Lettre ouverte au monde musulman, d’Abdennour Bidar

Le monde musulman, pour Bidar, doit réformer toute l’éducation qu’il donne à ses enfants. C’est sa thèse dans « Lettre ouverte au monde musulman ».

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Lettre ouverte au monde musulman, d’Abdennour Bidar

Publié le 5 mars 2016
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Par Francis Richard.

Abdennour Bidar Lettre ouverte au monde musulmanCette lettre ouverte est écrite par un musulman au monde musulman. Elle l’a été en janvier 2015, après les attentats que l’on sait. Cette lettre n’est pas pour autant une lettre de pure circonstance. Elle va beaucoup plus loin. Sans doute parce que son auteur est philosophe.

C’est une lettre courageuse parce que son auteur dit au monde musulman ce qu’il pense de lui sans complaisance. Il le fait parce qu’il lui veut réellement du bien et qu’il s’afflige sincèrement des voies sans issue dans lesquelles il est engagé.

Cette lettre montre que l’islam pourrait très bien s’accomplir, comme je l’ai dit en rendant compte du livre de Joseph-Antoine Assaf sur L’islam radical. Ce qui n’a pas été compris par les péremptoires qui pensent de manière définitive, ou par les hostiles a priori qui l’ont interprété comme une possibilité de victoire.

Dans cette Lettre ouverte au monde musulman, Abdennour Bidar pose la seule question qui vaille à propos de ce « monstre qui prétend se nommer État islamique » :

« Pourquoi a-t-il pris le masque de l’islam et pas un autre ? »

 

L’homme créateur

Derrière ce monstre se cache en fait le problème des racines du mal, de « la crise spirituelle sans précédent que traverse notre humanité toute entière ». Les docteurs du monde musulman, eux, ne veulent pas voir, ou cachent, ce que dit le Coran :

« L’homme est appelé à grandir jusqu’à ce qu’il devienne créateur. »

Toutes les conditions sont réunies aujourd’hui pour qu’il le devienne, mais, hélas, « c’est pour l’instant sans aucun but spirituel ! » Et ceux qui le poursuivent, musulmans ou non, ne sont pas encore assez nombreux ; et leur parole n’est pas assez puissante.

En admettant qu’il en soit fini du terrorisme islamiste, l’islam n’en aura pas résolu ses problèmes pour autant. Ces problèmes, qui le minent, demeureront tant qu’il restera « une religion tyrannique, dogmatique, littéraliste, formaliste, machiste, conservatrice, régressive » :

« [Le] refus du droit à la liberté vis-à-vis de la religion est l’une des racines du mal dont tu souffres, ô mon cher monde musulman, l’un des antres obscurs où grandissent les monstres que tu fais bondir depuis quelques années au visage effrayé du monde entier. »

Le monde musulman, pour guérir de son mal, doit réformer toute l’éducation qu’il donne à ses enfants et les diriger vers les principes universels que sont :

« La liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias ».

Car s’il n’éradique pas les métastases du cancer qui le ronge, fondamentalisme, intégrisme, radicalisme, antisémitisme, machisme, littéralisme… le monde musulman continuera d’enfanter des monstres qui finiront bien par le dévaster à son tour par leur puissance de destruction.

 

Modernité de l’Occident

La modernité de l’Occident n’est pas que négative.

Certes « il est épuisé, il s’est beaucoup contredit, il a causé de terrifiantes destructions, mais sa complexité prodigieuse est d’avoir aussi fait avancer l’humanité toute entière à pas de géant depuis plusieurs siècles avec ses droits de l’homme et son progrès scientifique. »

Abdennour Bidar ajoute :

« Et plus encore avec la sortie de religion qu’il a initiée, et à laquelle le monde musulman persiste à ne rien comprendre » parce qu’il ne voit pas que la religion ne peut plus occuper la position centrale qui était la sienne dans la civilisation humaine. La confusion est toutefois née du fait que l’Occident a, dans le même temps, fait l’abandon de la vie spirituelle.

Abdennour Bidar peut alors s’adresser au monde musulman en ces termes :

« Tu possèdes un sacré, et tu vois qu’en face de toi, l’Occident, lui, n’arrive plus à sacraliser grand-chose, pas même cette dignité humaine, qui est au centre de ses droits de l’homme ! »

Et lui dire que lui, tout comme l’Occident, est au fond au bord d’un gouffre.

Le choc des civilisations entre le monde musulman et l’Occident est celui d’un extrême qui se heurte à son inverse :

« Tandis que [l’Occident] a tranché le lien sacré entre l’homme et l’infini, toi tu étrangles l’homme avec ce même lien de l’infini ! […] L’Occident a coupé le lien de la transcendance, toi tu t’en sers pour ligoter les consciences et les corps. »

Alors il faut que l’Occident et le monde musulman réparent le lien sacré à l’infini :

« Que l’on croit en l’existence d’un dieu ou pas, son nom désigne une puissance créatrice infinie et un lien infini, la convergence de tous les liens, le cœur infini où arrivent tous les liens et d’où tous s’élancent comme autant de traits d’une lumière qui donne la vie ! »

Abdennour Bidar est convaincu que « l’être humain peut devenir lui-même ce cœur infini » :

« C’est la vocation de la vie bien reliée, du triple lien à soi, aux autres, à l’univers. Plus nous nous connectons à la vie universelle par ce triple lien, plus ce cœur infini se développe en nous-mêmes. Et plus il se développe, moins la mort peut quelque chose contre nous. »

Aussi exhorte-t-il l’Islam et l’Occident à se réconcilier :

« Et faites-le en vous ressaisissant ensemble de votre secret partagé, mais oublié des deux cotés, que la vie créatrice est le but et la fraternité le principe de notre vie spirituelle. »

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  • Magnifique plaidoyer de ce Mr Bidar philosophe, qui désigne les fautes de chacun sans juger, qui remet en question Orient et Occident sans condamner, dans une vision philosophique qui montre ce qui peut nous unir plutôt que ce qui nous divise. Je fais le voeu que cette vision intelligente des choses se diffuse et guide le monde dans cette tourmente.

    • Cela fait des décennies que ce genre de plaidoyer philosophique existe, et qu’est-ce que cela a changé?

      Comme beaucoup d’autres, ce plaidoyer tente d’impliquer la responsabilité de l’Occident, affirmant qu’il y a nécessité d’une réconciliation avec l’Islam.

      Mais l’Occident a ouverte grand ses portes à l’islam, elle lui a permis de construire des mosquées, d’avoir des cimetières, des commerces, banques et partis islamiques, des dérogations à l’école, le mouvement œcuménique a intégré l’islam dans l’échange religieux, et à chaque attentat islamique, les élites et médias du pays rappellent qu’il ne faut faire aucun amalgame avec l’islam, etc.

