Brexit : la France complote-t-elle contre la City ?

La France comploterait pour faire main basse sur 73,5 milliards € de recettes fiscales.

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Brexit : la France complote-t-elle contre la City ?

Publié le 25 juillet 2017
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Par Thierry Godefridi.

Le Monde se fit l’écho, vendredi, d’un article paru quelques jours auparavant dans le Daily Mail. Le tabloïd, deuxième journal le plus vendu en Grande-Bretagne après The Sun, divulguait dans ledit article des extraits d’un rapport du représentant spécial de la City de Londres auprès de l’UE, Jeremy Browne.

Ce fils de diplomate, membre du parti libéral-démocrate mais réputé eurosceptique, ancien ministre britannique de l’Intérieur dans le gouvernement Tory-Lib Dem de David Cameron, devint l’envoyé de la corporation de la City moyennant un salaire à six chiffres après qu’il perdit son siège de député en 2015.

Le saccage de la Grande-Bretagne

Dans son rapport, Jeremy Browne accusa la France, dans son ensemble, milieux officiels, financiers et industriels compris, (« a whole-of-France collective endeavour »), de comploter à ce que le Daily Mail qualifia, ni plus ni moins, de « saccage de la Grande-Bretagne ».

« La France s’est vantée auprès de responsables de la City de Londres de ce qu’elle utiliserait le Brexit pour saboter l’économie britannique, selon un mémo divulgué faisant l’effet d’une bombe », écrivit le Daily Mail pour entamer son acte d’accusation. « Pas étonnant que Bruno Le Maire ait été nommé ministre français des Finances, il s’était réjoui de ce que le Brexit présentait une formidable opportunité pour la France ! », insinua le quotidien britannique par la suite.

Des experts estiment que la City est particulièrement vulnérable aux effets perturbateurs du Brexit dont les conséquences se feront ressentir sur le reste de l’économie britannique dans la mesure où la place financière londonienne procure au Trésor britannique environ 12% de ses revenus et contribue à concurrence de 7% à l’emploi en Grande-Bretagne.

Hommage à l’offensive fiscale de la France

Nul doute que de tels chiffres ne laissent pas indifférent un gouvernement qui est confronté comme le gouvernement français à un héritage économique marqué par une perpétuelle voracité de taxes et contributions nouvelles et par un manque flagrant d’imagination en matière de création d’emploi.

Le Monde lui-même considérait la véhémence de l’article du Daily Mail comme « un hommage à l’offensive menée par le nouveau gouvernement français pour attirer les banques londoniennes à Paris par des avantages fiscaux et des formalités simplifiées »… (Quel dommage que les PME et micro-entreprises qui représentent près de la moitié de l’emploi salarié en France ne bénéficient pas des mêmes attentions en matière de fiscalité et de formalités simplifiées !)

Hystérique. Surexcité. En besoin de thérapie. C’est ainsi que Andrew Adonis, membre travailliste de la Chambre des lords du Royaume Uni, se fit invectiver par des partisans acharnés du Brexit après qu’il mit ses compatriotes en garde contre les conséquences de ce dernier et qualifia la décision de quitter l’Union européenne comme la pire gaffe de la Grande-Bretagne depuis sa tentative d’apaiser Hitler dans les années 30.

« Pourtant, je maintiens chaque mot », déclara Andrew Adonis. « Une rupture brutale, se basant sur des considérations idéologiques, pourrait rejeter des millions de Britanniques dans la pauvreté. Le pire est que, lors du referendum, le peuple britannique s’est vu faussement promettre une aube nouvelle. »

La folie du Brexit

En vue du débat parlementaire (dont le premier gouvernement de Theresa May essaya en vain de s’affranchir) sur le Brexit, le lord travailliste dit s’être s’immergé pendant une quinzaine de jours dans la bibliothèque du Parlement afin de comprendre dans le détail ce que représentaient l’Union douanière et le marché unique pour l’emploi et le commerce en Grande-Bretagne.

