Par Anthony Alberti.
En droite ligne de la philosophie keynésienne qui sous-tend les actions de notre exécutif socialiste, la relance budgétaire constitue le couteau suisse de l’économie française, l’outil que l’on ressort à la moindre occasion en étant persuadé qu’en lui réside la clé de tous les problème. Or, si l’État peut parfois jouer un rôle de soutien de l’économie, son interventionnisme systématique peut devenir, non seulement contre-productif mais aussi et surtout très dangereux pour l’équilibre monétaire, y compris dans le reste de la zone Euro.
On se souvient de la polémique suscitée par le gouvernement en octobre dernier lors de l’achat de TGV auprès l’Alstom. 700 millions d’euros d’argent public remis à une entreprise même pas systémique dans le but annoncé de
« soutenir et dynamiser la croissance économique d’un fleuron de l’industrie française, lui même à la source d’un très grand nombre de processus économiques vitaux dont dépendent une multitude d’entreprises sous-traitantes et partenaires, avec des dizaines de milliers d’emplois à la clé. »
En réalité, on sentait surtout la volonté de caresser les « partenaires sociaux » dans le sens du poil, histoire d’éviter de mettre le feu dans les rues à six mois des élections présidentielles.
Quoi qu’il en soit, la question n’était pas tant de savoir pourquoi l’État se mettait à acheter des trains, mais surtout comment il allait pouvoir financer cette nouvelle dépense. La réponse est très simple : l’emprunt. Encore et toujours.
La France incitée à creuser encore davantage son déficit public
Comme tous les autres pays du monde aujourd’hui, la France est endettée. De plus en plus endettée, au point que toute la richesse produite chaque année dans le pays ne suffit désormais plus à couvrir sa dette. Et comme la croissance est quasi nulle, impossible de se désendetter.
C’est alors qu’une idée géniale (et malheureusement déjà utilisée à plusieurs reprises dans le passé… sans succès) est revenue titiller l’imagination de nos élus : la relance budgétaire, ou pour parler plus clairement, l’injection d’argent public dans l’économie pour susciter la demande. Enfin, pour être tout à fait honnête, l’idée leur a un peu été soufflée par les autorités européennes qui se disent que, puisqu’on a à peu près tout tenté sans rien réussir, autant lâcher les chevaux et autoriser les pays qui le souhaitent à creuser encore davantage leur déficit public, quitte à dépasser la limite de 3% fixée par le traité de Maastricht.
En déficit chronique depuis 1974, la France s’est vue donc ouvertement invitée… à ne rien changer à ses mauvaises habitudes, alors même qu’on lui reprochait encore hier de ne pas suffisamment se réformer. Surtout qu’on continue par ailleurs à faire la leçon à des pays en grande difficulté comme la Grèce ou le Portugal dont le déficit peine à retourner sous cette barre fatidique des 3%.
Mais pourquoi soutenir la demande ?
La croissance est directement liée à la consommation ainsi qu’à l’investissement productif. Et la consommation dépend de l’offre (qui est pléthorique aujourd’hui) et la demande (qui reste à des niveaux trop faibles).
Or, la situation économique actuelle ne pousse pas les agents économiques à consommer (ils préfèrent épargner, tout en privilégiant d’ailleurs de plus en plus souvent des actifs débancarisés comme l’or ou l’immobilier). Les entreprises, elles, ont toutes les peines du monde à être à la fois compétitives et rentables et qu’il est donc hors de question pour elles d’envisager d’autres investissements que les plus urgents.
Au final, l’État est conscient qu’une partie des problèmes rencontrés par les particuliers comme par les entreprises réside dans la pression fiscale et sociale qui n’a cessé d’augmenter depuis 5 ans. Pour autant, ce n’est pas sur ce point qu’il envisage de redynamiser l’économie. Mais plutôt en lançant de grands chantiers d’investissement public (infrastructures, éducation, recherche…) qui, toujours selon les énarques qui nous gouvernent, devrait immanquablement donner du travail aux entreprises françaises. Elles devront alors embaucher (et peut-être offrir de meilleurs salaires pour attirer les meilleurs éléments), avec comme conséquence finale une hausse du revenu moyen ainsi qu’une amélioration de la trésorerie des sociétés.
Forcément, au bout d’un moment, une fois la confiance retrouvée, la consommation repartira, tout comme l’investissement, et la croissance suivra, permettant à la France de se désendetter peu à peu. C’est ce qu’on appelle la relance budgétaire.
A-t-on les moyens d’une telle relance budgétaire ?
Clairement, nous n’avons tout simplement pas les moyens d’une telle politique. Et c’est justement là que le bât blesse. Dépourvu de ressources, l’État envisage rien de moins que d’emprunter l’argent nécessaire à cette relance. En clair, l’État va continuer à s’endetter pour retrouver une croissance qui lui permettra hypothétiquement… de rembourser ses dettes initiales. Emprunter pour payer ses dettes, c’est à tout le moins particulièrement risqué, pour ne pas dire irresponsable dans le cas d’un État. Techniquement, il s’agit d’une forme de pyramide de Ponzi, dans laquelle l’argent des nouveaux investisseurs sert à payer les précédents, indéfiniment, jusqu’à l’implosion du système. C’est-à-dire quand le niveau d’endettement deviendra bien trop important pour être couvert par de nouveaux emprunts.
