RSI : quand Libération méprise les artisans

En s’acharnant sur un peintre en bâtiment, le journal Libération montre qu’il n’y connaît absolument rien en matière de protection sociale et de RSI en particulier.

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RSI : quand Libération méprise les artisans

Publié le 11 décembre 2016
- A +

Par Éric Verhaeghe.

RSI
Trompe-l’oeil Peintre-Lyon by jan buchholtz(CC BY-NC-ND 2.0)

Le RSI, il y a deux points de vue sur son fonctionnement.

Il y a le point de vue de ceux qui le subissent et qui ont envie de se taper la tête contre les murs au bout d’une dizaine de nuits blanches passées à se demander comment ils vont payer les indus qui leur sont demandés de façon comminatoire. Ceux-là s’appellent des entrepreneurs.

Et il y a le point de vue de ceux qui trouvent qu’après tout c’est pas si grave. Et puis ça fait payer des salauds de patrons qui se gavent (sans doute, on n’a pas de preuve, mais le soupçon général et collectif en tient lieu) sur le dos de la bête. Ceux-là s’appellent les bobos et autres défenseurs zélés de la grande aliénation sociale par le salariat. Parmi eux figurent les journalistes de Libération qui se livrent à une répugnante campagne de mépris social pour un petit artisan auto-entrepreneur du Nord.

Rien n’est jamais trop bon, trop utile, pour vanter l’asservissement humain !

L’auto-entrepreneur qui ne comprenait rien à ce qui lui arrivait

Il s’appelle Jonathan Colmont, il habite Escaudoeuvres, près de Cambrai. Il est peintre en bâtiment, sous statut d’auto-entrepreneur. Un jour, il découvre ce qu’il va devoir payer au RSI :

En quelques jours, la vidéo est vue plusieurs millions de fois.

Comme 90% (et même plus) des assujettis du RSI, il ne comprend rien à ce qui lui arrive et se trompe dans les calculs. Entretemps, il est devenu une vedette.

Les vérifications de Libération ne concernent pas le RSI

Dès le 1er décembre, Libération rédige un fact-checking peu amène sur le sujet. L’article est classé dans la catégorie « désintox ». Cela laisse supposer que l’auteur de la vidéo a intentionnellement menti sur les taux de prélèvement du RSI pour tromper ses spectateurs.

On connaît la technique de Libération : dix voyous qui attaquent une voiture de police au débotté dans une banlieue, c’est une révolte saine contre un ordre injuste. Un auto-entrepreneur qui dénonce maladroitement le racket du RSI, c’est un agent du grand capital qui cherche à tromper les masses laborieuses. Le pauvre n’est respecté que s’il reste pauvre et s’il ne cherche pas à sortir de sa condition. Qu’il s’imagine s’en sortir en se donnant du travail et là, il faut l’écraser comme une mouche.

L’article de Libération mérite d’être lu, car il ne cache même pas son recours consciencieux aux meilleures techniques de la Pravda. Ainsi, le journaliste explique qu’il a croisé l’information de Jonathan avec les responsables du RSI. Mais à aucun moment, le journaliste n’a appelé le fameux Jonathan pour l’interroger sur son statut ni sur sa façon de calculer. Pas de cadeau pour les pauvres qui se la pètent !

C’est à cela qu’on reconnaît les journalistes qui remboursent fidèlement les subventions du ministère de la Culture qu’ils reçoivent chaque année pour éviter le chômage : on donne la parole aux puissants pour écraser les faibles. On sert l’ordre en faisant chien de garde dans la rubrique qu’on tient.

Le répugnant acharnement de Libération contre un peintre en bâtiment

En lui-même, cet article initial n’est pas glorieux, mais il ressort de la petite haine ordinaire du journaliste parisien moyen pour toutes les têtes qui dépassent. Ce qui devient hallucinant, c’est l’acharnement que Libération, l’un des journaux les plus subventionnés par le contribuable, va mettre à démolir la tête de ce pauvre peintre en bâtiment qui a juste eu la mauvaise idée de dire sa colère contre un système injuste.

capture-decran-2016-12-09-a-09-57-51-712x1024

La capture d’écran ci-dessus montre les occurrences « RSI » sur le site de Libération depuis 3 mois. Comme le montre l’image, depuis le 17 septembre, Libé n’a consacré aucun article au RSI. Le quotidien n’a donc pas couvert la marche des entrepreneurs qui s’est clôturée à Paris le 28 novembre, et qui a traversé toute la France. En revanche, depuis le 1er décembre, le quotidien subventionné a consacré 5 articles à ce fameux RSI, dont 3 pour parler d’un seul fait : la vidéo de Jonathan Colmont.