      Toutes les autres religions se sont accommodées de cet accueil généreux et ne font aucun problème, alors même que le fossé culturel était également très important.

      Pourquoi est-ce que l’islam n’est pas en paix avec l’Occident et a besoin de réconciliation? Qu’est-ce que l’Occident peut faire de plus pour lui, devenir un califat?

      • L’article ne parle pas de « réconciliation » qui pour moi n’a pas du tout lieu d’être. Il présente les forces et faiblesses de chaque partie et ce qu’elles peuvent s’apporter l’une à l’autre, ce qui est à mon sens bien plus constructif et intelligent que de parler de remigration et autres calembredaines antilibérales.

        Après vous dites que l’occident a ouvert grand ses portes à l’islam. Ce n’est peut-être qu’une question de mots, mais je ne pense pas que l’occident a ouvert ses portes à cette religion: elle les a ouvert aux africains, du Maghreb et d’Afrique noire, dans un processus post-colonial et post-guerre assez compliqué comme ça.

        Cette immigration maghrébine a fini par constituer une population importante, dont la descendance est devenu une force communautaire, et l’objet de politiques délétères, de discours victimaires, de prises de positions racistes sous couvert d’anti-racisme, et de clientélisme électoral lamentables.

        Ce communautarisme, nourri par les ingérences occidentales en Afrique et le conflit israélo-palestinien, a tendance à pousser une partie de ses membres à se tourner vers un islam guerrier et vengeur.

        Maintenant, on se demande ce que l’occident peut faire, et moi je pense qu’il peut et doit réaffirmer sa culture, ses racines et ses valeurs, faire respecter le droit, et proposer autre chose qu’un programme d’éducation qui émascule et débilite nos jeunes étudiants. Proposer du spirituel, proposer des buts qui élèvent, mettre en valeur les vertus et l’accomplissement de soi, l’accomplissement de buts supérieurs. Ce dont ces convertis à l’islam et ces jeunes terroristes ont soif.

        Ce n’est pas une problématique simple, beaucoup de choses entrent en jeu dans cette opposition, mais je crois comme l’auteur de ce livre que l’occident doit en effet réaffirmer sa spiritualité pour retrouver le respect d’elle-même et des autres, en particulier des peuples musulmans qui au fond ne demandent que ça.

        • L’article parle de « se réconcilier » à la toute fin:

          « Aussi exhorte-t-il l’Islam et l’Occident à se réconcilier : »

          Pour le reste, ce n’est pas à l’Etat de présenter une vision « spirituelle », ce serait plutôt à lui de mettre fin aux prestations sociales, ce sont elles qui empêchent les musulmans de s’intégrer, car pourquoi faire un effort vers d’autres valeurs que les leurs, si tout leur est dû sans rien changer?

          Si pour pouvoir subsister en Europe, il fallait bosser dur ou dépendre de la charité chrétienne, cela changerait la donne du tout au tout…

          • Ok pour la réconciliation, j’avais sauté cette phrase, mais je crois que ce sont ces vengeurs de l’islam qui sont fâchés contre l’occident au départ, pas l’inverse.

            Quand je dis « spirituel », je ne fais aucunement référence au religieux, et quand vous concluez sur « Si pour pouvoir subsister en Europe, il fallait bosser dur ou dépendre de la charité chrétienne… » c’est exactement ce que je dis, avec des mots différents. Faire respecter le droit, valoriser le dépassement de soi ou si vous préférez valoriser la réussite par le travail, c’est pour moi une valeur, une valeur spirituelle, ou morale (spirituelle signifiant qu’elle est relative à l’esprit, et non matérielle).

            L’état n’a pas a présenter une vision spirituelle, voeu pieux! Quand bien même « l’état » le voudrait sincèrement, qu’il continuerait malgré lui d’émettre des messages à portée morale, spirituelle, philosophique. Tout cela imprègne le politique, qu’on le veuille ou non, et pour avoir un état de droit, un état juste, il n’est pas recommandé d’avoir des serviteurs de l’état totalement dénués de morale, de spiritualité ou de philosophie, vous ne croyez pas? Or voyez l’absence totale de morale de nos gouvernants, et voyez le résultat!

            Il faut arrêter de prétendre que quand on est libéral on n’a pas à soutenir des valeurs morales, parce que le libéralisme est une philosophie du droit, et en tant que telle elle défend des concepts et des valeurs. D’accord, on n’a pas à définir pour les autres leur échelle de valeurs et leurs priorités, on n’a pas à décréter quelles valeurs une société devrait préférer, et on doit se défendre de tout constructivisme.

            Mais pour construire une société harmonieuse, on doit se référer à des valeurs, on doit valoriser les vertus et ça pour moi c’est déjà un travail spirituel. Un forgeron, quand il apprend à parfaire ses gestes et son savoir-faire pour réaliser des pièces de qualité, il met en oeuvre la recherche de l’excellence, le goût de l’effort, du travail, de la persévérance, etc. Il fait un travail spirituel qui se manifeste matériellement, vous comprenez?

            Et qu’est ce qu’on a maintenant? Un état qui valorise les concepts creux de multi-culturalisme, d’égalité dévoyée, de tolérance à sens unique, des « valeurs républicaines » aussi vagues que floues. Une dernière chose, après j’arrête: ces prétendues valeurs que nos socialistes de droite comme de gauche n’arrêtent pas d’agiter, quel bien font-elles à la société? Il y a des valeurs qui sont plus bénéfiques que d’autres, des valeurs indispensables au maintien d’une société stable, et d’autres dispensables, de nature plus personnelles.

            • Bien sûr que c’est l’islam qui aurait à faire profil bas et à se réconcilier.

              Mais l’article laisse entendre que cela pourrait aussi être à l’Occident de le faire, en ce sens, il encourage les musulmans à continuer d’avoir une attitude conquérante, où l’on exige à l’Occident de se réformer pour devenir compatible avec l’islam, au lieu d’avoir une attitude de vrai immigrant, où c’est à l’invité de se plier aux règles de son hôte.

              Les gouvernants de la France ont des valeurs en phase avec celles prônées à l’école publique, dans les médias, et dans les élites françaises. Ces valeurs sont celles qui historiquement pactisent toujours très bien avec le socialisme: athéisme, matérialisme, égalitarisme, scientisme, et humanisme.

              Je ne considèrent pas ces valeurs comme étant les plus bénéfiques à la société…

  • Intéressant.

    La fameuse réconciliation entre islam et Occident préconisée par l’auteur n’est qu’un vœu pieux cependant. L’islam n’est pas compatible d’avec notre civilisation, les lignes de fracture resurgiront immanquablement.

