Les Français, des assistés infantilisés par l’État

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Les Français, des assistés infantilisés par l’État

Publié le 23 mai 2024
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La dérive du budget de l’État français en 2024 est l’aboutissement d’une évolution historique : l’immixtion de la puissance publique dans tous les domaines de la vie. Le politique est partout, conformément à la formule simpliste de la gauche radicale depuis environ un siècle : « tout est politique ».

La liberté individuelle ne peut que s’amenuiser si le pouvoir politique réglemente toute action sociale. Le risque ultime est donc la disparition de la démocratie libérale, caractérisée par la place importante qu’elle accorde aux initiatives individuelles. Peut-on résister à ce tropisme de l’omniprésence, considérée comme nécessaire, du pouvoir politique ?

 

L’État, l’État, rien que l’État

L’évolution historique vers le socialisme démocratique est une caractéristique fondamentale de toutes les démocraties occidentales.

De moins de 10 % du PIB au début du XXe siècle, les dépenses publiques ont évolué, selon les pays, vers 35 à 50 % au début du XXIe siècle. Cette évolution est due d’abord aux insuffisances du marché, et ensuite à la démagogie politicienne.

Le marché de concurrence parfaite, comportant une infinité de petits offreurs et demandeurs, suppose l’égalité approximative de ceux-ci. Mais il s’agit là d’un concept purement théorique. Dans la réalité sociale, le marché fait apparaître une lutte pour la domination et l’émergence de situations très inégalitaires, en général au profit des offreurs : oligopoles et monopoles. L’égalité est étrangère au marché livré à lui-même. Il a donc fallu élaborer tout un droit de la concurrence pour que le pouvoir économique ne soit pas accaparé par un petit nombre d’intervenants.

L’intervention de l’État était donc justifiée dès la fin du XIXe siècle par l’imperfection du marché. Il devait être réglementé pour fonctionner correctement. Dans un tel contexte, le socialisme pouvait plaider pour des solutions étatiques dans des domaines où l’égalité d’accès était souhaitable : éducation et santé en particulier. On a donc vu se développer partout en Occident des services publics d’éducation et de santé, avec des structures variables, mais largement financés sur prélèvements obligatoires.

La croissance économique exceptionnelle des trente années suivant la Seconde Guerre mondiale (plus de 6 % par an en moyenne en France) a dégagé des ressources permettant aux politiciens de promettre d’autres interventions publiques, toujours avec la même justification : la justice, l’égalité. Chômage, retraite, minimas sociaux, logement social, culture, transports, subventionnement général des associations, etc., viennent compléter le dispositif public de contrôle social. La fiscalité devient incitative ou désincitative, selon les priorités du pouvoir. L’État, lato sensu (avec les collectivités locales et les établissements publics), est désormais partout.

 

Mentalité d’assisté et délire interventionniste

S’ensuit une véritable dérive politicienne. Les élections deviennent des concours de promesses à caractère financier. Demander à l’État de résoudre n’importe quel problème paraît normal. Les politiciens ne tracent plus aucune frontière entre ce qui relève de leur domaine et ce qui leur est étranger. Tout est devenu politique, et tout peut faire l’objet d’une intervention publique, en général coûteuse.

Dans la décennie 2020, la mentalité dominante dans les démocraties se caractérise par l’omni-responsabilité de l’État pour tout ce qui touche au domaine financier. Le niveau des prix, des salaires, des profits, des patrimoines est considéré comme relevant du politique. La notion d’interdépendance internationale, trop complexe, n’est pas abordée par les politiciens professionnels dans leur communication vers le grand public.

Le délire interventionniste atteint des sommets. Par exemple, en France, l’État réduit artificiellement le prix de l’énergie par le subventionnement, tout en prônant des économies d’énergie. Les prix alimentaires subissant une hausse liée aux cours mondiaux, leur subventionnement est aussi à l’ordre du jour. L’assistance étatique est considérée comme normale dans tous les domaines de la vie.