Ce que Libé aurait dû écrire sur le RSI

Au lieu de se moquer avec mépris d’un assuré du RSI qui ne comprend pas le système de prélèvement et de cotisation qui s’impose à lui, les journalistes de Libération feraient mieux de visionner cette interview de Pierre Laroque, inventeur de la Sécurité sociale :

De fait, un cotisant du RSI qui ne comprend pas les calculs auxquels il est soumis, et qui fait l’objet de 150 000 partages, ce n’est pas un petit ouvrier qui se la pète, comme on le croit à Libération. Cest simplement un naufrage de la Sécurité sociale qui devrait faire réfléchir à l’avenir de la protection sociale en France.

Comme le dit Pierre Laroque, la Sécurité sociale, dans l’esprit de ses concepteurs, devait être la « chose » des assurés. Or, il est évident que non seulement elle ne l’est pas, mais qu’elle suscite un fort rejet chez eux.

Alors, évidemment, on peut faire l’éloge d’un système obligatoire, monopolistique, dysfonctionnant chaque jour, en posant comme principe, comme chez Castro ou Pol Pot, que ce système est bon, beau et grand parce que le parti en a décidé ainsi. Et on s’emploie alors, comme le fait Libération, à dénoncer avec acharnement tous les dissidents qui disent le contraire.

On peut aussi se comporter en démocrate éclairé, et dire les choses : le RSI est une invention idéologique qui ne fonctionne pas et qui contribue à tuer l’esprit d’entreprise en France. La preuve en est : ses « bénéficiaires » ne comprennent pas son fonctionnement et rêvent d’y échapper…

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  • Effectivement il y a erreur sur l’impôt de 47 %..
    Ceci dit, si il est auto entrepreneur, je suis inquiet pour lui,
    Sur le plan fiscal, car annonçant un CA trimestriel supérieur à 10.000 € (donc 40 ke à l’année) il dépasse le plafond de 32 900…Avec un tel aveu, il s’expose à un redressement fiscal (dont la TVA…)
    Sur sa gestion avoir plus de 4.000 sur 10000 de frais c’est pas bon non plus ,il doit y inclure les consommables peintures, etc…, alors qu’il devrait les faire acheter à ses clients(et les soustraire de son CA)
    Le micro entrepreneur (l’appellation auto entrepreneur n’existe plus) ne doit facturer que sa main d’oeuvre si il veut s’en sortir…
    N’ayant pas de congés payés, payant ce fameux RSI à 24 %, devant payer ses outils, son véhicule, son essence, son temps commercial et administratif, sa communication,possédant un savoir faire technique, le minimum horaire à facturer devrait être de 20 €/ heure travaillé si il veut coller au SMIC.
    L’entrepreneur comme Le client doit en être conscient, hors dans un marché déflationniste (précarisation, uberisation,), ou chacun se bat pour sa survie, la tentation de baisser ses prix est grande…
    20 € de l’heure, c’est le SMIC de l’AE
    etre payé moins de 150 € par jour travaillé c’est la chronique d’une mort annoncée, en deça, il vaut mieux rester chez soi, et toucher le RSA ( le frere ennemi du RSI).
    Enfin dernier problème, le RSI c’est obscur d’ou ce sentiment d’arnaque, quand on le compare au régime salariale, car l’AE quand il cotise 23-24% de son CA, ignore à quel retraite il a droit, quand il tombe malade à quel arret maladie il à droit, il y a cette impression de donner à fond perdu sans connaitre la contrepartie sociale ou financière, le RSI vs Assurance voiture, à cotisation égale, c’est juste avoir le droit de rouler, mais si vous faites un accident vous n’avez aucun remboursement

    • Votre analyse est excellente. J’ajoute qu’un micro entrepreneur ne peut vivre uniquement de son activité qui doit être complémentaire à une autre source de revenu, compte tenu du plafond de chiffre d’affaires plafonné en fonction de sa catégorie : vente, artisanale ou profession libérale. J’ai moi même été auto entrepreneur pendant ma retraite. J’ai eu de la chance car je n’avais pratiquement aucun frais, les locaux m’étant prêtés par un ami. J’avais une activité de conseil et une clientèle restreinte mais fidèle. Mes déplacements se faisaient uniquement en ville à l’aide des transports en commun.

