Par Aurélien Véron.
Un article de l’Institut économique Molinari.
L’un des enjeux les plus importants des prochains scrutins, en particulier la présidentielle, est hélas aussi l’un des moins glamours. C’est celui de la dette qui monte, qui monte, inexorablement, sans relâche, sous tous les gouvernements, de droite comme de gauche, en période de croissance comme en récession. Les mauvais augures en ont tellement parlé que plus personne n’y prête attention. Qui peut imaginer la France en faillite ? Jamais, pensez-vous ! Et pourtant, la dette grimpe et elle grimpe dangereusement.
Le jour où nous serons pris à la gorge par nos créanciers, ce sera un vrai cauchemar pour tous. L’histoire, particulièrement en Europe, nous montre que les crises d’insolvabilité se terminent souvent mal.
L’État vit au-dessus de ses moyens
Si nombre de Français se sentent écrasés par les impôts et les taxes, ils n’imaginent pas que leurs efforts nous laissent très loin du compte. L’État vit très largement au-dessus de leurs moyens.
Il dépense à crédit cette année depuis le 9 novembre, et ce, jusqu’au 31 décembre, selon l’Institut Molinari. En clair, chaque fois que les administrations publiques dépensent 100 euros, le découvert augmente de 15. Supérieure à 2.150 milliards d’euros, la dette publique approche des 100% du PIB qu’elle va dépasser dans les prochains mois. Le compteur tourne rapidement pour ce qui n’est que la partie émergée de l’iceberg.
La dette invisible de l’État, dite « hors bilan », est encore plus importante. Elle intègre les nombreux engagements à venir, par exemple les retraites de la fonction publique dues et non compensées par des cotisations futures. Elle apparaît discrètement dans divers rapports : celui de Michel Pébereau en 2005 ou, plus institutionnel, celui de la Cour des comptes qui l’estimait proche de 150% du PIB, soit 3.100 milliards à ajouter, de façon à atteindre le total de 4.923 milliards ! Chaque habitant porte sans le savoir plus de 80.000 euros de dette à la louche. Vous croyez payer trop d’impôts ? Ce n’est rien à côté de ce qui vous attend pour rembourser cette dette colossale.
Dette colossale
Elle est d’autant moins perceptible qu’elle ne coûte pas cher en intérêts : 44,5 milliards « seulement » cette année. C’est en partie grâce au travail de la BCE qui a écrasé artificiellement les taux d’intérêt en faisant massivement tourner la planche à billets ces dernières années. Elle a déjà imprimé pour 10.000 euros d’argent neuf — ne correspondant à aucune création de richesse — par habitant de la zone euro pour acheter elle-même avec cette « fausse monnaie » une grosse partie de la dette visible.
Qu’une institution publique achète de la dette publique avec de l’argent fabriqué ex-nihilo ne semble hélas choquer personne. En tout cas personne au sein de la classe politique. Ce laxisme a favorisé leur culture de l’immobilisme. Les élus peuvent ainsi continuer à pouvoir acheter leurs électeurs à coup de cadeaux électoralistes — pardon, de promesses électorales — financés à crédit et repris par la BCE dans son bilan.
Ce jeu de bonneteau monétaire ne durera pas éternellement, sauf à changer les statuts de la BCE et à faire de l’euro une devise aussi crédible que celle d’un pays en voie de développement. Les taux remonteront un jour et la fête s’arrêtera brutalement pour les gouvernements dépensiers comme le nôtre, alors que le gouvernement allemand profite de sa croissance pour réduire sagement sa dette à elle.
Bulle financière éphémère
L’élection de Donald Trump illustre bien la fragilité du niveau artificiellement bas de nos taux d’intérêt. L’euphorie qui a suivi — boost de croissance attendu du choc fiscal et des déréglementations promis — a fait bondir les taux américains et, mécaniquement les taux européens. Un événement à quelques milliers de kilomètres de chez nous a presque doublé le taux de nos obligations à 10 ans bien de chez nous, de 0,45% environ à presque 0,90% avant de redescendre aux alentours de 0,75%. Si cette minuscule hausse nette de 0,30% s’appliquait à l’intégralité de la seule dette visible française, elle engendrerait un trou fiscal de 6 milliards d’euros en année pleine.
