Innovateur dans une entreprise : la clé du succès est dans le titre

Difficile de choisir un intitulé pour son poste quand on travaille dans l’innovation. Quels écueils éviter ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Gyro Gearloose By: wonderferret - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Innovateur dans une entreprise : la clé du succès est dans le titre

Publié le 12 décembre 2016
- A +

Par Philippe Silberzahn.

Gyro Gearloose By: wonderferretCC BY 2.0

C’est un conseil un peu inhabituel que m’a demandé l’un de mes amis récemment : il doit signer une offre de poste dans une grande entreprise pour prendre en charge l’innovation. Et on lui a demandé quel intitulé il voulait pour ce poste. C’est une question qui n’est pas si anodine que cela.

Innovateur : un directeur de l’innovation ?

Je ne savais pas trop quoi répondre. En un sens, je me suis dit que ça n’avait pas grande importance. Pourquoi pas un classique « Directeur de l’innovation » ? Mais en y réfléchissant, j’y ai vu plein d’inconvénients. Je lui ai donc d’abord demandé ce que son job impliquait. En gros, m’a-t-il dit, on me demande de faire. Beaucoup de gens parlent d’innovation dans cette entreprise, mais ils recherchent quelqu’un qui sera capable de mener des projets au bout. Mais ce quelqu’un doit aussi diffuser cette culture de l’innovation et ses pratiques.

Situation finalement très classique : l’innovation est partout… dans les discours. Mais rien ne se passe.

Innovation : un langage de jeune

Après discussion, nous sommes convenus qu’il éviterait le terme « innovation ». Trop galvaudé, trop associé au petit jeune en T-shirt à qui on vient de payer un « Lab » tout neuf, qui mène des expérimentations en mode agile qui ne débouchent jamais sur rien et qui finit par se mettre à dos toute la boîte, et en particulier ceux qui, traités de vieux crocodiles, font quand-même vivre l’entreprise au quotidien.

On a aussi évité les titres ronflants post-modernes, de type, tenez-vous bien, d’ « innovation catalyst ». Là l’idée est qu’il vaut mieux avoir un titre relativement modeste, et délivrer du concret, qu’un titre ronflant qui place la barre tellement haut qu’elle devient invisible et inatteignable.

Prudence, donc, vis à vis de l’intérieur. Mais la question se posait également vis à vis de l’extérieur. Le souci de mon ami était qu’il soit crédible auprès des startups avec qui il allait devoir nouer contact pour faire avancer les projets. « Si je n’ai pas l’air assez sénior, ils risquent de ne pas répondre à mes sollicitations » résumait son inquiétude.

Pas de titre super ronflant

Là j’ai repris ma casquette d’ancien entrepreneur ayant beaucoup travaillé avec des grandes entreprises. Le souvenir que j’en ai est que la source principale de frustration d’un entrepreneur dans sa relation avec une grande entreprise est de devoir travailler avec quelqu’un qui n’est pas motivé et qui n’a pas de pouvoir, ce que nous appelions à l’époque « le retraité de chez Bull ».

Vous l’avez tous croisé celui-ci : après une longue carrière dans la grande entreprise, on ne sait plus trop quoi faire de lui, mais on l’aime bien parce qu’il a lancé avec succès le mythique produit DXST280 en 1974, alors on le met aux relations extérieures. Il va représenter l’entreprise dans les réunions du cluster et du pole, il rencontre les startups, etc. Il est souvent très gentil et plein de bonne volonté, il a un titre super ronflant, mais il ne fait jamais rien aboutir.

Ce n’est donc pas une question de titre, mais de levier interne. Au final encore une fois, il vaudra mieux avoir un titre relativement banal, comme directeur des marchés émergents, ou des nouveaux marchés, ou des nouveaux projets, et bien s’assurer de son ancrage interne pour éviter le syndrome des entités innovations : beaucoup de bruit pour pas grand-chose.

Sur le web

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
0
Sauvegarder cet article

Auteurs : Philippe Aghion, est professeur à l'INSEAD, professeur invité à la LSE et titulaire de la Chaire Économie des institutions, de l'innovation et de la croissance, Collège de France. Céline Antonin est chercheur à Sciences Po (OFCE) et chercheur associé au Collège de France, Sciences Po

 

Le 1er mars 2023, plusieurs articles se sont fait l’écho d’une étude de l’Institut stratégique australien qui affirme que dans 37 technologies émergentes sur 44, la Chine dispose d’une « avance stupéfiante ». Ce texte reflète une cr... Poursuivre la lecture

Une traduction d'un article du Risk-Monger.

Pour lire les parties précédentes : partie 1, partie 2, partie 3, partie 4, partie 5, partie 6, partie 7.

Au cours de ma vie, les sociétés occidentales ont bénéficié d'innovations qui ont immensément amélioré la santé publique et la qualité de la vie ainsi que le progrès économique et social, la sécurité alimentaire et énergétique ; et aussi de technologies qui ont assuré une aisance bien au-delà de celle dont nos grands-parents auraient jamais rêvé. Et en dehors de l'Occident, le comm... Poursuivre la lecture

La poussière ultrafine rend difficile, déjà au stade robotique, l’exploration de Mars. Elle risque de poser de sérieux problèmes aux missions habitées et à la vie humaine. Nos ingénieurs recherchent des solutions pour la Lune. Elles bénéficieront aussi à Mars car sur ce plan les deux astres sont semblables. Récemment l’Université d’Hawaï a proposé un tissu, LiqMEST, qui moyennant la dépense d’un peu d’énergie pourrait empêcher l’adhérence aux surfaces. La NASA s’y intéresse aussi bien qu’à d’autres solutions qui lui sont complémentaires. Elle... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles