Nupes : l’éphémère union de la gauche française ?

Formée après les succès de Mélenchon, la NUPES voulait unifier la gauche. Mais les tensions internes pourraient tout faire éclater.

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Nupes : l’éphémère union de la gauche française ?

Publié le 3 octobre 2023
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La NUPES est née en mai 2022 du très bon score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, et sur les bases du programme insoumis. Avec une stratégie commune, la gauche se voyait majoritaire aux législatives et voguer ainsi vers l’élection de 2027. Pourtant, les tensions sont vives.

 

Un Parti socialiste divisé

Le Parti socialiste, mené par Olivier Faure, se pose la question de poursuivre le rythme imposé par Les Insoumis. S’ils s’accordent sur des sujets tels que les retraites, le rapport au travail ou les mesures sociales, tant d’autres les divisent : Europe, rapport à l’État, relations avec la police, laïcité. D’ailleurs, les socialistes ne s’associent pas aux manifestations organisées par Les Insoumis, comme celle du 23 septembre contre les « violences policières ».

Sur le plan tactique, Olivier Faure, auréolé de l’accord l’année dernière, voit des opposants le contester de plus en plus ouvertement. Listes dissidentes aux législatives, nouvelles figures qui veulent s’imposer comme Carole Delga, Michael Delafosse ou Nicolas Meyer Rossignol, qui a guerroyé contre lui au congrès de janvier dernier, et a su imposer la reconnaissance de sa ligne sociale-démocrate en rupture totale avec la NUPES. Il faut aussi compter sur les anciens comme Bernard Cazeneuve et François Hollande.

Le Parti socialiste est divisé au sein d’une grande alliance qui tient encore par miracle.

 

Des Verts de plus en plus indépendants

Les Verts semblent aussi se détacher.

Très tôt déjà, ils ont annoncé qu’ils iraient aux Européennes en solitaire. Pas de liste commune.

Sur le fond, ils ont de réels désaccords au sujet de l’Europe avec LFI et le PCF mais, surtout, ces élections sont l’occasion pour eux de rééditer la performance de 2019, de gagner des députés européens, et encore plus de crédibilité politique. Il serait regrettable de ne pas tenter le coup.

 

Le Parti communiste français : le mal-aimé de la NUPES

Le PCF, lui, est officiellement dans la NUPES, mais ce n’est qu’une question de temps avant que les amarres ne soient larguées.

Avec la succession d’attaques des principaux lieutenants de Mélenchon, et de Mélenchon lui-même, contre Fabien Roussel, comment continuer ? La fête de l’Huma a révélé en direct les haines profondes entre les deux hommes.

Pour Mélenchon, « il y a une personne qui s’en fiche de l’union, elle s’appelle Fabien Roussel ». Le ressentiment entre Insoumis et communistes n’est pas nouveau. Les Insoumis estiment que leurs alliés ont commis une succession d’erreurs historiques qui les rend inaudibles : stalinisme, mépris des étrangers et ambiguïté quant à la colonisation du temps de Marchais. Pour eux, l’aveuglement du PCF se poursuit encore aujourd’hui avec un Roussel à contre-courant. Mélenchon a aussi un problème lié à son ego. Il refuse de voir que Roussel devient de plus en plus populaire dans l’opinion. Il imprime, les sondages sont bons, et il se fait un devoir de conquérir la France dite populaire, qui est délaissée, justement, par Les Insoumis.

 

Une bonne nouvelle dans la tempête ?

La bonne nouvelle récente pour les membres de la NUPES (PS, EELV ET PCF) est que les résultats des dernières sénatoriales sont encourageants.

Ils ont tous gagné des sièges au palais du Luxembourg et peuvent se targuer d’un ancrage territorial, des élus locaux sur qui compter. Ce que n’a pas LFI, qui ne peut l’accepter et n’attend que de briser l’union en vue de la présidentielle, seul vrai objectif.

 

La France Insoumise : de la pureté idéologique aux divisions fratricides

Ces divisions ne perturbent pas les plans de la France Insoumise.

