Que nous manque-t-il pour avoir une croissance à l’Allemande ?

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Angela Merkel à Davos (crédits : World Economic Forum, licence Creative Commons)

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Que nous manque-t-il pour avoir une croissance à l’Allemande ?

Publié le 19 avril 2017
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Par Thierry Godefridi.

Dans son dernier livre, Tant pis ! Nos enfants paieront, François Lenglet observe qu’en traversant le pont de l’Europe qui, à Strasbourg, relie la France à l’Allemagne, vous passez du côté Deutschland au côté Chômland, 3% de sans-emploi chez les Allemands et plus de 10% chez les Français, séparés par les quelques dizaines de mètres des flots du Rhin. Les Allemands y auraient-ils trouvé de l’or ?

En visite récemment chez une relation d’affaires dans le land prospère du Bade-Wurtemberg qui est celui faisant précisément face à l’Alsace, je me suis enquis de ce qui expliquerait cette différence de prospérité entre deux régions qui se jouxtent.

La prospérité allemande

La réponse m’en est apparue simple et évidente et m’a fait regretter de ne pas avoir créé une entreprise en Allemagne avant de (ou « plutôt que de ») l’avoir fait en France, en Italie, en Espagne et en Belgique (mon pays d’origine), voire même au Royaume-Uni, si économiquement libérale qu’en soit la réputation.

Dans son livre Sire, surtout ne faites rien !, Charles Gave évoque la ligne de démarcation entre les pays qui marchent et ceux qui ne marchent pas en se référant aux travaux de l’économiste américain Kenneth Arrow qui, en 1953, démontra que, pour comprendre la croissance, il fallait introduire une troisième dimension à la configuration « capital – travail » de rigueur jusqu’alors, à savoir le risque.

Le drame de la France est que nos élites en sont restées à un monde à deux dimensions, dénonce Gave, et donc qu’elles interdisent ou pénalisent la prise de risque.

Les véritables créateurs d’emplois

Gave avait déjà élaboré ces idées dans un article publié en 2013 sur le site de l’Institut des Libertés. La question à se poser, écrivait-il, n’est pas de savoir comment créer des emplois, mais qui crée des emplois, et, à cette dernière question, la réponse est la même sous toutes les latitudes. Ce sont les entrepreneurs qui créent des emplois et personne d’autre !

« L’économie, ce n’est pas le PIB, la balance commerciale, l’inflation, le déficit budgétaire, la dette, mais ce sont des individus qui se rencontrent et qui acceptent librement et en confiance de travailler ensemble ou de commercer l’un avec l’autre en respectant les lois existantes et le contrat passé entre eux », précisait Gave qui avançait une statistique américaine selon laquelle plus de 90% des emplois nouveaux sont créés par des entreprises qui ont moins de trois ans d’âge…

Le mythe de la providence

À cet égard, il faut désabuser les tenants du pilotage directif et du mode prédictif qui croient à la providence en toutes choses et à leur propre providentialité.

Comme l’ont indiqué les travaux de la chercheuse américaine originaire de l’Inde le professeur Saras Sarasvathy qui, éminente spécialiste de l’entrepreneuriat, enseigne aux Universités sur la plupart des continents, la création d’entreprise ne résulte pas de découvertes miraculeuses et encore moins d’un quelconque programme d’incitation à l’emploi, mais entièrement de l’intuition et de l’initiative d’entrepreneurs dans un monde diffus et imprévisible.

Bref, dans la création d’entreprise et, partant, la croissance, c’est un processus ascendant d’effectuation volontariste provenant d’une multitude d’acteurs qui est à l’œuvre, et non la démarche de causation d’une élite omnisciente, fût-elle au service de l’État tout puissant et armée des leviers de la redistribution.

Les limites de l’intelligentsia

Que ladite élite ne puisse pas comprendre ni accepter que ce qui est au cœur de la dynamique économique lui échappe s’explique par le fait que l’intelligentsia qui nous administre n’a que très rarement créé et rentabilisé une entreprise à partir de ses ressources personnelles et que la démarche cognitive suscitant la richesse économique s’inscrit diamétralement à l’opposé de la haute estime que cette intelligentsia voue à ses propres capacités.

Revenons-en à présent à la traversée du pont de l’Europe et à la ligne de démarcation entre les pays qui marchent et ceux qui ne marchent pas. En Allemagne, si une entreprise n’emploie pas plus de 10 salariés, elle peut les licencier librement et sans motif.

Le secret de la prospérité allemande

Et, pourtant, le taux de chômage y est donc sensiblement inférieur à celui de la France (et de la plupart des autres pays européens où le marché du travail est cadenassé). Ne cherchez pas ailleurs le secret de la réussite économique de l’Allemagne !

Selon l’INSEE (2016), la France compte 3,75 millions d’entreprises, dont 96% de micro-entreprises (3,61 millions) occupant 2,81 millions de salariés (soit 19% du total).