    • C’est vrai. L’auteur écrit bien mais ses écrits ne sont que des rêves épistolaires. Il suggère à l’Islam d’adopter les valeurs de tolérance, progrès, etc..mais le problème de l’islam est de précisément refuser ces valeurs d’origine plus ou moins chrétiennes et occidentales. On peut imaginer (sans approuver bien sûr) un monde d’intolérance, de dictature religieuse, d’inégalité homme femme et autres valeurs noires qui convient à certains et que les autres acceptent pour diverses raisons, que ce soit par peur, par facilité ou manque de courage. Et ce ne sont pas les bonnes paroles de l’auteur qui auront la moindre influence.

    • « L’islam n’est pas compatible avec notre civilisation »

      Sauf que….
      Sauf que….
      Notre civilisation n’est pas compatible avec la suppression de la liberté religieuse des musulmans.

      • Je vous suggère de porter votre point de vue aux minorités religieuses des pays musulmans, Arabie saoudite, Pakistan, Bangladesh, Iran, Turquie, et Irak.
        Ils seront sans aucun doute d’accord avec vous.
        Il ne vous aura pas échappé que ces pays sont inondés de synagogues, églises et temples, c’est bien ça ?

        • @Gordion : Vous constatez que les pays musulmans sont rien que des vilains méchants qui suppriment la liberté des minorités religieuses. Et votre solution magique face à tant de méchanceté, c’est que l’Occident fasse exactement la même chose ! (C’est-à-dire supprime la liberté religieuse de sa minorité musulmane.)

          Quoi de plus logique !

          Vous êtes vraiment un pur génie ! Je ne peux que m’incliner devant une telle intelligence. Einstein à côté de vous c’est de la gnognote !

          • Il me semble cependant que la réciprocité a toujours été, dans les relations humaines, une constante.

  • « La liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et le droit de cité pour toute la diversité des visions du monde et des croyances, l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes de toute tutelle masculine, la réflexion critique du religieux dans les universités, la littérature, les médias »

    Je suis d’accord avec ça et justement, parlons en.

    Si l’on observe les différentes civilisations, dans l’immense majorité du monde, ce qui est décrit la dessus est considéré comme le but à atteindre la plupart du temps. Et cela à la foi par leur population, que par leurs observateurs et même parfois par leurs dirigeants.

    Prenons l’Amérique latine, ces pays font face à beaucoup de problèmes de corruption et de violence, au moins autant que le monde arabe (et les cartels n’ont rien à envier à la barbarie de l’IS). Si ces pays sont pour la plupart démocratiques, certaines démocraties sont peu fonctionnelles et certaines ne sont que des dictatures grossièrement maquillées.

    Hors leurs populations aspirent aux valeurs que vous avez cité, le monde souhaite ça pour eux, même leur dirigeants prétendent avec plus ou moins d’honnêteté que c’est l’objectif à atteindre. Bref, il y a une vision, un espoir.

    Hors qu’est ce que l’on dit sur ces valeurs pour le monde musulman ? Que ce n’est pas pour eux, qu’ils n’y sont pas adapté, que l’on ne doit pas leur souhaiter un succès dans cette quête… Leurs dirigeants jouent un maximum cette carte avec l’excuse de « notre dictature ou le chaos », oubliant ainsi que toutes les dictatures du monde arabe ont une constitution qui les définissent officiellement comme des démocraties, que c’est par la promesse de ce que vous décrivez (progrès social, démocratie, liberté…) qu’ils sont arrivé au pouvoir…

    Je suis d’accord aussi avec une seconde chose qui transpire sans être explicité dans cet article. Les peuples arabes sont, pour le meilleur et pour le pire, composés de gens qui ont besoin de convictions, qui traditionnellement ont une vision très aiguisé de ce qui est le bien et le mal. Sauf que voilà, ce qui leur a été proposé dans le passé (socialisme et/ou nationalisme arabe) n’a pas fonctionné, ce n’est plus un projet présent, ces idéologies n’arrivent plus à convaincre personne. Le problème c’est que les étrangers leur interdisent la démocratie, leurs dirigeants leur interdisent aussi et pour finir les islamistes leurs interdisent aussi.

    Mais, dans ces trois groupes, les islamistes sont les seuls qui ont des convictions à leur proposer, les deux autres leur demandant que de se satisfaire du nihilisme hypocritement puisqu’ils jouissent de libertés qui sont inaccessibles au peuples arabes. C’est donc normal que dans un climat de répression qui n’est dénoncé, pour ainsi dire, que par les islamistes, ces gens deviennent des islamistes.

    Pour faire baisser la popularité de l’islamisme, le première chose à faire ne serait elle pas d’être plus confiant sur la capacité du monde arabe à progresser politiquement ? Comment un arabe qui lit cet article pourra être convaincu alors que l’occident aide aujourd’hui Bachar al-Assad à rester au pouvoir ? Ne devrions nous pas travailler a construire des exemples pour le monde arabe en Tunisie, Libye, Yémen plutôt que de travailler précisément à faire échouer leurs tentatives de progrès ?

    • @ un_lecteur

      Les USA ont voulu faire un exemple avec l’Irak, on voit aujourd’hui le résultat.

      Il existe pourtant déjà un exemple de libéralisme musulman avec l’Emirat de Dubaï, bien plus libre que nombreux pays européens et dont le mode de vie est très occidentalisé.

      L’Occident ferait d’ailleurs bien mieux de se retirer politiquement de l’Afrique, et de laisser ces peuples trouver eux-même leur chemin. L’Occident devrait aussi se libéraliser pour mettre fin au tourisme social qui transforme un bon nombre des immigrés (majoritairement musulmans) en assistés et en délinquants.

      • « Les USA ont voulu faire un exemple avec l’Irak, on voit aujourd’hui le résultat. »

        L’Irak était une démocratie fonctionnelle en 2008. C’est car Obama a retiré les troupes trop tôt, ce qui a permit à Nouri al-Maliki de bafouer la constitution, que le chaos est venu.

        « Il existe pourtant déjà un exemple de libéralisme musulman avec l’Emirat de Dubaï, bien plus libre que nombreux pays européens et dont le mode de vie est très occidentalisé. »

        Justement, je suis un fervent supporter de Dubaï, c’est pour moi un vrai espoir pour le monde arabe. Sauf que voilà, Dubaï est une monarchie. Certains pays arabes ont supprimé leur monarchie, et on ne peut donc plus espérer qu’ils fassent un chemin à l’anglaise (réformes progressives de la monarchie). C’est un allé simple, maintenant leur seule voie est une voie à la Française, c’est à dire de retrouver la stabilité après une révolution qui fut une erreur.

        Dubaï est un exemple pertinent seulement pour les monarchies arabes, pour les républiques, il va falloir qu’ils trouvent une autre voie. Une chose est sure, on a jamais vu de dictature socialiste se réformer.

