GM&S : Le Maire réchauffe le capitalisme de connivence

La solution industrielle apportée par Bruno Le Maire repose chaque fois sur l’activation de ces leviers obsolètes que sont les décisions publiques.

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GM&S : Le Maire réchauffe le capitalisme de connivence

Publié le 23 mai 2017
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Par Éric Verhaeghe.

Le capitalisme de connivence est-il l’horizon indépassable de la politique industrielle française, par-delà le blabla sur le « renouvellement jusqu’au bout »?

La séquence qui vient d’occuper Bruno Le Maire laisse en tout cas à penser que celui qui voulait incarner le renouvellement à droite n’est pas équipé pour changer les logiciels français qui nous ont mené dans le mur.

Arc International, GM&S : deux facettes d’un même déclin

Dans la pratique, Arc International et GM&S souffrent toutes les deux du même mal. Ce sont deux entreprises familiales françaises qui, faute de financement suffisant, n’ont pu affronter la mondialisation.

En l’absence de fonds de pension français susceptibles de les accompagner dans leur développement, elles ont toutes les deux fait appel, à reculons, à des capitaux étrangers. Dans les deux cas, cette entrée dans le capital s’est traduite par une perte de majorité, pour les familles, dans le capital d’origine.

Arc et GM&S, victimes directes de la sécurité sociale

On sait pourquoi la France ne s’est pas dotée de fonds de pension : elle a misé sur la retraite par répartition. Pour assurer le financement de plus en plus compliqué de celle-ci, la direction de la Sécurité sociale a mené une guerre sans pitié à toute forme de capitalisation.

En ce sens, la Sécurité sociale dévore ses assurés : pour apporter le maximum de cotisations et de ressources à un système sous tente à oxygène, l’État a tué toute possibilité d’affronter de façon durable la concurrence internationale et l’hyper-capital américain.

Comment le capitalisme de connivence cache la misère

Au lieu de dégager des espaces de financement pérenne de nos entreprises, la France préfère le choix du capitalisme de connivence : d’un côté, des politiques sociales démagogiques et destructrices pour l’emploi, de l’autre des capitaux en déclin qui se tiennent par la barbichette pour occulter la gravité de la situation. C’est à plein ce qu’utilise Bruno Le Maire aujourd’hui pour donner le sentiment qu’il agit.

Dans le cas d’Arc International, Bruno Le Maire a mobilisé la Caisse des Dépôts pour apporter 10 millions € et une garantie de l’État à un investisseur russe. Celui-ci s’est substitué en 2016 à un investisseur américain (PHP) qui n’avait pas tenu ses engagements, pourtant pris en 2014…

Dans le cas de GM&S, Bruno Le Maire a fait pression pour que Renault et Peugeot augmentent leurs commandes à l’usine. Cette pression est d’autant plus simple à exercer que l’État est actionnaire des deux grandes entreprises.

On le voit, la solution industrielle apportée par Bruno Le Maire repose chaque fois sur l’activation de ces leviers obsolètes que sont les décisions publiques.

La question du financement de l’investissement est cruciale

Reste que le sujet de fond continue à ne pas être abordé : comment assurer le financement des investissements dans nos entreprises pour qu’elles puissent affronter la concurrence mondiale ? Comment assurer la compétitivité de nos appareils de production, sachant que le coût de la main-d’oeuvre en France est plus élevé que chez leurs concurrents étrangers ?

Au-delà des décisions ponctuelles prises devant les caméras pour sauver provisoirement telle ou telle entreprise, le sujet de la désindustrialisation ou des délocalisations ne sera traité que si et seulement si la France se dote d’une capacité à financer l’investissement.

On mesure bien ici que la clé de voûte de cette capacité tient à un développement maîtrisé et raisonné de la retraite par capitalisation. Il ne s’agit pas, bien entendu, de supprimer la répartition. Il s’agit d’équilibrer nos systèmes pour permettre une politique industrielle durable.

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  • Ils feraient comment nos petits fonds de pension français pour lutter contre très les fonds de pension américain et les autres ?
    Remarquez qu’on pourrait utiliser les fonds existants ….pas très concluant comme solution , exporter l’argent de nos retraites..forcément investis ailleurs !

    • Mais vous avez parfaitement raison : les fonds de pensions suisses se font littéralement écrabouiller par les amères loques :mrgreen:
      Même une feuille d’or n’est pas aussi fine :mrgreen:

  • « Il ne s’agit pas, bien entendu, de supprimer la répartition. »
    Pourquoi ??

  • Quelques remarques:
    1) il existe bien un fond de pension français, la Préfond, réservée aux seuls fonctionnaires (cherchez l’erreur)
    2) L’abondance de capital ne suffit pas. Encore faut-il ne pas le matraquer de taxes et de surtaxes. Une flat taxe de 15% sur la capital et c’est tout, amènerait une souffle d’argent frais difficile à estimer à la louche mais sans doute de grande ampleur
    3) le capitalisme de connivence n’a rien à voir avec le capitalisme de concurrence, et beaucoup plus avec un système mafieux.

  • Il ne faut pas compter sur notre président socialiste ni sur ses ministres pro-socialistes pour changer les choses!

  • Les commentaires sont fermés.

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