Ne nous leurrons pas. Cette bulle financière ne durera pas éternellement. Personne ne peut prédire d’où viendra le déclencheur de la remontée des taux (dégradation de la notation de la France, drame politique national ou européen…), ni quand elle arrivera. Tant que la musique tourne, les gouvernements dansent. Lorsque les taux grimperont, ils ne le feront pas de 0,30% ou de 0,50% mais probablement de 2, 3 ou 4% en quelques semaines, au mieux quelques mois, ils plomberont le budget des administrations publiques de dizaines de milliards d’intérêt supplémentaires à régler à des créanciers anxieux.
Krach brutal à l’horizon
Ce sera un krach brutal qui nous prendra tous de court. Les économistes nous diront qu’ils l’avaient bien prédit (mais ils l’ont gardé pour eux). Bercy acculé devra réaliser des arbitrages : des coupes sombres considérables dans la panique pour pouvoir régler (ou non) les salaires des fonctionnaires.
L’urgence consiste donc à résorber cette menace. Il y a trois manières principales de le faire. Disons tout de suite que la première, l’augmentation de la fiscalité, est une impasse. La saturation fiscale des Français est telle que toute nouvelle hausse découragera l’activité et affaiblira les recettes qui en découlent, comme l’illustre bien la fameuse courbe de Laffer. Sans parler des révoltes du type « bonnets rouges » qu’elle susciterait. La deuxième, baisser les dépenses publiques, s’annonce aussi douloureuse que nécessaire. L’État français et ses dépendances dépensent 57% du PIB contre 44% en Allemagne (presque 300 milliards d’euros d’écart à notre échelle).
C’est le taux le plus élevé de la planète derrière le Danemark, Cuba, la Corée du nord et quelques îles du Pacifique. Le régime drastique que nous devrions imposer à l’État exige de réviser son périmètre et son organisation pour le recentrer sur ses missions strictement régaliennes et améliorer la productivité de ses administrations. L’État-providence doit refonder l’architecture de la protection sociale et en réduire le coût. Il ne s’agit pas de diminuer le nombre de professeurs, de policiers, de médecins ou de militaires mais de les faire travailler autrement et, surtout, de s’attaquer à la bureaucratie considérable qui les enserre et asphyxie le pays.
Troisième voie
La troisième voie, la plus simple et la moins difficile, à part buter sur l’idéologie d’étatistes indécrottables, c’est de ne plus rester le cancre européen de la croissance et de l’emploi. En libérant les rouages de l’activité, nous retrouverons une croissance forte qui présentera le double avantage de faire reculer les dépenses sociales, en raison d’une baisse du chômage et de l’exclusion, et faire progresser les recettes fiscales tirées des ménages plus dépensiers et des entreprises qui recommencent à investir, à sortir de bons résultats et à embaucher.
Au contraire, les relances par la dépense publique et l’embauche de fonctionnaires ont toutes failli et mené leur pays à la catastrophe. Les recettes de la croissance sont universellement libérales. Aucun pays n’a fait exception.
Ce dernier axe ne coûte quasiment rien aux contribuables. La baisse et la simplification de la fiscalité, en particulier sur le capital productif, peut accroître le déficit à très court terme avant de le réduire avec une ampleur plus grande par les bénéfices issus de cet investissement. Mais toutes les autres mesures pro-croissance sont indolores pour le budget de l’État. Tailles dans les réglementations qui justifient la bureaucratie (contrôle, encadrement, sanctions) sans réelle valeur ajoutée pour les citoyens et les consommateurs, abolition des rentes (monopoles et professions protégées), substitution du contrat à la loi autant que possible, en particulier en matière de réglementations du travail. Etc.
Chaque électeur a une responsabilité pour éviter le scénario catastrophe. Celle d’exiger des candidats un programme qui s’attaque clairement au cancer de la dette. Sa résorption repose sur davantage de liberté et de confiance dans notre société. La France ne pourra rester bureaucratique et jacobine si elle veut retrouver une dynamique capable de restaurer la cohésion sociale… et chasser ses vieux démons autoritaires qui ne nous promettent rien de bon.
Ceux qui suivent les finalistes de la primaire des Républicains doivent s’affranchir des débats sociétaux stériles actuels. Ni l’un, ni l’autre ne sont de grands défenseurs des libertés individuelles. Aucun ne s’est opposé à la loi LOPPSI 2 renseignement ou au fichier biométrique TES récent. En revanche, seul l’un des deux propose un projet ambitieux de libération de la croissance et de réduction de la dette. Il s’appelle François.