        • « L’Irak était une démocratie fonctionnelle en 2008. C’est car Obama a retiré les troupes trop tôt, ce qui a permit à Nouri al-Maliki de bafouer la constitution, que le chaos est venu. »

          J’ai bon espoir de transformer un_lecteur en un libéral non-interventionniste en terme de politique étrangère, et progressiste en matière de mœurs. Mais visiblement c’est pas gagné !

          • J’ai suivi tous les jours la politique irakienne à ce moment là. Je peut vous parler des manifestations sunnites dans les provinces de l’est pour un retour à la constitution, des frictions sur le budget et le partage de l’argent du pétrole entre Bagdad et Erbil, du désarmement des milices anti-terroristes par al-Maliki…

            Vous avez un argument basé sur ce qui est réellement arrivé en Irak ?

            • un_lecteur@ : D’après le « Watson Institute for International Studies de l’université Brown », la guerre déclenchée en 2003 par George W Bush pour faire tomber le régime de Saddam Hussein en Irak a couté près de 2.000 milliards de dollars au contribuable américain.

              Malgré ce coût exorbitant (sans compter le bilan humain) vous écrivez « Obama a retiré les troupes trop tôt ». Donc j’ai envie de vous poser la question suivante : combien de milliards de dollars fallait-il encore gaspiller (en refusant de se retirer d’irak) pour que vous soyez content ?

              Nous sommes d’accord vous et moi pour dire qu’il existe des individus irakiens capables de vivre en démocratie, nous sommes juste en désaccord sur l’idée que le peuple irakien dans son ensemble était prêt à vivre en démocratie. (Le même raisonnement s’applique pour la Libye ou la Syrie.)

              • « D’après le « Watson Institute for International Studies de l’université Brown », la guerre déclenchée en 2003 par George W Bush pour faire tomber le régime de Saddam Hussein en Irak a couté près de 2.000 milliards de dollars au contribuable américain. »

                Le régime irakien est tombé en 48 heures ou deux semaines suivant vos critères, c’est la guerre civile qui a couté chère.

                « Malgré ce coût exorbitant (sans compter le bilan humain) vous écrivez « Obama a retiré les troupes trop tôt ». Donc j’ai envie de vous poser la question suivante : combien de milliards de dollars fallait-il encore gaspiller (en refusant de se retirer d’irak) pour que vous soyez content ? »

                Ce n’est pas une débauche de moyens qui est venue à bout de la guerre civile, c’est le général Petraeus qui a cherché à comprendre ce peuple en voyant que tirer sur tout ce qui bouge ne menait à rien. Garder les troupes en Irak n’aurait virtuellement rien couté de plus, l’Irak était stable en 2008. Obama a juste fait de l’anti-bushisme primaire pour des raisons de politique politicienne.

                « Nous sommes d’accord vous et moi pour dire qu’il existe des individus irakiens capables de vivre en démocratie, nous sommes juste en désaccord sur l’idée que le peuple irakien dans son ensemble était prêt à vivre en démocratie. (Le même raisonnement s’applique pour la Libye ou la Syrie.) »

                Je ne pense pas que ces gens ne sont pas prêt dans leur ensemble, vous devriez lire ce sondage fait dans plusieurs pays de la région, vous verrez que ces gens y exhibent bien plus de modération et de bon sens que la plupart des occidentaux le croient et bien plus de modération et de bon sens que la plupart des occidentaux eux mêmes:

                http://www.zogbyresearchservices.com/new-gallery-1/

                Il faut arrêter de prendre ces gens pour des idiots immatures, surtout qu’ils vivent dans une atmosphère que la plupart de nous n’ont jamais connu et que l’immense majorité ne cherche pas à comprendre.

                • « Il faut arrêter de prendre ces gens (irakiens, syriens, libyens) pour des idiots immatures »

                  un_lecteur@ : Il faut arrêter de croire que c’est intelligent de renverser une dictature (Saddam, Assad, Kadhafi) qui bénéficie, pour des motifs souvent confessionnels, d’un soutien non négligeable d’une partie de la population.

                  La seule chose qu’amènera le renversement d’une telle dictature c’est l’avènement d’une nouvelle dictature (qui sera liberticide envers la partie de la population qui soutenait l’ancienne dictature.)

                  Quand dans une dictature les partisans de la démocratie ne sont pas suffisamment nombreux, plutôt que de chercher à tout prix à prendre le pouvoir, il faut chercher à faire SÉCESSION.

                  Un ancien article de Contrepoints expliquait la même chose que moi : « Qu’on le veuille ou non, l’Irak est en voie de FRAGMENTATION. Pour le comprendre, il suffit de demander aux Kurdes irakiens, qui ont profité de l’actuel conflit pour consolider leur autonomie, ainsi qu’aux Sunnites qui collaborent avec l’EIIL non pas par conviction mais pour se débarrasser d’al-Maliki, s’ils accepteraient de revenir en arrière et vivre dans un Irak gouverné par un régime associé à l’Iran Chiite. Ils répondront à coup sûr par la négative. Autant commencer à penser comment gérer le DÉMEMBREMENT de l’Irak plutôt que de miser sur sa survie en tant qu’État. »

                  • « Il faut arrêter de croire que c’est intelligent de renverser une dictature (Saddam, Assad, Kadhafi) qui bénéficie, pour des motifs souvent confessionnels, d’un soutien non négligeable d’une partie de la population. »

                    Ces dictatures sont en pleine schizophrénie car elles ne sont à la base pas religieuses mais socialistes, le coté religieux assure bien plus souvent un rejet d’une partie de la population qui n’est pas du bon coté que le soutient de l’autre. A part ça en Libye les divisions ne sont pas religieuses. On n’a renversé personne en Libye et en Syrie. Bref votre commentaire est hors sol et vous naviguez à vue.

                    « La seule chose qu’amènera le renversement d’une telle dictature c’est l’avènement d’une nouvelle dictature (qui sera liberticide envers la partie de la population qui soutenait l’ancienne dictature.) »

                    Ce n’est pas ce qui est arrivé. Qui soutient vraiment Saddam Hussein ou Assad au fait ?

                    « Quand dans une dictature les partisans de la démocratie ne sont pas suffisamment nombreux, plutôt que de chercher à tout prix à prendre le pouvoir, il faut chercher à faire SÉCESSION. »

                    Vous n’avez pas lu le sondage que j’ai posté, c’est cool, surtout ne cherchez pas à comprendre la situation unique à chaque pays et continuez à débiter des généralités au hasard.

