Mr Macron, réformez le marché de l’emploi !

Un enjeu clair dont on n’a pas assez parlé : la réforme du marché du travail. Elle est essentielle pour sortir du chômage de masse et relancer l’économie.

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Emmanuel Macron by French Embassy in the US(CC BY-NC 2.0)

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Mr Macron, réformez le marché de l’emploi !

Publié le 27 juillet 2017
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Par Hervé Gourio.
Un article d’Emploi 2017

Le ballet rituel des consultations et du vote de la loi d’habilitation approche de son terme. Le moment de vérité sera celui de la rédaction du texte des ordonnances. D’elles dépend un changement capital du fonctionnement du marché du travail. Dans ce domaine les gouvernements au fil des années n’ont « rien essayé ».

Le dysfonctionnement du marché du travail est une des causes majeures du chômage de masse et de l’asthénie économique française. Aucune réforme fondamentale n’a pourtant été entreprise pour y remédier depuis bien longtemps.

Vers la réforme fondamentale

Le seul déblocage significatif, la rupture conventionnelle en 2005, est le résultat d’une poussée simultanée un peu fortuite du Medef et de la CFDT, où le gouvernement n’a pratiquement joué aucun rôle.

Côté indemnisation du chômage et formation professionnelles, les ministres du Travail successifs ont produit beaucoup de textes. Parfois utiles pour réparer un peu les dégâts, souvent dispendieux et inefficaces. Mais les défauts du marché proprement dit sont toujours là.

Et d’abord l’offre d’emploi est freinée de tous côtés. Encouragée seulement par des incantations dignes de sorciers vaudous à la croissance macroéconomique. On pourrait presque inverser la lamentation lamentable de Mitterrand : non, on n’a rien essayé.

Facile de comprendre pourquoi : c’est trop compliqué de réformer et il y a si peu à gagner pour les acteurs principaux.


Pour la complexité, rappelons que le droit du travail procède de trois sources au moins, la loi, les accords entre syndicats d’entreprises ou de salariés (« la démocratie sociale »), les juges, couronnés par l’ineffable « Cour de Cass » sociale.

« Courageusement » les gouvernements successifs ont régulièrement amoindri leur responsabilité propre en renforçant les 2 autres pôles pourtant irresponsables, eux.

D’autre part, entreprendre une réforme du fonctionnement du marché du travail déclenche des manifestations qui ont longtemps intimidé les gouvernements et empêche d’obtenir rapidement des résultats qui auraient été politiquement bénéfiques.

Quant aux syndicats qui représentent les détenteurs d’un contrat de travail et aux juges, ils ne sont pas en charge ni du développement économique ni des chômeurs. Le statu quo leur convient.


Un jour vient toutefois où l’absence de réforme devient intolérable. Nous y sommes.

Les conditions favorables à une réforme majeure sont réunies

Le gouvernement bénéficie d’un contexte exceptionnel. La guérilla autour de la loi El Khomri a familiarisé les Français avec les enjeux. La réforme du Code du travail a été le thème électoral le plus discuté et partagé par tous les candidats. Un partisan de la réforme l’a emporté après avoir annoncé son intention de procéder par ordonnances.

Les premiers mouvements sont adroits : la Ministre du Travail est capable de dialoguer. Les syndicats savent que leur avenir dépend pour beaucoup de la réforme du paritarisme annoncée, ils peuvent faire des concessions dans la perspective de ressources assainies.

L’opinion publique comprend le but et la méthode. Le rituel des consultations a été conduit sans anicroche et même dans la bonne humeur. La loi d’habilitation a donné une liste de têtes de chapitres pas trop contraignante.

Le moment est venu pour le gouvernement de finaliser les mesures qui auront force de loi dans 10 semaines. Il faut que ce soient celles qui libéreront finalement le marché du travail. Il ne s’agit plus d’alimenter la glose sur le degré de dialogue social ou sur l’ampleur d’un recul historique indéniable des « insiders » dans l’intérêt « des outsiders »

Ce n’est plus Jupiter que nous attendons mais Alexandre face au nœud gordien. Choisir les mesures qui débloqueront le marché sans s’embarrasser excessivement des réactions de tous ordres. Ce n’est peut-être pas à la lettre une occasion séculaire, mais attendre 60 ans pour rebattre un peu les cartes, c’est bien long !

Priorité : débloquer l’offre d’emplois sans ambiguïté

La première urgence est de débloquer l’offre. Pour améliorer la sécurité des salariés on a rendu très dissuasif leur licenciement pour l’employeur. Autrement dit, pour réduire les risques pour les salariés, on a augmenté ceux des entreprises.

Un très grand nombre renonce donc à embaucher sauf lorsque leur firme est assez vigoureuse pour que le risque soit négligeable. Attendre cette situation favorable c’est expressément privilégier le chômage pour protéger les “insiders”, les salariés en place.