L’essentiel est dit. Il est seulement à craindre qu’une tourmente financière mondiale ne facilite pas le travail de réforme… à moins qu’elle nous y accule.
Et dire qu’on entretient et paye des fortunes à tous nos politicards et haut-fonctionnaires pour en arriver là, c’est sidérant.
Ce qui est proprement déroutant, c’est de savoir que les haut-fonctionnaires de Bercy sont recrutés parmi les lauréats des plus grandes écoles de France, à priori ce ne sont donc pas des imbéciles, alors pourquoi une telle irresponsabilité?
pourquoi une telle irresponsabilité?…..parce que ce ne sont pas des imbéciles ,la dette ,ce sont tous les autres qui la paie et même en cas de faillite ils continueront a payer leurs salaires indemnités et privilèges
vrai il suffit de regarder les primaires l’aubaine 2 euros par personne sans rien débourser elle est pas belle la vie le Français est un mouton.La récolte est fructueuse 9 millions d’euro pour nos corrompus de politique.
Jalouse, la Carmencita?
En général, les plus brillants, après avoir laissé dans les lois quelques cavaliers fiscaux, s’en vont vers des cabinets de fiscalistes.
Désolé, mais il s’agit là de paresse intellectuelle. Tout est lié, on ne peut définitivement pas dissocier l’économique du sociétal. Pourquoi ? Le nier est tout simplement suicidaire. Tout simplement parce que les deux relèvent du comportement humain. Le sociétal c’est l’attachement à certaines valeurs, qui peuvent être le courage, le mérite, le travail, l’attachement à une famille, le dépassement de soi, l’honneur, la loyauté, …Toutes ces valeurs qui font qu’une économie peut se développer et qu’elle peut avoir un but. L’économie juste pour faire de l’argent sans aucune autre perspective que celui d’amasser pour s’offrir toujours plus sans discernement et sans attachement à certaines valeurs, c’est l’échec assuré d’une société. L’histoire de l’humanité l’a pourtant démontré, les civilisations ont toujours chuté pour des raisons sociétales, après un essor économique important grâce justement aux respects de ces valeurs, une fois l’apogée atteint, l’illusion du pouvoir de l’argent entraine la déliquescence de ces valeurs qui semblent d’un coup superflues et le raisonnement tenu dans cet article semble démontrer que nous en sommes là. Du coup la société se désagrège avec toutes ses dérives : dépravation, détournement, immoralité, malhonnêteté, corruption, malversation, subornation, … D’ailleurs les idéologies politiques ne s’y trompent pas, elles ont toujours un pan économique et un pan sociétal. Et les deux choix sont fondamentaux. Il y aurait tellement à dire sur ce sujet !
Préparez vous au pire !
Sortez votre argent des banques
Déjà fait 🙂
Même Agnès verdier Molinié, la prêtresse des calculs vites faits, avait relevé les mêmes dysfonctionnement, c’est dire s’ils sont faciles à identifier.
Point important : « étatistes indécrottables », et paf, moi je sais, les autres sont comme vous le dites, indécrottables, alors pourquoi s’enquiquiner avec ces hordes barbares ? Vous proposez quoi, un programme de stérilisation de masse de cette partie de la population ?
Eu égard à de tels propos, de la politique, finalement, vous n’avez jamais dépassé le stade du militantisme.
« La dette qui monte », comme la bébête, on dirait du Hollande !
Justement, au sujet de la dette, les mesures proposées par Alain Fillon, les mêmes que François Juppé (il suffit de changer la ponctuation dans leurs programmes), ne sont que des mesures d’austérité. Vous n’étiez pas né, mais ma génération a commencé à entendre ce discours avec Raymond Barre. Comme vous le constatez, la situation s’est améliorée depuis et les gouvernements se sont succédé, dont certains avec les mêmes protagonistes qu’aujourd’hui. Oui je sais, il feront mieux ce coup-ci. Et puis, c’est magique, il y a paraît-il du libéral dedans. Le soucis, j’ai beau eu cherché, mais le libéral je ne l’ai pas trouvé, mais alors rien. Chez aucun des candidats ayant prétention à être président.
La dette ? Démontrez moi avec un calcul simple, comment vous allez ne serait ce que la faire baisser de 20%. (400 à 800 milliards selon les estimations) S’évitant svp, des comparaisons avec des années que l’on nommaient à juste titre 30 glorieuses. Juste un calcul applicable dans le monde actuel « standard ». Bonne chance.