                    « Un ancien article de Contrepoints expliquait la même chose que moi : « Qu’on le veuille ou non, l’Irak est en voie de FRAGMENTATION. Pour le comprendre, il suffit de demander aux Kurdes irakiens, qui ont profité de l’actuel conflit pour consolider leur autonomie, ainsi qu’aux Sunnites qui collaborent avec l’EIIL non pas par conviction mais pour se débarrasser d’al-Maliki, s’ils accepteraient de revenir en arrière et vivre dans un Irak gouverné par un régime associé à l’Iran Chiite. Ils répondront à coup sûr par la négative. Autant commencer à penser comment gérer le DÉMEMBREMENT de l’Irak plutôt que de miser sur sa survie en tant qu’État. »

                    Je suis pour une partition de l’Irak et de la Syrie.

                    • « On n’a renversé personne en Libye et en Syrie. »

                      un_lecteur@ : L’intention première des rebelles syriens soutenus par l’Occident était de renverser Assad (au lieu de se contenter de faire sécession.) Concernant la Libye, l’OTAN a aidé le CNT à renverser Kadhafi.

                      « Ce n’est pas ce qui est arrivé [Remplacement d’une dictature par une nouvelle dictature] »

                      un_lecteur@ : Le régime d’al-Maliki traitait-il correctement les sunnites irakiens ? Non. Donc la dictature de Saddam a été remplacé par une pseudo-démocratie, c’est-à-dire une demi-dictature.

                      « Qui soutient vraiment Saddam Hussein ou Assad au fait ? »

                      un_lecteur@ : Saddam était soutenu (par défaut) par les sunnites irakiens. Assad a entre autres le soutient des alaouites. Tout mon propos c’est que le reversement de tels dictateurs ne peut pas être une réussite tant qu’une partie trop importante de la population les soutiennent. Et que par conséquent il faut chercher à faire sécession plutôt que chercher à renverser le pouvoir.

                      « Je suis pour une partition de l’Irak et de la Syrie. »

                      un_lecteur@ : Ce n’est hélas pas ce à quoi ont œuvré les dirigeants occidentaux interventionnistes.

                    • « L’intention première des rebelles syriens soutenus par l’Occident était de renverser Assad (au lieu de se contenter de faire sécession.) »

                      Je ne comprends pas comment on peut être libéral et penser que des syriens ont voulu mourir pour le bon plaisir des occidentaux. Ces gens n’en ont rien à faire de l’occident, ce qui les intéressent c’est leur pays. Peut être les a t’on soutenu, mais on a en aucun cas cherché à renverser Assad, c’est le peuple syrien qui a décidé de renverser Assad.

                      Pour ce qui est de la sécession, vous oubliez que c’était un mouvement nationaliste, des gens de toutes les minorités (même alaouite) ont manifesté pour renverser Assad. C’est en relâchant des centaines de djihadistes de ses prisons et en massacrant aveuglément des sunnites que Assad a transformé ce mouvement en un mouvement confessionnel.

                      « concernant la Libye, l’OTAN a aidé le CNT à renverser Kadhafi. »

                      On a juste évité que Kadhafi utilise des armes lourdes contre son peuple, c’est les libyens qui ont renversé leurs dirigeants. C’est quand même étrange qu’une foi à armes égales les loyalistes de ces dictateurs prétendument soutenus par leur peuple s’enfuie en courant.

                      « Le régime d’al-Maliki traitait-il correctement les sunnites irakiens ? Non. Donc la dictature de Saddam a été remplacé par une pseudo-démocratie, c’est-à-dire une demi-dictature. »

                      Le régime irakien est parti en cacahouètes à cause de l’intervention de l’Iran. Quand c’était les US qui faisaient office de cour constitutionnelle tout se passait bien.

                      « Saddam était soutenu (par défaut) par les sunnites irakiens. »

                      C’est vrai et je comprends qu’ils aient été sceptiques face à l’intervention US. Mais c’est là tout mon propos, après une guerre terrible les US les avaient aidé à se relever et construire quelque-chose. On peut être contre l’intervention US de 2003 tout en étant d’accord sur le fait que c’est car Obama a trahi les sunnites en retirant les troupes que le chaos est arrivé.

                      « Assad a entre autres le soutient des alaouites. »

                      Justement avant la guerre le Syrie avait la particularité que les différentes communautés étaient parfaitement séparés géographiquement. Normalement c’était aux alaouites de faire sécession étant donné qu’ils sont en minorité. Sauf qu’il n’y avait pas de mouvement sécessionniste tout simplement car il n’y avait pas de problèmes confessionnels.

                      « Tout mon propos c’est que le reversement de tels dictateurs ne peut pas être une réussite tant qu’une partie trop importante de la population les soutiennent. Et que par conséquent il faut chercher à faire sécession plutôt que chercher à renverser le pouvoir. »

                      Je suis d’accord sur le fait que renverser un dictateur est une opération à cœur ouvert. Sauf que l’Irak est une exception, la Libye, la Syrie ou l’Ukraine sont des mouvements spontanés, ou on est prit de cours. Et l’exemple syrien nous montre que maintenir le dictateur est pire que l’expulser.

                      « Ce n’est hélas pas ce à quoi ont œuvré les dirigeants occidentaux interventionnistes. »

                      Ni aucun autre dirigeant.

                      Vous avez lu mon sondage ?

                    • un_lecteur@ : Je suis d’accord avec vous sur tous les points suivants :

                      « C’est le peuple syrien qui a décidé de renverser Assad. »

                      « La Libye, la Syrie sont des mouvements spontanés »

                      « Le régime irakien est parti en cacahouètes [en partie] à cause de l’intervention de l’Iran. »

                      Notre point de désaccord est le suivant :

                      Vous constatez que des progrès ont été réalisé en Irak grâce aux américains, que ces derniers ont réussi à stabiliser le pays après des années de chaos, et que malheureusement le chaos est revenu juste après le retrait des troupes ordonné par Obama.

                      Mon reproche c’est que vous vous félicitez des progrès qui sont survenus en Irak grâce à l’interventionnisme américain EN OUBLIANT de prendre en compte les progrès qui n’ont pas pu advenir à cause de ce même interventionnisme, du fait qu’il a couté 2000 milliards de dollars au contribuable américain (6000 milliards d’ici à 2053 en incluant les intérêts d’emprunts et les pensions aux anciens combattants.)

                      Bastiat nous a pourtant mis en garde, nous autres libéraux, contre « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » :

                      On voit les choses positives qui se sont réalisées grâce à l’interventionnisme américain, mais on ne voit pas les choses positives qui ne se sont pas réalisées à cause de lui (du fait de son cout exorbitant.)

                      Les non-interventionnistes comme moi ne s’opposent pas à ce que des individus (syriens, libyens) reçoivent de l’aide dans leur lutte contre des dictatures qui violent leur liberté À PARTIR DU MOMENT où ladite aide n’est pas financé avec « l’argent des autres » (comme dit h16). Autrement dit :

                      Si Bush veut libérer les irakiens, il doit le faire avec son argent, et non en dépensant sans compter l’argent du contribuable américain.