Il en déduisit que le Brexit était de la folie et qu’une décision de quitter les institutions économiques centrales de l’Union européenne mettrait des millions d’emplois en péril en Grande-Bretagne : « En ce qui concerne la notion d’Empire 2.0 – « Global Britain », les avantages supposés de commercer avec le monde de langue anglaise –, si vous prenez les 75 pays couverts par les traités commerciaux avec l’Union européenne, ils comptent pour 18% des exportations britanniques, en plus des 44% à destination des autres pays de l’UE. Cela fait plus de 60% de nos exportations en direction de pays de l’UE et de pays vers lesquels les accords commerciaux de l’UE facilitent nos exportations. Cela  fait beaucoup de pays avec lesquels il nous faudrait conclure de nouveaux accords commerciaux au moins aussi avantageux que les actuels avant que la Grande-Bretagne n’exporte son premier kilo, pardon : sa première once, supplémentaire. Et, tout ceci dans les 20 prochains mois. Dream on ! ».

Comme le chantait Aerosmith dans sa chanson précisément intitulée « Dream on », « Yeah I know, nobody knows – Where it comes and where it goes.1 »

  1. Continuez à rêver. Ouais je sais, personne ne sait – D’où on vient et où on va.
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  • Comme si la France était capable de battre les anglais sur leur cœur de métier qui est la finance. À chacun sa spécialité , nous c’est la cuisine et notre principal plat est la ratouille politique épicée d’absurdites économiques .

  • Tant qu’à moraliser en chansons : « Si tu voyais mon avocat, ce qu’il veut me faire dire de toi, il ne te trouve pas d’excuses »…
    Ce Brexit est le triomphe de la péroraison d’avocat général contre le pragmatisme, lequel manquait déjà au départ, un manque qui n’est pas innocent de la brouille.

  • Ce sont toujours les mêmes chiffons rouges anti-brexit qui sont agités. A croire qu’aucun pays ne puisse s’en sortir en dehors de l’EU. Comment fait donc la Suisse?

    Le commerce de l’UK avec l’EU est déficitaire: l’UK importe environ 40% de plus qu’elle n’exporte vers l’EU. Si les échanges s’arrêtaient, c’est surtout l’EU qui y perdrait. Et l’UK a tout le commonwealth pour ses importations alimentaires et ses exportations. N’oublions pas que ce commonwealth comporte maintenant des pays à l’économie dynamique avec des marchés intérieurs énormes comme l’Inde (7è puissance économique et qui va bientôt dépasser la France).
    En quoi la signature d’accords entre l’UK et certains pays de l’EU serait un problème. La Suisse l’a fait. Ces accords seront beaucoup plus rapides à signer car n’impliquant des négociations qu’avec un seul pays sans devoir passer par la bureaucratie bruxelloise et la nécessité d’un accord unanime. Chaque pays a tellement soif de pouvoir exporter ses produits qu’ils ne tergiverseront pas longtemps avant de conclure un accord avec l’UK, ne serait-ce de peur qu’un autre pays leur passe devant. C’est cela l’effet bénéfique de la concurrence. D’ailleurs, on peut craindre que la France loupe le passage du train anglais qu’elle n’aura même pas vu arriver…
    Quant a croire que la France va récupérer des éléments de la City anglaise! La France avec sa fiscalité délirante, son instabilité fiscale, son ambiance anti-entreprise, son code du travail délirant, sa bureaucratie envahissante et j’en passe. On peut rêver. Si certains éléments se relocaliseront en EU (et je doute qu’il y en ai beaucoup), ce sera plutôt au Luxembourg, en Allemagne voire aux Pays-Bas mais pas en France.
    Concernant les expatriés au UK, certains envisagent simplement de prendre la nationalité anglaise.

    • Ajoutons que l’UE doit rembourser au moins 25 milliards à la GB au titre de ses participations aux divers projets européens. Ne rien rembourser de ce qu’elle doit à la GB est la motivation des prétentions financières délirantes de l’UE. En effet, si l’argent de la GB fait défaut à l’UE, cette dernière sera contrainte de répartir l’équivalent sur les pays restants qui, à part l’Allemagne bien gérée, sont hyperendettés et n’ont pas le moindre sou en caisse pour compenser le Brexit.