Le bon côté, si l’on peut dire, est que l’implosion n’est pas forcément pour tout de suite, car la BCE encourage même cette véritable cavalerie financière, notamment par le maintien de taux directeurs bas, voire nuls. De la même façon, en décidant de maintenir sa politique de quantitative easing jusqu’à fin décembre 2017, la banque centrale européenne envoie un signal fort aux États pour qu’ils continuent à émettre des obligations sans trop se poser de questions.
Or, comme le souligne Patrick Artus, directeur de la recherche économique de Natixis, une dette d’État n’est plus un actif sûr. En effet, en marge de sa politique pour le moins accommodante, la BCE reconnaît à voix basse que cette spirale infernale finira un jour ou l’autre par amener certains pays à faire défaut sur tout ou partie de leur dette. Et il faudra l’accepter.
Si cela devait arriver, alors plus personne n’aurait confiance dans les obligations d’État (États qui auraient donc soudain toutes les peines du monde à créer continuellement de nouvelles dettes pour éponger les précédentes). La pyramide s’écroulera alors, entraînant avec elle une bonne partie des actifs des investisseurs (on pense notamment aux compagnies d’assurance, mais pas seulement).
Relance budgétaire : une bombe à retardement
Pire encore, la monnaie elle-même risque de pâtir de cette situation, car elle est justement fondée sur la dette, notamment par le biais de la banque centrale qui rachète des obligations à tour de bras. Or, comme cette dette risque de ne plus être remboursée, la valeur même de la monnaie menace à son tour de s’effondrer (qui voudrait d’une monnaie en laquelle on ne pourrait plus avoir confiance ?).
Et de toute façon, même si le château de cartes ne s’effondre pas un jour ou l’autre, il faut bien comprendre qu’on arrivera à un tel niveau d’expansion monétaire (pour acheter toujours plus de dettes d’État) que la devise finira par ne plus valoir grand chose.
Au final, la relance budgétaire telle qu’elle est désormais envisagée est une véritable bombe à retardement, non seulement pour notre économie mais également pour celle de toute la zone euro.
Et là, bien heureux ceux qui auront su préserver une partie de leur épargne sur des supports éloignés de toutes ces turbulences financières, que ce soit dans la pierre ou les métaux précieux par exemple. L’or et l’argent ont de tout temps constitué des valeurs refuge par excellence.
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Bonjour à toutes et à tous,
J’achoppe sur un point – à mon sens essentiel : NON, l' »offre » n’est pas « pléthorique » en France ! Toute augmentation de la consommation se fait au bénéfice de l’industrie coréenne (TV), polonaise (frigos …) ou chinoise !
Pour arriver à PAYER ces importations, il est nécessaire d’avoir quelque chose à vendre (donc à EXPORTER) et de préférence à forte valeur ajoutée, donc dans le luxe (Hermès, LVMH …) mais ça ne suffit pas ! Alors, on s’y met pour augmenter les niveaux d’innovation, de gamme, de qualité de la production industrielle française (les « services », surtout de bas de gamme, ça ne s’exporte pas vraiment) …
.https://www.linkedin.com/pulse/croissance-une-seule-solution-beaucoup-plus-de-et-pierre-tarissi
Alors OUI, on finance massivement la Recherche, dont les crédits baissent depuis des années et surtout sa transformation en produits (et services) à haute valeur ajoutée – donc innovants et de haut de gamme
.https://www.linkedin.com/pulse/financer-massivement-la-recherche-grande-cause-pierre-tarissi
Et OUI, cela commence à la maternelle
.https://www.linkedin.com/pulse/la-france-de-2100-commence-à-maternelle-pierre-tarissi
Evidemment, pour financer cela, on travaille SERIEUSEMENT à REDUIRE les dépenses publiques au lieu d’augmenter la pression fiscale et de s’endetter indéfiniment …
.http://www.contrepoints.org/2016/12/05/273825-baisser-depenses-de-letat-tabou-recession
Alors, comme il y a du boulot, on s’y met tout de suite !
Amitiés,
Pierre
Utiliser le produit de l’impôt (ou l’emprunt qui est l’impôt de demain) pour le réinjecter dans l’économie ne paraît en effet pas très malin. Autant laisser l’argent chez les agents économiques qui sauront mieux que l’Etat quoi en faire.
Il est mort et archi-mort l’équilibre monétaire.
Qui mettra en tôle les Ponzi de droite ou de gauche qui font semblant de nous gouverner, alors qu’ils sont manipulés par les quelques grosses fortunes françaises et les nombreuses grosses fortunes britannico-étatsunisiennes *?
