Rappel aux économistes qui soutiennent Mélenchon

Les 100 économistes signataires de la tribune pro-Mélenchon sont le révélateur d’un malaise dans l’enseignement de l’économie en France.

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Mélenchon By: Blandine Le Cain - CC BY 2.0

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Rappel aux économistes qui soutiennent Mélenchon

Publié le 21 avril 2017
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Par Pierre Bentata.

Suite à la tribune de 25 prix Nobel d’économie rappelant l’erreur que constituerait une sortie de l’UE, un recours au protectionnisme ou à la dévaluation, une centaine d’économistes a décidé de prendre la plume pour signer, à son tour, une tribune en faveur du programme de Jean-Luc Mélenchon. Sans doute ont-ils ressenti le message des « Nobel » comme une menace pour leur champion.

Que nous apprend cette démarche qui interpelle davantage par le nombre de signataires que par le fond de leur analyse ?

Consensus scientifique anti-Mélenchon

Il faut d’abord noter le pathétique de cette décision. Lorsque 25 Nobel, ayant des opinions politiques diverses et des méthodologies très différentes, rappellent que certains faits économiques sont indiscutables, ils démontrent qu’il existe un consensus scientifique qui dépasse les croyances individuelles.

En s’opposant frontalement à leurs conclusions, pour mieux soutenir leur candidat, ces « économistes » relèguent la science économique au rang de simple débat d’idées. Selon eux, l’économie serait affaire de goûts et relèverait davantage de discussions de cafés du commerce que de science. Cela en dit long sur l’estime qu’ils ont de leur profession.

Mais il y a plus grave. Un tel comportement favorise le relativisme ambiant qui, en matière économique, empêche tout consensus et donc toute discussion rationnelle et dépassionnée sur la pertinence des programmes électoraux. Voilà déjà un point choquant. Pourtant, celui-ci n’est rien en regard de ce que cette tribune révèle sur le système universitaire français.

Les économistes atterrants

Parmi ces signataires, plusieurs appartiennent au mouvement des Économistes Atterrés qui n’a jamais caché son penchant anticapitaliste, anti-marché et révolutionnaire. Ceux-là sont donc dans leur rôle (sic) lorsqu’ils soutiennent le candidat qui pleure Castro et appelle de ses vœux un rapprochement avec l’Alliance Bolivarienne. Ceux qui le sont moins sont les nombreux signataires membres du CNU – Conseil National des Universités. Le CNU est l’institution déterminante pour la carrière des jeunes universitaires.

Il délivre les précieuses « qualifications » sans lesquelles un docteur ne peut intégrer l’université au titre de Maître de Conférences. Et depuis peu, il est aussi l’instance qui octroie le prestigieux statut de Professeur. Or, comme en témoigne la liste des signataires soutenant cette tribune, ce Conseil censé évaluer la recherche scientifique est composé, pour partie, d’idéologues niant les conclusions des « Nobel » et considérant au moins implicitement, que l’économie serait un art au service d’un idéal politique plus vaste.

L’arrière-boutique d’une idéologie dépassée

Voilà pourquoi l’économie est de moins en moins bien enseignée à l’université. Et voilà pourquoi les Français sont si ignorants en matière économique. Ce qui devrait être le temple de l’excellence scientifique est devenu l’arrière-boutique d’une idéologie dépassée, où se décident les carrières des futurs professeurs, non selon la qualité de leurs travaux mais selon leurs opinions politiques.

Devenue un instrument politique au sein d’une institution dépossédée de sa nature scientifique, l’économie perd inévitablement son statut et son importance dans le débat politique, interdisant toute réforme qui pourrait réconcilier la France avec l’emploi, l’innovation et la prospérité.

On s’interroge souvent sur les causes du marasme économique français. L’inculture et le relativisme économiques en sont les principales. Pour comprendre l’économie, pour choisir un programme économique plutôt qu’un autre, il faut déjà accepter que l’économie est une science, avec ses règles et ses mécanismes. Or, cela même les membres des plus hautes instances universitaires semblent l’avoir oublié, en faisant passer leur idéologie avant la réalité des faits, telle qu’énoncée par 25 « Nobel » !

Tant que les gardiens du temple seront des idéologues, favorables à un système qui n’a jamais fonctionné qui plus est, il n’y aura aucun débat rationnel. Et la France ne s’en remettra pas.

Cet article a été publié une première fois dans La Tribune.

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  • bah, il y a dans l’économie macroéconomique quelque chose de souvent pervers, me semble t il, quand vous pensez avoir « compris » quelque chose en économie, vous pensez avoir trouvé quelque chose qui ressemble à une relation de cause à effet, et inévitablement, vous vous retrouvez avec des gens qui justifient des mesures politiques , en fait des restrictions de libertés, au nom de la science économique capable de déterminer l’existence d’un interet général.

    La question est toujours la même en économie au nom de quoi m’interdis tu de faire ceci ou cela.?
    Il ne s’agit pas de protectionnisme mais d’interdiction de commercer avec qui on veut.

    Le jour où on se rend compte que l’intérêt général n’existe pas et quand conséquence qu’aucune action ne peut être prise sans favoriser l’un et défavoriser l’autre, on se fiche alors pas mal des considérations des économistes sur le plan de la macroéconomie.