Vous apportez dans votre article les éléments de l’échec programmé du prochain dirigeant. La dette est soumise à intérêts, vous savez mieux que quiconque que le trou d’air actuel sur les taux anormalement bas va se terminer, Comme lors d’un vol parabolique, il y a l’instant magique ou la pesanteur s’efface, puis le poids de la réalité revient sur vos épaules, sur l’ensemble de votre corps.
La dette en question, ce n’est pas un crédit chez Darty pour le remplacement de votre lave linge.
Les taux sont la variable d’ajustement qui maintient la dette à un niveau suffisamment élevé pour que le débiteur ne puisse jamais se départir d’icelle. Vous aurez beau économiser sur tout ce que vous voulez, cette évidence se rappellera à vous.
S’en est même tellement pervers que peu importe les efforts et sacrifices consentis, vous ne sortirez jamais la tête de l’eau.
C’est le système mis en place qui génère à la fois un encouragement des dépenses et l’impossibilité de sortir de ce processus similaire aux cercles concentriques de l’enfer de Dante.
Vous abordez l’éventualité d’un krash.
Dites vous que tous les acteurs ont intégré cet événement, c’est pricé comme ils disent dans les milieux branchés de la finance. Nous allons dans le mur, mais tant pis, c’est comme ça, demain sera un autre jour. Les éléments qui plaident en la faveur de cette catastrophe annoncée, ce sont justement que les paramètres de ce monde sont convenablement évalués par le plus grand nombre et que tout ce qui est proposé n’est pas viable, tout est mensonge, tout le monde l’a vu, chacun faisant selon ses petits intérêts.
Il est du reste cocasse de constater que ceux qui ont prétention à réformer, en soient à quémander des efforts communs tout en ventant les mérites d’une société libérale. Erreur 404.
Un seul sujet, celui des retraites, seul Macron a une proposition libérale.
La dette est irremboursable, or on ne peut , en soi, souhaiter son non remboursement car nosu en sommes les bénficiaires, et donc nosu serions les victimes du non-remboursement
Alors continuons de repousser le solutionnement du problème à demain
La croissance, la croissance, la croissance
Pour produire quoi de défendable et si possible d’exportable ? On nous demande de consommer pour augmenter le PIB et la recettes de TVA. Quelle consommation ? Du vital, du normal ou du superflu ?
En montrant l’exemple de la simplicité volontaire soutenable et durable et pour autant pas triste, mais loin des plaisirs aussi vains qu’éphémères, quel parti a mis à son programme non démagogique une indispensable décroissance soutenable de la consommation suicidaire des uns et de la pauvreté non méritée des autres. Une décroissance vitale pour notre pays, comme pour l’Europe et la planète tout entière.
« Il y a le vital, le simplement normal (déjà quelque peu subjectif), le superflu (bien plus subjectif encore) et le luxe (sans commentaire). Et il y a près de deux milliards de Terriens qui ne disposent pas du vital, alors/parce que quelques millions de Terriens n’appellent pas le superflu par son nom »
Enfin la question cruciale est posée, le constat est clair et la réponse lumineuse.
Je suis allé m’informer hier, sur le terrain (meeting à la Porte de Versailles), pour mieux sentir la volonté d’engagement et de l’impétrant, et de ceux qui le supportent. Je n’ai pas entendu (ou alors j’ai été distrait) le mot dette mais, j’ai entendu clairement: diminution de l’obèse, liberté d’entreprende, création du statut de travailleur indépendant, diminution des taxes pour les entreprises, simplification drastique du code du travail, et si ça ce n’est pas un désir de libéralisme, alors qu’est-ce que le libéralisme?
Et je peux vous garantir que la salle trépignait à chaque fois: à l’évidence, pas mal de chefs d’entreprise ou travailleurs indépendants.
Moi, je voterai Fillon, car je préfère être trompé que de louper l’occasion.
Diagnostic clair et lucide.
En realite il existe une 4e solution pour réduire la dette qui s’appelle inflation mais avec des effets pervers dévastateurs pour l’économie.
Alea jacta est
Il suffit de suivre quelques économistes non conformistes, et évidemment ceux qui promotionne l’achat d’or dans des proportions de 5 à 10 % environ, pour réaliser qu’il n’y a aucune solution
Çà va forcément « péter » et les plus riches resteront plus riches et il y aura plus de pauvres.
Avec parfois un effet positif : beaucoup consommeront plus sobre, moins bête et ça ne sera pas du tout triste