                      Si Sarkozy, influencé par Bernard-Henri Lévy, veut libérer les libyens, il doit le faire avec son argent, et non en dépensant sans compter l’argent du contribuable français.

                    • Vous n’avez toujours pas lu mon sondage… Il semble que l’on redécolle encore une foi dans la théorie hors sol.

                      « Vous constatez … cout exorbitant.) »

                      Bon tout d’abord je m’oppose à ce calcul des couts totalement fantaisiste, dont la plupart n’ont pas grand chose à voir avec l’intervention en Irak, concerne les américains et non les irakiens et sont dus à un problème tactique et non à l’intervention en soit.

                      Histoire de rigoler, je vous dirais que l’on ne voit pas les couts qu’auraient occasionné une non intervention en Irak, qui sait ce qui serait passé dans la tête de Saddam Hussein. Moi personnellement, contrairement à vous, je ressent que ça aurait couté 10 000 milliards avec vos critères comptables. L’intervention a donc fait économiser de l’argent. Vu que c’est un scénario aussi théorique que le votre, vous ne pouvez pas prouver que j’ai tort et moi je ne peut pas prouver que j’ai raison, je le ressent, c’est tout. Voilà pourquoi je cherche à attirer le débat sur ce qui s’est réellement passé sur le sol irakien.

                      Revenons aux choses sérieuses, pourquoi je pense que le cout n’est pas du à l’intervention. Je vous l’ai déjà expliqué, des centaines de milliards ont été dépensé en pure perte. Ce qui a stabilisé l’Irak c’est la mise en place de milices antiterroristes locales par le général Petraeus. C’est prendre en compte la peuple irakien qui a stabilisé ce pays.

                      Prenons comme exemple deux interventions contemporaines, celle de plusieurs dizaines de pays contre IS et celle de l’Arabie Saoudite et des UAE contre les Houtis.

                      Dans le premier cas on a une débauche de moyens incroyables et un autisme tout aussi exceptionnel de deux pays qui ne veulent pas prendre en compte le peuple syrien. Le pays est détruit à 75%, la moitié de la population a été déplacé, des centaines de milliers de personnes sont mortes, et les résultats ne sont pas du tout probants. C’est ce qui est arrivé au début de la guerre d’Irak.

                      Dans le deuxième cas il y a quelques troupes au sol qui assistent les combattants yéménites et un soutient aérien. Après avoir foncé dans le tas sans plus de succès que Bush en Irak ou la coalition en Syrie, les UAE et l’AS se sont mit à s’appuyer sur les yéménites pour gagner cette guerre. Ils ont négocié des alliances avec les chefs locaux et les assistent en formation, en armes et en soutient aérien. Histoire de ne pas se mettre à dos les populations ils utilisent les techniques israéliennes et appellent les civils avant de bombarder une zone. 80% du pays a été repris, il y a très peu de morts comparés à la Syrie ou à l’Irak, le pays n’est pas complètement en ruines, la population n’a pas massivement immigré. Bref, avec des techniques de combat modernes et une prise en compte du peuple les choses se passent mieux pour tout le monde, avec un cout bien plus raisonnable.

                      Ensuite je vois que vous n’avez toujours aucun argument sur ce qui s’est passé réellement en Irak pour m’expliquer que ce n’est pas à cause du retrait des troupes que le chaos est arrivé.

                    • « Ensuite je vois que vous n’avez toujours aucun argument sur ce qui s’est passé réellement en Irak pour m’expliquer que ce n’est pas à cause du retrait des troupes que le chaos est arrivé. »

                      un_lecteur@ : Selon moi, tôt ou tard le chaos serait arrivé, à moins que les troupes US s’éternisent en Irak pendant un quart de siècle. C’est-à-dire que le contribuable américain soit forcé de financer pendant un quart de siècle la sécurité d’un pays étranger situé à l’autre bout du monde, alors qu’une grande insécurité règne dans des villes américaines telles que Chicago par exemple.

                      Pourquoi penser que le chaos irakien actuel serait arrivé tôt ou tard ? Parce que, comme vous le savez, les causes de ce chaos sont extrêmement profondes. Dans les années 20, les britanniques ont mis au pouvoir un prince sunnite dans ce pays majoritairement chiite. Ensuite le baassisme a lui aussi contribué malgré lui a marginalisé les chiites. Ensuite le salafisme a profité du déclin du baasisme après la guerre de 90 menée par Bush Père. Ensuite, qu’on le veuille ou non, le renversement de Saddam en 2003 a provoqué la marginalisation des sunnites. Tout ceci forme un cocktail explosif qui aurait pété tôt ou tard, à moins, encore une fois, que les troupes US restent ad vitam æternam en Irak.

                      Voilà pourquoi j’estime qu’il est erroné de croire que seul le retrait des troupes ordonné par Obama est responsable du chaos irakien actuel. Il s’agit, comme vous le savez, et comme j’ai essayé de le montrer, d’un problème très profond, qui ne date pas d’hier.

                      Pour tout le reste de votre message je suis d’accord avec vous.

                    • Bonjour,

                      Tout d’abord je tiens à vous faire remarquer que vous n’avez toujours pas lu mon sondage. Ensuite j’avais écrit un post 3 fois plus long mais j’ai réussit à en faire passer qu’une petite partie, le reste s’étant perdu dans les abysses de la base de donné de Contrepoints. Peut être que le reste de mon commentaire va réémerger un jour.

                      « Selon moi, tôt ou tard le chaos serait arrivé »

                      Mais c’est une tautologie, c’est comme de dire à quelqu’un qu’il va mourir…

                      « à moins que les troupes US s’éternisent en Irak pendant un quart de siècle. »

                      Mais cela était parfaitement possible à un moindre cout car l’Irak était stabilisé en 2008 ! Tout ce qu’il fallait c’est que les USA fassent office de cour constitutionnelle…

                      « C’est-à-dire que le contribuable américain soit forcé de financer pendant un quart de siècle la sécurité d’un pays étranger situé à l’autre bout du monde, alors qu’une grande insécurité règne dans des villes américaines telles que Chicago par exemple. »

                      J’avais expliqué la rationalité derrière cela, c’était assez long, je réécrirais peut être ce commentaire. J’étais pour la fin de l’état avant, assez anarcap, mais un évènement m’a fait changer d’avis.

                      « Pourquoi penser que le chaos irakien … date pas d’hier. »

                      Pour le coup je pense que c’est être trop défaitiste que de penser cela. C’est une erreur commune d’occidentaux défaitistes que de croire que la guerre entre chiites et sunnites est une guerre millénaire et insurmontable.