Imaginez l’effet qu’aurait sur le chômage et la création de richesse économique en France de libérer ces micro-entrepreneurs (parmi lesquels assurément beaucoup de créateurs d’entreprises et d’innovateurs) du carcan de lois sur le licenciement qui s’appliquent indistinctement à toutes les entreprises, quelle qu’en soit la taille ?

Il est donc étrange qu’aucun des candidats à la présidence de la République n’évoque ouvertement la question de la croissance en ces termes. Mais, au fait, y en a-t-il un seul parmi eux qui ait un jour créé sa propre entreprise ? Et, les Français eux-mêmes, lycéens compris, auraient-ils le courage d’entrevoir la réalité économique sous cet angle ?

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  • Enfin quelqu’un qui comprend les moteurs pourtant simples de l’entreprise!! Pas d’activité, pas d’emplois et sans contraintes supplémentaires pour alourdir et fragiliser la situation difficile que traverse l’entreprise, afin de lui permettre de rebondir et de recréer de l’emploi et de la richesse une fois cette tempête passée. C’est certainement trop simple pour être compris et accepté par nos élites et la plupart des citoyens français à qui on inculque du matin au soir que les salopards de patrons ne sont la que pour s’en mettre plein les fouilles sur le dos des pauvres salariés. Les messages que l’on nous envoie ne sont que des messages de peur et d’angoisse dans un pays ou paradoxalement les salariés sont surprotégés. Il est temps que nous reprenions confiance en l’avenir, que nous arrêtions de nous affoler au moindre fluctuation économique et que nous donnions aux entrepreneurs les moyens de se développer durablement même si de temps à autres cela passe par des licenciements qui resteront temporaires, si une fois encore on ne nous assomme pas dans ces moments difficiles.

  • et pourtant …en allemagne , 10% de la population active vivent sous le seuil de pauvreté ; idem pour 14,6 des moins de 18 ans et 16,5% des plus de 65 ans ; 330 000 sans abris ; les petits boulots sont payés une misère ; 13 millions de personnes vivent trés en dessous du seuil de pauvreté ; des millions d’autre vivent avec le minimum , soit 940 euros ; il y a plus de pauvreté en allemagne qu’en france ; la croissance de ce pays se fait grace à ses exportations mais aussi sur la précarité et la pauvreté de millions de gens ;

    • Il n’y a pas de sans abris en Allemagne. Il n’y a pas non plus plus de pauvreté en Allemagne qu’en France. Cessez donc vos calomnies gauchistes! S’il y a du chômage et de la pauvreté c’est dû au fait qu’elle a récupéré l’est et ses 16 millions d’habitants, avec une économie non viable car en retard de dizaines d’années sur l’occident!

      • A 100% d’accord avec l’article et son analyse!

        VIRGILE soyez assez aimable de vous informer avant d’insulter Vera. Il n’y a aucune information fausse dans son commentaire. On peut y rajouter que 18% des personnes ont 2 emplois minimum, que l’état des infrastructures et de certains services régaliens (armée, justice par ex.) est à la hauteur des économies décidées par Dr Schauble: une catastrophe.

        Quand j’audite les entreprises françaises, la différence est flagrante:
        des dirigeants qui manquent de compétences manageriales
        des exécutants qui manquent d’engagement personnel
        La formation des managers est logique et appréciée en Allemagne
        Pour les collaborateurs, c’est CV vérifié, compétences contrôlées, et motivation personnelle mise à l’épreuve. Pas beaucoup de gens qui viennent travailler à reculons après ces tests!

    • véra: et pourtant …en allemagne , 10%

      Ah ? Examinons les faits:

      Le pourcentage de travailleurs pauvre est de 3.5% en Allemagne et 7.1% en France. (source: OCDE 2015)

      L’Allemagne a le 9ème pouvoir d’achat en Europe la France le douzième, comme le taux de pauvreté est calculé sur le salaire médian qui est plus élevé en Allemagne, vous avez forcément plus de gens comptabilisés comme « pauvre ». Même avec ces trucs le taux de pauvreté français est presque comparable (16.1% contre 14.1% à 60% du salaire médian).

      Le drame ne s’arrête pas là:
      ————————————————————-
      -L’Allemagne a dû intégrer une région sinistrée par 40 ans de communisme qui a plombé son économie et ses données sociales (16 millions d’ultra pauvres quand même !!!)
      -L’état français claque 57% du PIB, l’état allemand 44% malgré cela les données sociales sont quasiment comparable.
      -L’Allemagne n’est pas du tout en faillite contrairement à la France, elle rembourse même sa dette, la France n’as plus signé un seul budget positif depuis 1974, 42 ans !!!
      -L’Allemagne a déjà heurté le mur du vieillissement de la population à cause d’une natalité faible, pas la France.