 

Dépenser sans prélever : le choix de la dette

Les dépenses publiques sont populaires, mais les impôts impopulaires. Qu’à cela ne tienne. Les politiciens ont trouvé la solution dans l’endettement public, miraculeuse potion magique permettant de promettre des avantages coûteux au cours des campagnes électorales tout en affirmant que les impôts et taxes n’augmenteront pas. La dette accumulée explose. Dans l’Union européenne, en 2022, elle dépasse 111 % du PIB en France, 144 % en Italie et 171 % en Grèce. Les États les plus vertueux sont économiquement de très petits États (Danemark, Luxembourg, Bulgarie, Estonie avec 30 % du PIB ou moins). Quant à la dette publique américaine, elle dépasse les 125 % du PIB avec le chiffre astronomique de 34 mille milliards de dollars.

Les intérêts à payer sur une telle dette dépassent souvent les budgets annuels des grands ministères. Ainsi, en France, en 2022, les intérêts et les frais bancaires de la dette publique se sont élevés à 53 milliards d’euros. Le budget de la justice était de 13 milliards, celui de l’Intérieur de 29 milliards, celui de la défense de 58 milliards et celui de l’éducation de 77 milliards. Les taux d’intérêt étaient historiquement très bas en 2022 ; leur remontée, inéluctable, doublera au moins la charge de la dette.

 

Les Français préfèrent les ruptures brutales

La croissance économique ne retrouvera pas les sommets historiques des Trente Glorieuses. Elle est même en voie de ralentissement du fait des lourdeurs administratives accumulées depuis des décennies en Occident. L’ère de la démagogie tous azimuts se termine. Les politiciens devront donc revenir au réel. Les gouvernés réagiront selon leur tempérament. On sait que les peuples germaniques ou scandinaves, sous l’influence du protestantisme, attachent une grande importance à la bonne gestion et à l’équilibre des comptes. Il sera facile de leur transmettre le message politique de la fin de la gabegie publique. Il n’en ira pas de même pour les peuples méditerranéens, dont la tendance à la futilité est bien connue.

Les Français avancent par saccade. Conservateurs et légers, ils ressemblent aux fils de famille dilapidant l’héritage accumulé par leurs ancêtres. Ces derniers se réveillent au bord du gouffre et se suicident. Le peuple français se révolte, ou pire, fait une révolution qui l’appauvrit davantage. Nous vivons une époque formidable.

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  • Vision bien pessimiste mais malheureusement réaliste.

  • L’auteur devrait mieux se renseigner sur ce qu’est un vrai marché libre et ce qu’est un oligopole et un monopole. Ces 2 dernières notions sont étroitement liées à l’état. Sans intervention de l’état dans l’économie, pas de monopole ou d’oligopole, que des positions dominantes (ex : google) au service du seul consommateur. Cf Murray Rothbard, l’Ethique de la Liberté.

    Un marché n’est pas un échange perdant gagnant, mais gagnant gagnant, il n’y a pas de relation de domination, vision marxiste fausse des « interactions économiques libres et volontaires entre individus responsables » (définition du Marché).

    • Tout à fait exact. J’ajoute que la position dominante a une durée de vie moyenne inférieure à celle du monopole/oligopole. Ce dernier étant entretenu artificiellement par l’Etat.

  • Tout notre malheur (pour un gestionnaire rigoureux) vient du fait que malgré une dette abyssale, nous ne sommes pas en faillite.
    Les avoirs (immobiliers, financiers…) des Français représentent 5 ou 6 fois le montant de la dette. Nos seuls avoirs financiers sont déjà largement supérieurs à notre dette.
    S’il le fallait, demain nous pourrions tout rembourser. Ça supposerait une méga-spoliation – que Bercy nomme impôt – mais c’est techniquement possible. C’est la raison pour laquelle nous trouvons si facilement à nous endetter !
    Donc ne soyons pas inquiet. Ou soyons le. Peu importe. Tout ça peut durer encore très longtemps.

