Par Éric Verhaeghe.
Le ministre Jean-Michel Blanquer a annoncé la semaine dernière ses premières mesures. Elles visent toutes à desserrer l’étau du mammouth sur un système éducatif à la dérive. Les premières mobilisations apparaissent face à des décisions pourtant timides mais salutaires. Le combat d’un ministre contre une machine infernale commence.
C’est un bien curieux combat qui se livre dans les coulisses du « mammouth » de la rue de Grenelle, et, à n’en pas douter, il méritera de nombreux décryptages pour ceux qui ne sont pas férus de questions éducatives. Jean-Michel Blanquer, qui a déjà expliqué qu’il ne proposerait aucune loi qui porterait son nom, vient pourtant de s’attirer les premières foudres des traditionnels idéologues de l’immobilisme éducatif. Lentement mais sûrement, les premières salves contre sa méthode et sa vision ont été tirées par ceux qui espèrent garder le contrôle d’un système en décomposition.
La décomposition éducative en France
Que l’école soit dans un état de dégradation avancée n’est un mystère pour personne. Les études triennales PISA l’ont suffisamment montré et documenté. Toutes les tares de notre système éducatif y sont décortiquées factuellement : inégalités sociales, décrochages scolaires puissants, difficulté à intégrer les jeunes issus de l’immigration, résultats moyens par ailleurs.
Face à cette lente décomposition, les remèdes sont connus. Seule une dénationalisation du système, une autonomie des établissements et une innovation pédagogique profonde permettront de rétablir la situation, comme d’autres pays sont parvenus à le faire.
Les rentiers de la centralisation sont inquiets
Bien entendu, tous ceux qui prospèrent sur une centralisation suicidaire de notre système éducatif, et sur sa déresponsabilisation principielle, sont horripilés par toutes ces solutions. Au premier rang d’entre eux, on placera les syndicats d’enseignants et leur chambre d’écho, la FCPE, régulièrement composée et représentée par les enseignants, mais sous leur étiquette « parents d’élèves ».
Tout ce petit monde déteste l’idée que les chefs d’établissement puissent développer des projets scolaires locaux et autonomes, qui échapperaient aux arrangements de couloir obtenus par la bureaucratie syndicale rue de Grenelle. Et tant pis si ce sont les élèves les plus faibles qui pâtissent de cette redoutable mais impitoyable prise de pouvoir. Dans tous les cas, il faut dénoncer la menace que ce projet fait peser sur la liberté de l’enseignant : entendez qu’il ne faudrait surtout pas que la Nation commence à fixer des obligations de résultats à ces fonctionnaires sous statut qui se comportent comme des professions libérales.
La stratégie de petits pas menées par Jean-Michel Blanquer
Dans ce contexte tendu, Jean-Michel Blanquer fait le choix astucieux d’avancer à petits pas et par une sorte de guérilla face aux troupes constituées des rentiers qui verrouillent la communauté éducative. Pas de loi, donc, mais des mesures de « gestion » : possibilité reconnue aux collectivités de déroger aux rythmes scolaires dans les écoles primaires, élargissement prudent des possibilités de redoublement au collège, introduction de soutien scolaire pendant les vacances financé par des heures supplémentaires.
On voit bien la manœuvre : on abandonne les grandes mesures nationales, et on laisse le terrain s’organiser en lui donnant des espaces d’autonomie. Le pari qui est fait est de voir progressivement un autre modèle s’installer, décentralisé et pluriel, sans possibilité de retour.
La méthode est peu flamboyante, mais elle a un immense mérite : elle complique singulièrement la tâche de blocage à laquelle sont prêts tous ceux qui dénoncent cette « territorialisation de l’éducation », selon une expression qui en dit long sur les appétits de pouvoir des Parisiens. Allez vous mettre en grève contre un décret qui vous permet, si vous le souhaitez, de faire usage de vos libertés !
Les pattes du mammouth bientôt cassées ?
Avec cette méthode, il n’est pas impossible que Jean-Michel Blanquer parvienne à casser les pattes du mammouth. Ce serait une annonce réjouissante, tant la médiocratie de la rue de Grenelle a poussé notre école publique et laïque à la désespérance.
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Quoiqu’il fasse, il faudrait D’ABORD recycler hors responsabilité d’une classe quel pourcentage d’enseignants plus ou moins archaïques ?
Recycler ? Comment recycler un personnel incompétent ou obsolète ?
Rien de tel qu’une petite mise en concurrence avec le privé.
Depuis 1968, l’école française décline. (presque) Tous ceux qui sont au pouvoir actuellement viennent de l’école d’avant ou de juste après. Une telle dérive demande une poigne de fer surtout devant ces syndicats gauchistes qui veulent saboter les jeunes français sciemment (Cf. le dernier livre de Chantal Delsol, la haine du monde). Si les écoles hors contrat prospèrent autant, ce n’est pas par hasard. Il y a donc aujourd’hui nettement moins de fils d’ouvriers qui rentrent à Polytechnique que dans les années 50-60.