      On voit que la France, même avec une conjoncture favorable, peine à se maintenir socialement à niveau avec un niveau de dépense étatique ahurissante (7 points même au-dessus de la Suède) qui va bientôt subir des coupes extrêmement sévères quand les taux d’intérêt vont remonter. (le spread allemagne/france (différence des taux) est déjà quasiment de 1%)


      Et quand ça va arriver, avec le chiffre ahurissant (encore) d’un salarié sur trois payé par l’état, ça va être une catastrophe sociale.


      Socialisme, what else !

  • Pour y avoir vécu plusieurs années, j’ai ma petite idée là dessus, mais désolé on est loin des clichés sur la dérégulation du travail en Allemagne, sans quoi n’importe quel pays du tiers monde aurait le niveau de vie allemand…
    plusieurs facteurs explique la situation de l’Allemagne :
    – une position centrale dans une Europe élargie à l’est.
    – un enseignement technique à la pointe.
    – une démographie basse, qui permet de maintenir le plein emploi malgré les destructions d’emploi (robotisation), et de permettre à chaque jeune d’avoir un bon capital de départ par tête.
    – des centres de décisions multiples à l’inverse de notre centralisme parisien.

  • Tiens dans un autre article récent (désolé pour le lien) sur Ludwig Erhard on parle de la faiblesse actuelle de l’Allemagne en raison d’une politique de plus en plus interventionniste. On dirait qu’à l’interventionnisme succède la dérégulation à laquelle succède l’interventionnisme etc. Pour la France aujourd’hui une phase de dérégulation s’impose. Après une fois rétablit on verra..

  • Au delà des politiques, les média et les journalistes pourrait aussi évoluer pour relayer plus fortement ces vérités… Au lieu de relayer la peur des étrangers voleurs de travail et la haine de l’europe. Ayons le courage de regarder nos propres problèmes!

  • Il serait bon de pas s’illusionner sur la croissance allemande. Comme l’écrit Joseph E. Stiglitz dans son livre « L’euro – Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe » (2016, p.37): « L’Allemagne se présente comme un succès, un exemple à suivre pour les autres pays. Son économie a enregistré une croissance de 6.8% depuis 2007, ce qui signifie que son taux de croissance moyen n’a été que de 0.8% par an -chiffre qui, en temps normal, serait jugé proche de l’échec. […] On ne peut présenter l’Allemagne comme un « succès » que par comparaison avec les autres pays de la zone euro. »

  • dommage que l artcile soit un enieme hymne au licenciement sans controle. Il y a tant de chose a apprendre de la RFA ( j y ai vecu)
    1) pas de mepris des fonctions techniques (pas mal de dirigeants sont des gens qui ont un parcours technique, en france c est plutoit vente/finance ou ena): un bon inge francais doit quitter la technique s il veut gagner plus. evidement c est pas terrible pour faire de bon produits
    2) plus d investissements des entreprises. En france, bien que travaillant pour une entreprise du cac 40, on avait du materiel depassé (car on allait pas donner de la confiture aux cochons. les economies de bout de chandelles c est notre specialite)
    3) pas de politique du logement cher et plus de 50 % de locataires. Donc plus de mobilite pro et moisn d argent investi dans le parpaing -> plus depensé ailleurs
    4) pas de lapinisme. le bebe d aujourd hui c est le chomeur de demain en France. Surtout si on incite les moins instruits a faire des gosses
    5) decentralisation : berlin c est le gouvernement et c est quasiment tout ce q u il w a. il y a une repartition de l activite bien meilleur qu en france ou tout est a pairs
    6) la france est rester au mode maitre/esclave (ou disons roi/sujet). ca se voit dans les relations sociales (medef/cgt) ou inter entreprises (grosses multinationales etranglant les PME). La collaboration ne fait pas parti du mode de fonctionnement francais

    PS: pour les ommentaires sur le sujet du niveau de pauvrete en RFA, il faut quand meme signaler qu ils ont du integrer un pays en faillite, la RDA. Si on doit intergrer l algerie (apres tout c etait aussi des departements francais) vous ne pensez pas que notre niveau de pauvrete exploserait ?
    En RFA j ai jamais vu de SDF allemand, par contre en france ….

    • Pour une fois (si c’est bien vous) j’adhère quasi totalement au contenu de votre message.

      dommage que l artcile soit un enieme hymne au licenciement sans controle.

      Le salariat est une collaboration volontaire, on ne peut pas forcer les gens à rester ensemble dans ce contexte quand les motivations premières ne sont plus là. Vous n’augmenterez pas le nombre de mariages en interdisant ou rendant difficile les divorces, au contraire, les gens se marieront beaucoup moins, et les entreprises réfléchiront trois fois avant d’embaucher un type dans un contexte de licenciement difficile ou risqué.

      En pratique, la Suisse n’a quasiment aucune entrave au licenciement sauf quelques délais légaux (ex.: préavis de 3 mois après 10 ans d’ancienneté) et elle a depuis des décennies un chômage exceptionnellement bas dont ne rêve même plus la France depuis 25 ans.

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