Pour les plus petites entreprises, c’est d’une évidence criante. Afin d’y rendre les embauches simplement raisonnables, appelons un chat un chat, il faut bouger le curseur pour modifier le partage des risques en faveur des entreprises et donc en défaveur des salariés. Ou au moins pour leur retirer des droits formels qui les incitent à s’accrocher à un CDI. Quitte à continuer à faire plus ou moins bien un travail qu’ils n’aiment pas.


C’est là qu’il faudra du courage pour obtenir des résultats. Ne nous voilons pas la face. Si la balance des risques continue d’être aussi déséquilibrée qu’aujourd’hui il n’y aura pas d’accroissement de l’offre dans les TPE et les PME.


Un échec ou un demi échec pèsera sur notre pays pendant combien de temps ? Encore un demi-siècle ?

Pour les grandes entreprises, le blocage est différent. Les difficultés d’adaptation sont coûteuses en temps ou en argent mais surmontables bien évidemment.

En rester à cette observation serait oublier les conséquences indirectes. Les mauvaises expériences freinent les investissements futurs des multinationales. Peter Brabeck, l’ancien président de Nestlé, en parle très bien pour moquer la France après ses démêlés interminables et uniques au monde pour fermer l’usine de Saint Menet près de Marseille ou pour réorganiser la source Perrier.

Notre président a été assez proche de lui (au sein de la Commission Attali en 2008 et plus tard lorsqu’il en a reçu son principal mandat chez Rothschild) pour l’avoir entendu !

Les réorganisations industrielles ne doivent pas être totalement imprévisibles dans leur coût, leur délai et même leur issue. On doit ici ajouter que ces luttes sans fin avec des syndicats extrémistes conduisent les salariés à des illusions dont ils sont les premières victimes.

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  • 2017,comment peut on encore imaginer créer des emplois en changeant des contrats de travail ou les conditions de licenciement ou en baissant des charges….il n’y a qu’une solution à ce problème , libérez le capital , faire en sorte qu’un euro investi dans un emploi rapporte autre chose que de embetements fiscaux.il faut défiscaliser à 100% les revenus financiers liés à un investissement,une entreprise ne devrait pas payer d’impôts ni de charges…et si les revenus du travail et la TVA ne suffisent pas à alimenter l’état , il faut reformer l’état. Un état qui ne devrait s’occuper que des individus et surtout pas s’occuper de l’économie par des directives toujours sous influences.et un point important ,lorsqu’une entreprise doit fermer il ne faut surtout pas la mettre sous assistance respiratoire, perte de temps et de capital ,le but n’est pas de sauver des emplois mais l’investissement , unique moteur de l’emploi.

    • d’accord avec vous sur le principe de libérer le capital et réduire la fiscalité sur les entreprises.
      En tant que salariée cependant je comprends ceux qui s’accrochent au CDI qui signifie aussi solvabilité bancaire, logement, etc.
      De nombreux salariés malheureux dans leur travail prefèreraient ne pas y être mais comment trouver un logement?

  • Les mots essentiels sont à la fin de votre article: »les syndicats extrémistes ». Ils ne le sont que parce qu’ils n’ont aucun risque à l’être. Ils ne sont pas des « personnes morales » ayant la responsabilité de leurs actions, ils ne peuvent être attaquées en justice, ni par les patrons, ni par les salariés victimes. Ils ont le droit d’exister, mais aucun devoir.
    Tout le monde semble s’accommoder de ce vide juridique.
    C’est par là qu’une réforme doit commencer, faire des syndicats des institutions responsables de la défense des salariés, sans leur causer de préjudice. La mise à mort d’une entreprise en est un. Le syndicat doit répondre de son action pour ses mandants.
    Évidemment, ceux-ci doivent avoir leur part de responsabilité, être cotisants.
    L’adhésion à un syndicat devrait donc être obligatoire, pour avoir droit de s’en plaindre, et bénéficier de son « travail ».
    Une telle réforme permettrait un financement sain des syndicats, et leur donnerait un rôle clair dans l’organisation sociale.
    Il est évident que les partenaires sociaux n’y tiennent pas particulièrement, d’un côté comme de l’autre. C’est ce qui contribue à maintenir leur situation boiteuse et conflictuelle.

  • Sur la forme, on peut suggérer à M.Gourio de prendre note que depuis 1989 – « seulement » 28 ans ! -l’abréviation française pour Monsieur n’est plus Mr, mais M. (Majuscule suivi d’un point).

    Sur le fond il est, hélas, une question rarement posée ici et ailleurs : Créer des emplois pour créer des revenus certes, mais des emplois pour fabriquer quoi ?