Tous les ministres qui ont voulu réellement réformer se sont fait éjecter, car le pouvoir ne veut pas d’élèves ni d’étudiants dans la rue.
Pourquoi en serait-iol autrement aujourd’hui?
De 30% dans les années 1950, les élèves issus de famille modeste ne sont plus que 9% dans les grandes écoles! Superbe résultat de la gauche soi-disant égalitaire.
En 1950 combien y avait-il de familles “modestes” ?
Le problème principal de l’EN est l’organisation par conséquent il faut un ministre spécialisé dans l’organisation ,est ce le cas ?
Probablement pas , encore un expert qui échouera comme les autres
Blanquer connaît les rouages et est une personne rouée…
Je souhaite qu’il arrive à détricoter ce corset.
De nombreux enseignants voudraient travailler mieux, faire plus.
Ils sont empêchés ou découragés par l’administration…
Organiser quoi ?
L’organisation d’en haut c’est le centralisme.
Pas besoin quand justement on veut plus d’autonomie.
Relisez l’article svp.
Plus d’autonomie sans une organisation forte conduit à l’anarchie….ce n’est pas forcément de l’autonomie dont a besoin l’EN mais une responsabilisation hierarchique , en gros la fin du status de fonctionnaire et sans doute l’indépendance totale vis à vis de l’état…le ministre doit donc travailler dans le sens de supprimer son ministère pour confier le controle au niveau régional voir départemental et pour quoi pas au niveau de la ville ou du village.
“Plus d’autonomie sans une organisation forte conduit à l’anarchie”
Mon dieu mon dieu..
L’autonomie n’est pas chacun dans son coin , il faut un lien réunissant les coins pour en faire un objet en 3 dimensions visible et reconnaissable ,c’est cela une organisation. Elle peut être spontanée …mais avons nous le temps d’attendre ?
Désolé.. pas compris.
Pourquoi ne pas virer tout simplement les pédagogues auteurs de la débâcle?
Impossible avec leur status.
Le plan de bataille consiste à vider leur poste de sa consistance par une décentralisation.
Les pédagogues vont alors se trouver dans un placard doré au frais de la princesse.
En Ecosse l’enseignement est public à 90%, mais les enseignants sont recrutés en CDD, et titularisés au vu de leurs résultats. Avec révocation possible tout au long de leurs carrières. quand on dit public, c’est de collectivités locales qu’il s’agit. les communes recrutent donc selon les besoins réels. la seule intervention du pouvoir central Britannique est dans l’inspection et la validation des programmes.
Le bac est composé de 7 épreuves à coefficient égal, les mêmes pour tous. Des notes que vous aurez dépendra votre autorisation de vous inscrire en fac de science, ou de lettre, etc…
Parmi les épreuves il y a le sport et la musique.
résultat : chômage inférieur à 5 %.
Bon, en même temps, ils n’ont pas 400 000 chances pour la France à alphabétiser tous les ans.
“…desserrer l’étau du mammouth sur un système éducatif à la dérive. “:
Formulation paradoxale qui illustre parfaitement la situation : le mammouth a causé la faillite d’un des meilleurs systèmes scolaires du monde en lui imposant son joug idéologique. Blanquer fait malheureusement fausse route et son diagnostic est erroné. Il s’imagine avoir trouvé la pierre philosophale, mais sa « troisième voie » est une impasse. Il y renvoie dos à dos les fossoyeurs pédagauchistes, qu’il croit en voie d’extinction , et les « traditionalistes persuadés que l’école d’hier faisait mieux que celle d’aujourd’hui. » Cette caricature trahit l’ignorance, coupable pour un homme du sérail, du conservatisme ontologique qui caractérise toute forme d’éducation et que la Grèce antique théorisait déjà. Hannah Arendt l’avait confirmé dans un texte séminal, à lire en anglais, car un contresens rend sa traduction française incohérente et incompréhensible. ‘’ The Progressive Education’’ y est devenu ‘’les progrès de l’éducation’’. Or, Arendt consacre précisément l’intégralité de son argumentaire à démontrer que l’ancêtre américain de notre « pédagauchisme », né dans la mouvance pacifiste de l’Entre-Deux guerres à l’Université Columbia, est une déviance sectaire, un avatar de l’égalitarisme , qui a produit l’inverse de ce qu’annonçait son intitulé : une régression antiélitiste vers l’ignorance, voire sa valorisation, et la soumission des élèves à la tyrannie de la majorité d’entre eux, par des enseignants qu’une idéologie racoleuse porte à les y abandonner avec la bonne conscience du devoir accompli. Ils s’imaginent œuvrer dans leur intérêt mais perpétuent, depuis des lustres, ce massacre des Innocents. Ce sont ces millions d’enfants auxquels l’école, devenue simple instrument d’ingénierie sociale niveleuse, n’apprend plus à être des adultes instruits et responsables. En résulte le déficit démocratique qui accable la France, et dont l’élection du Rastignac picard est la criante manifestation.