Pourquoi le Maghreb ne célèbre pas la lutte contre l’homophobie

Le 17 mai, comme chaque année, le monde libre a célébré la journée de lutte contre l’homophobie. Or, le Maghreb l’ignore toujours. Est-ce compatible avec sa qualité de partenaire stratégique de l’UE ?

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Gay Pride Flag - Crédit photo : Kellie Parker via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0

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Pourquoi le Maghreb ne célèbre pas la lutte contre l’homophobie

Publié le 18 mai 2017
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Par Farhat Othman.

L’Europe ne doit plus tolérer une aussi grave et flagrante violation de ses valeurs cardinales par des États si proches, qui lui sont liés, en plus, par des accords euro-méditerranéens qui insistent sur le respect des droits de l’homme et des valeurs de la démocratie.

Or, l’homophobie viole et le vivre-ensemble et la dignité humaine. Jusqu’à quand donc l’Europe humaniste fermera-t-elle les yeux sur ce qui se passe en Tunisie et au Maroc, ces pratiques honteuses comme le test anal, stigmatisant les gens, emprisonnant des innocents ?

Une violation du vivre-ensemble

L’homosexuel est aujourd’hui, au Maghreb, bien plus que cette personne aux mœurs contraires à ceux de la majorité des Maghrébins ; il est d’abord et surtout le différent absolu, car on le rejette moins pour sa sexualité que pour ce qu’elle représente d’un point de vue libertaire. Il est l’emblème de la contestation sociale.

Aussi est-il le différent absolu qu’il importe d’admettre et de défendre en tant que premier pas fondamental et indispensable afin d’asseoir le vivre-ensemble démocratique au Maghreb et finir d’y ériger un jour l’État de droit.

L’Europe peut et doit y aider, car son poids économique et politique est loin d’être négligeable auprès des autorités maghrébines, notamment tunisiennes et marocaines, partenaires stratégiques de l’Europe.

Or, les accords la liant au Maghreb font des droits de l’Homme un aspect majeur, incontournables mêmes, des rapports de civilisation entre l’Union européenne et le Maghreb.

Quel meilleur domaine pour s’y incarner donc que celui du droit à un sexe libre pour les jeunes au Maghreb qui, comme on le sait, sont devenus une proie facile aux terroristes qui exploitent leur misère, à la base sexuelle, pour en faire des munitions humaines ?

L’inertie des démocrates

Certes, c’est d’abord aux démocrates des pays du Maghreb d’agir ; mais ils demeurent inertes, sans appui conséquent et décisif de la part des forces démocratiques d’Europe. Et il ne s’agit pas seulement des associations et des organisations non gouvernementales, mais aussi des cercles de pouvoir économique et politique qui comptent.

On l’a vu récemment avec le parlement européen appelant la Tunisie à réformer son droit obsolète, désignant nommément l’article 230 du Code pénal, base légale de l’homophobie. C’est lui qui permet la perdurance de la pratique moyenâgeuse du test anal. Et il a son frère jumeau au Maroc, l’article 489, et en Algérie les articles 333 et 338 du Code pénal.

La responsabilité de l’Europe est d’autant plus grande qu’il s’agit là de textes coloniaux, la société maghrébine ne connaissant pas de tels interdits avant la colonisation et pratiquant les rapports homosexuels sans nulle pénalisation, le sexe y ayant été et y étant toujours bisexuel.

La fausse cause religieuse

Si l’homosexualité est encore en vigueur en Tunisie et au Maroc malgré l’adoption de nouvelles constitutions qui devaient suffire à toiletter la législation nationale de ses lois scélérates, telle cette tare de l’homophobie, c’est que ces constitutions réfèrent à l’islam et au respect de ses valeurs. Or, les dirigeants maghrébins font croire à leurs partenaires européens ne pouvoir pas aller contre la religion.

Rappelons-le ici : il ne s’agit que d’un mythe, un faux argument. En effet, il a été amplement démontré, preuves à l’appui, que l’islam pur, non défiguré, n’a jamais été homophobe.

Le Coran ne comporte aucune prescription en la matière, juste du récit rappelant l’interdit biblique non reconduit. Or, le droit musulman est clair : il n’est nul interdit sans prescription expresse. Quant à la sunna avérée, elle ne comporte aucun hadith du prophète dans les deux recensions majeures, les seules qui font vraiment foi, celles de Boukhari et de Mouslem.

Ne l’oublions donc pas ! Au moment où l’Occident était encore homophobe, c’est la culture de l’islam qui a chanté le plus et le mieux l’homo-érotisme et les Européens allaient dans les pays arabes, connus pour leur sensualité en vue de vivre paisiblement leur sexualité.

C’est que la société arabe (et aussi amazigh) est érosensuelle, pratiquant un sexe conforme à celui qui est le plus répandu dans la nature : la bisexualité.

On le voit bien donc, il n’y a plus aucun empêchement à ce que les pays du Maghreb, du moins la Tunisie et le Maroc, respectent les droits de l’Homme en matière de relations homosexuelles.

Il est temps que la Commission européenne en fasse un thème majeur dans ses rapports euro-méditerranéens, n’acceptant plus le faux argument religieux. Sinon, elle  encouragera soit une islamophobie récurrente, ces derniers temps, dans les rapports arabo-européens soit un glissement de plus en plus perceptible dans les sociétés maghrébines vers une religiosité qui ne présage rien de bon pour l’ensemble de la Méditerranée.

 

 

 

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