Par Éric Verhaeghe.

La primaire de la gauche est-elle un clone de la primaire de la droite ? À lire les résultats finaux, avec un Hamon en tête et un Valls en deuxième position, la ressemblance est en tout cas frappante.
Hamon, le Fillon de gauche
Volontiers présenté il y a quelques semaines comme un hurluberlu, Benoît Hamon a créé une surprise du même ordre que celle de François Fillon. Pour y parvenir, il s’est d’ailleurs appuyé sur les mêmes recettes que le vainqueur de la primaire de la droite. D’une part, il  mené une vraie campagne de terrain… grâce à l’étendue de son réseau militant. D’autre part, il s’est appuyé sur un vrai projet idéologique dont l’étendue a fait la différence.
Comme Fillon, Hamon peut aborder le second tour avec confiance. Il bénéficie du soutien affiché du troisième, Montebourg, avec qui il est brouillé personnellement, mais allié politiquement. Curieuse coïncidence !
Valls juppéisé
Comme Alain Juppé, Valls a joué la carte de l’expérience, de la légitimité, de l’ordre, et celle d’une espèce de centrisme idéologiquement insipide, très proche de l’immobilisme et du conservatisme. Comme Juppé, il souffre de la carbonisation due à une expérience controversée à Matignon. Le second tour s’annonce difficile pour lui, avec une différence d’âge notable par rapport à Juppé, qui rendrait plus douloureuse une défaite dimanche prochain…
On retiendra quand même la portée du ballotage défavorable pour le Parti Socialiste dans son ensemble. Valls avait proposé un programme relativement soucieux d’améliorations dans le domaine social. Ce n’était pas seulement une façon de compenser les dégâts de la loi Travail. C’était aussi un pari sur l’axe historique de la gauche. Manifestement, l’époque du socialisme protecteur est finie…
Montebourg lemairisé
Il y croyait, Montebourg. Chouchouté par les médias, grandiloquent, plein d’ambition, comme Le Maire en son temps clamait qu’il était le renouveau et qu’il serait le deuxième homme de la primaire.
Il est cocasse de voir, là encore, la parenté des profils. Comme Le Maire, Montebourg s’était installé dans une sorte de figure charismatique, nimbée d’un halo céleste. On retrouvait en lui la tentation du sauveur, l’affirmation de l’énergie, de la volonté, qui domine régulièrement la vie politique française. Une fois de plus, l’expérience montre que l’incarnation de cette figure n’est pas simple : il ne suffit pas d’être couronné par les médias pour régner sur le peuple !
Emmanuel Macron ferait bien de retenir la leçon…
Peillon hollandisé
Au sein du parti socialiste, plus d’un doit ricaner ce soir, et consoler sa peine d’un résultat médiocre (on pense à Valls, en particulier), en comptant les moins de 100.000 voix de Vincent Peillon. Candidat de l’appareil sorti du chapeau par Martine Aubry et quelques hollandistes pour nuire à Valls, il s’est ramassé une déculottée magistrale.
Pour les éléphants, cette fessée publique mérite d’être longuement macérée. Les Aubry, les Hidalgo, les Bloche, et autres apparatchiks héritiers des arrangements post-mitterrandiens sont désormais réduits à leur véritable portion : 6%.
Le débat Hamon-Valls à venir cette semaine devrait permettre quelques éclaircissements idéologiques, et ne devrait pas, comme pour la primaire de la droite, modifier la tendance générale du scrutin.
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Il manque à cette joyeuse communauté l’équivalent d’un JFC avec ses 0,3% !