                      En 1920 le monde arabe n’avait rien à voir, il n’y avait pas de problème entre les sunnites et les chiites. Le truc du moment c’était le nationalisme soft et l’arabisme soft qui s’équilibraient. Le roi d’Irak faisait partie des Hachémites, une dynastie qui a une forte légitimité historique, on était loin du constructivisme hors sol. Jusque dans les années 80 il n’y avait pas de terroristes arabes, ou plutôt que des terroristes socialistes… L’Iran et l’AS s’entendaient bien, Bagdad mélangeait sunnites et chiites, le gouvernement pakistanais comprenait des chiites à des places importantes…

                    • un_lecteur@ : C’est effectivement idiot de ma part d’avoir (involontairement) laissé entendre que l’animosité entre chiites et sunnites est insurmontable. Mon intention était simplement d’insister sur le fait que lorsque cette animosité est renforcée par plusieurs décennies d’atteintes aux libertés commises par une dictature, le renversement de cette dictature ne suffit pas à lui seul à cicatriser les plaies du passé (c’est-à-dire à éliminer les conséquences de ces décennies d’atteintes aux libertés.) Donc ne suffit pas à lui seul à éliminer l’animosité entre chiites et sunnites.

                      Qu’il y ait ou non une présence militaire US en Irak, que celle-ci dure 10 ans ou 25 ans, qu’elle coûte 500 milliards ou 5000 milliards, tant que les plaies du passé n’auront pas cicatrisées, tant que les incitations à agir avec responsabilité seront insuffisantes, le pays restera susceptible de partir en cacahuète au moindre incident. C’est mon humble avis…

                      Nous voilà arrivés à la fin de notre conservation. Au fond on est d’accord sur beaucoup de points, car bien que j’estime que le coût de l’intervention US en Irak est trop élevé, je reconnais néanmoins que des progrès sont survenus grâce à la présence de troupes US, et que c’est malhonnête de prétendre le contraire.

        • @ un_lecteur

          Les mentalités ne changent pas en quelques années, les expériences coloniales ont montré que même une longue présence pouvait ne pas être suffisamment significative.

          Si l’islam n’arrive pas à faire de ses pseudo-républiques autre chose que des dictatures socialistes, encourageons-les plutôt à rétablir des califats et des royautés. Un calife de droit divin aura peut-être plus de chances d’arriver à libéraliser le pays, qu’un dictateur dont le seul but est de s’en mettre plein les poches et de faire du clientelisme avant la prochaine révolution… 

          Le libéralisme ne s’oppose pas à la monarchie, et une monarchie libérale sera bien plus respectueuse de la liberté individuelle qu’une république socialiste… 

          • « Les mentalités ne changent pas en quelques années, les expériences coloniales ont montré que même une longue présence pouvait ne pas être suffisamment significative. »

            Le problème du colonialisme c’est que c’est tout le contraire d’un mouvement « grassroot », ce qui explique son incapacité à changer les mœurs. On peu faire un parallèle avec la chute de l’URSS plus récemment, si la Russie n’arrive pas à faire sa décommunisation contrairement aux pays de l’est qui l’ont fait très rapidement, c’est car pour ces derniers comme pour les pays colonisés il y avait le sentiment qu’un envahisseur est venu imposer une idéologie exogène.

            « Si l’islam n’arrive pas à faire de ses pseudo-républiques autre chose que des dictatures socialistes, encourageons-les plutôt à rétablir des califats et des royautés. Un calife de droit divin aura peut-être plus de chances d’arriver à libéraliser le pays, qu’un dictateur dont le seul but est de s’en mettre plein les poches et de faire du clientelisme avant la prochaine révolution… »

            Je veux bien mais a t’on un exemple fonctionnel de retour à la monarchie après plusieurs décennies de révolutions ? Il y a aussi le problème de la légitimité, on ne peut pas parachuter un cousin du roi de Jordanie (un hachémite) en Irak comme ça.

            « Le libéralisme ne s’oppose pas à la monarchie, et une monarchie libérale sera bien plus respectueuse de la liberté individuelle qu’une république socialiste… »

            Je suis pour ma part totalement agnostique face à cela. Je suis autant respectueux de la monarchie UK que de la république US. Pour en revenir au monde arabe, on peut observer deux choses sur les monarchies face aux républiques:

            – Ce qui est vécu par les populations dans les monarchies correspond à ce qui est officiellement décrit dans leurs institutions, là ou les républiques ont des constitutions merveilleuses qui ne sont en aucun cas appliquées comme ce fut le cas en URSS.

            – Les différents monarques arabes sont liés par tout un tas de traditions et d’accords qui font qu’ils ont beaucoup moins la main libre que les dictateurs pour faire n’importe quoi.

            • La Russie n’a jamais été colonisée ou envahie, c’est un tout autre cas de figure.

              Etablir un monarque n’est pas vraiment pas compliqué, ne connaissez-vous pas l’histoire de Bernadotte, qui de simple soldat est devenu roi de Suède et de Norvège (et dont les descendants règnent encore aujourd’hui)?

              • « La Russie n’a jamais été colonisée ou envahie, c’est un tout autre cas de figure. »

                Ce n’est pas ce que j’ai dit justement. Le peuple russe a choisi le socialisme (enfin la minorité bolchévique à volé la révolution aux sociaux démocrates mais bon, c’est ce qu’ils croient). Les peuples de l’est n’ont pour beaucoup pas choisi le socialisme, ils ont été envahis par la Russie.

                Ainsi, les peuples de l’est se sont rapidement décommunisés, ils ont expulsé le socialisme. Ils l’ont expulsé avec facilité car le socialisme était considéré comme envahisseur et n’a donc pas réussit à changer les mœurs. Comme les pays européens n’ont pas changé les mœurs des pays qu’ils ont colonisés.

                • Mais dans ce cas, cela va dans le sens qu’un colonisateur n’a pas beaucoup de possibilités de changer la mentalité d’un pays, même après 45 ans d’occupation, et qu’il valait mieux retirer les troupes américaines au plus vite… 

                  • Les USA ne sont ne sont pas colonisateurs et n’ont pas cherché à changer les mœurs, j’ai peur de ne plus vous suivre ici.

                    • Les USA ont envahi un pays et l’ont occupé au même titre qu’un colonisateur, et si ce n’était pas pour changer les mœurs, le résultat actuel était prévisible, quelque soit le temps que les USA seraient restés sur place… 

                    • Ce qu’on fait les USA était absolument l’antithèse d’une colonisation. Il n’ont jamais cherché à annexer l’Irak et ce qui est arrivé est justement dus à un retrait qui en plus d’être trop rapide n’offrait aucune garantie à l’Irak.

                    • @ un_lecteur

                      Je ne suis pas sûr que pour les Irakiens la différence soit si évidente.

