesel et bientôt l’essence). On nous incitera à acheter électrique, une fois que nous y serons, on nous traitera de pollueurs (centrale nucléaires etc).
    Moi perso je me marre, quand je vois que beaucoup de personnes ne comprennent pas ce qu’est la vie, de quoi elle est faite, et je souhaite vraiment le meilleur à chacun, mais vous foncez droit dans le mur pour les années à venir. Sachez que vous n’êtes qu’un numéro, et que vous n’emmenerez rien dans votre tombe.

  • « Sur le fond, il n’était pas anormal que le contribuable apporte sa participation à une entreprise qui décongestionne les routes et permet de se déplacer sans pollution excessive. »

    C’est bien ce raisonnement qui est à la source du problème !!!
    Par principe, le contribuable n’a pas à apporter sa participation à une entreprise quelle qu’elle soit : c’est contraire à la Liberté.

    A l’origine, d’ailleurs, le chemin de fer est une affaire privée.

    C’est le moment de lire « La Grève » d’Ayn Rand.

    Quant à décongestionner les routes et à moins polluer : c’est raté

    • J’ai fini par trouver le temps de lire Atlas Shrugged cet été et l’épisode final de la gare notamment au moment des problèmes de notre Gare Montparnasse. On s’y serait cru. MDR…

  • il n’y a pas besoin de leur dire que le bon temps est finir : il faut le faire en leur coupant les vivres étatiques !

  • Les conducteurs de locomotives à vapeur avaient une durée de vie fortement réduite à cause de l’insuffisance respiratoire due à la manipulation du charbon, d’où la retraite à 52 ans.
    Il n’y a plus aucune locomotive à vapeur….

  • Personnellement, que les cheminots aient leurs « acquis sociaux » et les gardent, je m’en moque. Ce qui me dérange c’est que ce sont les contribuables qui les financent. Avec plus de 40 milliards de dettes, l’Etat devra (un jour peut-être ?) arrêter de biberonner ce panier sans fond.

  • M. Verraeghe, révisez vos chiffres.
    3,5 milliards d’euros de subventions au régime spécial c’est plus près de 30 % du montant des billets que de 10 %.

  • Que la SNCF soit un gouffre financier et que les contribuables soient ponctionnés pour combler les trous est une chose. Mais que cette entreprise marche aussi mal n’est pas acceptable. Payer cher et être mal servis, c’est la SNCF. Vite la concurence, pour choisir. La SNCF ne supportera pas le choc concurrentiel et s’éteindra comme tous les canards boiteux. La concurence, seul moyen de les faire disparaître.

  • ce sont les décisions politique de transports ,dettes ,gouffre financier …
    le fameux coupable mais pas responsable !!!
    toutes les entreprises d’État sont déficitaire..
    mal gérer. ..
    des nominations des copains…aucune responsabilité ..
    et puis quand la machine déraille. ..là les grands mots….
    3 choses importante …
    transports….
    Edf.. ..
    eau…

  • je vous rappelle que la sncf remplit une mission de service publique , en somme naturellement déficitaire, certes je ne sais pas quelle est cette mission , un truc comme mettre des gares un peu partout avec des trains qui roulent dessus , et ce même si les gens ne montent pas dedans ( ils sont sots), mais je sais une chose , Mr Verhaeghe, vous allez dans le sens contraire à celui d’e l’intérêt général de la nation.

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