    De l’éthico-défendable ou des chars et des avions pour des tyrans ? De l’écolo-soutenable ou de l’obsolescent programmé ? Du gadget ? Du superflu ? Du luxe ?

    S’agit-il, par exemple, de créer des emplois d’ouvriers agricoles pour pour pouvoir exporter en Afrique
    des surplus de ce qu’on continue d’appeler des « oeufs » de batteries, des « poulets » trafiqués et du « lait » dénaturé en ruinant, voire tuant des petits producteurs locaux dont les enfants viendront tenter leurs chances en clandestins chez nous ?

    • Monsieur (avec M.) ou Madame vous êtes sans doute chômeur et ne mangez pas tous les jours à votre faim!! La décroissance est certes la solution à tous nos mots??

      • Qui dit décroissance dit chômage et pauvreté puisqu’on sait que au dessous de 1,5% de croissance ils augmentent. On a déjà 7 millions de gens sans travail en France et 10 millions de pauvres qu’il faut assister. Plus il y en a et moins d’argent est disponible, car la création de richesses baisse alors que les dépenses d’indemnisation et d’assistance augmentent!

        • On ne sait rien du tout. La croissance est l’ augmentation des dépenses et dépenser de l’argent crée en effet de l’emploi mais est-ce sérieux et surtout durable. ?

          Quant à la création de richesse, c’est le serpent de mer du capitalisme, le rêve que l’on a mis dans toutes les têtes. Ah si la richesse pouvait se créer comme les productions !

          L’économie n’est qu’échange et nous consommons sans produire en n’utilisant pas l’énergie de nos compatriotes. C’est le seul vrai problème.

          • Au lieu de débiter des sottises vous devriez vous renseigner. L’analyse des statistiques a permis de constater qu’en dessous de 1,5% de croissance le chômage progresse! Donc on le SAIT, sauf les français, qui sont des incultes économique. Votre marxisme adoré n’a fait que ruiner TOUS les pays qui l’ont appliqué.

      • Produisons n’importe quoi du moment qu’il y ait emplois, et croissances ?

        • Et sans emploi vous allez vivre comment? Surtout que sans création de richesse il n’y aura pas non plus d’argent pour payer des assurances chômage! La logique et le peuple français c’est incompatible. Incapable de comprendre d’où vient l’argent qui lui permet de vivre.

  • D’abord un peu de respect pour la langue française. Monsieur en français s’écrit M. et non Mr qui est l’abréviation honorable de Mister.

    Ensuite le véritable libéralisme n’est pas de gagner le combat capitaliste qui donne au privé la responsabilité de donner des emplois contre le communisme qui en donnait la responsabilité à l’Etat, mais de savoir comment utiliser au mieux l’énergie d’un peuple que l’on paye à être chômeur pour ne pas lui dire qu’il faut travailler pour produire et que les trois esclavages que sont la mondialisation, la dette et l’immigration ne feront pas éternellement tout le travail.

    On peut s’amuser avec le code du travail qui comme tous les autres est devenu pléthorique, mais sans toucher à l’essentiel, on fait des ronds dans l’eau.

    http://www.surlasociete.com/petit-lexique-economique-et-social

  • Ces syndicats extrémistes anti capitalistes ont tout intérêt à sabotter le système capitaliste. Il n’ y a qu’ à voir la mine réjouie des princes de la CGT quand le chomage augmente ou que les usines ferment………

  • C’est l’état qui tue la France ! Pôle emploi tue l’emploi aussi surement que les 1000 offices HLM le logement.
    Si nous voulons encore conserver notre identité et nos valeurs, la première réforme est de supprimer le statut public pour tout ce qui n’est pas réellement régalien c’est-à-dire protéger le citoyen et SES biens sans appartenir ni à un syndicat ni à un parti. Servir le Peuple et non se servir et encore moins l’asservir

  • Curieux que vous ne mentionniez pas les seuils sociaux.
    Il serait judicieux de passer le seuil de 10 salariés à 50, celui de 50 à 250 et celui de 250 à 1000.
    Rien que cela donnerai pas mal d’air à notre système sclérosé.

  • Il va nationaliser les chantiers navals , vous rêver debout?

    • La dette est irremboursable

      Et elle est, de plus, entre les mains, en partie, au moins, de nos fonds de pensions et nos fonds d’assurance-(mal dire)vie

  • Vous pariez combien qu’il va nous sortir des mesurettes bidons qui ne changeront rien?

    • C’est à peu près sa dernière chance de prouver qu’il a vraiment l’intention de changer les choses. Nous serons bientôt fixés.

  • macron se contrefiche des chomeurs comme des pme d’ailleurs ;il se concentre sur ce qu’il doit faire ,c’est a dire de brader la france et ses services publics ,quand aux syndicats ce sont des carrieristres de la fonction publique alors le privé ils s’en foutent !

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