« Il y a le vital, le simplement normal (déjà quelque peu subjectif), le superflu (bien plus subjectif encore) et le luxe (sans commentaire). Et il y a près de deux milliards de Terriens qui ne disposent pas du vital, alors/parce que quelques millions de Terriens n’appellent pas le superflu par son nom »
L’avenir raisonnable devrait être la décroissance de la consommation suicidaire et souvent égocentrique des uns et la croissance de l’éco-consommation vitale légitime des autres. Une stratégie défendue par un président et un premier ministre dotés ayant avant tout de l’intelligence du cœur.
Mais en serait-on là si l’homo sapiens sapiens était raisonnable ?
Homo débilissimus debilissimus , oui !
* Comment se justifient les grégaires qui écrivent « étatsunien » ?.
Ne soyons pas naïfs: le jour où la pyramide s’effondrera, les « grosses fortunes » tomberont avec; elles ne sont pas dans les nuages!
Quant aux responsables, acceptons que nous avons tous participé au et profité du système, soit pour acheter des trucs idiots et inutiles, soit pour faire des gosses sans penser à leur avenir, ni à celui de la planète.
Remettre en question la machine qui transforme l’énergie en biomasse humaine est certes nécessaire, mais les yaka-fokon, pas plus que n’importe qui n’a de solution réelle.
Et le réel, c’est ce qui résiste. Toujours.
Bonjour Thomas Davenir, Bonjour à toutes et à tous,
Hum ! Pour aider les « Terriens qui ne disposent pas du vital », je ne vois aucune autre solution que d’augmenter massivement la production de richesses et d’écraser les prix de revient … Parce que soyons clairs, le « superflu » ne se « partage » pas ! Comment « partager » un 3 pièces parisien de 70 m² ? Il vaut pourtant environ 550 000 €, ce qui place son propriétaire dans les « 1% d’humains les plus riches qui ont 50% des richesses ».
.https://www.linkedin.com/pulse/partageons-efficacement-notre-épargne-pierre-tarissi
Donc on arrête de rêver au « grand soir » et on se met au boulot ! 😀
Amitiés,
Pierre
« sont manipulés par les quelques grosses fortunes françaises et les nombreuses grosses fortunes britannico-étatsunisiennes *? »
Vous pouvez étayer cette affirmation par une étude un peu sérieuse ? À moins que ce ne soit écrit dans Marianne, Mediapart ou dans Le Monde, raconté sur France Inter ou écrit par Saint Thomas Piketty, alors là, je m’incline…
Ceci dit pour une telle idée reçue, qui a la vie dure, je doute qu’il existe autre chose comme source d’information que : « tout le mode le sait, si vous n’êtes pas d’accord, c’est certainement que vous êtes vous-même à la solde du 1% voyou, du Deep State et du Nouvel Ordre Mondial »…
« L’avenir raisonnable devrait être la décroissance de la consommation suicidaire » : en quoi la consommation actuelle est-elle suicidaire ?
Bonsoir « Pukura Tane », Bonsoir à toutes et à tous,
Bah ! Il y a un certain nombre de « légendes urbaines » qui ont la vie dure … Raison de plus pour aire encore et toujours de la pédagogie …
La consommation actuelle est vue comme « suicidaire » par tous ceux qui estiment qu’elle épuiserait les ressources terrestres, limitées comme chacun sait, et puis le « changement climatique », ma bonne dame …
Tout cela relève de problèmes techniques à traiter par le progrès scientifique et technologique, comme on le fait depuis environ 200 ans. Sinon, nous aurions déjà succombé depuis longtemps à l’excès de production agricole de fourrage destiné à 20 milliards de chevaux, et nous serions submergés par la pollution au crottin et au purin qui n’aurait pas manqué de s’ensuivre !
Amitiés,
Pierre
Bonjour Pierre, merci pour la reponse : on est bien d’accord. Je me disais que peut-être Thomas Davenir ferait l’effort d’argumenter son affirmation.
Bon, je reconnais que dans ce cas ma question tenait un peu de la question piège… Je suis vilain, parfois…
Je lis dans l’article qu’il y aurait une « offre pléthorique » et une demande « trop faible », arguments régulièrement servis par les pseudo économistes de gauche (genre E Heyer et X Timbeau de l’OFCE ou Alternatives Economiques) alors que la réalité des chiffres nous indique très exactement l’inverse. En effet la France échange environ 1000 Mds d’euros de marchandises par an avec ses partenaires commerciaux mondiaux; le déficit commercial de la France est récurrent d’environ 60 à 70 Mds par an, ce qui signifie, que je sache, que la demande française de produits est supérieure à l’offre française elle-même incapable de répondre à la demande pour ces mêmes montants. P Artus signalait d’ailleurs qu’en matière de produits industriels, pour 100 euros de nouvelle injection budgétaire, 85 euros augmentent le montant de notre déficit commercial car ces produits sont majoritairement importés.
Bonsoir gaston6, Bonsoir à toutes et à tous,
Je plussoie ! voir à ce sujet mon premier commentaire sur l’article !
Amitiés,
Pierre