    • Monsieur vous faite des rond de jambes et un mauvais procès… Le RSI = racket, escroquerie, voleurs, menteurs.! rien, absolument rien ne va dans ce Pays malgré un état qui se goinfre avec 46,7% du PIB que produit les indépendant..??
      Donc, le MLPS à fait condamné le RSI le 11 décembre 2014, par le TGI de Nice, au motif que ce dernier n’ayant pas capacité à agir au titre de l’Article 32 du Code de Procédure Civile..
      Mouvement pour la Liberté de la Protection Sociale ( MLPS ) voir aussi le site http://mouvement-des-liberes.fr

  • Le RSI ? A gerber ! Destructeur et irresponsable. Il faut le vivre pour le croire.

  • en tant qu’artisan en auto entrepreneur , je cotise 27% sur mon CA ; oui , il faut dire que hollende à augmenté de 4% nos cotisation dés son arrivé au pouvoir ; de plus , pour cotiser pour la retraite il faut faire en chiffre d’affaire un smig brut , sinon pas de point retraite ; tout ces auto entrepreneurs qui ne gagnent pas au moins un smig brut 12 mois par an n’auront pas de retraite ;

    • Hélas, nous somme confrontés en France et Europe à des professionnels de la politique qui ne connaissaient rien du Pays réel..! Hollande et sont gouvernement ne sont que des individus qui ont une absence quasi total de compétence et de connaissances professionnelles du monde réel..??
      Depuis décembre 2014 le RSI a été condamné par le TGI de Nice au motif que ce dernier n’a pas la capacité à agir au titre de l’Article 32 du Code de Procédure Civile… En claire le RSI n’a aucun statu juridique lui permettant d’assigner en justice qui que ce soit..!! Donc tous ceux qui sont attaqués par le RSI devant les TASS (Tribunal de la sécu) déclare lui aussi que le RSI n’a pas la capacité à agir en faisant des mises en demeure et envoyer des contraintes à payer par Huissiers..!!! Alors le même raisonnement s’applique à l’URSSAF et toutes les autre organismes de sécurité sociale..???
      Voila une bonne nouvelle, et tu peut leur dire qui aille se faire voir ou je pense.

  • Libé? ne des poubelles de la gauche. Nauséabond.

  • Libération a des méthodes dignes de la Pravda, une information malhonnête et manipulée, c’est un instrument de propagande et non pas un journal.
    On ne peut qu’espérer qu’il fasse faillite – il suffirait sans doute pour cela d’un bon contrôle URSSAF ou du RSI … mais tant que le système ne changera pas, cela n’arrivera pas.

  • Ce système d’auto entrepreneur n’est qu’un retour en arrière. Avant la seconde guerre mondiale , il avait des travailleurs journaliers . Qui travaillaient en fermes . Laveuses , cuisinières, faucheurs , tailleurs de pierres , bûcherons etc … et qui avaient chez eux deux vaches , un petit jardin , une petite basse cour . de la survie . Pas d’eau courante , pas d’électricité. L’auto entrepreneur ne peut que survivre à long terme . Bloqué par le CA . Lautoentrepreneur ne peut pas avoir de cabinet comptable . Ni enlever ses charges de ce qui lui sert a travailler .Donc c’est perdu d’avance. Quand on entend ce statut décrit comme un essai . Ce sont vraiment ceux qui ne connaissent rien à l’entreprise qui peuvent penser ça. On est entrepreneur ou pas . Et la concurrence déloyale . Même les assureurs ont vu ce marché arriver . Ils ont des contrats spéciaux micro pour la RC DC .pour renter dans le CA .. C’est vrai à 20 euros de l’h. Multiplié par 150 heures mois sur 11 mois on arrive .au CA . Et comme dit un commentaire . Il ne reste pas gros . pas de frais à retirer. Carburant … Normalement lauto entrepreneur ne peut durer que deux ans je crois et devenir entrepreneur .Mais il ne pourra pas avoir les même clients car avec 20 euros de l’h ttc . Là le RSI va passé à 53 pour cent du bénéfice. Et obligation de presenter un bilan ..Le legislateur n’a pas rendu service à ces gens qui ont cru devenir entrepreneur en démarrant micro . Car en fait ça n’a rien à voir . Sauf à créer plus de précarité. Et peut être aussi s’éviter de payer du chômage.

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