    Le protectionnisme n’est par exemple pas mauvais pour les français ou l’économie….pour la simple raison qu’on ne peut réduire l’évaluation de l’économie à un seul critère .
    C’est aux gens qui prônent un protectionnisme » intelligent » voire quelque politique économique que ce soit de démontrer que ces mesures sont bonnes pour l »économie, ce qui est impossible, le protectionnisme est une mesure clientéliste comme une autre…
    interdire le vol nuit à ceux qui veulent vivre de razzias : l’intérêt général n’existe pas. Toute mesure d’interdiction doit s’accompagner d’explications pour pouvoir désigner les gentils qu’on va favoriser et les méchants qu’on va léser sans scrupule.

    • Le protectionnisme n’est par exemple pas mauvais pour les français ou l’économie….pour la simple raison qu’on ne peut réduire l’évaluation de l’économie à un seul critère .

      Là je ne vous suis plus. Sur des critères d’évaluation économique, le protectionnisme est nuisible à l’ensemble de la société. Il est peut-être favorable à quelques-uns mais globalement il nuit au développement de la société qui freine le commerce. Lisez ou relisez la démonstration de Bastiat à ce sujet: http://bastiat.org/fr/recettes_protectionnistes.html

      • Le protectionnisme est nuisible… C’est vrai , regarder une serrure, elle pose plus de problèmes qu’elle n’en ressoud..Perte de temps à ouvrir la porte ,pertes de ses clés,etc ..Pourtant , tout le monde s’équipe…Et le voleur passe par la fenêtre !
        Parfois le protectionnisme est bon…. pour le moral …Ce que Bastiat n’a pas vu ,c’est la différence entre la théorie et la pratique , l’homme ne peut pas se mettre en équation.

  • Les français et l’économie c’est un grand écart. C’est l’économie socialiste qui est enseignée en France, et ce depuis l’école. Lisez les ouvrages scolaires, et écouter les cours universitaires. Pas étonnant que l’on ait trouvé 100 idéologues socialistes, soi-disant économistes, pour soutenir les âneries communistes de Mélenchon. Je suis sûr qu’ils nous expliquent à quel point l’économie du Venezuela est florissante!

  • l’économie est une science oui mais une science humaine et sociale, pas une science exacte !

    • Bien sûr! 2 et 2 font 5 pour monsieur. L’économie est une question comptable. Je fabrique une chose que je vend à ceux qui en ont besoin. Si personne n’en a besoin, je ne vendrais pas et donc je serais en faillite. C’est trop compliqué pour vous? C’est une science humaine et sociale, relative et aléatoire? Alors qu’elle est des plus implacable, comme s’en rendent compte tous ses acteurs!

      • ne pas confondre science de la gestion et science économique
        les faits économiques d’hier ne marcheront forcément demain…

        • Une science est régie par des règles. Parmi les règles de base de la science économique on a entre autres:

          Les ressources sont rares.

          MV=PT

          La loi des débouchés

          La baisse tendancielle de valeur du capital.

          Nier une seule des lois économiques, ignorer une seule de ces lois dans un raisonnements et vous vous plantez à coup sûr. C’est pas une fois c’est toutes les fois. Or les raisonnements de gauche socialisants et étatisants sont les champions pour s’affanchir de ces lois économiques en pensant qu’il suffit de pondre une loi pour contraindre les acteurs à les contourner. C’est faux, c’est une chimère. SI ça marchait ça ferait longtemps qu’on l’aurait fait.

          • « les ressources sont rares » ==> alors pourquoi s’acharner à parler de « croissance »

            Il y a d’autres lois économiques comme la destruction créatrice (Schumpeter) qu’on peut remettre en cause hein. Ce qui marchait hier ne marchera pas forcément demain.

            De toute façon il y a toujours deux gros pbs qui reviennent sur la table: comment aider les plus faibles et comment protéger l’environnement ? Et en ce sens, je ne crois pas du tout au libéralisme qui aujourd’hui si c’ était accepté par la population, maquerait une pensée darwiniste social.

  • Penser que l’économie peut être modifiée par des économistes, c’est comme penser que l’histoire peut être modifiée par des historiens.

  • Cela me rappelle les mémoires de Raymond Aron lorsqu’il racontait les péripéties de sa nomination (élection) comme professeur à la Sorbonne.
    Il n’y a donc pas grand chose de nouveau sous le soleil.

  • « Un tel comportement favorise le relativisme ambiant qui, en matière économique, empêche tout consensus et donc toute discussion rationnelle et dépassionnée sur la pertinence des programmes électoraux. Voilà déjà un point choquant. »

    Ce qui est choquant c’est de considérer que sans consensus il ne peut pas y avoir de discussion rationnelle et dépassionnée en matière scientifique.

    Le consensus est à la vérité ce que le monopole est à une économie. Il n’existe véritablement que sous la contrainte publique.

    Et surtout, lorsqu’on constate que la plupart des français, y compris ceux qui se revendiquent « économistes », croient en la lutte des classes et haïssent le marché, un relativisme ambiant en matière économique serait déjà un grand pas pour notre pays.

    C’est dommage, parce que je suis globalement d’accord avec le reste de l’article.

  • Les commentaires sont fermés.

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