Au contraire, en trotskistes avertis, ils sèment le trouble et cherchent à être les plus radicaux pour se revendiquer les plus purs dans leurs intentions.

Mélenchon n’a pas fini son rôle en politique. La sortie de son livre ce 28 septembre, Faites mieux, se veut un guide de la théorie et de l’action, et démontre que c’est un idéologue qui se projette.

Absent de l’Assemblée, il a fait taire les contestations internes. Depuis la désignation, sans vote, de Manuel Bompard comme coordinateur du mouvement, on sait que certains cadres sont marginalisés comme François Ruffin, le rival honni, Clémentine Autain qui veut prendre la lumière, ou les historiques Alexis Corbière et Raquel Garrido, devenus désormais des parias. Ceux-ci se rapprochent, évoquent leurs envies de conquérir d’autres chapelles et d’autres électorats, de changer la démocratie interne à LFI. Sans effet pour le patron et ses affidés qui rejettent ces idées comme des prétentions bourgeoises, et ne croient qu’en la radicalité propre aux méthodes révolutionnaires.

En cassant la NUPES, il rejette les autres partis dans le camp des « mous », de ceux qui s’adaptent au macronisme, au capitalisme et qui ne changeront rien.

Il a même intérêt à casser la NUPES, car il n’est jamais aussi fort que quand il a le monde contre lui. On le sous-estime souvent avant les présidentielles, on le dit usé et fatigué et, à chaque fois, il surgit et passe à deux doigts du second tour. Un sondage très récent de Harris le donnait au second tour dans 7 cas sur 8 face à Marine le Pen. Le paysage politique post-Macron sera très différent. Pas d’héritier naturel, une France qui voudra tourner la page après dix années, comme elle l’avait fait après les règnes de Mitterrand et Chirac, et surtout pas de personnalités politiques suffisamment forted pour s’imposer.

 

Les divisions de la gauche sont profondes, tant sur le fond que la forme, mais c’est probablement la stratégie en vue de 2027 qui conditionne tout le reste. Tous ont des ambitions et sont prêts à jouer une stratégie personnelle pourvu que les fruits soient récoltés très bientôt.

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  • Mélenchon, c’est le Lénine français. Il suit exactement le même chemin (enfin, il essaye) pour accéder au pouvoir par la Révolution bolchevik. Mais il est moins intelligent que Lénine. En effet, même si 40 ans de socialisme ont appauvri les français, ces derniers savent à 80% que le marxisme-léninisme ne tiendra pas ses promesses, à l’image de l’URSS.

    • Je ne serai pas aussi optimiste, il me semble qu’il y a bien plus de 20% des Français qui croient que l’on peut gagner plus en travaillant moins (retraite à 60 ans, semaine de 32h, étape vers les 28h), voire en ne travaillant pas du tout. Comment faire, c’est tout simple, taxer (beaucoup) plus les riches, les actionnaires et les entreprises. Si l’on rétorque que les riches vont quitter la France, le lider maximo a sa réponse, faire comme les EU, toute personne née en France doit payer une part de ses impôts en France (la différence de ce qu’il paierait en France et ce qu’il paie dans son pays de résidence). Quant à la dette il suffit de la refourguer à la BCE qui se fera un plaisir de la transformer en dette perpétuelle.
      Le « c’est facile yakafocon » a plus d’adeptes qu’on ne le croit et ceux-ci considèrent que dire que dans deux ans on serait au niveau du Venezuela c’est de la propagande libéralo-capitaliste.
      Bien entendu « cherry on the cake » on arrêterait aussi les centrales nucléaires et on interdirait les produits phyto de synthèse ce qui créerait des millions d’emplois dans les énergies nouvelles et l’agriculture dite paysanne, bref un monde idyllique, Martine à l’Assemblée (voire à l’Elysée)

  • Les résultats aux sénatoriales ne présagent rien pour le prochaines européennes : le collège électoral n’y vote pas en fonction des opinions populaires du moment.

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