                      En tous les cas, la stratégie US en Irak était mauvaise d’un point de vue de libéral, et de ce fait, il me semble difficile de prédire qu’un maintien plus long des troupes aurait eu un meilleur résultat.

                    • « Je ne suis pas sûr que pour les Irakiens la différence soit si évidente.  »

                      Je pense justement que si et c’est là qu’est tout le débat. Quels irakiens, à part une partie des sunnites, regrettent Saddam ?

                      « En tous les cas, la stratégie US en Irak était mauvaise d’un point de vue de libéral »

                      Non.

                      « il me semble difficile de prédire qu’un maintien plus long des troupes aurait eu un meilleur résultat. »

                      Justement, c’était nécessaire pour éviter le chaos qui a participé à l’arrivé d’IS. C’est car les USA ont abandonné les sunnites face à l’Iran, qui avec raison étaient les plus sceptiques face à l’intervention de 2003, que cette guerre a éclaté.

                      Jusqu’à 2008 la politique américaine en Irak était équilibré, les chiites avaient le pouvoir mais les sunnites disposaient de droits dans leur provinces. C’est le déséquilibre en faveur des chiites créé par Obama qui a créé une révolte d’abord pacifique puis ensuite violente.

                      Mais bon, la guerre en Irak est le totem de la bienpensance, il est impossible d’en parler sereinement.

                    • Nous ne sommes pas irakiens et je ne sais pas s’il existe des sondages fiables sur ce qu’ils pensent vraiment à ce sujet.

                      Par contre, d’un point de vue libéral, il n’y avait aucune légitimité de la part des USA à envahir une nation qui n’avait commis aucun acte d’hostilité envers elle, encore moins sur la base d’un mensonge. Il n’y avait pas non plus de légitimité à y maintenir une armée d’occupation, le libéralisme justifie la force qu’en cas de légitime défense, ce qui n’a jamais été la situation des USA.

                      Les USA ont cru qu’ils suffisaient de renverser le régime et de permettre des élections pour résoudre les problème de l’Irak, c’était ridicule, et cela ne pouvait pas bien finir.

                      Tant qu’à envahir le pays, ils auraient mieux fait de partitionner l’Irak en plusieurs états en fonction des différentes tendances religieuses (chiite, sunnite, chrétienne, yazidi). On aurait évité le problème des réfugiés, et l’Occident aurait pu avoir un allié chrétien sur place qui aurait pu changer drastiquement la situation de la région… 

                    • « Nous ne sommes pas irakiens et je ne sais pas s’il existe des sondages fiables sur ce qu’ils pensent vraiment à ce sujet. »

                      J’ai posté un sondage plus haut ça tombe bien =)

                      « Par contre, d’un point de vue libéral, il n’y avait aucune légitimité de la part des USA à envahir une nation qui n’avait commis aucun acte d’hostilité envers elle, encore moins sur la base d’un mensonge. Il n’y avait pas non plus de légitimité à y maintenir une armée d’occupation, le libéralisme justifie la force qu’en cas de légitime défense, ce qui n’a jamais été la situation des USA. »

                      Vous avez du rater l’histoire du régime de Saddam Hussein. Pour ce qui est du mensonge, il y avait 23 raisons derrière la guerre d’Irak, la plupart tout à fait incontestables:

                      http://www.nationalreview.com/article/418538/were-we-right-take-out-saddam-victor-davis-hanson

                      C’est fou la désinformation qu’il y a eu derrière cette guerre. Même pour les WMD, l’Irak admettait avoir un programme de WMD jusqu’en 1996, les USA on retrouvé tout ce qu’il fallait sauf des ogives fonctionnelles…

                      « Les USA ont cru qu’ils suffisaient de renverser le régime et de permettre des élections pour résoudre les problème de l’Irak, c’était ridicule, et cela ne pouvait pas bien finir.  »

                      Et ben si ça avait bien fini en 2008, observez donc ce qui s’est réellement passé, sur le terrain, en Irak.

                      « Tant qu’à envahir le pays, ils auraient mieux fait de partitionner l’Irak en plusieurs états en fonction des différentes tendances religieuses (chiite, sunnite, chrétienne, yazidi). On aurait évité le problème des réfugiés, et l’Occident aurait pu avoir un allié chrétien sur place qui aurait pu changer drastiquement la situation de la région… »

                      C’est vrai que rétrospectivement cela peut sembler être une occasion manqué. Toutefois il faut se placer dans le contexte de l’époque, les divisions sectaires ne sont arrivées qu’après 2008 quand Obama a laissé Nouri al-Maliki persécuter les sunnites.

                      Pour ce qui est d’un pays chrétien pourquoi pas, mais croire qu’un pays de quelques millions de yézidis enclavé pourrait être utile, je ne comprend pas. Si ce pays devait exister, la meilleure chose que l’on pourrait faire pour ces gens c’est de ne pas se servir de leur pays comme porte avion et simplement leur assurer la sécurité. Il faut arrêter ce genre de bricolages géopolitiques, les gens qui stabiliseront le moyen orient seront des arabes sunnites car c’est eux qui sont en majorité dans la région.

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Le mouvement yéménite a-t-il l’autonomie et le pouvoir d’amorcer une crise internationale de grande ampleur, ou bien l’Iran est-il le véritable parrain de cette crise ? La priorité consiste à identifier les racines de cette situation, puis le déroulement des attaques récentes en mer Rouge. Enfin, vers quelles perspectives, l’intervention militaire des États-Unis, et diplomatique de la Chine, vont-elles faire évoluer cette situation ?

Le mouvement Houthi n’est nullement le résultat d’une génération spontanée, il est le produit d’un proc... Poursuivre la lecture

À New York comme au Parlement belge, je rencontre de plus en plus d’interlocuteurs qui se disent convaincus que l’islamisation de Bruxelles — et de Londres, ajoutent-ils fréquemment — est désormais inéluctable et n’est plus qu’une question de temps. C’est un pronostic qui paraît audible, mais qui mérite plus que des nuances.

Commençons par relever, sans nous perdre dans les chiffres, que la progression de la population musulmane, à Bruxelles, est aussi massive que fulgurante. Depuis cinquante ans, le nombre de musulmans ne cesse de cro... Poursuivre la lecture

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Les événements qui se produisent actuellement en Israël ont une forte répercussion sur notre société. Les Français redoutent que de tels actes puissent se produire dans notre pays. Il y a eu les attentats contre Charlie Hebdo, ceux du Bataclan, de l’Hypercacher de la porte de Vincennes, l'assassinat du père Hamel, la décapitation de Samuel Paty, et, récemment, à Arras, un professeur tué d'un coup de couteau, sans compter les troubles apportés chaque jour au fonctionnement de notre environnement (repas halal, jeûne du ramadan, inciden... Poursuivre la lecture

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