    • A la dette publique de l etat 3 000 milliards on peut ralouter la dette privée (ménages et entreprises) soit 4 000 milliards
      Sans oublier la dette cachée du non provionnement des retraites par l état soit 2 000 milliards
      On arrive très vite a 9 000 millards de dettes….
      Nos avoirs financiers sont simplement encore un peu supérieur à notre endettement
      Mais au rythme des déficits récurrents actuels……la falaise se rapproche à grands pas
      Nous avons les moyens de redresser la barre…..sinon……prenez un parachute…..

    • En théorie, oui.
      Dans la pratique, si l’État spolie une grande partie des biens des français, cela entraîne une perte automatique de sa valeur. Qui voudra se porter acquéreur des biens restants qui peuvent finir par être entièrement spoliés? Et à qui l’État pourra revendre les biens spoliés pour se financer? Peut-être en s’en servant comme garantie pour de nouveaux emprunts ? Mais à une valeur fortement dégradée pour couvrir le risque pour le prêteur… Donc en réalité, la valeur des actifs détenus par les français n’est supérieur à la dette de l’État que si ce dernier ne cherche pas à mettre la main dessus trop directement…

  • Le problème est que même les Français qui se prétendent libéraux profitent sans vergogne des nombreuses subventions : prime à l’achat d’une Tesla, prime à l’installation d’une PAC, déduction fiscale pour l’emploi d’une femme de ménage, dispositif pour l’investissement locatif, etc.
    Pour sortir de cet état d’esprit, il faudra beaucoup de courage.

    • Ces gens font tellement tourner l’économie – électrification des tranports, sauvetage de la planète, baisse du chômage, logements des petites gens ou des touristes… – qu’ils ont bien mérité d’être dédommagés, non ?!

      • Notre économie penche fortement vers la consommation notamment de produits importés au détriment de la création de valeur de notre tissus entrepreneurial
        D ou un déficit budgétaire pour créer de la croissance artificiellement
        Ce déficit pompe des ressources financières qui aurait du alimenter l investissement
        Le déficit de notre balance commerciale continue de se creuser
        Nous en sommes réduits à subventionner massivement le travail a travers les baisses de charges et pour attirer des entreprises étrangères !!!!

    • Je ne peux pas changer les règles du pays (mon simple bulletin de vote ne suffit pas…), et donc en tant que libéral et rationnel, j’optimise mon revenu en fonction des règles en vigueur. C’est bien tout à fait libéral. Au contraire, ceux qui veulent se restreindre pour ne pas user trop de la solidarité nationale, eux sont collectivistes. Ils pensent au collectif, et à son bien être. Le libéral dans une société communiste est une sorte de passager clandestin, essayant de profiter des avantages et minimiser les inconvénients.
      Vous le remarquerez bien, il y a en France, de ce point de vue la, beaucoup de libéraux et peu de collectivistes (même parmi les politiciens). Les appels à la solidarité nationale, c’est toujours pour les autres.
      Il faut donc simplement attendre la fin de l’argent des autres. Lorsqu’il faudra payer tout soi même, tout à coup beaucoup moins de gens seront près à payer un tiers de leur salaire pour des assistances sociales. C’est pourquoi les prélèvements sociaux sont bien cachés, et on fait croire que les aides sociales sont gratuites. Très très peu de personnes seraient près à vraiment être solidaires au niveau actuel des prélèvements.
      Les trente glorieuses ont permis une augmentation simultanée des salaires et des prélèvements, faisant croire ainsi que tout était gratuit. Si du jour au lendemain la sécu avait été créé au niveau actuel, la baisse brutale des salaires aurait arrêté le projet. De même aux états unis, la sécu apparait à petits pas, d’abord pour certaines catégories, pour certains soins etc, pour que son cout soit masqué par la croissance économique.

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