      Cette négociation est très mal partie du fait de la mauvaise foi abyssale des négociateurs européens cherchant le conflit au lieu de jouer l’apaisement. Voilà une attitude vindicative qui ne va pas encourager les pays d’Europe de l’Est à rester dans l’Union, pays qui pourraient bien juger que le statu quo présente finalement plus de risques que la sortie de l’Union embourbée dans la crise migratoire provoquée par les Allemands et les Italiens, ou encore les Suédois.

      A cela s’ajoute le cas espagnol, secoué par l’indépendantisme catalan. Si l’UE soutient l’Espagne, le ressentiment des Catalans vis-à-vis de l’UE explosera. Si l’UE soutient les Catalans, l’Espagne ne digèrera pas cette agression caractérisée de la part des instances européennes.

      A cela s’ajoute l’adhésion de la Turquie, processus toujours soutenu mordicus par les fonctionnaires européens, plus ou moins discrètement, contre l’avis des peuples.

      Ambiance…

    •  » La Suisse l’a fait.  »

      Les accords bilatéraux que la Suisse à signé pour accéder librement au marché européen ont été signés avec tout les pays membres de l’UE et ces derniers ont à la suite validé ces accords à l’unanimité. Si la GB suit la voie Suisse, je ne vois pas trop l’intérêt du brexit. Sortir de l’UE pour y entrer dedans d’une autre façon.

      • Pas vraiment. La Suisse a encore la possibilité de choisir ce qui l’intéresse dans l’EU et ce dont elle ne veut pas. Ce n’est pas le cas d’un membre à part entière de l’EU.

    • Wait & see, nous verrons bien. Ce qui est troublant est que malgré le regain de compétitivié du Sterling depuis le Brexit , l’UK n’exporte pas plus et que les industriels du pays sont de plus en plus nombreux à chercher à vendre leurs affaires. C’est aussi vrai que la City a le moral dans les chaussettes, mais il est tout à fait possible que ces acteurs ne voient pas ce que vous voyez depuis votre écran et se bilent pour rien. Time will tell.

      • Je ne vois rien depuis mon écran. Il suffit de lire quelques articles économiques plus modérés pour se rendre compte que la situation n’est pas si caricaturale ni catastrophique.
        Il est surtout agaçant de voir des plaidoyers à charge qui se veulent éclairés mais qui tronquent (volontairement?) une partie des données parfaitement disponibles.
        Les chiffres de l’article sont exacts mais occultent entièrement le fait que ces échanges UK/EU sont nettement déficitaires pour l’UK qui exporte beaucoup moins qu’elle n’importe de l’EU. Cela permet de relativiser.
        Quant aux exportations UK, « 60% de nos exportations en direction de pays de l’UE et de pays vers lesquels les accords commerciaux de l’UE facilitent nos exportations. » Cela veut donc dire qu’une partie de ces 60% concernent des pays hors EU. Cela change un peu la donne. De plus, qu’est-ce qui empêche l’UK de passer un accord avec ces pays avec qui ils ont déjà des relations commerciales? Cela devrait être d’autant plus facile que ces pays sont justement hors-EU.

        Le fait que cette étude ait été produite par un député travailliste qui s’est battu (et se bat encore) contre le brexit, permet également de beaucoup en relativiser la valeur et de mieux comprendre les choix qui ont été faits en matière de chiffres.
        Ceci dit, vous avez raison, attendons pour voir. Pour l’instant, aucune des catastrophes annoncées pourtant « rapides », « sûres » et « incontournables » ne se sont produites.

  • Avec notre fiscalité spoliatrice, les débiles qui croient parvenir à faire venir en France des membres de la City rêvent debout.

    • Ils veulent juste pouvoir ajouter le refus de venir dans la plus belle ville du monde à la liste des griefs contre la finance.

  • Alors que les banques françaises ont délocalisé tout ce qui pouvait l’être, par quel aveuglement peut on imaginer que les anglais vont venir s’installer dans un pays plomblé pour une fiscalité délirante instable. Quelle banque prendra le risque de voir les bonus versés aux traideurs jetés à la vindicte par une presse assoiffée de nivellement , demandez à Carlos Ghosn. Non le Luxembourg et l’Allemagne avec Francfort se partageront le gâteau si gâteau il y’aura.

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